| 10/12/2005 TRIBUNAL 
                DE LA HAYEAnte 
                Gotovina arrêté en Espagne
 L'ancien général croate, 
                en fuite depuis son inculpation par le TPIY en 2001, 
                a été transféré au Tribunal 
                de La Haye
  L'ancien 
                général croate Ante Gotovina, en fuite 
                depuis son inculpation par le TPIY, en juin 2001, pour 
                crimes de guerre, a été appréhendé, 
                le 7 décembre, par la police espagnole sur l'île 
                de Ténérife, dans l'archipel des Canaries. 
                Arrêté sans opposer de résistance 
                dans un hôtel de Playa de las Americas, l'ancien 
                officier supérieur croate a été 
                transféré, le 10 décembre, au 
                Tribunal de La Haye devant lequel il devrait comparaître 
                dès le 12 décembre. Selon Zagreb, cette 
                arrestation vient confirmer la bonne foi des autorités 
                croates qui, depuis 2001, n'ont cessé d'affirmer 
                qu'aucun indice tangible n'indiquait qu'il se cachait 
                en Croatie ni cessé d'exprimer leurs doutes 
                quant à ces rumeurs. Les cachets retrouvés 
                sur ses faux passeports semblent indiquer qu'il aurait 
                séjourné à Tahiti, en Argentine, 
                au Chili, en Chine, Russie, République tchèque, 
                Mauritanie et à l'Île Maurice. En mars 
                2005, des rumeurs selon lesquelles il serait caché 
                en Croatie avait conduit quelques pays membres de l'UE 
                à demander le report du lancement des négociations 
                d'adhésion de la Croatie à l'Union européenne, 
                ouvertes finalement le 3 octobre dernier. Compte tenu 
                des qualifications employées dans l'acte d'accusation 
                pour caractériser les opérations militaires 
                ayant conduit à la libération du territoire 
                croate en 1995, le gouvernement croate annonce son 
                intention d'utiliser l'instrument de l'Amicus Curiae 
                prévu par les statuts du TPIY.
 
                 
                  | LE 
                      CAS GOTOVINA |   
                  |  Le 
                      général Gotovina 
                      a été inculpé de crimes 
                      de guerre et de crimes contre l'humanité 
                      par le TPIY, le 21 mai 2001, pour son rôle 
                      de commandant de la Zone opérationnelle 
                      de Split durant l'opération "Tempête", 
                      déclenchée en août 1995 afin 
                      de libérer les territoires de la Croatie 
                      occupés par l'armée et les paramilitaires 
                      sécessionnistes serbes depuis 1991. 
                      Nommé Inspecteur général 
                      de l'armée croate le 12 mars 1996, il 
                      a été mis à la retraite 
                      le 29 septembre 2000.
 Initialement 
                      confidentielle, l'accusation a été 
                      rendue publique le 26 juillet 2001. Le 23 juillet 
                      2001, le Tribunal de grande instance de Zagreb 
                      a délivré un mandat d'arrêt, 
                      suivi le 21 août par Interpol. Néanmoins, 
                      le général Gotovina, sans doute 
                      alerté par des rumeurs, avait pris la 
                      fuite peu avant et n'était pas réapparu 
                      depuis. Ancien légionnaire, ayant acquis 
                      la nationalité française à 
                      ce titre, il s'était vu renouveler son 
                      passeport français, le 11 avril 2001, 
                      six semaines avant son inculpation.  Offre 
                      de reddition Depuis, 
                      les plus hautes autorités croates l'avaient 
                      publiquement appelé à se rendre 
                      à La Haye. La police avait mis ses proches 
                      et ses avoirs sous étroite surveillance 
                      dans l'intention de retrouver sa trace. Jusqu'ici 
                      sans succès.   En 
                      juin 2003, un journaliste de l'hebdomadaire croate 
                      Nacional parvient cependant à entrer en 
                      contact avec lui et à l'interviewer "dans 
                      un pays de l'UE", selon ses dires. Il y 
                      déclare notamment ne poser aucune condition 
                      quant à sa reddition si ce n'est celle 
                      d'être entendu à Zagreb en tant 
                      que suspect et non comme inculpé, comme 
                      cela a été le cas pour d'autres, 
                      affirmant que cela "réparerait l'injustice 
                      qui lui a été faite". Jugée 
                      inacceptable, cette perspective est rejetée 
                      par la Procureure du TPIY. Ce fut son dernier 
                      signe de vie jusqu'à son interpellation.
