22/06/2000
DATE
ANNIVERSAIRE
Le
22 juin, la Croatie commémore sa résistance aux
côtés des Alliés
Sur les 230 000 combattants croates qui ont
lutté aux côtés de Tito, 66 000 sont
morts en résistant à l'occupant allemand et italien,
et à leurs collaborateurs oustachis et tchetniks
Depuis
lindépendance, en 1992, cette date commémore le 22 juin
1941, premier acte de la résistance en Croatie, mais aussi
le rôle de premier plan joué par les Partisans croates, fer de
lance de la Résistance yougoslave. Comptant quelque 100 000
hommes dès 1943, la résistance croate fut proportionnellement
l'une des plus importante d'Europe. Selon sa Constitution, la
République de Croatie est aujourd'hui l'héritière
de cette Croatie libre qui s'est affirmée à l'encontre
de l' "Etat croate indépendant" lié, lui,
aux puissances de l'Axe.
Chaque
année, le jour férié du 22-Juin, la Croatie
commémore linsurrection armée de 1941, près de Sisak,
contre loccupant nazi et ses collaborateurs. Premier d'une
longue série d'actes de résistance, il ouvrit la
voie au long combat mené par les patriotes croates pendant
la seconde guerre mondiale.
Cela vaut aujourd'hui à la Croatie de figurer parmi les
pays membres de la coalition alliée sortie victorieuse du combat
contre le nazisme, malgré l'instauration par Hitler d'un
"Etat croate indépendant".
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La
résistance yougoslave fut dirigée par le Croate
Josip Broz dit Tito. |
En
avril 1941, les puissances de l'Axe envahissent la Yougoslavie
au terme d'une offensive éclair appuyée par plus
de cinquante divisions : 24 allemandes, 22 italiennes et
5 hongroises. Son territoire est démembré et
partagé en deux grandes zones d'occupation : une zone
allemande au nord d'une ligne Ljubljana-Karlovac-Sarajevo-Pristina,
une zone italienne au sud de celle-ci. En outre, les territoires
au nord de la Mure, de la Drave, et du Danube (Banat) sont annexés
par la Hongrie de Horthy. La majeure partie de la Slovénie
est annexée au Reich, tandis que le sud de la Slovénie,
l'Istrie et la majeure partie de la Dalmatie sont annexées
par l'Italie, le Monténégro devenant, quant à
lui, un protectorat italien. Le reste du territoire est placé
sous la tutelle de l'Axe par l'entremise de deux régimes
collaborateurs : celui du Croate Ante Pavelic, leader des oustachis,
placé à la tête d'un « Etat croate
indépendant » (NDH), réunissant la majeure
partie de la Croatie et toute la Bosnie-Herzégovine, et
celui du général serbe Milan Nedic, ancien ministre
des Armées de Yougoslavie, placé à la tête
de la Serbie occupée.
Le
bataillon de Sisak
C'est
dans ce contexte que, quelques semaines après linvasion
de la Yougoslavie, une unité de combattants croates accomplit,
le 22 juin 1941, son premier acte de résistance. Il est
l'œuvre de la première unité résistante
constituée sur le territoire de lancien royaume de
Yougoslavie, mais aussi l'une des premières dans cette
partie de lEurope occupée. Bientôt rejoint par d'autres
combattants, ce bataillon formé près de Sisak est
dirigé par Vlado Janjic et Marjan Cvetkovic. Dès septembre
1941, il compte 77 résistants, tous Croates, exceptés
un Slovène et deux Serbes de Croatie.
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Andrija
Hebrang (1899-1949), leader emblématique de la Résistance
croate. Son fils, Andrija,
est depuis 2003 vice-président du gouvernement
croate. |
Marquant
le début de la résistance armée des démocrates et des antifascistes
croates aux forces doccupation et à leurs alliés,
qu'ils s'agisse d'oustachis
croates ou de tchetniks serbes, il sera le point de départ
d'un soulèvement qui ira croissant. En moins de deux ans,
il prendra une dimension militaire décisive débordant largement
des frontières croates. L'échec de l'insurrection
des Partisans en Serbie à l'automne 1941 - où les
tchetniks serbes, majoritaires, collaborent ouvertement avec l'occupant
nazi, les unités
fascistes italiennes et le gouvernement collaborateur de Nedic
- conduit la résistance à s'installer principalement
en Croatie et en Bosnie. Bien qu'elle devra y livrer combat à
la fois contre les oustachis de Pavelic et les tchetniks de Mihailovitch,
elle y bénéficiera du soutien indispensable d'une
grande part de la population locale.
