| 25/09/2003 CONFÉRENCELa 
                candidature croate à l'UE
 A 
                l'invitation de Mme Catherine Lalumière, présidente 
                de la Maison de l'Europe, vice-présidente du Conseil de 
                l'Europe, et ancienne secrétaire générale du Conseil de l’Europe, 
                M. Bozidar Gagro, ambassadeur de Croatie en France, a donné 
                une conférence dans laquelle il a exposé pourquoi, 
                comment, avec quels atouts et quels espoirs la Croatie s’est-elle 
                décidée à poser sa candidature à l'entrée 
                dans l'Union européenne.    La 
                Croatie, nouveau pays candidat
 à l’entrée dans l’Union européenne
 Conférence 
                de S. E. M. Bozidar Gagro, 
                Ambassadeur de Croatie en France
  
                - 
                Maison de l'Europe -Paris, le 25 septembre 2003
    Madame la Présidente,Excellences,
 Mesdames et Messieurs,
  C’est, si vous me le permettez, en bonne 
                logique que la Maison de l’Europe a invité l’ambassadeur 
                de Croatie à présenter son pays du point de vue 
                de sa candidature à l’Union européenne, après 
                avoir donné cette chance à ceux dont l’adhésion 
                est désormais acquise. Et je l’en remercie d’autant 
                plus chaleureusement.   En effet, à l’heure actuelle, tout 
                le monde s’accorde à dire que l’élargissement 
                de l’UE n’est pas terminé, que c’est 
                un processus qui se poursuit et qui concerne au moins deux pays 
                candidats – à savoir, la Roumanie et la Bulgarie, 
                pressenties pour être intégrées en 2007 – 
                mais également un autre candidat, la Turquie, dont le cas 
                est toujours débattu, ainsi que les pays de l’Europe 
                du Sud-Est, regroupés techniquement sous la dénomination 
                circonstancielle de « Balkans occidentaux », et dont 
                la vocation à intégrer l’UE est désormais 
                reconnue. Or, parmi ceux-là, la Croatie est le seul pays 
                qui ait traduit sa vocation en acte de candidature, laquelle, 
                d’un point de vue formel, ne restera que potentielle jusqu’à 
                ce qu’elle soit avalisée par Bruxelles, conformément 
                à la procédure habituelle.  Pourquoi, comment et avec quels atouts et quels 
                espoirs la Croatie s’est-elle décidée à 
                poser sa candidature ? Voilà les questions auxquelles je 
                tenterais d’apporter quelques réponses. 
                  
                 
                  | LA 
                    CROATIE - UNE POSITION CHARNIÈRE |   
                  |  |  Tout d’abord, il y a une réalité 
                géographique : la Croatie 
                se trouve presque au cœur même de l’Europe, à 
                l’ouest de sa partie orientale formée par la Roumanie, 
                la Bulgarie et la Grèce, à l’ouest des autres 
                pays balkaniques, au carrefour de trois grandes aires : de la 
                Méditerranée, de l’Europe centrale et de l’Europe 
                de l’Est. Cette position géographique n’est 
                pas qu’un simple attribut, mais identifie avant tout son 
                rôle sur le plan des communications, des échanges 
                économiques et de l’interpénétration 
                culturelle.  Sur le plan historique, l’appartenance 
                européenne de la Croatie est en partie obnubilée 
                par son passé récent, celui du XXe 
                siècle, période au cours de laquelle elle a 
                fait partie de la Yougoslavie, État créé 
                et défait par la force de l’histoire, État 
                qui n’a existé que soixante-douze ans. Un temps relativement 
                court comparé aux trois siècles qu’a duré 
                l’État indépendant croate du Moyen–Age, 
                mais aussi aux longs siècles de sa continuité au 
                sein de différents royaumes et empires européens, 
                d’abord celui des Hongrois, puis celui des Anjou franco-napolitains, 
                enfin celui des Habsbourg autrichiens puis austro-hongrois.  Par ailleurs, il convient de noter que la notion 
                même de Balkans, au sens politique du terme, et que l’on 
                oppose volontiers à l’identité européenne, 
                est une invention récente, liée aux événements 
                de la fin du XIXe et du XXe siècle, et qui est tout naturellement 
                vouée à être bientôt reconsidérée 
                dans la perspective de la recomposition européenne globale 
                qui s’annonce.  Quoi qu’il en soit, la renaissance d’une 
                Croatie indépendante, 
                acquise dans le sang et les larmes, s’est accompagnée 
                d’une certaine volonté de mettre en relief les liens 
                historiques et culturels multiples entretenus avec l’Occident. 
