14-15/10/2002
DIPLOMATIE
Visite à
Paris de M. Tonino Picula
A la veille de la candidature croate à l'entrée dans
l'UE que Zagreb prévoit de rejoindre dès 2007
Le
ministre croate des Affaires étrangères, M. Tonino Picula, s'est
rendu les 14 et 15 octobre 2002 à Paris où il a rencontré
le chef de la diplomatie française, M. Dominique de Villepin. A cette
occasion il s'est également entretenu avec le président de la commission
des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, M. Edouard
Balladur. Les discussions ont porté notamment sur le rapprochement de la
Croatie avec l'Union européenne et l'OTAN, la coopération avec le
TPIY, la situation régionale dans le sud-est européen, ainsi que
sur la conjoncture internationale. Les relations bilatérales ont également
donné lieu à un échange de vues approfondi.
A
quelques mois de l'échéance, prévue pour le printemps
2003, à laquelle la Croatie s'apprête à déposer sa
candidature officielle à l'entrée dans l'Union européenne,
le chef de la diplomatie croate, M. Tonino Picula,
s'est rendu à Paris pour informer son homologue des avancées déjà
réalisées par la Croatie et s'assurer du soutien de la France dans
cette perspective. Deux ans après le Sommet de
Zagreb qui, sous présidence franco-croate, avait lancé le processus
de rapprochement des pays de la région avec les Quinze, un an après
la signature de l'Accord de Stabilisation
et d'Association (ASA) avec l'UE - qui prévoit un délai-cadre de
six ans -, cette rencontre a été l'occasion de faire un premier
bilan des résultats d'ores et déjà enregistrés par
Zagreb. Depuis l'alternance survenue en janvier 2000,
la France et la Croatie développent des relations
très amicales, illustrées notamment par la visite du président
croate Stjepan Mesic à Paris en mai 2000,
celle du premier ministre Ivica Racan en France
le 14 mai 2001 et celle du président français Jacques
Chirac à Zagreb, le 8 décembre 2001.
PROJET DE LOI DU GOUVERNEMENT FRANÇAIS |
Accord
de stabilisation et dassociation entre les Communautés européennes
et la Croatie
Le ministre
des affaires étrangères a présenté [le projet] de
loi autorisant la ratification des accords de stabilisation et dassociation
entre les Communautés européennes et leurs Etats membres, dune
part, [...] et la République de Croatie, dautre part.
Ces accords
sont intervenus en application de la décision prise lors du Conseil "Affaires
générales" du 21 juin 1999 dajouter une nouvelle dimension
à la politique de lUnion européenne en direction des Balkans
occidentaux, concrétisée lors du sommet
de Zagreb de novembre 2000 entre lUnion européenne et les Etats
des Balkans. Ces accords instituent un dialogue politique et mettent en place
progressivement une zone de libre-échange pour les produits industriels.
Ils prévoient également un rapprochement des législations.
[...]
Laccord
avec la Croatie a été signé à Luxembourg le 29
octobre 2001. Il vise à rapprocher graduellement la Croatie de lUnion
européenne, en lui offrant une perspective dadhésion. Ses
dispositions politiques, économiques et administratives permettront une
libéralisation économique complète et une coopération
approfondie à lhorizon de six ans.
La France,
qui a contribué à la relance de la politique européenne dans
la région, témoigne ainsi de son intérêt pour cette
région du monde durement éprouvée par les guerres de la décennie
précédente et de son souci d'en assurer la stabilité au bénéfice
de l'ensemble du continent européen.