La
guerre des trains
Ainsi
fin 1941, les forces de l'occupant allemand et italien et celles
des collaborateurs croates atteignent les 300 000 hommes.
Face à eux, la résistance en Croatie commence à
s'organiser et compte alors déjà 150 unités
combattantes et 18 bataillons indépendants rassemblant
quelque 7000 partisans, mêlant aussi bien des résistants
démocrates proche du parti paysan croate, que des militants
du parti communiste croate. Ces combattants sont néanmoins
placés sous l'autorité de l'état-major des
partisans de Croatie (GS NOPOH), instauré le 19 octobre
1941 par Andrija Hebrang, chef du parti communiste croate. Son
commandement est confié à Ivan Rukavina, ancien
capitaine de l'armée républicaine durant la guerre
d'Espagne. En réaction, l'Allemagne fait porter l'effectif
des forces du NDH à 115 000 hommes, oustachis (volontaires)
et domobranis (mobilisés). En outre, Italiens et Allemands
s'appuient de plus en plus les tchetniks serbes de Draza Mihailovitch.
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Zones
d'opérationnelles des 13 Corps d'armée des
partisans yougoslaves formés au printemps 1944 (cliquer
sur l'image pour l'agrandir). |
Bien
que modeste au départ, la force de la Résistance
croît rapidement et deviendra bientôt respectable.
A l'été 1942, les effectifs des partisans croates
atteignent 12 500 hommes et, en décembre de la même
année, 25 000 (répartis en quatre divisions
sur neuf au total sur le territoire yougoslave). Malgré
l'instauration par les Italiens de 11 camps d'internement
pour les opposants, Mussolini est conduit à envoyer en
renfort, en mars 1942, cinq divisions supplémentaires dans
la zone d'occupation italienne en Croatie et dans les autres territoires
yougoslaves : de 18 leur nombre passe à 23, dépassant
ainsi l'effectif germano-italien réuni à l'automne
1942 à la bataille d'El-Alamein, en Egypte. Il doit néanmoins
renoncer à expédier un corps d'armée en appui
sur le front de l'Est.
Malgré
cela, les opérations de sabotage se multiplient, notamment
contre les trains Belgrade-Zagreb, qui sont alors pour l'Italie
la voie d'approvisionnement principale en pétrole de Roumanie
: plus de 40 locomotives sont détruites avant fin
1942. A la demande de Rome, Hitler décide même d'affecter
en décembre 1942 une division entière pour la sécuriser,
en augmentant les effectifs allemands à 75 000 hommes,
mais sans davantage de succès : près de 1800
trains seront sabotés en Croatie jusqu'à la fin
de la guerre, immobilisant au total les transports ferroviaires
durant plus de 38 000 heures.
1943,
le tournant décisif
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Territoires
contrôlés à l'automne 1943 par les partisans
yougoslaves (cliquer sur l'image pour l'agrandir) - source :
Encyclopédie historique et culturelle de la Croatie,
Zagreb, 1980. |
L'ampleur
de la résistance en Croatie a alors des répercussions sur
lensemble du théâtre ex-yougoslave, et les partisans croates
portent leur combat au-delà du territoire croate. Début
1943, les forces de l'Axe lancent ainsi contre les partisans plusieurs
offensives appuyées par des forces germano-italiennes fortes
de 120 000 hommes (y compris quelques milliers d'oustachis
et de tchetniks). Plus de la moitié des combattants qui
participent à la bataille de la Neretva (Herzégovine),
en janvier, et à celle de la Sutjeska (frontière
bosno-monténégrine), en mai, sont croates. Sur les
7300 partisans tués sur les rives de la Sutjeska, 4246
sont originaires de Croatie.
Aussi
la capitulation de l'Italie, en septembre 1943, sera-t-elle le
tournant décisif de la guerre en Croatie. Les partisans
parviennent alors à y désarmer la majorité
des troupes italiennes et à s'emparer de leur armement.
C'est le cas notamment à Split, où la population
parvient, le 10 septembre, à se libérer de
l'occupation italienne sans aide extérieure, ce qui est
le seul cas du genre sur le territoire croate, et yougoslave.