                Mouvement à l’opposé de celui qui, du temps 
                de la Yougoslavie, tentait – parfois de manière artificielle 
                voire abusive – de renforcer la cohésion interne 
                aux dépens des liens historiques réels qui avaient 
                ancré ses différentes entités dans d’autres 
                ensembles régionaux. Un européanisme à toute 
                épreuve   Or, un projet politique capital comme celui de 
                l’adhésion d’un pays, en l’occurrence 
                de la Croatie, à l’Union européenne, n’est 
                guère, bien sûr, le produit de simples constats géographiques 
                et de considérations historicistes ; il en est, cependant, 
                en partie tributaire : il lui donnent les points de départ 
                et les cadres généraux. Mais les vrais mobiles se 
                trouvent dans la vie des citoyens, dans leurs aspirations à 
                la paix, à la sécurité, au progrès, 
                au bien-être et au désir de renouer avec leur racines 
                européennes. Et la vraie chance, dans le temps vécu, 
                réel.  Malgré les velléités isolationnistes 
                portées par un nationalisme prononcé qui caractérisa 
                les années de la guerre d’indépendance et 
                celles du retour à la paix, le projet européen constitua 
                le seul projet politique sérieux depuis la création 
                du jeune État croate. Et tandis que le pays fut agressé 
                et en partie occupé, les traumatismes causés par 
                la guerre portaient tous les espoirs vers le large européen, 
                communauté de pays prospères, dynamiques et civilisés. 
                Si en Croatie la finalité fut toutefois toujours claire, 
                les moyens et les voies susceptibles de mener le pays vers cet 
                objectif l’étaient beaucoup moins. Les difficultés 
                matérielles et leurs conséquences sociales étaient 
                énormes, surtout si l’on tient compte du fait que 
                les autorités politiques devaient simultanément 
                gérer la reconstruction du pays meurtri par la guerre, 
                le retour des réfugiés 
                et des personnes déplacées, la transition vers 
                une économie de marché et la modernisation de la 
                société. Et tout en multipliant les déclarations 
                de principe censées accréditer sa bonne volonté 
                et sa disposition à coopérer avec la communauté 
                internationale, le pouvoir en place à Zagreb des années 
                1990, autoritaire et peu soucieux des impératifs démocratiques, 
                inspirait de moins en moins confiance tant aux pays de l’UE 
                qu’à ceux de l’Alliance atlantique, deux organisations 
                pourtant essentielles.   Signes avant-coureurs  Aussi un grand changement s’est-il produit 
                aux élections parlementaires du 3 janvier 2000, lorsque 
                le parti au pouvoir, fondé par l’ancien président 
                Tudjman, fut remplacé 
                par un gouvernement de coalition, porteur de l’espoir du 
                renouveau. Quelques semaines après, l’élection 
                à la tête de l’État de Stipe 
                Mesic, opposant au régime de Tudjman, achevèrent 
                ce revirement. L’événement eut un retentissement 
                immense, d’autant plus que l’alternance politique 
                s’est effectuée de manière tout à fait 
                démocratique. Sa portée ne se mesurait pas uniquement 
                quant à ses conséquences intérieures ni à 
                ses perspectives d’évolution, mais elle s’évaluait 
                également quant à son impact sur les pays de la 
                région, où la situation demeurait précaire. 
                La chute de Milosevic à Belgrade, la manière dont 
                les choses se sont déroulées en Bosnie-Herzégovine 
                et même au Kosovo, ont donné raison à ceux 
                qui avaient reconnu dans le changement démocratique en 
                Croatie le signe avant-coureur d’une évolution régionale 
                positive. Ce fut d’ailleurs le point de départ de 
                l’action des Quinze en faveur des pays du Sud-Est européen 
                restés en dehors de processus d’intégration 
                communautaire, action qui devait se traduire par la tenue, fin 
                novembre 2000, du Sommet de Zagreb.  Du Sommet de Zagreb à celui de 
                Salonique   Bien que la première formulation positive 
                fût faite à la réunion de Feira, le Sommet 
                de Zagreb, organisé sous la présidence française, 
                restera comme un moment-clé dans la conception de la politique 
                de l’Union à l’égard des pays qui seront 
                désormais souvent désignés comme les « 
                Balkans occidentaux ». A Zagreb un cadre fut établi 
                autour de trois idées-forces : reconnaissance des perspectives 
                européennes des pays issus de l’ancienne Yougoslavie 
                et de l’Albanie, mise en place du Processus de stabilisation 
                et d’association (PSA) – un programme spécifique 
                adapté à la situation de ces pays –, et surtout, 
                mise en application de deux critères d’évaluation 
                des progrès de ces pays : le premier, individuel, mesure 
                au cas par cas les résultas de chacun ; le préservant 
                du risque de se trouver tributaire des résultats des autres, 
                le second, complémentaire, évalue la contribution 
                que chaque pays est censé apporter à la stabilité, 
                à la coopération et au progrès de la région. 
