La
Croatie dans la fédération yougoslave communiste
1986
La
croisade grand-serbe de Milosevic
1991
La
guerre et lindépendance de la Croatie
1995
La
victoire militaire croate et le retour de la paix
2000
« Laprès-Tudjman »
La
guerre et lindépendance de la Croatie
1991
Le
pillage de la Yougoslavie. Le 8 janvier, par un
acte unilatéral et illégal, la banque
nationale serbe - investie par un vote secret et unilatéral
de l'Assemblée de la république de Serbie
en date du 28 décembre 1990 - opère une
percée sans précédent dans le
système monétaire yougoslave. Pas moins
de 18,2 milliards de dinars (1,8 milliards de dollars)
en argent scriptural sont placés illégalement
à la disposition de la banque centrale de Serbie
sans que ces moyens-là aient la moindre couverture
légale. Le premier ministre fédéral,
Ante
Markovic, qualifiera cet acte de "pillage
du siècle", considérant qu'il signe
l'arrêt de mort de la fédération
yougoslave.
Le
26 février, une "région autonome
serbe de Slavonie, Baranya et Syrmie occidentale"
est proclamée par les séparatistes à
l'extrémité est de la Croatie, le long
de la frontière serbe.
La "Krajina" serbe proclame son indépendance.
Le 28 février, tandis que la Croatie est
encore l'une des six républiques constitutives
de la fédération yougoslave et en dépit
des conclusions de la Cour constitutionnelle croate
confirmant l'illégalité des "communes
autonomes serbes" proclamées unilatéralement,
le "Conseil national serbe" (illégal),
fondé par les séparatistes ultra-nationalistes
serbes de Croatie, déclare rompre tous les liens
institutionnels entre la République de Croatie
et la "région
autonome serbe de Krajina". Celle-ci est constituée
de facto de poches de territoire croates dont
les séparatistes serbes ont pris le contrôle
par la force (environ 15 % du territoire), et avec
le soutien de l'armée yougoslave, à majorité
serbe. Le lendemain, la première victime des
paramilitaires serbes, un policier croate, est tué
dans une embuscade à Plitvice, tandis qu'à
Pakrac, (Slavonie occidentale), le commissariat est
pris d'assaut par les paramilitaires serbes avec l'appui
de l'armée yougoslave et 16 policiers croates
y sont désarmés. (voir
carte détaillée)
Le
16 mars, la "région autonome serbe de Krajina"
(RAS de Krajina)
proclame solennellement son "indépendance"
vis-à-vis de la Croatie.
Médiations
et négociations au sommet. Le 25 mars, les
présidents croate, Franjo Tudjman, et serbe,
Slobodan Milosevic, se rencontrent en tête-à-tête
à Karadjordjevo pour tenter de trouver une issue
à la crise yougoslave. La suite des événements
montrera bientôt qu'aucun accord n'avait été
trouvé (occupation d'un quart du territoire
croate, destruction de Vukovar, pilonnage de Dubrovnik,
bombardement du palais présidentiel, occupation
des trois-quarts de la Bosnie, vote massif des Croates
de Bosnie en faveur de l'indépendance de la
Bosnie-Herzégovine, résistance croato-bosniaque
conjointe face à l'armée serbe). Trois
jours plus tard, le 28 mars, les six présidents
des républiques yougoslaves se rencontrent à
leur tour à Split, en Croatie, mais sans non
plus parvenir à dégager un solution à
la crise yougoslave.
Réunification
proclamée avec la Serbie. Le 1er avril,
le "conseil exécutif" de la "région
autonome serbe de Krajina"
décide de la réunification illégale
des territoires croates occupés à la
République de Serbie - étendus désormais
à treize communes (Knin, Benkovac, Obrovac,
Gracac, Donji Lapac, Korenica, Vojnic, Vrginmost, Glina,
Dvor na Uni, Kostajnica, et désormais également
Petrinja et Pakrac) -, ceci en dépit du fait
que les deux territoires, distant de plusieurs centaines
de kilomètres, sont géographiquement
séparés par la république de Bosnie-Herzégovine.
Le
12 avril, la Garde nationale croate, embryon de la
future armée croate, est constituée à
Zagreb.
Le
27 avril, une "communauté de communes serbes
de la Krajina de Bosnie" voit le jour de l'autre
côté de la frontière, sur le modèle
éprouvé déjà en Croatie
de la "RAS de Krajina".
Premières
victimes. Le 2 mai, 12 policiers croates,
tombés dans une embuscade tendue par les extrémistes
serbes à Borovo selo, sont affreusement mutilés.
Onze jours auparavant, le leader tchetnik,
Vojislav
Seselj, Milan Paroski, un parlementaire serbe,
ainsi que le ministre serbe des Serbes de l'étranger,
Stanko Cvitan, s'étaient rendus à Jagodnjak,
une bourgade croate voisine, peuplée à
majorité de Serbes, à un meeting ultranationaliste.
Vojislav Seselj y appelait à la création
d'une grande Serbie, dont les frontières occidentales
seraient constituées par la ligne Karlobag-Ogulin-Karlovac-Virovitica,
ce qui amputerait la Croatie des deux tiers. Milan
Paroski, quant à lui, appelait son auditoire
"à tuer comme un chien quiconque déclare
que cette terre n'est pas serbe".
Le
12 mai, la "RAS
de Krajina" proclame, sur la base d'un "référendum",
son rattachement à la Serbie - bien que la Bosnie-Herzégovine
se trouve entre les deux.
Crise
institutionnelle et référendum croate.
