REVUE
DE PRESSE
La Croix, 14/12/2002
PARTIR
Flânerie dans «
l'Athènes de l'Adriatique » pour oublier l'hiver.
Dubrovnik, la belle
de Dalmatie
DUBROVNIK
(CROATIE),
reportage de Aude Caracsco, envoyée spéciale.
«Ceux
qui cherchent le paradis sur terre doivent venir à Dubrovnik »,
écrivait en 1929 le dramaturge britannique Bernard Shaw. Au loin, sur la
route longeant le littoral qui mène aux portes de la ville, se devinent
ses attraits. Cette petite oasis de pierres, entourée de mer, séduit
irrésistiblement par son harmonie, sa grâce majestueuse. Magnifique
carte postale. Du bleu dans le ciel. Un patchwork de jaune et de rouge dans la
ville. Ici et là, le vert des arbres. Tout autour, un bleu lagon qui scintille
sous le soleil. Se satisfaire de cette image serait cependant un affront.
Dubrovnik, la fière, veut charmer par son âme. L'âme d'une
ville réconciliée avec un riche et tragique passé, qui l'a,
aujourd'hui, rendue plus belle et plus libre encore. Tant de promesses intimident
le visiteur. Comment aborder Dubrovnik ? Comment être certain de la comprendre
? Le mieux est peut-être de prendre du recul, de la distance. Les remparts
vont nous le permettre. Les guides croates ont l'habitude de commencer la visite
de la ville par une balade le long de sa ceinture de pierre.
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Dubrovnik,
l' "Athènes de l'Adriatique". |
Une «
cinquième façade » faite de ces tuiles colorées des
toits. L'originalité de l'enceinte, commencée au XIIIe siècle
et qui prit sa forme actuelle aux XVe et XVIe siècles, tient à la
juxtaposition des constructions. Au lieu d'être détruites, les tours
carrées gothiques furent doublées, à l'ouest et au nord,
par des bastions semi-circulaires de la Renaissance. Ces murs, hauts de 15 mètres,
peuvent atteindre jusqu'à 6 mètres d'épaisseur. Du haut des
remparts, on domine Dubrovnik, ses ruelles escarpées, ses nombreuses églises,
ses multiples escaliers et passages étroits. La ville semble avoir été
sculptée dans la pierre.
Les épisodes
d'une histoire mouvementée s'y bousculent. A commencer par celui, récent,
des 2 000 projectiles lancés en 1991 par l'armée serbo-monténégrine.
Ils ont touché 563 bâtiments (sur 824) ainsi que les deux tiers de
la fameuse « cinquième façade », cette célèbre
mosaïque colorée de tuiles sur les toits. Un gros effort financier
du gouvernement croate et un bel élan de solidarité internationale
ont permis de reconstruire rapidement cette ville inscrite depuis 1979 au patrimoine
mondial de l'Unesco.
EN PRATIQUE |
Pour
y aller : Dubrovnik est à deux heures trente de Paris en avion.
Air France et Croatia Airlines proposent
conjointement plusieurs vols par semaine.
Climat
: l'hiver est doux et les étés sont chauds et secs. Avec 2 774
heures d'ensoleillement en moyenne, Dubrovnik compte parmi les villes les plus
ensoleillées en Europe.
La monnaie
: la kuna, divisée en 100 lipas. Le calcul est facile pour les Français,
la kuna étant un peu près équivalente à notre ancienne
monnaie nationale. L'euro est aussi accepté par les commerçants.
Conseil
: la croisière pour découvrir Dubrovnik et ses nombreuses îles
alentours.
Adresses
utiles :
Office de tourisme de Croatie :
48,
avenue Victor-Hugo, 75016
Paris, tél.
: 01.45.00.99.55 ; www.ot-croatie.com.
Ambassade
de Croatie :
39, avenue Georges-Mandel ; 75116 Paris ; Tél. : 01.53.70.02.80. ; fax.
: 01.53.70.02.90, www.amb.croatie.fr.
Réservation
sur le Net : www.croatia.hr
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Des stigmates
demeurent pourtant. Les maisons des quartiers pauvres n'ont pas toutes été
pansées. Et les toits réparés se reconnaissent à leurs
tuiles, bien plus rutilantes. « On a toujours voulu dominer Dubrovnik »,
résume une guide. Sur la pierre, Dubrovnik chérit la « liberté
». « Non bene pro toto libertas venditur auro » (la liberté
ne se vend pas, même pour tout l'or du monde), la devise de la République
de Dubrovnik, est gravée à l'entrée de la citadelle de Lovrijenac.
Non loin, sur la place de la Luza (« loge»), à l'extrémité
du Stradum, l'artère principale qui sépare la ville d'est en ouest,
la tour de l'Horloge rappelle à chaque heure qu'elle symbolise les libertés
communales. Blaise, saint patron après l'avoir sauvée des Vénitiens.
Dubrovnik,
à 78 % catholique, voue aussi un culte à un saint. Depuis 972, saint
Blaise, l'évêque de Sebasta en Arménie martyrisé en
316 par les Roumains, est dignement fêté chaque 3 février.
Ce saint est apparu en songe au Xe siècle au recteur pour le prévenir
d'une attaque vénitienne. La cité, sauvée, choisit le saint
comme patron. Aujourd'hui, Dubrovnik abrite deux couvents, dix-sept églises,
l'une des plus vieille synagogue d'Europe, sans oublier la pharmacie des franciscains,
fondée en 1317 et toujours en activité. A l'intérieur des
églises, des femmes prient devant une Vierge dans la grotte. La balade
culturelle se fait à pieds à travers les ruelles. On peut alors
entendre ici un joueur de flûte, là une jeune fille jetant un caillou
sur un carreau pour attirer une amie vers la fenêtre. A la tombée
de la nuit, la ville grouille de monde. Des enfants courent autour du sapin de
Noël. Les terrasses se remplissent. Les restaurateurs mettent le couvert.
Dubrovnik, un petit paradis ? Une chose est certaine. On ne la laisse pas derrière
soi sans un pincement de coeur.
Aude CARASCO
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