Le
Monde, supplément Economie,
28/09/2004
EUROPE
Une diplomate
croate à l'assaut de l'Union
Kolinda Grabar-Kitarovic s'est fixé comme objectif l'adhésion
en 2007
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Septembre
2003. Elle est nommée adjointe du ministre
des affaires étrangères, Miomir Zuzul, pour
mener les négociations d'adhésion de la
Croatie à l'Union européenne.
Décembre 2003. Elle devient ministre
chargée de l'Intégration européenne.
1993-1995.
Elle est nommée conseiller d'Ivo Sanader, alors
vice-ministre des affaires étrangères.
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La démarche énergique,
Kolinda Grabar-Kitarovic, jeune femme blonde de 36 ans, mène
avec détermination depuis près d'un an le ministère
croate de l'intégration européenne. Car la Croatie,
petit pays de l'ex-Yougoslavie de 4,4 millions d'habitants, a
décidé d'entrer le plus vite possible dans l'Union.
Chargée par le premier ministre, Ivo
Sanader, de mener, aux côtés du ministre des
affaires étrangères, les négociations d'adhésion
qui s'ouvriront au printemps
2005, elle prévoit leur conclusion dès 2007,
avec « peut-être même un référendum
préalable ».
Kolinda Grabar-Kitanovic, diplomate de formation,
a fait ses études à Zagreb, à Vienne et aux
Etats-Unis, et maîtrise six langues. « Mon job
est de faire en sorte que les critères pour l'intégration
européenne soient remplis », dit-elle avec fermeté.
« Le ministère a été efficace dès
sa création en 2001 par mon prédécesseur
social-démocrate », souligne la ministre. Dans
un pays où l'Europe fait l'objet d'un consensus entre les
grandes formations politiques, « nos seuls critères
pour recruter mes collaborateurs ont été le professionnalisme,
la formation universitaire et l'enthousiasme, plutôt que
les appartenances politiques », affirme-t-elle.
Les deux tiers des 160 employés ont un
master, leur moyenne d'âge est de 30 ans. Mais le plus frappant
est sans doute la part des femmes - 70 % -, d'autant que ce sont
elles qui dirigent : « La ministre, la secrétaire
d'Etat, et quatre ministres adjointes sur cinq, dénombre-t-elle
avec satisfaction. L'une des clés de notre efficacité,
ce sont les femmes. Elles apportent la preuve de leur professionnalisme.
» Ce n'est pas pour autant le royaume des Amazones,
rassure-t-elle. La moitié d'entre elles sont mariées
avec au moins un enfant (la journée de travail s'achève
à 16 h 30). « Un bon équilibre entre la
vie professionnelle et la vie familiale est nécessaire
», dit-elle, avouant avoir la chance d'être soutenue
par un mari et deux enfants compréhensifs.
«
L'une des clés de notre efficacité, ce sont les femmes.
Elles apportent la preuve de leur professionnalisme. » |
Ce n'est pas le salaire, dérisoire, qui
attire ces jeunes. « Chez nous, ils ont le sentiment
de faire quelque chose de positif pour le pays. Ils voient qu'ici
ça marche, que leur créativité peut s'exprimer.
Ils ont à la fois des responsabilités et suffisamment
de liberté », explique la ministre. «
Et puis nous sommes une excellente référence
pour leur carrière ultérieure, y compris dans le
privé. »
Le mot d'ordre est de devancer les souhaits de
Bruxelles. « Avant même d'avoir obtenu le statut
de candidat, en juin, nous avons commencé à harmoniser
notre législation. Ainsi, au moment des négociations,
nous ne partirons pas de zéro », fait-elle observer.
Pourquoi déployer une telle énergie ? « L'Europe,
c'est un avenir meilleur pour la Croatie et pour mes enfants.
Il n'y a pas d'alternative pour nous ni de meilleure perspective
pour stabiliser les Balkans », affirme-t-elle. Maintenant
que la Croatie coopère avec le Tribunal pénal international,
aucun obstacle rédhibitoire ne se dresse sur la route de
l'adhésion. Encore faut-il que le gouvernement soit suffisamment
solide pour faire passer les évolutions nécessaires
auprès d'une population fatiguée devant «
des réformes douloureuses dont les effets positifs
sont encore peu visibles », reconnaît-elle. La
vaste campagne d'explication sur l'Europe que la ministre lance
dès l'automne saura-t-elle convaincre ? Les élections
présidentielle à la fin 2004 et locales au printemps
2005 le diront.
Françoise
Pons
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