29/10/2001
INTÉGRATION EUROPÉENNE
La Croatie, membre
associé de l'UE
La
Croatie a signé lundi 29 octobre à Luxembourg l'Accord de Stabilisation
et d'Association avec l'Union européenne, accèdant ainsi au rang
de candidat potentiel à l'adhésion. Le Commissaire européen
Chris Patten a affirmé que la Croatie sera jugée à l'aune
de ses propres résultats. Zagreb se donne jusqu'à 2006 pour intégrer
la législation communautaire. Une Déclaration commune portant sur
le dialogue politique a été adoptée. La BEI prévoit
d'investir en Croatie 650 millions d'euros d'ici 2003.
650
MILLIONS D'EUROS |
Le 29 octobre,
en marge de la cérémonie de signature de l'ASA, M. Mato Crkvenac,
ministre croate des finances, et M. Vladimir Bizjak, directeur de la société
des Autoroutes de Croatie, ont signé à Luxembourg, au siège
de la Banque européenne d'Investissement (BEI), les documents par lesquels
la BEI octroie à la Croatie un crédit de 60 millions d'euros. Ce
crédit, remboursable sur vingt ans, est consacré à l'entretien
des routes et autoroutes. Le vice-président de la BEI, M. Ewald Nowotny,
a par ailleurs déclaré que d'ici 2003 la banque européenne
comptait investir en Croatie au total quelque 650 millions d'euros.
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Premier
accord à institutionnaliser les relations entre la Croatie et l'Union européenne,
l'Accord de Stabilisation et d'Association (ASA), conclu entre les Communautés
européennes et leurs Etats membres, d'une part, et la République
de Croatie, d'autre part, a été signé par le Premier ministre
croate, M. Ivica Racan, M. Chris Patten, Commissaire européen chargé
des Relations extérieures et les quinze ministres des Affaires étrangères
des pays membre, réunis en Session ordinaire du Conseil des ministres.
Il n'entrera officiellement en vigueur qu'après avoir été
ratifié par le Sabor (le parlement croate),
les parlements des pays membres et le Parlement européen, soit vraisemblablement
d'ici fin 2003. L'ASA avait été paraphé
le 14 mai dernier à Bruxelles, moins de six mois après le début
des négociations, entamées au lendemain du Sommet
de Zagreb.
Cependant,
dès le 1er janvier 2002 entrera en vigueur un Accord intérimaire
permettant l'application des dispositions relatives au commerce et au mesures
d'accompagnement qui y sont prévues, jusqu'à l'entrée en
vigueur de l'ASA lui-même. Il a été signé par M. Tonino
Picula, ministre croate des Affaires étrangères,
M. Louis Michel, président en exercice du Conseil des ministres et chef
de la diplomatie belge, et M. Patten, Commissaire européen.
"UN
PAS VERS L'EUROPE" |
Le
Président croate, Stjepan Mesic, qui effectue
au même moment une visite officielle de trois jours en Israël, a salué
la signature de l'Accord de Stabilisation et d'Association avec l'Union européenne,
le qualifiant de "suite logique du Sommet de Zagreb" qui s'est tenu
en novembre 2000. "Nous connaissons l'objectif et savons ce qui nous reste
à faire pour l'atteindre. Nul ne dit que ce sera simple et que nous en
récolterons les fruits dès demain. Mais nous devons savoir que la
seule alternative à l'Europe unie est l'isolation et la récession",
a souligné le président croate. En signant l'ASA, "la Croatie
a fait un pas vers l'UE. Nous sommes sur le vrai, quoique difficile chemin",
a-t-il ajouté, avant de conclure que pour une Croatie démocratique
et prospère "il n'y a pas d'autre chemin".
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A l'issue
de la cérémonie de signature, le premier ministre croate, Ivica
Racan, a déclaré que cet événement
concrétisait les vux de la grande majorité du peuple croate
et ouvrait une nouvelle page dans les relations entre Zagreb et Bruxelles. Le
ministre belge des Affaires étrangères s'est quant à lui
félicité des importantes réformes politiques et économiques
accomplies par la Croatie en moins de deux ans, sans lesquelles elle n'aurait
pas été en mesure de signer cet accord.
Chris Patten,
le Commissaire européen chargé des Relations extérieures
a pour sa part appelé le gouvernement croate a redoubler d'efforts, ce
qui, selon lui, est non seulement dans l'intérêt de la Croatie, mais
aussi dans l'intérêt de la stabilité et du développement
de l'Europe tout entière. Souhaitant rassurer certains eurosceptiques en
Croatie qui redoutent une approche régionale, c'est-à-dire "balkanique",
de Bruxelles qui ferait de Zagreb l'otage des importants retards de développement
de Belgrade ou de Tirana, le Commissaire européen a ajouté que les
Quinze insisteraient au contraire sur une approche individuelle, insistant sur
le fait que la Croatie sera jugée à l'aune de ses propres résultats
sur la voie de l'adhésion à l'UE.
"La
Croatie a une lourde et difficile tâche à accomplir et notre devoir
est de la préparer à rejoindre l'Union européenne. Le moment
où cela se fera ne dépend pas toutefois uniquement de nous mais
également de l'UE", a déclaré le premier ministre croate,
qui s'est dit néanmoins optimiste sur le rythme de réformes à
venir, destinées à intégrer d'ici 2006 la majeure partie
de "l'acquis communautaire" dans la législation croate. La Croatie
ne fera cependant officiellement acte de candidature que d'ici quelque temps,
après avoir vérifié dans la pratique en détail la
mise en uvre des dispositions de l'ASA. Ajoutant qu'il n'y avait à
ses yeux aucune autre communauté qui soit plus naturelle à la Croatie
que l'Union européenne, il a conclu qu'il était "essentiel
de faire la démonstration que l'UE est, non pas perdante, mais gagnante
avec la Croatie".
Déclaration commune
LA
"CROATA" DE FISCHER |
Le jour
même où la Croatie a signé l'Accord de stabilisation et d'Association
avec l'Union européenne, étape majeure sur la route qui la mène
à Bruxelles, le chef de la diplomatie allemande, Joschka Fischer, qui participait
au Conseil des ministres ainsi qu'à la cérémonie de signature,
portait autour du cou une cravate du fameux fabricant croate "Croata".
Autant dire que cela n'est pas passé inaperçu parmi les diplomates
et officiels croates
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A l'occasion
de la signature de l'ASA, la Croatie et l'Union européenne ont adopté
une Déclaration commune portant sur le dialogue politique, qui en précise
les objectifs et la teneur au cours de la période transitoire précédant
la ratification de l'Accord. Cette déclaration en six points, qui tient
compte du nouveau statut de la Croatie comme candidat potentiel à l'UE,
prévoit notamment une coopération approfondie destinée à
renforcer la démocratie, à promouvoir la coopération régionale,
à faciliter l'intégration de la Croatie à l'UE sur une base
individuelle, à rapprocher les vues de chacun sur les questions internationales
(lutte antiterroriste), à davantage de concertation et enfin à consolider
la paix et la sécurité en Europe. Tel qu'il est envisagé,
ce dialogue pourrait revêtir différentes formes qui iraient de rencontres
de hauts représentants croates avec la Troïka européenne, jusqu'aux
échanges moins formels au sein de forum régionaux ou internationaux,
en passant par la concertation diplomatique via les voies diplomatiques bilatérales
ou multilatérales habituelles, sans oublier les contacts parlementaires.
Le Service de presse avec Vjesnik
et Vecernji List
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