                A cela s’ajoutent les critères dits de Copenhague, 
                critères de base que chaque candidat à l’adhésion 
                en UE doit satisfaire. Entre le Sommet de Zagreb, en novembre 2000, et 
                le Sommet de Salonique, 
                qui s’est tenu en juin dernier et fut en partie consacré 
                aux pays du PSA, une évolution considérable s’est 
                produite du côté des pays concernés. Malgré 
                cela, au niveau de la politique de l’Union, c’est-à-dire 
                des conditions que les pays de la région doivent satisfaire 
                et des principes de leur admission, les évolutions enregistrées 
                se résument à quelques subtiles nuances de vocabulaire 
                : un peu plus de clarté sur les perspectives d’adhésion, 
                puisque les anciens candidats dits « potentiels » 
                sont désormais désignés comme de vrais candidats 
                « dès qu’ils auront rempli les conditions nécessaires 
                » ; un peu plus de précision quant au Processus de 
                stabilisation et d’association, défini comme condition 
                préalable indispensable, même en cas d’ouverture 
                de négociations avec un pays sur la base de sa candidature.  Dans l’atmosphère de préparatifs 
                accélérés et d’âpres négociations 
                qui ont précédé le « Big bang » 
                de l’élargissement de Copenhague, 
                le Sud-Est européen s’est quelque peu trouvé 
                oublié. Les discussions enflammées de l’automne 
                dernier ont avant tout porté sur les frontières 
                extérieures de la future Union, sur les arguments en faveur 
                ou contre l’adhésion de la Turquie, si bien que, 
                selon les cas, on portait à 27 ou à 28, le nombre 
                de membres de l’Union élargie dans un avenir prévisible, 
                faisant ainsi peu de cas de pays, comme la Croatie, qui se trouvent 
                pourtant presque au cœur géographique de l’Europe.  La candidature croate  Et c’est une erreur d’appréciation 
                que seule la peur du bouleversement du nombre des pays membres 
                de l’Union saurait éventuellement excuser. D’abord 
                parce que tous ces pays, Serbie et Monténégro et 
                Bosnie-Herzégovine inclus, avaient d’ores et déjà 
                affiché leurs ambitions européennes. Le projet européen 
                est devenu le seul projet politique digne de ce nom dans la région. 
                Tandis que la Croatie, convaincue de pouvoir très rapidement 
                satisfaire aux normes du PSA, forte de son potentiel économique, 
                de sa stabilité intérieure et déterminée 
                à en finir avec les quelques questions encore en suspens, 
                mûrissait sa décision d’engager la procédure 
                de candidature. Le 21 février dernier, c’était 
                chose faite : le Premier ministre croate Ivica 
                Racan s’est rendu à Athènes pour remettre 
                au président de l’Union européenne en exercice, 
                Costas Simitis, la demande 
                d’adhésion de notre pays à l’Union.  On a longuement insisté sur le contexte 
                régional et son évolution pour la simple raison 
                qu’il reste « essentiel » dans l’optique 
                de l’Union, comme la Déclaration de Salonique venait 
                de le rappeler. En Croatie, laquelle qui venait à peine 
                de se dégager d’une expérience qui lui laissait 
                de mauvais souvenirs, la politique régionale de l’Union 
                définie dès 1997 ressemblait fort à un nouveau 
                regroupement sous contrainte. Sans que cette appréhension 
                ne disparaisse complètement, grâce à l’action 
                réfléchie du gouvernement de centre-gauche et, surtout 
                du Président de la République qui multiplia ces 
                déplacements et ses prises 
                de position positives, l’opinion publique s’est 
                finalement rallié à la thèse selon laquelle 
                seule la stabilité, le progrès et l’orientation 
                européenne effectives de ses voisins peuvent être 
                profitable à la Croatie. Aussi, la Croatie s’est-elle 
                engagée alors à bon escient et avec conviction dans 
                ce cercle vertueux. L’accélération du processus 
                européen qui a finalement abouti à la demande d’adhésion, 
                s’appuyait, d’un côté, sur une opinion 
                publique favorable dans des proportions comprises entre 75 et 
                80 %, et de l’autre, sur les analyses comparatives démontrant 
                les capacités de la Croatie par rapport aux pays qui font 
                partie de l’actuelle vague d’élargissement 
                et, surtout, comparé à ceux dont l’intégration 
                est prévue à l’horizon de 2007. Rappelons 
                qu’à la fin des années 80, la Croatie se trouvait, 
                avec la Slovénie, en tête du peloton des pays en 
                transition et que son retard par rapport à certains pays 
                comparable est dû avant tout aux conséquences de 
                la guerre subie tout au long des années 90.  Unanimité politique  Toute la classe politique croate fut donc unanime 
                pour enclencher les mécanismes de candidature, pour essayer, 
                éventuellement, de rattraper le prochain train de l’élargissement, 
                en 2007. Au lendemain du sommet historique de Copenhague, le 18 
                décembre 2002, le Sabor, 
                le Parlement croate, vota une résolution enjoignant au 
                gouvernement de soumettre formellement une demande d’adhésion, 
                et cela dans les meilleurs délais possibles. Une sorte 
                d’effervescence s’est alors emparée de la scène 
                politique, des médias, ainsi que les ministères 
                qui ont reçu les consignes de mobilisation, en vue d’une 
                vaste harmonisation des normes et des lois, par ailleurs déjà 
                entreprise dans le cadre du PSA.  