 Entre-temps, 
                      le 28 août 2003, la résolution 1503 
                      du Conseil de Sécurité cite pour 
                      la première fois son nom, aux côtés 
                      de ceux des ex-chefs de guerre bosno-serbes, 
                      Ratko Mladic et Radovan 
                      Karadzic, accusés de génocide 
                      en Bosnie-Herzégovine, où près 
                      de 200.000 personnes ont été tuées. 
                      Dès lors le cas Gotovina, jusque-là 
                      relativement secondaire, devient une des affaires 
                      prioritaires pour le TPIY, au même titre 
                      que ceux de Karadzic et Mladic. Le 24 février 
                      2004, le TPIY modifie 
                      néanmoins l'acte d'accusation initial, 
                      raccourcissant notamment de moitié la 
                      liste des victimes fournie en annexe. Auparavant, 
                      certaines d'entre elles, présumées 
                      mortes, avaient été retrouvées 
                      en vie. Mobilisation Peu 
                      après, le gouvernement croate fixe à 
                      50.000 euros la prime pour toute information 
                      susceptible d'aider à sa localisation 
                      et à son interpellation. A cet effet, 
                      deux lignes téléphoniques spéciales 
                      joignables 24h/24 sont mises en place à 
                      la cellule du ministère de l'Intérieur 
                      chargée de coordonner les efforts de recherche. 
                      La totalité des 22.000 policiers croates 
                      reçoivent des consignes 
                      réclamant d'eux la plus haute mobilisation 
                      sur cette affaire et leur enjoignant de signaler 
                      tout indice susceptible de retrouver sa trace. 
                      Chaque rumeur est en effet systématiquement 
                      vérifiée, même la plus fantaisiste. 
                       Etant 
                      donné que les noms de plusieurs pays d'Europe 
                      et d'Amérique ont circulé, la police 
                      croate avait demandé l'aide des pays concernés. 
                      Le gouvernement croate avait même proposé 
                      l'établissement d'une "task force" 
                      réunissant les services européens, 
                      qui serait chargé de le retrouver. Ainsi, 
                      et à titre d'exemple, pour le seul mois 
                      de février 2005, la police croate avait 
                      procédé à plus de 2200 perquisitions 
                      et vérifications, 65 000 contrôles 
                      ciblés de voitures, 3 000 inspections de 
                      bateaux, 23 000 contrôles de personnes 
                      aux frontières (cette intensification des contrôles 
                      ayant entraîné une baisse de la criminalité de 
                      10%).  Pays 
                      le moins sûr Malgré 
                      ces efforts, aucune piste indiquée, anonyme 
                      ou provenant du TPIY, ne s'était jusqu'à 
                      présent révélée convaincante 
                      ni digne de foi. S'alignant sur une mesure européenne 
                      d'octobre 2004 permettant de geler les avoirs 
                      des personnes inculpées par le TPIY, une 
                      loi similaire a même été 
                      votée en Croatie, afin de l'appliquer 
                      au cas Gotovina. Le président croate Stipe 
                      Mesic a souligné cependant à plusieurs 
                      reprises que la Croatie était certainement 
                      le pays le moins sûr pour Gotovina, compte 
                      tenu du fait qu'il y serait reconnu par le premier 
                      venu. N'étant pas en mesure produire l'impossible 
                      preuve de sa "non-présence" 
                      sur le territoire croate, Zagreb a tout au plus 
                      pu faire part de ses fortes présomptions 
                      laissant penser que Gotovina ne s'y trouvait 
                      pas.  "En 
                      l'absence d'un commun accord", le Conseil des 
                      ministres de l'Union européenne réuni à Bruxelles 
                      le 16 mars 2005, avait décidé de reporter l'ouverture 
                      des négociations d'adhésion avec la Croatie, 
                      qui devaient commencer le lendemain. Cette décision 
                      intervenait en dépit des efforts entrepris par 
                      le gouvernement croate pour localiser l'ancien 
                      général Gotovina, condition qui constituait la 
                      seule exigence du Tribunal, sur plus de 600 à 
                      n'avoir pas été honorée par la Croatie.  Plan 
                      d'action  En 
                      avril 2005, la proposition du Premier ministre 
                      croate, Ivo Sanader, d'établir une "task 
                      force", réunissant les présidences 
                      actuelles et futures de l'UE et chargée 
                      d'évaluer la mise en oeuvre d'un Plan 
                      d'action ad hoc du gouvernement croate, 
                      est adoptée. En dépit de rumeurs 
                      invérifiables selon lesquelles Gotovina 
                      se trouverait en Croatie, et qui ont pu semer 
                      le trouble sur la sincérité du 
                      gouvernement croate, la Procureure générale 
                      du TPIY s'est finalement convaincue de la pleine 
                      coopération du gouvernement croate, le 
                      3 octobre 2005, levant le dernier obstacle à 
                      l'ouverture des négociations d'adhésion 
                      de la Croatie avec l'UE.   Le 
                      7 décembre, après plus de quatre 
                      ans de cavale, Ante Gotovina a été 
                      arrêté par la police espagnole aux 
                      Canaries, sans opposer de violence. Selon El 
                      Pais, neuf policiers ont encerclé la table 
                      du restaurant de l'hôtel où il dînait 
                      en compagnie d'un ami. "Ante Gotovina?", 
                      lui demanda l'un des agents, rapporte le quotidien 
                      espagnol. "Oui, c'est moi", aurait-il 
                      répondu, ajoutant à l'adresse de 
                      son ami : "Il fallait bien qu'ils me trouvent 
                      un jour".