Conseil
de ministres, Palais de l'Elysée, 9/10/2002
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M. Picula
a expliqué à son hôte que le gouvernement
croate orientait tous ses efforts vers l'intégration
dans l'Union européenne et s'est fixé pour objectif d'être
prêt avant la seconde phase de l'élargissement prévue pour
2007. Des progrès considérables ont ainsi été accomplis
dans le domaine de la consolidation des standards démocratiques,
de la lutte contre la corruption et le crime organisé. Des réformes
économiques et juridiques destinées à stimuler les investissements
étrangers et à soutenir la croissance sont sur les rails. Le rôle
pionnier joué par Zagreb, notamment depuis janvier 2000, quant à
la stabilisation de la région s'est encore
accentué. Concernant l'Alliance atlantique,
la Croatie espère la rejoindre plus tôt encore que l'Union. Hormis
l'aspect strictement militaire, la consolidation de la sécurité
régionale et les retombées économiques qui en découleraient
ne pourraient qu'augmenter les chances européennes de la Croatie.
Place
à part
Ces
questions et le soutien que Paris pouvait apporter en la matière ont également
été au menu des entretiens avec M. Edouard Balladur, président
de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale.
Évoquant l'horizon du 1er janvier 2007
et les chances de la Croatie de figurer en bonne place parmi les prétendants
à l'adhésion, M. Picula a souligné que le PIB/habitant
en Croatie atteint d'ores et déjà le tiers du PIB/habitant moyen
de l'Union, dépassant même celui de certains pays appelés
à faire partie de la première vague d'adhésion.
Il a illustré
la place à part qu'occupait la Croatie parmi les pays concernés
par le processus de Zagreb en rappelant que le PIB/habitant moyen de l'ensemble
formé par quatre pays voisins (Bosnie-Herzégovine, Serbie-Monténégro,
Macédoine et Albanie), peuplés au total de quelque 20 millions d'habitants,
s'élève à peine à un tiers de celui de la Croatie.
Autrement dit "l'écart de niveau de vie existant entre ces pays
et la Croatie est en proportions comparable à celui observé entre
la Croatie et les Quinze".
M. Picula
a par ailleurs rappelé que la ratification de l'ASA par les parlements
des Quinze constituait une étape préalable au rapprochement de Zagreb
et de Bruxelles. Aussi a-t-il exprimé le souhait de voir le parlement français
s'acquitter bientôt de cette tâche, tout en se félicitant de
la récente décision du Conseil des ministres, prise sur proposition
du ministre des affaires étrangères, de l'inscrire à l'ordre
du jour des assemblées (voir encadré).
L'écart
de niveau de vie existant entre les pays des Balkans et la Croatie est en proportions
comparable à celui observé entre la Croatie et les Quinze
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Abordant
les questions régionales, M. Picula a insisté sur le fait que l'année
2002 a été particulièrement "dynamique" sur le
plan électoral, rappelant que les citoyens de tous les pays de la région
ont été récemment appelé aux urnes (Hongrie, Macédoine,
Bosnie, Serbie) ou le seront très prochainement (Monténégro,
Slovénie). Si la "stabilité politique" de la Croatie,
dans un tel contexte, pouvait presque faire figure d'exception, il l'a mis avant
tout au crédit de la politique menée par le gouvernement d'Ivica
Racan.
"Cas
Bobetko"
Les entretiens
ont également porté sur le "cas
Bobetko" et la contestation juridique engagée par le gouvernement
croate au lendemain de l'inculpation par le Procureur du TPIY,
le 17 septembre dernier, de l'ancien chef d'état major de l'armée
croate, âgé aujourd'hui de 83 ans. M. de Villepin a appelé
l'attention de son homologue croate sur "l'importance que revêt
pour la France le traitement de l'affaire Bobetko (
) Insistant fermement
sur l'importance que Paris et les autres capitales européennes attachent
à la coopération avec le TPIY, il a appelé le gouvernement
croate à effectuer à cet égard les gestes appropriés".
Rappelant le ferme attachement du gouvernement croate à maintenir sa bonne
coopération
avec le TPIY - citée en exemple il y a peu par le Procureur lui-même
- M. Picula, pour sa part, s'est dit confiant sur les perspectives de voir cette
affaire réglée d'ici la fin octobre.
(*)
PIB-PPA/hab. de la Croatie (à parité de pouvoir d'achat) : 7400
$/hab.
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