                 
                  | La 
                      demande d’adhésion croate repose aussi bien 
                      sur une opinion publique favorable à près 
                      de 80 % que sur les bons résultats de la Croatie 
                      comparés non 
                      seulement aux pays dont l’intégration est prévue 
                      en 2007, 
                      mais également à ceux  
                      de l’actuelle vague d’élargissement. 
                       |  Tenant compte de la lassitude qui prévalait 
                après les efforts du dernier élargissement, et surtout, 
                des incertitudes de fonctionnement qui planent sur l’avenir 
                proche de l’Union à 25, la diplomatie croate craignait 
                une attitude réticente, à l’annonce de la 
                demande de Croatie, aussi bien de la Commission de Bruxelles que 
                des pays membres. Tout en ne contestant pas le droit de la Croatie 
                à poser sa candidature ni certains de ses atouts incontestables, 
                des voix sceptiques invoquèrent les difficultés 
                du timing, la complexité des procédures et, surtout, 
                quelques problèmes de caractère politique à 
                régler au préalable. Au fond, la vraie réserve, 
                rarement, avouée concernait la région, ce fameux 
                contexte régional tant redouté chez les Croates, 
                où certains pays ayant des problèmes beaucoup plus 
                graves, et des performances plus modestes que la Croatie, pouvaient 
                lui emboîter le pas.  Mobilisation sans précédent  Or, la détermination et la clarté 
                des motifs et des objectifs de la Croatie ont provoqué 
                une surprise positive. Côté procédure, le 
                Conseil autorisa le 14 avril 2003 la Commission à préparer 
                un avis, ce qui prend, en moyenne, 
                un an. Le président de la Commission Romano 
                Prodi s’est rendu en personne à Zagreb le 10 
                juillet dernier pour remettre au gouvernement un questionnaire 
                de plus de 4 000 rubriques, une mission de routine, mais le geste, 
                inhabituel, fut apprécié, comme signe d'encouragement 
                et de confiance. Dans deux semaines, le 9 octobre prochain, le 
                Premier ministre Racan rendra la courtoisie à M. Prodi 
                en lui remettant à Bruxelles les réponses au questionnaire, 
                qui serviront aux spécialistes de la Commission à 
                analyser l'aptitude de Croatie à figurer en tant que candidat 
                officiel et d'entamer dès le mois d’avril 2004 – 
                espère-t-on – les négociations, à proprement 
                parler, sur l’adhésion.  Côté politique, la candidature croate, 
                posée de manière souveraine et responsable, eut 
                des répercussions sur trois niveaux : à l’intérieur 
                du pays elle a provoqué une mobilisation sans précédent, 
                dotant le pays d’un objectif majeur et précis, capable 
                d’orienter et absorber les forces vives pendant de longues 
                périodes ; sur le plan régional, elle eut un impact 
                très positif, redonnant des raisons d’espérer 
                que le clos balkanique n’est pas fatalement fermé 
                et qu’une dynamique favorable pourrait conduire chacun de 
                ces pays à rejoindre l’Europe réunifiée. 
