Avant même le début
de la rencontre, cette finale inattendue du simple juniors garçons
entre deux non têtes de série était assurée
de recouvrir un caractère historique. Jamais par le passé,
un Croate ou un Néerlandais ne s'était imposé
à Paris. C'est finalement le joueur venu de Zagreb qui
a offert le titre à son pays, lui qui est natif de Mostar,
en Bosnie-Herzégovine. Il succède au palmarès
de l'épreuve au Français Gaël Monfils, champion
du monde juniors en titre. C'est son troisième titre chez
les juniors, son premier du Grand Chelem.
Marin Cilic est le premier Croate vainqueur d'une
des quatre épreuves majeures chez les garçons. Dans
la plus grande tradition croate, il est grand et doté d'une
bonne première balle de service. Solide au fond du court,
il privilégie son grand coup droit à son revers
joué à deux mains. Adroit à la volée
il s'aventure régulièrement au filet, à l'image
de ses compatriotes Goran Ivanisevic, Ivan Ljubicic ou Mario Ancic.
Né
le 28 septembre 1988, Marin Cilic est entraîné par
Andrej Tonejc, un coach de la fédération croate
de tennis. A peine avait-il serré la main de son adversaire
et de l'arbitre, que c'est avec Tonejc qu'il partageait son bonheur.
Joueur longiligne de près de de deux mètres, il
apprécie l'athlétisme et pratique le saut en hauteur
et le triple saut. Avouant préférer les surfaces
dures, son jeu offensif devrait toutefois parfaitement s'exprimer
sur gazon… une surface sur laquelle il n'a jamais joué
et où son compatriote Mario Ancic
avait perdu la finale des juniors de Wimbledon
en 2000 à l'âge de 16 ans.
Et maintenant Wimbledon
Vice-champion d'Europe chez les 13-14 ans en 2002,
à Vichy, il ne dispute que les épreuves du Grand
Chelem chez les juniors cette année. Il était ainsi
quart de finaliste à Melbourne, battu par l'Américain
Donald Young, le futur vainqueur. A bientôt 17 ans, c'est
d'ores et déjà sur le circuit professionnel que
Marin Cilic nourrit des espoirs. Le Croate dispute en effet la
plupart du temps des épreuves du circuit Future ou Challenger.
Battu sans coup férir (6/3, 6/1) en finale,
Antal Van der Duim n'a pu offrir qu'une modeste réplique
à son rival. Pour atteindre la finale, le Néerlandais
avait remporté quatre de ses cinq rencontres au terme du
troisième set, sauvant même deux balles de match
en huitièmes de finale face au Canadien Peter Polansky.
Le Croate Marin Cilic n'en a pas moins mérité son
titre. Il avait mis fin en demi-finales aux espoirs de la tête
de série n°1, le Britannique Andrew Murray (7/5, 6/1),
et en quarts à ceux de l'Ukrainien Sergei Bubka (n°5),
le fils de l'ancien champion du monde de saut à la perche,
(7/6, 6/2).
Tout à son bonheur, le placide Croate appréciait
sagement sa victoire : "Je n'aurais jamais cru avant
d'arriver à Paris que je pouvais m'imposer ici. Et puis
au fil des tours je me suis mis à y croire. Pour moi c'est
une étape supplémentaire pour améliorer mon
jeu. C'est un pas de plus vers une carrière professionnelle."
Ses rêves ont la couleur de l'espoir, vert comme le gazon
anglais de Wimbledon. "Mon rêve serait de gagner
Wimbledon, bien sûr, car tout les Croates aiment ce tournoi
depuis que Goran Ivanisevic
l'a remporté", avouait-il, l'œil brillant.
D'ici là, pas question de fêter dans
l'excès sa victoire. "Je rentre lundi soir chez
moi retrouver mes amis", déclarait-il. En attendant
de prendre la direction de Londres où sommeillent ses songes…