Lorsque la présidence yougoslave tournante échoit
le 15 mai
au délégué croate, Stjepan Mesic,
le bloc serbe sy oppose violemment, provoquant
ainsi une crise institutionnelle qui servira de prétexte
pour sarroger le contrôle de larmée fédérale
(JNA), déjà presque totalement acquise aux thèses grand-serbes
(les trois-quarts des officiers étant eux-mêmes
serbes ou monténégrins). Dans ce
contexte extrêmement tendu, entre la proposition
serbe, une Yougoslavie plus centralisée encore, et
la proposition croato-slovène, prônant
sa transformation en confédération d'Etats
souverains, sans exclure leur indépendance, cest
sans grande surprise cette dernière proposition
qui recueille, les 18 et 19 mai, plus de 94 %
des suffrages au référendum
en Croatie.
Déclaration
d'indépendance de la Croatie. Face à
lescalade de la violence et à la multiplication
des attaques meurtrières des extrémistes serbes épaulés
par larmée yougoslave, la Slovénie et la Croatie
déclarent le 25 juin - en vertu de leur droit
à l'autodétermination prévu et garanti par la
Constitution yougoslave - leur « dissociation »
davec lÉtat yougoslave, phase transitoire
avant lindépendance effective. La Croatie adopte
alors une déclaration de souveraineté.
Le même jour est adoptée une Charte garantissant
les droits de la minorité
serbe, censée à la fois démentir
les accusations de Belgrade et rassurer les Serbes
de Croatie. Le 27 juin, larmée yougoslave
intervient brutalement contre la Slovénie et deux semaines
plus tard contre la Croatie.
Escalade
du conflit armé et moratoire européen.
Le 3 juillet, les Etats-Unis et la Communauté
européenne proposent un embargo sur les livraisons
d'armes à la Yougoslavie. Le 7 juillet, un moratoire
de trois mois sur les mesures de « dissociation »
slovènes et croates est imposé par la Communauté
européenne ; le bloc serbe est contraint
daccepter Stjepan Mesic à la tête de la Présidence
yougoslave. Larmée restera cependant fidèle à
Milosevic
et Mesic ne disposera d'aucun pouvoir réel. Malgré
les craintes justifiées de Zagreb, l'armée
yougoslave obtient de la communauté internationale,
le 18 juillet, la possibilité d'évacuer
tout son arsenal de Slovénie, à travers
la Croatie, vers la Serbie, le Monténégro
et la Bosnie-Herzégovine.
Le
4 août, un Gouvernement d'union nationale réunissant
l'ensemble des forces politiques croates de la majorité
et de l'opposition est formé à Zagreb.
Putsch
à Moscou. Le coup d'Etat avorté à
Moscou (19-22 août) et l'éviction du général
Yazov prive l'état-major yougoslave de son principal
soutien. Le 29 août, le Parlement soviétique
interdit le parti communiste et le 6 septembre, l'URSS
reconnaît pacifiquement l'indépendance
des pays baltes.
La
prise, le 10 septembre, du commissariat de Bosanska
Krupa, en Bosnie, par les paramilitaires serbes, marque
le premier acte de l'agression militaire à grande
échelle dont sera victime cette république
quelques mois plus tard.
Siège
des casernes yougoslaves. Le gouvernement croate
ordonne le siège de toutes les casernes de l'armée
yougoslave sur le territoire croate et réclame,
en vain, leur mise sous contrôle international.
Refusant de participer à l'agression militaire
contre la Croatie, 17 000 officiers et sous-officiers
croates de désertent l'armée yougoslave
et rejoignent les forces croate d'auto-défense.
Après les Slovènes et les Croates, c'est
au tour des Macédoniens, Bosniaques et Albanais
de déserter en masse l'armée yougoslave,
devenue désormais serbo-monténégrine.
Le 17 septembre, la marine yougoslave instaure un blocus
naval et bombarde violemment les ports croates.
Guerre
totale en Croatie et embargo sur les armes. Face
à la détérioration de la
situation en Croatie, les Nations unies imposent
le 25 septembre un embargo sur les armes pour l'ensemble
du territoire yougoslave ce qui, de fait, pénalise
uniquement les victimes de lagression
serbe : alors que la Serbie contrôle l'arsenal
yougoslave (450 avions de chasse, des centaines de
navires, 2000 chars, des milliers de pièces
d'artillerie, et des milliers de tonnes de munitions),
la Croatie est privée de moyens d'autodéfense.
La
région de Baranya est occupée fin août.
Le siège des casernes, mis en place le 13 septembre,
permet à la Croatie de s'emparer d'à
peine 150 chars. Le même jour, la ville croate
de Kostajnica tombe aux mains des forces serbes. Le
16 septembre, c'est au tour de Drnis d'être occupée,
et le 21, la défense de Petrinja cède.
Début octobre Dubrovnik, Osijek, Karlovac et
Zadar sont lourdement pilonnées et Vukovar,
assiégée depuis un mois et demi, parvient
à contenir l'avancée des blindés
et de l'infanterie serbe avec des seules armes légères.
Le plan de bombardement massif de Zagreb par l'aviation
serbe, intercepté par les services de renseignements
croates, est stoppé in extremis grâce
à l'intervention de Mikhaïl Gorbatchev,
dans la nuit du 6 octobre.
Bombardement
du palais présidentiel à Zagreb. Le
7 octobre à lexpiration du moratoire, Milosevic
envoie néanmoins des Mig bombarder le palais
présidentiel à Zagreb. Les présidents croate et yougoslave,
Franjo Tudjman et Stjepan Mesic, ainsi que le Premier
ministre fédéral, Ante Markovic, qui
sy trouvent alors, réchappent de peu à lattentat.
Et tandis que le quart du territoire croate est déjà
occupé par larmée yougoslave et les milices serbes,
le Sabor proclame le lendemain,
8 octobre,
lindépendance de la Croatie, rendant ainsi
exécutoire les déclarations adoptées
le 25 juin.
Acceptant
la médiation de Gorbatchev, Tudjman se rend
néanmoins à Moscou, le 15 octobre,
où il conclut avec Milosevic un nouveau cessez-le-feu.