 |  Communiqué 
                du gouvernement croate
 "La 
                Procureure générale du Tribunal pénal 
                international de La Haye a porté aujourd'hui 
                à la connaissance des autorités de la 
                République de Croatie qu'Ante Gotovina avait 
                été arrêté sur le territoire 
                espagnol.  
                L'arrestation de M. Gotovina en Espagne vient confirmer 
                le bien-fondé des affirmations répétées 
                des autorités croates selon lesquelles M. Gotovina 
                ne se trouvait ni à leur portée ni sur 
                le territoire croate. Cela vient en outre conforter 
                la crédibilité de la République 
                de Croatie et de son administration, et confirmer sa 
                pleine coopération avec le Tribunal de La Haye. Tous 
                ceux qui avaient fait confiance à la Croatie 
                et l'avaient soutenu au moment où ses efforts 
                quant à sa coopération avec le tribunal 
                de La Haye étaient mis en doute, n'avaient donc 
                pas eu tort. De toute évidence, il apparaît 
                aujourd'hui que ces doutes n'étaient pas fondés.  
                Nul ne saurait être au-dessus des lois ni à 
                l'abri de la justice. L'État de droit est l'un 
                des principes fondamentaux sur lesquels est fondée 
                la République de Croatie, qu'il s'agisse de 
                ses lois nationales ou bien de ses engagements internationaux. 
                Cela inclut notamment la Loi constitutionnelle relative 
                à la coopération avec le TPIY adoptée 
                par le Parlement croate dès avril 1996.  
                Quiconque est mis en cause par la justice a le devoir 
                de se présenter devant le tribunal et de répondre 
                aux accusations portées à son encontre. 
                La présomption d’innocence - selon laquelle 
                toute personne est présumée innocente 
                tant que sa culpabilité n'a pas été 
                établie - s'applique à tous, et par conséquent 
                à ce cas particulier comme à un autre.  
                Il est de notre plus grand intérêt à 
                tous, en Croatie, que toute la vérité 
                soit faite. La Guerre patriotique fut une guerre défensive, 
                juste, légitime et de libération. La 
                Croatie fut victime d'une agression et avait à 
                ce titre le droit à la légitime défense 
                et celui de libérer ses territoires occupés. La 
                République de Croatie suivra avec la plus grande 
                attention les développements ultérieurs 
                liés au cas Gotovina, tout en continuant à 
                coopérer pleinement avec le Tribunal de La Haye. 
                Elle entend utiliser l'instrument légal de l'Amicus 
                Curiae dans tous les procès intentés 
                à des citoyens croates."  Zagreb, 
                le 8 décembre 2005. 
 REVUE 
                DE PRESSE 06/12/2005 LE 
                FIGAROFin 
                de cavale pour le général Croate Ante 
                Gotovina
  L'ancien 
                officier de l'armée croate, inculpé pour 
                crimes de guerre par le Tribunal pénal international, 
                a été arrêté mercredi soir 
                en Espagne. Il partira samedi pour La Haye par un vol 
                militaire.  Isabelle 
                Lasserre  
                  ON 
                LE PENSAIT caché dans le sud-est 
                de la France, dans un monastère en Croatie 
                ou en Corse. C'est en Espagne, aux Canaries, que le 
                général croate Ante Gotovina a ressurgi. 
