28/05/2003
ROLAND
GARROS
Ancic donne des frayeurs
à Agassi
Agé
de seulement 19 ans, Mario
Ancic, 74e au classement technique ATP, a trébuché
sur le tête de série n°2, Andre Agassi, au 2e
tour des internationnaux de France à Roland
Garros. Après une farouche bataille de 3h13, le jeune
croate s'est finalement incliné en cinq sets, 5-7, 1-6,
6-4, 6-2, 7-5, face à l'Américain, qui est revenu
au score après avoir été mené deux
manches à rien et 4-3 dans le troisième set. L'an
passé à Wimbledon, pour ses débuts en Grand
Chelem, Ancic, dont le jeu rappelle celui de Goran
Ivanisevic, avait éliminé la tête de série
numéro 7, le Suisse Roger Federer. Avec les défaites
au 2e tour des joueuses Jelena
Kostanic, Silvija
Talaja et Iva
Majoli, sacrée championne à Roland Garros en
1997, et de Zeljko
Krajan, chez les hommes, sorti dès le 1er tour, Ivan
Ljubicic (29e) fut le seul Croate à accéder
aux 16e de finale. Après sa victoire,
6-3, 4-6, 7-6(2) et 6-4, au 2e tour sur l'Américain
James Blake (27e), Ljubicic a été battu par le Tchèque
Jiri Novak en quatre manches, 6-4, 7-5, 3-6, 6-2.
REVUE
DE PRESSE
30/05/2003
LE
MONDE
"Super
Mario" Ancic n'a pas su finir son match face à Andre
Agassi
Le jeune
Croate s'est incliné en cinq sets face à l'Américain
au deuxième tour de Roland-Garros.
La presse britannique l'a surnommé "Super
Mario" au lendemain de sa victoire surprise au premier tour
de Wimbledon en 2002, quand il s'était défait du
Suisse Roger Federer, alors numéro 9 mondial. A 18 ans,
Mario Ancic devenait le plus jeune joueur à emporter son
premier match sur le gazon de l'All England Lawn Tennis and Croquet
Club depuis le Suédois Björn Borg, en 1973. Mercredi
28 mai, sur la terre battue du court Suzanne-Lenglen, l'espoir
croate a bien failli réaliser un nouvel exploit face à
l'Américain Andre Agassi, tête de série n°
2.
Vaincu
en cinq sets (5-7, 1-6, 6-4, 6-2, 7-5) par le "Kid de Las
Vegas" au deuxième tour des Internationaux de France,
le natif de Split, comme son aîné Goran Ivanisevic
auquel il ressemble tant et au côté duquel il s'entraîne
depuis l'âge de 10 ans, aura en tout cas procuré
un immense plaisir au public parisien qui, une fois n'est pas
coutume, n'a pas réservé l'exclusivité de
son soutien à son chouchou américain.
"J'ai
eu beaucoup d'opportunités. Mais ces opportunités,
ce n'est pas comme lorsqu'on joue face à quelqu'un d'autre
qu'Andre Agassi, confiait Mario Ancic qui, entre la fin de la
saison 2002 et aujourd'hui, est passé de la 142e à
la 61e position au classement ATP. Il lui a suffi de quelques
grands passing shots et de bons lobs au moment opportun et tout
était décidé."
Vainqueur
des deux premiers sets, et alors qu'il menait 3-2 sur son service
dans le troisième, le Croate avait la partie bien en main
et sa jeunesse semblait lui donner l'audace des vainqueurs.
"J'avais
une chance de gagner le premier set, je ne l'ai pas prise et il
a accéléré, expliquait Andre Agassi. Avant
que j'aie vu ce qui se passait, j'étais en difficulté."
Mais ici, à Roland-Garros plus qu'ailleurs, une victoire
n'est jamais acquise, surtout contre un joueur de l'envergure
de l'Américain, grand habitué des renversements
de situation.
Le
Français Paul-Henri Mathieu n'est pas prêt de l'oublier,
lui qui avait gagné aussi les deux premières manches
et qui menait largement dans la troisième face à
Andre Agassi, en huitième de finale du tournoi 2002.