Pourtant dès le 17 octobre et malgré
la présence des observateurs européens,
l'armée serbe expulse 10 000 Croates de
la bourgade d'Ilok.
1000
km de front, d'Osijek à Dubrovnik. Une véritable
guerre sétend sur mille kilomètres de front
où les forces serbes mènent, à laide de lartillerie,
des chars et des chasseurs bombardiers, des attaques
de grande envergure et d'une extrême violence
contre les villes croates, notamment Osijek,
Vinkovci, Zupanja, Brod, Pakrac, Sisak, Karlovac, Rijeka,
Otocac, Gospic, Zadar, Sibenik, Sinj, Split, Ploce
et Dubrovnik. Par surcroît, les unités fédérales
embastillées dans les casernes sur lensemble
du territoire croate libre (Zagreb, Varazdin, Bjelovar,
etc.) participent également à cette guerre, où
leur supériorité en armes lourdes est écrasante face
à une armée croate encore embryonnaire et mal équipée.
Début novembre, les troupes serbo-monténégrines entament
des bombardements massifs contre
Dubrovnik, ville-musée et perle de lAdriatique.
Le
siège de Vukovar. Le 18 novembre,
après trois mois dun siège terrible, écrasée
sous un déluge de feu de 300 000 obus, la
ville baroque de Vukovar,
sur les rives du Danube, est réduite en cendres.
Le « Stalingrad croate » est
investie par les milices serbes et larmée fédérale.
Ses habitants sont déportés, des centaines dautres
exécutés, notamment les 200
blessés de l'hôpital, ensevelis dans
le charnier d'Ovcara (voir
carte détaillée).
Bilan
provisoire. Le bilan humain de six mois dagression
serbe en Croatie sélève à près de 13 000
morts, 30 000 blessés et des centaines de milliers
de personnes chassées de chez elles, à
quoi il faut ajouter les considérables dommages matériels.
Arbitrage
international et arrêt des hostilités.
Le 29 novembre, la Commission darbitrage
présidée par Robert Badinter entérine
la disparition de la fédération titiste
en confirmant que la Yougoslavie est « engagée
dans un processus de dissolution ». Le 8
décembre, les présidents de Russie, d'Ukraine
et de Biélorussie annoncent la mort de l'URSS.
Alors que, Slovénie mise à part, la Lituanie,
la Lettonie et l'Ukraine ont d'ores et déjà
reconnu la Croatie, la Communauté européenne
invite, le 16 décembre, toutes les Républiques yougoslaves
à déclarer avant le 23 décembre si « elles
souhaitent être reconnues en tant quEtats
indépendants » et sengage à ne
pas reconnaître « des entités qui seraient
le résultat dune agression », allusion
explicite à la "Krajina"
des séparatistes serbes.
1992
Reconnaissance
internationale de la Croatie. Le 3 janvier, un
16e cessez-le-feu prend effet : larmée yougoslave
ayant atteint ses objectifs, celui-ci sera enfin respecté.
Le 7 janvier, la chasse serbe abat en Croatie un hélicoptère
de la CEE ayant à son bord cinq observateurs européens
dont un Français. Le 13 janvier, le Saint-Siège
reconnaît l'indépendance de la Croatie.
Le 14, 112 lauréats du Prix Nobel lancent un
appel
pour la paix en Croatie. Le
15, suivis dune trentaine dautre pays,
les Douze reconnaissent
lindépendance de la Croatie. Le 7 février,
le HDZ
est le grand vainqueur des élections à
la Chambre haute du Sabor (Chambre des Comitats).
L'envoi
des casques bleus. Le 21 février, la résolution
743 instaure la FORPRONU
(Force de Protection des Nations Unies) forte de 14 000
"casques bleus" qui doivent être déployés
dans les zones occupées en Croatie, jusquà laboutissement
dun règlement négocié.
Le
7 avril, les États-Unis reconnaissent la Croatie et
la Bosnie-Herzégovine. Le même jour Zagreb reconnaît
la Bosnie-Herzégovine comme Etat indépendant.
Le 22 mai, la Croatie est admise à lONU.
Malgré ce contexte tragique, la Croatie participe
à Albertville '92 à ses premiers Jeux
olympiques, en tant que pays indépendant, et remporte
dès Barcelone '92 ses premières médailles, dont
une médaille d'argent en basket-ball après
une défaite en finale contre la dream team
américaine.
Début
de la guerre en Bosnie-Herzégovine. Parallèlement,
dans la Bosnie-Herzégovine voisine, indépendante depuis
le 1er mars, où les Serbes ne représentent pourtant
que 31 % de la population, les milices de Radovan
Karadzic et larmée serbo-yougoslave aux
ordres de Milosevic lancent une guerre totale au
cours de laquelle ils semparent, en à peine quatre
mois, de plus de 70 % du territoire. La capitale,
Sarajevo, est soumise à un siège
impitoyable. Du
fait que la Croatie et la Bosnie-Herzégovine
font face à un même agresseur, les deux
conflits qui s'y déroulent peuvent, sur le plan
militaire, difficilement être considérés
séparément, d'autant qu'ils constituent,
pour les forces serbes, un seul et même théâtre
d'opération (voir
carte détaillée
PDF, 650 Ko).
Tournant
stratégique. Ceci est plus vrai encore à
partir de juillet 1992, lorsque les forces serbes parviennent
à percer le fameux "corridor de Brcko",
dans le nord de la Bosnie, qui leur permettra dès
lors de bénéficier du soutien logistique
direct de la Serbie (voir
carte détaillée).
Crise
humanitaire. Des centaines de milliers dhabitants
non-serbes, Bosniaques et Croates, sont expulsés de
chez eux et plus de 100 000 sont tués en
quelques mois. Les deux tiers de la population cherchent
alors refuge dans la portion congrue du territoire
encore défendue par les Bosniaques et les Croates
de Bosnie (Bosnie centrale et Herzégovine).