                Il a été arrêté mercredi 
                soir «en quelques secondes et sans aucun incident», 
                selon le ministère espagnol de l'Intérieur. 
                L'interpellation a eu lieu dans le restaurant d'un 
                hôtel de luxe de La Playa de las Americas, au 
                sud de Tenerife. L'ex-général avait sur 
                lui un passeport croate falsifié au nom de Kristijan 
                Horvat. Selon des sources sûres, il se cachait 
                en Espagne depuis la fin du mois de septembre, au moins. 
                Carla Del Ponte, le procureur du Tribunal pénal 
                international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie, a annoncé 
                la nouvelle... depuis Belgrade, où elle effectuait 
                une visite.  
                Ante Gotovina devait brièvement comparaître 
                hier soir devant la justice madrilène, avant 
                d'être transféré au TPI de La Haye, 
                qui l'a inculpé en 2001 de crimes de guerre 
                contre des Serbes de Croatie. A l'époque des 
                faits, en 1995, Gotovina commandait les forces croates 
                de la région de Split, au moment où Zagreb 
                lançait l'opération «Tempête», 
                qui a permis à Zagreb de reprendre le contrôle 
                de la Krajina, une région croate occupée 
                par les Serbes depuis 1991. Selon l'acte d'accusation 
                du TPI, 150 Serbes ont été tués 
                au cours de l'offensive. Au 
                regard des crimes commis par Radovan 
                Karadzic et Ratko Mladic, les anciens chefs militaire 
                et politique des Serbes de Bosnie, ceux qui sont reprochés 
                au général croate peuvent paraître 
                minimes. Mais si le nom d'Ante Gotovina avait fini, 
                ces dernières années, par se hisser presque 
                aussi haut que celui de ses confrères serbes 
                sur l'agenda du TPI, c'est parce qu'il était 
                devenu un symbole. Le 
                dernier obstacle vers l'UE enfin levé  
                Pendant de longs mois, l'affaire Gotovina a ralenti 
                les efforts déployés par la Croatie pour 
                intégrer l'Union européenne. En mars, 
                l'ouverture des négociations avec l'UE a été 
                repoussée à la dernière minute 
                par les Etats membres en raison du manque de collaboration 
                de Zagreb avec le TPI. «Nous ne pouvons pas céder. 
                C'est une question de principe. Si nous lâchons 
                sur Gotovina, jamais nous ne pourrons obtenir Karadzic 
                et Mladic. Car nous n'aurons plus aucun moyen d'influence 
                sur Belgrade», confiait alors une source proche 
                du dossier. A 
                la fin septembre, le procureur du TPI avait une nouvelle 
                fois dénoncé le manque de coopération 
                de Zagreb. Elle soupçonnait à l'époque 
                Gotovina de se cacher dans un monastère franciscain 
                en Croatie. Zagreb a toujours affirmé ne pas 
                savoir où se trouvait Gotovina. Le gouvernement 
                d'Ivo Sanader qui, en 2004, avait livré deux 
                de ses généraux au TPI, ne se résignait 
                pas à affronter les milieux de la droite nationaliste 
                croate. Cette dernière considère Ante 
                Gotovina comme un héros et l'opération 
                «Tempête» comme une guerre de libération, 
                d'autant plus «juste» qu'elle a été 
                lancée avec le feu vert des Américains. 
                 
                 
                  | L'OPÉRATION 
                      "TEMPÊTE" |   
                  | L'opération 
                      Tempête. Menée du 4 
                      au 7 août 1995 
                      sur ordre du gouvernement croate, l'opération 
                      "Tempête" 
                      a permis à la Croatie de libérer 
                      près d'un quart de son territoire occupé 
                      depuis 1991 
                      par l'armée et les paramilitaires sécessionnistes 
                      serbes.  
                       
                        |  |   
                        | Poignée 
                            de main historique le 5 août 1995 
                            entre le général bosniaque 
                            Dudakovic (à d.), assiégé 
                            par les Serbes dans l'enclave bosniaque 
                            de Bihac durant trois ans, entre le printemps 
                            1992 et août 1995, et son libérateur 
                            croate le général Marekovic, 
                            sur le pont qui enjambe la Korana, à 
                            la frontière bosno-croate. |  Un 
                      mois après le massacre par les Serbes 
                      de 8000 Bosniaques dans la "Zone de sécurité" 
                      de Srebrenica, en Bosnie, l'opération 
                      a également permis de secourir 230 000 
                      Bosniaques assiégés pendant plus 
                      de 3 ans dans la "Zone de sécurité" 
                      de l'ONU de Bihac. 