                Ainsi les présidents de cinq pays des « Balkans occidentaux 
                » ont-ils multiplié les signes de solidarité 
                réciproque aussi bien que les déclarations communes 
                ; enfin, avec la Croatie frappant à leur porte, les instances 
                européennes seront-elles peut-être portées 
                à revoir leur stratégie attentiste et à s’investir 
                d’avantage dans la solution des problèmes des pays 
                restants.  Des élections sous le signe de 
                l'Europe  En revenant sur les raisons de l’assurance 
                avec laquelle la Croatie s’est lancée dans le processus 
                d’intégration européenne, il faut souligner, 
                en premier lieu, sa sécurité et sa stabilité 
                politique. Bien qu’il existe quelques différends 
                frontaliers mineurs avec les voisins, les vestiges de la désintégration 
                de l’ancienne Yougoslavie, la Croatie est en paix avec ses 
                voisins et développe avec eux des relations de bon voisinage, 
                de coopération et d’amitié. Les séquelles 
                de la guerre sont progressivement éliminés. La première 
                alternance politique réussie, nous sommes persuadés 
                que les prochaines élections parlementaire qui auront lieu 
                dans deux mois, quels qu’en soient les vainqueurs, ne changeront 
                pas le cap des réformes entreprises, surtout celles liées 
                au programme européen. J’en veux pour preuve le fait 
                que, dans ses slogans préélectoraux, le principal 
                parti d’opposition promet aux électeurs d’intégrer 
                la Croatie à l’Europe plus vite que ne serait en 
                mesure de le faire, selon lui, l’actuel gouvernement auquel 
                pourtant chacun reconnaît qu’il a mené une 
                politique résolument engagée dans la voie européenne. 
                 Les problèmes politiques qu’évoquent 
                les observateurs internationaux plus ou moins officiels ne sont 
                pas structurels, sauf peut-être un seul : celui de la justice, 
                ou plutôt du système judiciaire, problème 
                que connaissent presque tous les pays en transition. Et même 
                celui qui est souvent pointé et qui est lié à 
                la coopération avec le Tribunal de la Haye, se réduit 
                à l’heure actuelle au seul cas d’un général 
                fugitif, et qui sera instantanément résolu le jour 
                de son interpellation ou de sa réédition. L’autre 
                question concerne le retour 
                des réfugiés serbes. Vu les efforts que le gouvernement 
                a déployé, il est en passe de devenir caduc d’ici 
                quelques mois. Atouts économiques  Même les observateurs les plus critiques 
                s’accordent à dire que la Croatie dispose dans le 
                secteur économique d’atouts relativement importants, 
                avec un PIB en croissance stable (5,2% l’année dernière, 
                4,7% cette année – selon les récentes estimations 
                du FMI), un tourisme en pleine expansion, un taux d’inflation 
                de 2 %, un chômage en net recul. Malgré une dette 
                extérieure importante, les lenteurs et les tâtonnements 
                de la privatisation, un trop cher coût du travail, le manque 
                de transparence de la législation qui fait quelquefois 
                hésiter les investisseurs étrangers, il est permis 
                de croire à un avenir plus radieux. Mais avec un PIB per 
                capita de 5140 euros, la Croatie devance largement non seulement 
                tous les pays du PSA et les candidats au prochain élargissement, 
                mais aussi une bonne partie des pays qui rejoindront l’Union 
                au 1er mai 2004.  Enfin, depuis la signature du PSA, en octobre 
                2001, la Croatie a fait un grand pas dans le laborieux domaine 
                de l’harmonisation des normes de l’acquis communautaire. 
                Au rythme selon lequel nous progressons, nous sommes sûrs 
                d’achever la majeure partie du travail d’ici 2006.  
                Sera-ce suffisamment tôt pour s’embarquer dans le 
                prochain train de l’élargissement annoncé 
                pour 2007 ? Nous le verrons.  Quoi 
                qu’il en soit, se donner des buts précis, mobilisateurs, 
                contraignants même, c’est corroborant, et certainement 
                positif. Ainsi la Croatie s’est-elle décidée 
                d’entrer dans le jeu des mécanismes, des règles 
                et des délais. Mais à présent une approche 
                plus sereine domine l’effort entrepris par le pays, ainsi 
                que ses attentes et ses espoirs. Certes, l’horizon 2007 
                est séduisant, nous nous sentons en mesure de l’atteindre 
                et nous ne nous désisterons pas. Mais ce n’est pas 
                une date butoir ni un délai fatidique. L’essentiel, 
                c’est ce qui se passera entre-temps : la Croatie va se transformer, 
                elle veut se transformer, elle vivra, et évoluera selon 
                les valeurs qu’elle a choisi, et qui vont guider et éclairer 
                son avenir d’une manière ou d’une autre. Je 
                vous remercie de votre attention.   |