Près dun demi-million de réfugiés de Bosnie seront
également accueillis en Croatie où, sur
une population de 4,5 millions d'habitants, on compte
déjà plusieurs centaines de milliers
de déplacés croates, chassés en
1991 par les Serbes.
Alliance croato-bosniaque. Le 21 juillet et
le 23 septembre, Zagreb et Sarajevo signent deux accords
prévoyant leur coopération militaire
face à l'agression serbe. De fait, la Croatie
constituera durant toute la guerre l'unique voie de
ravitaillement en armes de la Bosnie.
Résistance croate. Pour autant les Croates
de Bosnie-Herzégovine parviennent mieux que
les Bosniaques, qui sont alors pris de court, à
faire face à l'armée serbe au tout début
du conflit. Ils instaurent un Conseil croate de défense
(HVO), reconnu le 15 juin comme faisant partie intégrante
des forces armées de Bosnie. Ainsi les Croates
parviennent-ils à préserver une grande
partie des territoires où ils constituent la
majorité de la population, notamment dans le
Sud (Herzégovine), évitant que toute
la Bosnie ne soit conquise, ce qui rendra possible
la reconquête de 1995. Après trois mois
de combats acharnés sur la Neretva, le HVO alors
encore composé de Croates et de Bosniaques,
libère fin juin 1992 la rive est de Mostar et
repousse l'armée serbe hors de la ville.
Dubrovnik
désenclavée. En Croatie au même
moment, l'armée croate lance en juin une offensive
dans le sud de la Dalmatie et parvient à désenclaver
la ville de Dubrovnik, jusqu'alors assiégée
et pilonnée par l'armée serbe.
TERRITOIRES
OCCUPÉS EN CROATIE (AUTOMNE 1992)
APRÈS LA LIBÉRATION DE DUBROVNIK ET DU
SUD DE LA DALMATIE
Mini-Yougoslavie
(Serbie-Monténégro). Après lindépendance
de toutes les autres républiques (Slovénie, Croatie,
Bosnie-Herzégovine et Macédoine), la Serbie et le Monténégro
créent, le 27 avril, une fédération commune, la République
Fédérale de « Yougoslavie »,
Etat-croupion, puisque sera loin de rassembler tous
les Slaves du Sud. En tant qu'un des cinq Etats successeurs
et malgré la revendication de lappellation
« Yougoslavie », il ne sera pas
autorisé à hériter le siège de lancienne
Yougoslavie dans les instances internationales,
et ne deviendra officiellement membre de l'ONU qu'en
2000, après le départ de Milosevic. Le
4 juillet la Commission dArbitrage Badinter déclare
« que le processus de dissolution de la
République Socialiste Fédérative de Yougoslavie [...]
est arrivé à son terme et quil faut constater
que la RSFY nexiste plus ».
Camps
de concentration et réfugiés en Bosnie.
Début août, le monde découvre lhorreur
des camps de concentration serbes en Bosnie où périront
des milliers de prisonniers bosniaques et croates.
Le
poids des personnes déplacées et réfugiées
fuyant les exactions de l'armée et des paramilitaires
serbes atteint alors des proportions énormes.
En août 1992, la Croatie, pays de 4,7 millions
d'habitants, devient un gigantesque camp de réfugié
devant supporter la charge de 628 500 personnes
jetées sur les routes par la guerre : 265 500
d'entre eux sont des déplacés (originaires
de Croatie) et 364 400 des réfugiés
(originaires d'autres pays), principalement de Bosnie-Herzégovine
(332 000), mais aussi du Kosovo (12 000)
et de Voïvodine (19 000). On compte 69 000
réfugiés dans les territoires sous mandat
des casques bleus de l'ONU.
En
Bosnie-Herzégovine voisine, la situation est
tout aussi chaotique puisque on dénombre 593 000
réfugiés et déplacés, dont
93 000 originaires de Croatie. Début août,
le monde découvre les premières images
des camps de concentration serbes en Bosnie-Herzégovine.
Au total, 130 000 personnes seront détenues
dans les 94 camps serbes établis en Bosnie-Herzégovine
et les 11 instaurés en Serbie et au Monténégro.
La vague d'indignation suscitée dans l'opinion
internationale par les images de prisonniers décharnés
conduira à la libération, quelques semaines
plus tard, de plusieurs centaines de prisonniers qui
avait été emmenés en Serbie après
la chute de Vukovar.
Tudjman réélu président. Le
2 août 1992, Franjo Tudjman est réélu
président de la République pour cinq
ans avec 57,5 % des voix, mais pour la première
fois au suffrage universel comme le prévoit
désormais la Constitution croate du 22 décembre
1990. En mai 1990, il avait été élu
par les députés du Sabor, conformément
à la Constitution de la République socialiste
de Croatie, alors en vigueur dans le cadre de la Yougoslavie
titiste.
En même temps que les présidentielles
se tiennent les deuxièmes élections législatives
qui redonnent pour quatre ans la majorité à
l'Union démocratique croate (HDZ) de Franjo
Tudjman qui remporte à elle seule 85 sièges
sur 138. En outre, 18 sièges sont réservés
aux minorités nationales, dont 13 à la
communauté serbe.
1993
Opération "Maslenica".
Face à lenlisement des négociations
visant à aboutir à une solution politique au
conflit et décidées à désenclaver la Dalmatie isolée
depuis 1991, les autorités croates déclenchent avec
succès le 22 janvier lopération « Maslenica »
dans larrière pays de Zadar (voir
carte détaillée).