                      Enfin, elle a permis de mettre un terme à 
                      quatre ans de guerre en ex-Yougoslavie en créant 
                      les conditions 
                      militaires qui ont conduit aux accords de paix 
                      de Dayton-Paris. (Voir 
                      carte) Selon un bilan officiel, 
                      les pertes croates durant l'opération 
                      Tempête s'élèvent à 
                      228 tués au combat, 15 disparus et 1205 
                      blessés. Évacuation 
                      planifiée  La 
                      libération du territoire croate s'est 
                      cependant accompagnée de l'exode 
                      de 90 000 civils serbes 
                      et de 30 000 militaires et paramilitaires 
                      qui ont procédé eux-mêmes 
                      à cette évacuation 
                      planifiée, motorisée, avec 
                      armes 
                      et bagages avant l'arrivée des troupes 
                      croates (qualifiée parfois d'auto-nettoyage 
                      ethnique) et malgré les appels 
                      radiotélévisés de la 
                      présidence croate invitant la population 
                      serbe à attendre l'arrivée de l'armée 
                      croate. Ceci a été confirmé 
                      et documentés par plusieurs reportages, 
                      et notamment de télévisions étrangères.  Cette 
                      version des faits est corroborée par Peter 
                      Galbraith, alors ambassadeur des Etats-Unis 
                      à Zagreb, entendu comme témoin 
                      au TPIY: "Je suis sûr que des gens ont voulu 
                      échapper au pilonnage et je suis sûr que des 
                      gens sont partis parce qu'ils avaient peur de 
                      l'armée croate. Le pilonnage a été assez court 
                      parce qu'il n'y a pas eu de véritable résistance. 
                      Je pense que Knin est tombé en espace de 24 heures". 
                      A la question s'il y avait eu nettoyage ethnique, 
                      le diplomate américain répond : 
                      "Je dirais non, parce que pratiquement toute 
                      la population était déjà partie avant l'entrée 
                      des militaires croates dans les villes." 
                      Rien de comparable 
                      à l'exode à pied des Croates de 
                      Vukovar en 1991, détroussés 
                      et expulsés par les militaires serbes 
                      de villes croates entièrement dévastées, 
                      jonchées de gravats et de cadavres.
 Dilemme L'ambassadeur 
                      Galbraith 
                      a également rappelé qu'au moment du déclenchement 
                      de l'opération Tempête, l'enclave de Bihac (en 
                      Bosnie, à la frontière croate) était sur le point 
                      de tomber, et que l'on s'est trouvé face à un 
                      "dilemme contraint de choisir entre, d'une part, 
                      la chute très vraisemblable de Bihac et le massacre 
                      vraisemblable de 40 000 hommes et jeunes gens 
                      partant de l'hypothèse que les Serbes de Bosnie 
                      feraient exactement la même chose que ce qui 
                      avait été fait une semaine avant ou dix jours 
                      avant à Srebrenica [et, d'autre part,] l'opération 
                      militaire croate que nous estimions très vraisemblable 
                      et qui créerait de très nombreux réfugiés". Cependant, 
                      c'est au cours des trois mois qui ont suivi la 
                      libération de ces territoires occupés 
                      que des dizaines d'exactions, 
                      perpétrées loin derrière 
                      le front, déplacé en Bosnie, sont 
                      venues entacher cette victoire 
                      militaire remportée tout en parvenant 
                      à limiter 
                      les destructions. Ces exactions ont le plus 
                      souvent été commises à l'encontre 
                      des rares Serbes, souvent âgés et 
                      disséminés sur l'ensemble du territoire 
                      libéré, qui avaient pourtant choisi 
                      de rester sur place. A ce moment-là, les 
                      troupes d'assaut de l'armée croate, commandées 
                      par le général Gotovina, participaient 
                      déjà à la libération 
                      de la Bosnie 
                      occidentale aux côtés de l'armée 
                      bosniaque. Crimes 
                      crapuleux La 
                      plupart des crimes commis furent le fait de groupes 
                      ou d'individus incontrôlés, de profiteurs 
                      de guerre, souvent sans liens avec l'armée 
                      croate, essentiellement engagée en Bosnie. 