ÉMOTION
ET TENSION
"En
tennis, ce qui est important, c'est de finir les matches. L'important,
c'est comment on gère cette avancée vers la fin",
déclarait Andre Agassi, pas mécontent de s'être
sorti de cette bien embarrassante situation. Une fin pleine d'émotion
et de tension auxquelles l'Américain lui-même n'a
pu se soustraire : il a effectué trois doubles fautes dans
le même jeu, dont une sur une balle de match. Revenu à
égalité (5-5) dans la dernière manche, Mario
Ancic n'a pas pu aller au-delà de ce gain. Il s'est incliné
peu après, non sans avoir encore sauvé deux balles
de match supplémentaires. La cinquième lui a été
fatale.
Doté
d'un physique longiligne (1,91 m pour 81 kg) et d'un jeu de volleyeur,
Mario Ancic avait atteint en 2000, à l'âge de 16
ans, les finales de Wimbledon et de l'Open d'Australie chez les
juniors. A Roland-Garros, qu'il dispute en 2003 pour la première
fois, il venait de battre au 1er tour Marcelos Rios sur abandon
du Chilien au deuxième set.
Mercredi,
il a multiplié les montées au filet et les amorties
avec une désarmante simplicité, démontrant
au passage que le jeu sur terre battue n'est pas seulement l'affaire
des joueurs de fond de court aux longues balles liftées.
Il a pris des risques, s'est livré sur toutes les balles
et a même chuté dans l'exercice de son art, maculant
de l'ocre de Paris sa tenue qu'il ne daignera même pas changer,
étant "trop concentré sur chaque point".
"Ce
sont juste des petites choses qui m'ont empêché de
battre Andre Agassi, a-t-il conclu. Il ne faut pas lui laisser
le moindre espace. J'ai juste mal joué sur deux jeux de
service. Sinon, tout était parfait et le public était
incroyable. Sauf que j'ai perdu."
Jean-Jacques
Larrochelle
©
Le
Monde
29/05/2003
LIBÉRATION
L'Américain
l'emporte en cinq sets face au Croate.
Agassi finit
par clouer le blanc-bec Ancic
Par Gregory
Schneider
et David Revault d'Allonnes
Le
tournoi
naviguait tranquillement entre une qualification paisible de l'Argentin
Guillermo Coria (quatre sets face à Kiefer) pour le troisième
tour et une autre de l'Espagnol Carlos Moya face au bombardier
de Tasmanie Mark Philippoussis. Et Mario Ancic est arrivé
sur le court numéro 1 avec Andre Agassi, 54 titres, dont
7 en Grand Chelem. Hier, ils ont fini par peser. Sur le match,
remporté par l'Américain en cinq sets (5-7, 1-6,
6-4, 6-2, 7-5). Sur le soutien du public aussi. Même si
certains étaient trop heureux de reconnaître en Ancic
ce quelque chose qui animait les yeux de braise de son illustre
compatriote, Goran Ivanisevic, sublime loser jusqu'à son
happening londonien en juillet 2001.
Comme
Ivanisevic, Ancic est né à Split. Comme lui, il
dispose d'une panoplie de coups où la bizarrerie le dispute
à la classe la plus pure, capable de mettre l'adversaire
à dix mètres de la balle avec son revers à
deux mains en retour de service. Pendant deux sets et demi (Ancic
a mené 2-0, puis 3-2, service à suivre dans la 3e
manche), le Croate de 19 ans a glissé des volées
suaves dans les coins, lâché toutes ses frappes,
scotché Agassi dans son replacement. Il a fait rêver
les fans du tennis d'attaque, cloué le bec de ceux qui
répètent qu'il faut besogner une vingtaine de coups
pour gagner un point. Il a déroulé son jeu d'enfant
terrible, dompté par l'entraîneur Bob Brett qui s'occupe
de lui depuis 1998 et qui préférera tous les jours
prendre en main un type dans son genre qu'un sociétaire
du tennis club de Barcelone. «Il m'a calmé, parce
qu'au début, je n'étais pas facile. Mais comme Bob
avait eu affaire à Goran, il savait me prendre. A la moindre
incartade, il m'obligeait à faire des pompes.»