Plans internationaux de division ethnique. En
Bosnie, les premiers plans de paix internationaux,
tous fondés sur un partage territorial, se font
alors jour. Mais tous tendent peu ou prou à
entériner les importantes conquêtes serbes
sur le terrain, confortant ainsi l'idée selon
laquelle seul le fait accompli sera in fine
reconnu. Conciliants, les Croates y sont plutôt
favorables, les Bosniaques, en revanche, globalement
hostiles. Lalliance jusque-là observée entre
Bosniaques et Croates de Bosnie-Herzégovine
face à la supériorité écrasante des Serbes vole en
éclat et le conflit prend une dimension nouvelle.
Conflit
croato-bosniaque. Les tensions nées de l'afflux
massif de réfugiés en Bosnie centrale
- 750 000 Bosniaques et 200 000 Croates sont
expulsés de chez eux par les forces serbes -,
auquel s'ajoutent des divergences politiques quant
à lavenir de la Bosnie, exacerbent les
passions jusquau conflit
armé quavivent alors atrocités et opérations
de nettoyage ethnique. Les forces bosniaques assiègent
alors la population croate des enclaves de Bosnie centrale
(Zepce, Vitez-Busovaca, Kiseljak-Kresevo) et s'emparent
de l'enclave croate de Vares. De son côté,
Mostar-est devient la cible des attaques des forces
croates de Bosnie (HVO). Victimes de ce conflit fratricide,
140 000 Croates et 60 000 Bosniaques sont
expulsés de chez eux. En outre, aux quelque
200 000 victimes
provoquées au total par lagression serbe, viennent
désormais sajouter les quelque 4 000
morts de cette « guerre dans la guerre ».
La Croatie continue pour sa part à accueillir
les réfugiés Croates et Bosniaques (voir
carte détaillée).
Le
7 février 1993, l'Union démocratique
croate (HDZ) remporte les élections pour la
Chambre haute (Zupanijski dom), en s'assurant 35 des
62 sièges.
Zones
de sécurité et TPIY. En Bosnie voisine,
en réponse aux attaques serbes menées
contres les enclaves bosniaques, l'ONU instaure le
6 mai, à l'initiative du général
Morillon, commandant français de la FORPRONU,
six zones de sécurité (Bihac, Sarajevo,
Tuzla, Srebrenica, Zepa et Gorazde).
Le
25 mai 1993, le conseil de sécurité de lONU instaure
un Tribunal
pénal international, établi à La Haye, chargé de
juger les crimes
de guerre commis sur le territoire de lancienne
Yougoslavie.
1994
Rétablissement
de l'alliance croato-bosniaque. Afin de mettre
un terme au conflit croato-bosniaque et rétablir leur
alliance rompue depuis près dun an, la Croatie
conclut le 18 mars, à Washington, un accord avec
les représentants bosniaques et croates de Bosnie-Herzégovine
prévoyant la mise en place dune Fédération croato-bosniaque
en Bosnie-Herzégovine. Cet accord prévoit aussi
l'instauration d'un état-major unifié
associant l'armée bosniaque et le HVO. Cette
nouvelle donne qui rééquilibre les rapports de forces
sur le terrain, constituera un tournant majeur en Bosnie,
où les extrémistes serbes de Radovan
Karadzic contrôlent alors toujours plus de 70 %
du territoire.
En
juin, les séparatistes serbes de Croatie rejettent
une nouvelle fois les initiatives
diplomatiques en faveur d'une résolution
pacifique du conflit.
1er
voyage de Jean Paul II. En se rendant à Zagreb,
les 10 et 11 septembre, Jean-Paul II
devient le premier pape des temps modernes à fouler
le sol croate.
Première
action conjointe après le rétablissement de lalliance
militaire croato-bosniaque, lopération menée
le 3 novembre contre les forces serbes sur le stratégique
plateau de Kupres en Bosnie centrale marque une étape
décisive et facilitera par la suite le ravitaillement
de la région. Le 21 novembre, lOTAN
mène un raid aérien contre laéroport croate dUdbina
aux mains des milices serbes, qui sen servaient
jusqualors pour mener leurs attaques contre la
zone de sécurité de Bihac, en Bosnie.
La
victoire militaire croate et le retour de la paix
1995
Opération
"Eclair" - Libération de la Slavonie
occidentale. Le 6 mars, un accord de coopération
militaire croato-bosniaque est conclu. Le 31 mars,
le mandat de la FORPRONU,
qui englobe jusqualors lensemble des missions
de paix en ex-Yougoslavie, est redéfini pour la Croatie
(rés. 981) où la force internationale devient lONURC
- « Opération des Nations Unies pour la Restauration
de la Confiance en Croatie ». Pour enrayer l'escalade
de la violence déclenchée par les extrémistes
serbes de la région de Pakrac, Zagreb lance
le 1er mai lopération
« Éclair » : en 36 heures,
toute la Slavonie occidentale est libérée,
ce qui désenclave en même temps tout lest
du pays. Le leader séparatiste serbe, Milan
Martic, ordonne en représailles un bombardement
à la roquette meurtrier sur le centre-ville
de Zagreb.
Massacre
de Srebrenica et otages occidentaux. Après la détérioration
brutale de la situation
en Bosnie (prise
en otage des casques bleus par les Serbes, massacres
de dix mille Bosniaques à Srebrenica et à
Zepa), la Croatie et la Bosnie-Herzégovine signent
à Split, le 22 juillet, un accord renforçant encore
leur coopération militaire et réclamant l'aide
militaire de la Croatie pour secourir l'enclave de
Bihac,
attaquée par les Serbes. Le Rapporteur spécial
de l'ONU pour les droits de l'homme, Tadeusz Mazowiecki
en appelle à la communauté internationale
pour que soit entreprise une action énergique
contre les Serbes. Dans une interview à l'hebdomadaire
allemand Stern, le général Philippe Morillon,
ancien chef de la FORPRONU et commandant de la Force
de réaction rapide, se déclare en faveur
d'une opération militaire contre les Serbes
sur le modèle de celle lancée pendant
la guerre du Golfe contre Saddam Hussein.