                      Dans un territoire quasiment déserté 
                      de quelque 10 000 km², soit presque 
                      aussi vaste que l'Irlande du Nord, et en l'absence 
                      d'un dispositif policier suffisant ni omniprésent, 
                      des crimes crapuleux, suivis de pillages, ainsi 
                      que des actes de représailles aveugles, 
                      ont été commis. Pour la vingtaine 
                      de crimes élucidés, la justice 
                      croate a, dès la fin de la guerre, condamné 
                      les auteurs de ces crimes à des peines 
                      allant de 4 à 20 ans de prison.  Trois 
                      mois avant l'opération "Tempête", 
                      lors de l'opération 
                      "Éclair" également 
                      menée par l'armée croate pour libérer 
                      la Slavonie occidentale, un territoire bien moins 
                      vaste, les observateurs indépendants avaient 
                      conclu à son caractère militairement 
                      exemplaire et au strict respect des conventions 
                      de Genève.  L'accusation 
                      contre Gotovina. Selon 
                      l'acte 
                      d'accusation du TPIY, 
                      modifié le 24 février 2004, Ante 
                      Gotovina aurait "participé avec d'autres 
                      personnes, dont [...] le président Franjo 
                      Tudjman, à une entreprise criminelle commune 
                      dont l'objectif assigné était de 
                      chasser définitivement par la force la 
                      population serbe de Krajina. [...] L'accusé 
                      agissant seul et/ou de concert avec d'autres 
                      personnes dont [...] le président Franjo 
                      Tudjman, a planifié, incité à 
                      commettre, ordonné, commis ou de toute 
                      autre manière aidé et encouragé 
                      à planifier, préparer ou exécuter 
                      ces 
                      expulsions et déplacements forcés 
                      de la population serbe de Krajina". 
                      Selon 
                      l'accusation encore, "entre le 4 août 
                      1995 et le 15 novembre 1995, les forces 
                      croates ont tué au moins 150 Serbes de 
                      Krajina". L'acte d'accusation fait néanmoins 
                      spécifiquement référence 
                      au meurtre de 32 personnes, dont 8 demeurent 
                      non identifiées.  Distinguo 
                      judiciaire La 
                      classe politique croate a à maintes reprises 
                      protesté contre cette lecture des événements, 
                      contestant l'existence d'un plan délibéré 
                      d'expulsion 
                      de la population civile serbe - celle-ci ayant 
                      été évacuée 
                      par les milices serbes - voire d'ordres cautionnant 
                      les crimes commis, que nul néanmoins ne 
                      nie. Pour l'opinion publique croate, l'ouverture 
                      de ce procès est d'autant plus importante 
                      que ce n'est qu'à la barre du Tribunal 
                      que pourront être contestées les 
                      formulations les plus graves de l'accusation 
                      (expulsion 
                      délibérée des Serbes), celles 
                      qui tendent à remettre en question la 
                      légitimité de la libération 
                      du territoire croate en l'assimilant à 
                      "une entreprise criminelle commune", 
                      formulation particulièrement choquante 
                      pour l'opinion croate.  Aussi 
                      nombreux sont-ils ceux qui en Croatie attendent 
                      du procès qu'il établisse une distinction 
                      claire entre les objectifs 
                      politiques légitimes de l'opération 
                      militaire croate (restauration de l'intégrité 
                      territoriale et de la souveraineté 
                      croate sur les territoires occupés 
                      par la force et le nettoyage 
                      ethnique en 1991) et les exactions commises 
                      par certains. De même l'établissement 
                      du caractère planifié ou, au contraire, 
                      incontrôlé 
                      des crimes commis sera l'un des enjeux du procès 
                      d'Ante Gotovina, qui s'est déclaré 
                      innocent des crimes qui lui sont reprochés. 
                      C'est désormais à la barre qu'il 
                      faudra en apporter la preuve.  Responsabilité 
                      de commandement A 
                      l'annonce du transfert à La Haye de l'ancien 
                      général Gotovina, les officiers 
                      qui étaient en 1995 sous ses ordres dans 
                      la Zone opérationnelle de Split ont rendu 
                      public un communiqué dans lequel ils déclarent 
                      que tous les ordres reçus de lui réclamaient 
                      un respect scrupuleux des conventions de guerre. 