Le 11 septembre, trois bataillons sont formés par les survivants du camp de concentration italien
de Kampor, sur l'île de Rab, dont un bataillon juif, qui constitua la première unité armée de Juifs dans l'Europe occupée. Il compta quelque 250 hommes et fut intégré
à la brigade des partisans croates de Rab. La majeure partie
de la Dalmatie et de l'Istrie, jusqu'alors occupées, rejoignent
alors massivement la résistance dirigée par le Croate
Josip Broz, dit Tito. Le 13 septembre 1943, l'état-major
régional des partisans d'Istrie proclame, à Pazin,
la "réunification de l'Istrie avec la mère
patrie croate" après plus de vingt ans d'occupation
italienne - unique cas d'insurrection militaire enregistrée
sur le territoire d'une des puissances de l'Axe.
Après
la contre-offensive allemande en Dalmatie, Tito se réfugie,
début 1944, en Adriatique sur l'île croate de Vis
et y installe son quartier-général. Grâce
à sa position stratégique, l'île servira de
point de contact avec les Alliés et de base de secours
à l'aviation anglo-américaine. Dans ce nouveau contexte,
le IIIe Reich, qui comptait 108 000 hommes en Croatie et
en Bosnie-Herzégovine à l'été 1943,
est amené à doubler cet effectif début 1944,
afin d'y intensifier ses opérations et sa répression,
notamment sur la côte dalmate. En accord avec les Alliés,
les partisans organisent l'évacuation, via l'île
de Vis et l'Italie, de quelque 33 000 réfugiés.
Environ 28 000 d'entre eux seront regroupés, jusqu'en
1947, dans un camp de réfugiés au pied du Sinaï,
à El-Shatt (Egypte) - où un cimetière mémorial
croate abrite aujourd'hui, à l'ombre du monument "La
Mère dalmate", les tombes de 825 réfugiés.
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Tito
en compagnie de la direction politique de l'Armée
de libération nationale, dans leur QG de l'île
croate de Vis. |
A
l'automne 1943, sur les 300 000 Partisans de Tito combattant
sur le territoire yougoslave, plus de 100 000 combattent
en Croatie. Sur les 26 divisions ainsi formées, 11 sont croates,
7 bosniennes, 5 slovènes, 2 serbes et 1 monténégrine.
Les partisans de Croatie et de Bosnie constituent alors le fer
de lance de la résistance yougoslave. Au printemps 1944,
les effectifs des partisans de Croatie atteignent 110 000 hommes,
répartis en 5 corps d'armée, 13 divisions,
33 brigades et un grand nombre d'unités indépendantes,
toutes placées sous les ordres de l'état-major de
l'Armée de libération nationale de Croatie (GSNOVH),
comme elle s'intitule officiellement depuis 1943.
La
Croatie libre
Auparavant,
en juin 1943, la Croatie s'est même dotée, à
Otocac et Plitvice, dun État-major civil national, le ZAVNOH
(Conseil territorial antifasciste du mouvement de libération
nationale de Croatie), présidé par une grande figure intellectuelle
croate, l'écrivain Vladimir Nazor, et secondé par
Andrija Hebrang. Instance suprême de la résistance
en Croatie, ce Conseil coordonne alors les actions militaires
des unités croates des Partisans, et organise la vie économique
des territoires sous leur contrôle. En novembre de la même
année, la Bosnie-Herzégovine suivra à son
tour l'exemple de Croatie.
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Cachet
officiel de l'état-major de l'Armée de libération nationale
des partisans de Croatie [Hrvatske],
GSNOPOH. |
Ces
deux instances seront par la suite intégrées au
Conseil antifasciste de libération nationale de la Yougoslavie
(AVNOJ), dont la deuxième session, les 29 et 30 novembre
1943 à Jajce, est considérée comme l'acte
fondateur de la Yougoslavie fédérale d'après-guerre.
Lors de sa deuxième session, en octobre 1943, le ZAVNOH
déclara nuls et non avenus tous les accords conclus par
« lEtat croate indépendant » et proclama
le rattachement à la Croatie de l'Istrie, de Rijeka et
du Kvarner, de Zadar et des autres territoires occupés.
Plusieurs leaders du parti paysan croate le rejoignent à
cette occasion. En mai 1944, lors de sa troisième session
à Topusko, il se constitue en assemblée constituante
de l'Etat fédéré de Croatie (Federalna Drazava
Hrvatska) au sein de la future Yougoslavie fédérale.
