30/10/2001
Le Soir
(Bruxelles)
TRIBUNE
La Croatie en route vers l'Union
européenne
Ivica Racan,
premier ministre de Croatie, en visite en Belgique
Le 29 octobre dernier à Luxembourg, j'ai signé au nom du gouvernement
croate l'Accord de stabilisation et d'association
avec l'Union européenne. Après tant d'années d'attente et
d'efforts, la conclusion de cet accord ouvre enfin à la Croatie la perspective
claire d'adhésion à l'Union, et ceci sur une base individuelle,
comme cela a été réaffirmé, entre autres, dans les
conclusions du « sommet de Zagreb » en
novembre de l'année dernière.
Ayant
pour objectif d'être prêt à rejoindre l'Union dans les meilleurs
délais, le gouvernement croate s'est résolument déterminé
à poursuivre, à un rythme encore plus soutenu, les indispensables
réformes
sur les plans législatif, administratif et économique, auxquelles
nous avons su rallier la très grande majorité de nos concitoyens,
dont l'orientation pro-européenne ne fait aucun doute. A cet égard,
nous nous attendons à ce que le processus d'intégration à
l'Union européenne donne une impulsion supplémentaire au renforcement
de notre démocratie parlementaire et des mécanismes de notre Etat
de droit. Sur le plan économique, nous escomptons qu'il nous fournira le
soutien nécessaire pour surmonter les difficultés de la transition
auxquelles nous sommes aujourd'hui confrontés, ce qui, nous l'espérons,
nous permettra de consolider nos résultats
économiques globalement encourageants, puisqu'ils se situent actuellement
dans la moyenne affichée par la plupart des Etats en transition. Qui plus
est, nous comptons mettre à profit nos atouts, notamment industriels et
touristiques, afin que la Croatie retrouve
bientôt la place qui fut la sienne, à la fin des années 80,
en tête du peloton des pays d'Europe centrale et orientale.
Dans
le contexte géopolitique international actuel, le rapprochement de la Croatie
avec l'Otan et la perspective de son adhésion
à moyen terme, constituent certainement une garantie de stabilité
et de sécurité, qui ne peut que conforter ses perspectives d'adhésion
à l'UE.
«
Nous sommes conscients du rôle stabilisateur qui incombe à notre
pays en raison de sa position géographique »
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Sa position
clé, entre l'Italie et la Hongrie, son rôle stabilisateur en Bosnie-Herzégovine,
son importance logistique dans la région sont en effet susceptibles de
renforcer de manière significative l'architecture et le dispositif du flanc
sud de l'Alliance atlantique. Voyant dans le processus de stabilisation et d'association
l'instrument central de l'Union européenne pour la consolidation politique
et économique du Sud-Est de notre continent, le gouvernement croate est
déterminé à y apporter une contribution majeure. Nous sommes
parfaitement conscients du rôle stabilisateur qui incombe à notre
pays, principalement en raison de sa position géographique
particulière : la Croatie appartient simultanément à trois
régions - la Méditerranée, l'Europe centrale et l'Europe
du Sud-Est - et souhaite mettre à profit cette situation unique, celle
d'un pays charnière. C'est précisément pour cette même
raison que la Croatie, tout en assumant son rôle de pilier
de stabilité dans le Sud-Est européen, se refuse à devenir
l'otage des questions qui y demeurent encore ouvertes. Les progrès enregistrés
dans les processus d'intégration doivent se fonder, comme cela a toujours
été le cas par le passé, sur les aspirations et les résultats
de chacun. Chaque avancée individuelle vers l'intégration représente
en effet une incitation à d'autres pour lui emboîter le pas.
« Plusieurs
accords bilatéraux avec la Belgique, notamment sur la promotion et la protection
des investissements »
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Je me réjouis
particulièrement que ce rapprochement décisif avec les Quinze intervienne
durant la présidence belge et qu'il fournisse un contexte heureux au volet
européen de l'entretien que j'aurai aujourd'hui avec le Premier ministre
belge, M. Guy Verhofstadt.
A cette
occasion, nous signerons également plusieurs accords bilatéraux
- notamment un sur la promotion et la protection des investissements -, ce qui
donnera, j'en suis convaincu, l'impulsion nécessaire à l'approfondissement
des bonnes relations entre la Croatie et la Belgique, en particulier dans le domaine
de la coopération économique. Car, si les investisseurs belges sont
bien implantés dans de nombreux pays en transition, la Croatie demeure
malheureusement une destination encore trop méconnue en Belgique. Il semble
qu'il est grand temps de se redécouvrir mutuellement afin de mieux construire,
ensemble, ce projet unique, cette Europe commune élargie, gage de notre
liberté et de notre prospérité.
Les exergues
ont été choisis par la rédaction du « Soir »
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