Opération
"Tempête". Devant l'échec
de la voie
diplomatique, le gouvernement croate lance le 4 août,
lopération
« Tempête » (voir
carte détaillée), de loin
la plus importante depuis le début du conflit :
en moins de quatre jours, la Croatie reprend ainsi
contrôle de la majeure partie de ses territoires occupés
en 1991 (Dalmatie septentrionale,
Lika, Kordun et Banovina - un territoire montagneux
grand comme deux fois la Corse). Avec les départs
spontanés de Serbes dans ces quatre années,
les Serbes vivant en "Krajina"
en 1995 sont moins nombreux que les Croates qui en
ont été chassés en 1991.
Le 5 août à midi, Knin,
fief depuis août 1990 des séparatistes
serbes, est libéré par les forces croates.
Exode des Serbes et exactions. Malgré les appels
exhortant la population serbe
de ces territoires à ne pas quitter la Croatie, 90 000
civils répondent à lordre
dévacuation des paramilitaires serbes, qui
les utiliseront comme boucliers humains pour protéger
l'évacuation de leur armement lourd vers la
Bosnie. Après quatre ans d'exil, les réfugiés
croates commencent à rentrer
chez eux. Néanmoins, dans les semaines qui suivirent
la reconquête, plusieurs dizaines
d'exactions à l'encontre des rares Serbes
restés sur place et disséminées
sur l'ensemble territoire sont venues entacher cette
victoire militaire. Cette déroute éclair
des séparatistes serbes et l'absence de toute
résistance illustrèrent alors pour la
première fois les limites du soutien accordé,
notamment parmi la population civile, à l'idée
de Grande
Serbie.
Levée
du siège de Bihac. Dans le même
temps, l'opération « Tempête » met
fin au calvaire des 230 000 Bosniaques assiégés
à Bihac
où, après 1201 jours d'enclavement, cette
« Zone de sécurité de l'ONU »
pourtant pilonnée par les Serbes est sur le
point d'être prise, risquant de subir alors le
même sort que Srebrenica, un mois auparavant.
La Slavonie orientale, 4,5 % du territoire national,
demeure quant à elle encore occupée.
Participation
tardive de l'OTAN. LOTAN déclenche le 30 août
l'opération « Force délibérée »,
une campagne aérienne contre les relais de communications
et les centres de commandement militaires des Serbes
de Bosnie. Sur le terrain, l'alliance militaire croato-bosniaque
(armée bosniaque à l'ouest et en Bosnie
centrale, armée croate et HVO au sud) engrange
les succès
militaires les uns après les autres, leur
progression en Bosnie occidentale ne rencontrant qu'une
faible résistance de la part des troupes serbes
de Radovan Karadzic, qui se replient en grand désordre
vers Banja Luka. Certaine de sa supériorité
militaire, l'armée serbe n'avait, en effet,
pas jugé utile de se ménager des positions
de repli.
Libération de la Bosnie occidentale. En
moins de six semaines, l'alliance croato-bosniaque
parvient à réduire les territoires sous
contrôle serbe en Bosnie, qui passent ainsi de
72 % du territoire à 46 %. L'armée
croate parvient même à moins de 30 km
au sud de Banja Luka, la principale ville bosniaque
aux mains des Serbes. La victoire est quasiment acquise
lorsque la coalition parvient à prendre le contrôle
des centrales qui assurent l'alimentation en électricité
des territoires occupés par les Serbes en Bosnie
occidentale, mettant désormais l'agresseur à
la merci de la coalition. L'intervention occidentale
réclamant la fin des hostilités lui épargnera
une défaite sur le terrain et l'acculera bientôt
à la table des négociations.
Le
29 octobre 1995, l'Union démocratique croate
(HDZ) remporte pour la troisième fois les élections
législatives (anticipées), en obtenant
74 des 127 sièges.
Milosevic
acculé à négocier à Dayton.
Craignant de perdre le résultat de quatre
années de conquêtes en Bosnie réalisée
par Radovan Karadzic, Milosevic
cède et se rend début novembre à Dayton où il négocie
à huis clos, trois semaines durant, avec les présidents
croate et bosniaque, Franjo Tudjman et Alija Izetbegovic,
un accord de paix général qui mettra un terme à cinq
années de guerre. La communauté internationale
impose toutefois aux parties une condition : le partage
territorial de la Bosnie devra accorder 51 % du
territoire à la Fédération croato-bosniaque,
et 49 % à la République serbe -
bien que les Serbes ne contrôlent plus que 46 %
du territoire, après les revers militaires essuyés
durant les semaines précédentes.
Comment
a été levé le siège de
Sarajevo. Après 20 jours de discussions,
les négociations semblent néanmoins marquer
le pas. Mais les importantes et inattendues concessions
territoriales faites au dernier moment par la partie
croate en Bosnie occidentale, où 2000 km²
libérés par les forces croates sont restitués
sans contrepartie territoriale, contraindrontMilosevic
à devoir faire un geste envers les Bosniaques
et déboucheront in fine sur un accord.
Ayant désormais obtenu les 49 % de territoire
promis par le Groupe de contact (Etats-Unis, France,
Royaume-Uni, Allemagne, Russie), celui-ci accepta en
contrepartie de lever le siège de Sarajevo,
encerclée depuis quatre ans par les Serbes,
et de désenclaver Tuzla, ce qui ouvrit la voie
à un accord de paix global. Les accords de Dayton-Paris,
conclus le 21 novembre, sont officiellement signés
au palais de lÉlysée le 14 décembre.