Agassi
a cru une première fois calmer le jeunot quand il a mené
5-4 dans le premier set, service à suivre. Le déluge
qui s'est abattu ensuite sur l'Américain fut terrible.
Mais Agassi n'a jamais vraiment cessé de travailler le
Croate, de le déplacer sur la largeur du terrain, de lui
mettre en tête que le dernier point du match serait le plus
difficile à gagner. Ancic est un funambule. Un dixième
de seconde de retard, et il sort la balle de dix mètres.
Le Croate est revenu de 2-5 à 5-5 dans la 5e manche. Mais
Agassi a eu sa peau. Avant d'avoir l'élégance d'attendre
son adversaire pour sortir du court.
©
Libération
29/05/2003
L'EQUIPE.FR
Agassi
s'en sort
Mercredi,
après l'élimination de kafelnikov, le tournoi de
la Porte d'Auteuil a bien failli perdre un autre de ses anciens
lauréats. Andre Agassi a dû batailler pendant cinq
sets avant de venir à bout de Mario Ancic.
Une
grosse frayeur. Andre Agassi a failli quitter Paris.
Mais une frousse qui rassure, finalement. Car le trentenaire n'est
pas usé, il l'a prouvé. La perte aurait été
lourde pour le tournoi, qui doit déjà se priver
de Marat Safin et se consoler des sorties prématurées
de Roger Federer et Andy Roddick. En effet, il ne reste guère
plus que « Dédé » et, dans une moindre
mesure, Lleyton Hewitt, pour échapper à une finale
totalement hispanophone.
|
Ancic
s'est battu et il le prouve à "Dédé"
| L'Equipe. |
Et
pourtant, Agassi n'est pas passé loin d'une tentative de
putsch. Le prétendant avait déjà quelques
références en la matière, puisque Mario Ancic
a été, l'an dernier à Wimbledon, le tombeur
d'un Roger Federer qui était alors donné comme le
grand favori de l'épreuve. Plutôt impressionnant
pour un jeune joueur qui disputait alors le premier match de sa
carrière en Grand Chelem. En tout cas, un souvenir qui
est remonté à la mémoire des spectateurs
du court Suzanne-Lenglen au moment où l'Américain
s'est retrouvé mené deux sets à zéro.
C'EST
SEULEMENT LA 5e FOIS QU'AGASSI REVIENT DE 2 SETS À
0 |
1997
Coupe Davis (quart) :
Siemerink 3-6, 3-6, 6-3, 6-3, 6-3
1999 Open d'Australie (quart) :
Courier 6-7, 2-6, 6-3, 6-4, 6-2
1999 Roland-Garros (finale) :
Medvedev 1-6, 2-6, 6-4, 6-3, 6-4
2002 Roland-Garros (8es) :
Mathieu 4-6, 3-6, 6-3, 6-3, 6-3
2003 Roland-Garros (2e tour) :
Ancic 5-7, 1-6, 6-4, 6-2, 7-5
|
Alors
que tout le monde doutait de sa capacité à refaire
un handicap aussi lourd, le « Papy de Las Vegas »
a mis un terme à tous les babillages qui circulent à
son endroit sur le thème : « Agassi n'est fort que
quand il fait la course en tête...». Avec un break
de retard dans le troisième set, le vainqueur 1999 a réagi.
Mais, même après avoir égalisé à
deux sets partout et creusé l'écart jusqu'à
5-3 dans la dernière manche, Agassi a continuellement été
menacé par le jeune Croate. À la faveur d'un jeu
de service catastrophique pour Agassi (trois double-fautes alors
qu'il servait pour le match !), Ancic est revenu à 5-5
avant de s'incliner. Agassi a eu chaud, et il ne s'en cache pas
: « J'espère que l'histoire montrera que c'était
ce match là qu'il fallait gagner ».
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