En avril 1945, le ZAVNOH nomme le premier gouvernement croate
et, à l'issue de la guerre, le 27 juillet 1945, ses
délégués se constituent à Zagreb en
Parlement de l'Etat fédéré de Croatie, restaurant
ainsi la continuité du Sabor.
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Organigramme
des unités combattantes des partisans yougoslaves
dressé par les services de renseignements italiens
(cliquer sur l'image pour l'agrandir).. |
Ainsi,
en marge de lexistence concomitante et bien connue de « lEtat
croate indépendant » de Pavelic, une autre Croatie,
résistante celle-là, s'affirme de plus en plus haut.
Elle jouera un rôle de premier plan, tant au niveau national que
régional, et deviendra une force respectable qui finira
même par supplanter, en 1944, les effectifs militaires du
NDH. On compte alors, fin 1944, 151 500 résistants,
(5 corps d'armée, 17 divisions - sur un total de 9 corps
d'armée et 41 divisions composant l'Armée de libération
nationale de Yougoslavie). Néanmoins, l'effectif des forces
allemandes continue de croître jusqu'à atteindre,
à l'automne 1944, 300 000 hommes, soit trois fois
plus qu'à l'été 1943.
L'effacement
de la résistance croate
En
novembre 1944, le 8e Corps de l'Armée de libération
nationale de Croatie parvient à libérer définitivement
la Dalmatie, malgré des effectifs ennemis importants, forts
de 45 000 soldats allemands, 12 000 oustachis ou domobranis
et 5 000 tchetniks. Tandis que l'Armée rouge pénètrera
en Serbie par le nord, deux divisions et une brigade des partisans
de Croatie participeront en octobre 1944, aux opérations
finales en Serbie, ainsi qu'à la libération de Belgrade,
le 20 octobre. Composé de quatre divisions de partisans
croates, le 8e Corps, devenu entretemps la IVe armée, anéantit
le 15e corps allemand et libère la Lika en mars et avril
1945.
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Les
collaborateurs croate et serbe rencontrent Hitler :
le Croate Ante Pavelic (en haut), le 9 juin 1941, et le
Serbe Milan Nedic (en bas), le 19 septembre 1943. |
Absorbée
progressivement par le mouvement de plus en plus unitariste des
Partisans yougoslaves, la spécificité de la composante
croate de la Résistance yougoslave s'estompe néanmoins,
peu à peu. Cette tendance s'accentuera encore après
le limogeage, fin 1944, d'Andrija Hebrang, secrétaire général
du Comité central du PC croate et partisan d'une autonomie
accrue de la Croatie au sein de la Yougoslavie titiste. Attaché
à forger l'unité du parti communiste yougoslave,
son secrétaire général, Tito, veillera en
effet à gommer les particularités nationales au
sein d'une résistance yougoslave pourtant encore très
disparate.
Pour
des raisons politiques, l'homme fort de la future Yougoslavie
cherchera à équilibrer la part de chaque république
dans la composition des quatre armées qui participeront
aux opérations finales sur le territoire yougoslave. Il
s'opposera ainsi à ce que les partisans croates n'en obtiennent
deux à eux seuls, malgré l'importance de leurs forces.
Pour les mêmes raisons, le 10e Corps de Zagreb n'a pas été
autorisé a pénétrer le premier dans la capitale
croate. L'historiographie officielle d'après-guerre imposera
néanmoins le mythe d'un mouvement homogène, entretenu
par le bannissement de toute référence nationale.
L'élimination physique d'Andrija Hebrang, en 1949, restera
le symbole de cette répression contre les opposants à
l'unitarisme yougoslave. De fait, la contribution particulière
des partisans croates est encore aujourd'hui très largement
ignorée à l'étranger.
Héritage
et légitimité historique
Il
reste que 471 836 personnes ont participé à
la résistance en Croatie, dont 230 000 dans des unités
combattantes, pour une population s'élevant alors à
4,2 millions d'habitants. Les deux tiers d'entre eux étaient
des Croates, et un quart, des Serbes de Croatie. Rien qu'à
Zagreb, 50 000 personnes ont rejoint les partisans. Les pertes
parmi les partisans croates dépassent les 66 000 hommes.