L'ATNUSO en Slavonie orientale. En marge de
ces négociations un accord est conclu à Erdut
(13 novembre) prévoyant la réintégration pacifique
de la Slavonie orientale
dans le giron de Zagreb, dans un délai dun an,
renouvelable une fois. Une mission de paix, lATNUSO
(Administration transitoire des Nations unies en Slavonie
orientale) y est mise en place, mettant ainsi un terme
à la guerre en Croatie.
Bilan
de la guerre. Au total, en cinq ans, lagression
serbe aura causé côté croate 15 583
morts et portés disparus, dont près de
400 enfants, et 37 180 blessés. Les dommages directs
et indirects pour léconomie sont évalués à quelque
37 milliards de dollars - presque deux fois le
PIB de la Croatie. En Bosnie, les Croates comptent
9909 tués et 20 649 blessés, 80%
d'entre-eux étant victimes de l'agression serbe.
Le bilan humain de l'ensemble des opérations
de libération menées par l'armée
croate en 1995, en Croatie comme en Bosnie, est très
lourd : 473 soldats tués au combat et 2017 blessés.
Le
9 novembre, le TPI inculpe les officiers supérieurs
serbes Mrksic,
Radic et Sljivancanin de crimes de guerre pour les
atrocités commises à Vukovar. En 2001, ils n'avaient
toujours pas été livrés par Belgrade.
1996
Le
1er avril, le général croate de Bosnie, Tihomir Blaskic,
accusé par le TPI de crimes de guerre, se rend de son
plein gré à la Haye. Après quatre années
de procès, il sera condamné à
45 ans d'emprisonnement.
Normalisation
Zagreb-Belgrade. Le 9 septembre, la Croatie et
la RFY (Serbie-Monténégro) établissent des relations
diplomatiques. Le 16 octobre, la Croatie devient
le 40e membre du Conseil
de lEurope. Le 3 décembre, le président
Tudjman se rend à Vukovar pour la première fois depuis
la guerre.
1997
Victoire du HDZ, Tudjman réélu. Le
13 avril, les élections pour la Chambre des Comitats
du Sabor (Zupanijski dom ou
Chambre haute) se déroulent pour la première fois sur
lensemble du territoire croate, Slavonie orientale
comprise. Le HDZ remporte une deuxième fois
le scrutin : il arrive en tête dans 19 des 21
comitats (régions) et obtient 41 des 68 sièges.
Le 15 juin, Franjo Tudjman est réélu président de la
République pour cinq ans, une troisième fois,
la seconde fois au suffrage universel avec 61,41 %
des voix.
Le 6 octobre, dix Croates de Bosnie accusés par le
TPI de crimes de guerre se rendent volontairement à
La Haye.
1998
La
Slavonie orientale et Vukovar réintégrés
pacifiquement. Succès conjoint de lATNUSO
et des autorités croates dans les délais impartis :
moins de sept ans après le siège de Vukovar, principale
ville de la région, la réintégration pacifique
et définitive de la Slavonie orientale (4,5 %
du territoire) marque, pour la première fois depuis
lindépendance, le recouvrement effectif de la
souveraineté croate sur lensemble du territoire
national.
Cette même année, symbolique à bien des égards, six
ans seulement après son indépendance, la Croatie parvient
à se hisser à la 3e place du podium de la Coupe
du monde de football, en France, après sa défaite
contre la France et sa victoire sur les Pays-Bas.
2e
voyage de Jean Paul II. Le 3 octobre, le pape Jean
Paul II se rend pour la seconde fois en
Croatie, à Split, à l'occasion de
la béatification du cardinal
Alozije Stepinac.
1999
Guerre
du Kosovo : intervention de l'OTAN contre la Serbie.
En raison du nettoyage
ethnique anti-albanais mené à grande échelle par
la Serbie au Kosovo,
les Etats membres de lOTAN y compris la
France, déclenchent au printemps la « guerre
du Kosovo », lançant de massives représailles
aériennes contre la Serbie. Le gouvernement croate
apporte alors son soutien politique et logistique aux
opérations de lAlliance atlantique, en lui mettant
notamment à disposition son espace aérien. Milosevic
est inculpé pour crimes contre lhumanité par
le TPI. En juin, la Croatie participe à linauguration
du Pacte de Stabilité pour lEurope du sud-est.
Mort
de Franjo Tudjman. Deux ans avant lexpiration
de son mandat présidentiel, le premier président croate,
Franjo Tudjman, décède le 10 décembre
des suites dun cancer.
« Laprès-Tudjman »
2000
Victoire
de la coalition de centre-gauche. Le 3 janvier,
constituant la première alternance politique depuis
lindépendance, les législatives, premier scrutin
national de lan 2000, sont remportées haut la
main, avec plus de 56
% des suffrages, par la coalition dopposition
rassemblant six partis autour des forces réformistes
de centre-gauche (sociaux-démocrates du SDP
et sociaux-libéraux du HSLS),
contre moins de 27 % des suffrages au HDZ sortant.
Au nombre des thèmes électoraux qui les ont portés
au pouvoir : une orientation résolument pro-européenne,
un programme anti-corruption, une démocratisation accélérée
ainsi que la diminution des prérogatives du chef de
lÉtat au profit du gouvernement
et du parlement.
Ivica
Racan, président des sociaux-démocrates, est nommé
Premier ministre.
Stipe
Mesic élu président. Le 7 février,
alors que deux candidats dopposition se retrouvent
en lice au second tour de scrutin, cest Stipe
Mesic, candidat du modeste HNS
(parti populaire), qui remporte les présidentielles
avec 56 %
des voix, contre Drazen Budisa, président des sociaux-libéraux,
pourtant parti favori un mois auparavant, après la
victoire du tandem HSLS-SDP aux législatives.