                      "Nous sommes prêts à endosser 
                      la responsabilité pour tous les ordres 
                      que nous avons reçus et délivrés, 
                      et ne saurions admettre que soit engagée 
                      la responsabilité du commandant de l'armée 
                      pour les actes déshonorants qui ont été 
                      commis [sur le terrain]", ajoutent-ils dans 
                      leur déclaration. |  Puis, 
                coup de théâtre au début octobre 
                à Luxembourg. Estimant finalement que la Croatie 
                «coopère pleinement» avec le Tribunal 
                dans l'affaire Gotovina, Del Ponte donna son feu vert 
                à l'ouverture des négociations avec l'UE.  
                La volte-face du procureur, qui intervint au milieu 
                des difficiles négociations d'adhésion 
                avec Ankara, et alors que l'Autriche tentait de monnayer 
                ses concessions sur la Turquie en échange d'une 
                plus grande clémence de l'Union européenne 
                vis-à-vis de la Croatie, avait jeté un 
                doute sur l'indépendance de Carla Del Ponte. 
                «L'avis positif rendu à Luxembourg n'était 
                pas le résultat d'un marchandage ni de pressions 
                exercées par l'UE, explique aujourd'hui Florence 
                Hartmann, la porte parole du procureur du TPI. Il était 
                le résultat d'une information du gouvernement 
                croate, qui nous annonçait avoir localisé 
                Gotovina en Espagne. Nous avions posé la condition 
                suivante à la Croatie : soit vous l'arrêtez, 
                soit vous le localisez. Mais nous ne pouvions rien 
                dire, nous aurions fait capoter l'arrestation.»  
                En facilitant l'arrestation de Gotovina, la Croatie 
                a levé le dernier obstacle à sa marche 
                vers l'Union européenne, qui constitue sa priorité 
                politique depuis la fin de la guerre. Le commissaire 
                européen à l'Elargissement Olli Rehn 
                a salué hier le travail effectué par 
                Zagreb. L'arrestation du général Gotovina 
                est aussi un signal envoyé à la Serbie. 
                «Bien entendu, j'attends maintenant Mladic et 
                Karadzic», a 
                déclaré hier Carla Del Ponte. Mladic 
                et Karadzic constituent aujourd'hui le principal obstacle 
                pour l'intégration de la Serbie aux institutions 
                euro-atlantiques. 
 10/12/2005 LE 
                NOUVEL OBSGotovina 
                a été transféré au TPIY 
                à La Haye
 Le 
                général croate Ante Gotovina, arrêté 
                mercredi, a été extradé vers les 
                Pays-Bas où il a été remis au 
                TPIY à La Haye.
  
                 L'ex-général 
                croate Ante Gotovina, l'un des principaux suspects 
                recherchés par le Tribunal pénal international 
                pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) de La Haye, a été 
                extradé samedi 10 décembre par l'Espagne 
                vers les Pays-Bas, où il a été 
                transféré au centre de détention 
                de l'instance onusienne.  
                Jim Landale, porte-parole du TPIY, a confirmé 
                l'arrivée de Gotovina à la prison de 
                Scheveningen, station balnéaire en banlieue 
                de La Haye, où il attendra d'être jugé 
                pour le massacre de 150 Serbes de Krajina et l'expulsion 
                de 150 000 autres en 1995, à la fin 
                de la guerre de Croatie.  
                Un convoi de trois Mercedes aux vitres teintées 
                a passé le portail de l'établissement 
                pénitentiaire toutes sirènes hurlantes. 
                Les rues des environs avaient été bloquées 
                par la police néerlandaise. Arrêté 
                mercredi Agissant 
                sur des renseignements fournis par Interpol, la police 
                espagnole avait arrêté Gotovina mercredi 
                soir alors qu'il dînait dans un hôtel de 
                Tenerife, dans l'archipel des Canaries. Le ministre 
                espagnol de l'Intérieur a précisé 
                que les policiers avaient découvert dans sa 
                chambre 12.000 euros en liquide, un ordinateur portable 
                et deux faux passeports. Samedi 
                vers 8h du matin, Ante Gotovina a été 
                extrait de la prison de la banlieue madrilène 
                où il était détenu provisoirement 
                et a été conduit vers une base militaire 
                proche de la capitale espagnole. L'ancien général 
                a embarqué dans un avion militaire à 
                destination de l'aéroport de Rotterdam, d'où 
                il a rejoint La Haye. Il devrait être présenté 
                lundi midi à un juge du TPIY. Pression 
                sur Belgrade Recherché 
                depuis quatre ans, l'homme qui bloquait 
                à lui seul les négociations d'adhésion 
                de la Croatie à l'Union européenne était 
                le seul suspect croate à échapper encore 
                à la justice de La Haye. Le général 
                Rahim Ademi s'est en effet rendu au tribunal il y a 
                quatre ans, et le général Janko 
                Bobetko est mort la même année.  