Aussi la Croatie fut-elle un des rares pays d'Europe à
s'être libéré sans intervention extérieure
directe, ni des Alliés ni de l'Armée rouge.
1921 :
PREMIER ACTE DE RESISTANCE AU FASCISME EN EUROPE |
En
1920, le traité de Rapallo (12 novembre) accorde à
l’Italie d’importants territoires croates (Istrie, Zadar
et ses environs, les îles de Cres, Losinj et Lastovo) et
slovènes, et leurs 400 000 habitants. Bien que proclamée
Etat libre (à l'instar de Dantzig), la ville de Rijeka
(Fiume), convoitée par les légionnaires profasciste
de Gabriele d'Annunzio, est, elle, annexée par Mussolini
en 1924 à la suite du traité de Rome conclu avec
Belgrade. La répression qui s'ensuivra, notamment après
l'instauration du régime fasciste (1922), entraînera,
en dix ans, la mort de 2000 Croates et Slovènes, et conduira
à l'intermement de 20 000 et à l'expulsion de 100 000
autres. C'est dans ce contexte qu'intervient, en Istrie,
la grande révolte des mineurs de Labin soutenue par
la population croate des environs également soumise
à l'occupation italienne. La résistance à
la sanglante répression conduite, en 1921, par Mussolini
contre l'autoproclamée "République de Labin" est considérée
par les historiens comme le premier acte de résistance armé
en Europe contre le fascisme. |
La
participation du premier président croate, Franjo
Tudjman, résistant de la première heure,
aux célébrations du 50e anniversaire
du 8 mai 1945 à Paris, fut l'une des premières
reconnaissances internationales de la contribution
de la Croatie, en tant que telle, à la victoire
des Alliés. L'Etat
d'Israël a
décerné, jusqu'en 2005, la médaille
du "Juste parmi les nations" en tout à
104 citoyens croates pour leur action en faveur des
Juifs. Parmi les résistants "yougoslaves"
qui se sont illustrés à l'étranger,
un grand nombre étaient des Croates. Ainsi,
durant la Guerre d'Espagne, sur les 1052 combattants
"yougoslaves" qui se sont engagé dans
les brigades internationales, 528 étaient
des Croates, dont un tiers de communistes. Nombre d'entre
eux ont aussi rejoint la Résistance française.
C'est notamment le cas de Ljubomir Ilic (Ilitch), dit
Conti, né à Split en 1905. Membre du
Comité militaire national de la Libération,
il fut commandant des FTP-MOI de la Zone Sud, puis
commandant de toutes les unités des immigrants
dans les Forces françaises de l'intérieur
et seul général des FFI à n'être
pas français.
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L'ancien
président croate, Franjo Tudjman (1922-1999), fut
officier dans l'armée des partisans de Croatie durant
la seconde guerre mondiale. |
Aujourdhui
c'est tout naturellement sur la « Croatie libre »
(ZAVNOH), issue du maquis, que la République
de Croatie fonde sa continuité et sa légitimité historique. Elle
n'est nullement l'héritière de « l'Etat
croate indépendant » de Pavelic, mis sur pied et
soutenu par l'Axe. Le préambule de la Constitution
du 22 décembre 1990 le rappelle sans équivoque :
« avec la refondation de la souveraineté
étatique durant la seconde guerre mondiale, qui s'est affirmée
à l'encontre de l'instauration de l'Etat croate indépendant
(1941), dans les
décisions du Conseil territorial antifasciste du mouvement
de libération nationale de Croatie (1943),
plus tard dans la Constitution de la République Populaire
de Croatie (1947), et ensuite dans les Constitutions de la République
Socialiste de Croatie (1963 à 1990). »
Malgré
ces faits, l'histoire de la Croatie durant la seconde
guerre mondiale est encore trop souvent réduite à
la collaboration du régime de Pavelic avec les puissances
de l'Axe, alors que la Résistance croate, malgré
son importance, demeure largement ignorée. La disparition
de la Yougoslavie et l'avènement de la démocratie
en Croatie au début des années 1990 ont cependant
permis de lever le voile sur ce sujet, jusqu'alors tabou.
La
célébration du 22 juin en est aujourd'hui l'un des
symboles.
Sources
bibliographiques: "Doprinos Hrvatske pobjedi Antifasisticke
koalicije" [La Contribution de la Croatie à la
victoire de la coalition alliée], Hrvatski Sabor [Parlement
croate], Zagreb, 1995.
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