OMC
& Partenariat pour la Paix. Signe concret de
lécho
favorable quont rencontrés auprès
des chancelleries occidentales les gages donnés par
les nouvelles
autorités croates, la France accueille le nouveau
président
croate en visite
officielle les 11 et 12 mai. Dès la fin mai, lUnion
européenne donne son feu vert pour engager les
négociations sur lAccord de stabilisation
et dassociation(ASA) tandis que la
Croatie est admise dans le Partenariat pour la Paix,
premier pas vers ladhésion à lOTAN. En
juillet, elle est admise à lOMC et en
septembre le Conseil de lEurope met fin à
la procédure de suivi de la Croatie.
Milosevic
déchu à Belgrade. Début octobre,
le président yougoslave, Slobodan Milosevic,
dont la politique belliciste a endeuillé lensemble
de la région depuis plus de dix ans, est battu
par Vojislav Kostunica et contraint de quitter le pouvoir.
Sommet de Zagreb. Le 24 novembre, le Sommet
de Zagreb, coprésidé par le président
croate, Stjepan Mesic, et son homologue français,
Jacques Chirac, président en exercice de l'UE,
réunit les chefs d'Etat et de gouvernement des
Quinze et des pays de la région visés
par le Processus
de stabilisation et d'association, première
étape vers leur intégration dans l'Union
européenne. Il marque également pour
la Croatie le lancement officiel des négociations
sur l'ASA.
2001
Accord
de stabilisation et d'association. Le 14
mai, la Croatie et l'UE paraphent à Bruxelles
l'Accord de stabilisation et d'association (ASA), première
étape vers l'adhésion à l'UE.
Le 28
juin, Slobodan Milosevic, l'ancien président
serbe responsable des guerres qui ont ensanglanté
la Croatie et l'ex-Yougoslavie est extradé à
La Haye pour y répondre de l'accusation de génocide.
Du
29 au 31 octobre, le président Mesic effectue
une visite
historique en Israël. Le
8 décembre, le président Jacques
Chirac se rend à Zagreb : c'est la première
visite officielle d'un chef d'Etat français
en Croatie.
2002
Milosevic
extradé à La Haye. Le 12
février débute le procès de
Slobodan Milosevic à La Haye où il comparaît
pour crimes contre l'humanité et génocide
pour son rôle dans les guerres de Croatie, de
Bosnie et du Kosovo. Le 15 mai,
deux anciens dirigeants des sécessionnistes
serbes de Croatie, Milan Martic et Mile Mrksic, accusé
de crimes de guerre et crimes contre l'humanité
par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie
(TPIY), se rendent à La Haye.
18-22
septembre : première mission
du Sénat français en Croatie.
Le
10 décembre, Zagreb et Belgrade parviennent
à un accord sur le statut de la presqu'île
de Prevlaka, à l'entrée des bouches
de Kotor.
2003
La
Croatie candidate à l'adhésion à
l'UE. Le 21
février, la Croatie dépose officiellement
sa candidature
à l'entrée dans l'Union européenne.
La
Croatie, 100e voyage de Jean Paul II. Du 5 au 9
juin, le pape Jean-Paul II se rend pour la troisième
fois en Croatie où il effectue son 100e
voyage à l'étranger. A cette occasion,
il se rend à Rijeka, Osijek, Djakovo, Dubrovnik
et Zadar.
Le
10
juillet, le président de la Commission européenne,
Romano Prodi, se rend en personne à Zagreb pour
y remettre un questionnaire en 4600 questions destiné
aux pays candidats à l'entrée dans l'Union
européenne. Le 9
octobre, le Premier ministre croate Ivica Racan
rend, à Bruxelles, le questionnaire au président
Prodi, dernière étape avant l'élaboration
de l'avis
que la Commission doit rendre au printemps 2004 sur
la candidature de la Croatie à l'entrée
dans l'UE.
Victoire
du HDZ, Ivo Sanader Premier ministre. Le 23
novembre, l'Union démocratique croate (HDZ)
d'Ivo Sanader remporte les élections
législatives en mettant en avant le programme
économique et pro-européen de son parti,
désormais rénové et se revendiquant
du centre-droit. Le
23 décembre, le gouvernement conservateur
d'Ivo Sanader succède à celui du social-démocrate
Ivica Racan.
2004
La
Croatie officiellement reconnue candidate. Le 22
mars, le Parlement européen rend un rapport
favorable à la candidature croate et le 20
avril, la Commission européenne donne à
son tour son feu vert à la candidature de la
Croatie en recommandant l'ouverture de négociations
d'adhésion.
Le
18
juin, le Conseil européen octroie le statut
de candidat officiel à la Croatie. Le 17
décembre, il fixe au 17 mars 2005 la date
d'ouverture des négociations d'adhésion.
2005
Stipe
Mesic réélu président. Le
président sortant, le centriste Stipe Mesic, a été réélu,
dimanche 16 janvier, à plus de 65 % de voix pour
un deuxième et dernier mandat de cinq ans, à l'issue
du second tour de l'élection présidentielle.
Lancement
retardé des négociations d'adhésion.
"En l'absence d'un commun accord", le Conseil des
ministres de l'UE réuni à Bruxelles le 16 mars 2005
décide de reporter
l'ouverture prévue des négociations d'adhésion
avec la Croatie. La raison en est l'échec du
gouvernement croate à localiser l'ancien général
Gotovina, recherché par le Tribunal pénal de La Haye
(TPIY) et en fuite depuis 2001.
Après
un rapport favorable de la Procureure du TPIY confirmant
la "pleine coopération" de Zagreb,
le Conseil des ministres a ouvert, le 3 octobre, les
négociations d'adhésions avec la Croatie.
Le
7
décembre, l'ancien général Gotovina, recherché
par le TPIY et dont la disparition avait conduit au
report du lancement des négociations d'adhésion
avec l'UE, est localisé et appréhendé
sur l'île de Ténérife dans les
Canaries espagnoles, et transféré à
La Haye.