                L'arrestation de Gotovina va sans doute accentuer la 
                pression sur Belgrade pour la capture des deux principaux 
                suspects inculpés toujours en fuite, le chef 
                des Serbes de Bosnie durant la guerre Radovan 
                Karadzic et son chef de guerre, le général 
                Ratko Mladic.  
                Alors que l'ex-général croate était 
                transféré aux Pays-Bas, une manifestation 
                de soutien a rassemblé plusieurs milliers de 
                personnes à Zagreb pour réclamer au gouvernement 
                croate de préparer sa défense.   
                Bon nombre de Croates le considèrent en effet 
                comme un héros de guerre et sont convaincus 
                de son innocence.  
 06/12/2005 LE 
                FIGAROUne 
                figure de la guerre d'indépendance et un criminel
 Isabelle 
                Lasserre ON 
                A TOUT DIT de lui. Qu'il est un criminel, un héros 
                de la guerre d'indépendance, un voyou, un brillant 
                général, un coureur de jupons au charme 
                slave, un gangster sans scrupules, un combattant courageux. 
                Le général croate Ante Gotovina, 50 ans, 
                un homme au physique robuste et au regard vert, qui 
                possède aussi la nationalité française 
                depuis son passage à la Légion étrangère, 
                est tout cela à la fois.  
                Né en 1955 sur l'île de Pasman, près 
                de Zadar, sur la côte croate, il quitte son pays 
                à 16 ans pour s'engager comme marin dans une 
                compagnie de transport international. Puis il sert 
                dans la Légion étrangère, au sein 
                du 2e REP, le régiment étranger parachutiste 
                de Calvi, d'où il sort avec le grade de caporal 
                chef. Il travaille ensuite pour une compagnie de sécurité 
                et effectue des séjours en Amérique du 
                Sud, où il entraîne des paramilitaires 
                locaux. Il est aussi accusé d'extorsion de fonds 
                et de cambriolages, notamment pendant sa période 
                française.  
                Intelligent et sans scrupule  
                En 1991, lorsque la Croatie déclare son indépendance 
                et que la guerre serbo-croate éclate, il rejoint 
                son pays, à l'instar de nombreux Croates expatriés. 
                Solide, ambitieux, efficace, intelligent et sans scrupule, 
                il grimpe très rapidement les échelons 
                de l'armée croate et devient général 
                un an seulement après le début de la 
                guerre. Il est alors le protégé du puissant 
                ministre de la Défense, Gojko Susak. En 
                1995, il commande l'opération «Tempête», 
                une offensive éclair préparée 
                de longue date qui permet à Zagreb de reprendre 
                le contrôle de la Krajina, une région 
                de Croatie peuplée de Serbes, occupée 
                depuis le début de la guerre par les sécessionnistes 
                serbes soutenus par Belgrade. La mission est achevée 
                en deux jours. Gotovina est salué comme un héros 
                par les milieux nationalistes croates, qui le remercient 
                d'avoir aidé le pays à recouvrer son 
                intégrité territoriale. Les exactions 
                commises lors de cette opération, au cours de 
                laquelle 150 Serbes environ ont péri, lui vaudront 
                d'être inculpé par la justice internationale 
                en 2001. Prévenu avant que l'acte d'inculpation 
                soit rendu public, probablement par les réseaux 
                nationalistes, Gotovina prend la poudre d'escampette. 
                Paris lui aurait renouvelé son passeport français 
                quelques mois seulement avant sa fuite. En 2003, dans 
                une interview accordée à un hebdomadaire 
                croate, Gotovina offre sa reddition en échange 
                de l'annulation de son acte d'inculpation. Mais le 
                procureur du TPI refuse le marchandage.  
                Depuis, le cas Gotovina, sur lequel reposait 
                l'avenir européen de la Croatie, divisait le 
                pays. Les partisans d'un rapprochement rapide avec 
                Bruxelles militaient, sans états d'âme, 
                pour son arrestation et son transfert à La Haye. 
                Les milieux nationalistes préféraient 
                au contraire retarder l'intégration de la Croatie 
                à l'Europe plutôt que de voir leur honneur 
                bafoué par son arrestation. |