Le Sabor
LE
PARLEMENT CROATE |
Hrvatski
Sabor
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HR - 10 000 Zagreb
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Le parlement
croate, ou Hrvatski Sabor, est depuis la réforme constitutionnelle
du 28 février 2001 une assemblée monocamérale. En outre,
la Croatie a abandonné le système semi-présidentiel qu'elle
a connu jusqu'en 2000, pour adopter depuis un système
parlementaire intégral.
Onze ans plus tôt, le 30 mai 1990, s'était tenue la première
session du Sabor multipartite, issu des premières élections libres
de l'après-communisme. Par la suite, il avait été instauré,
selon les dispositions de la Constitution du 22 décembre 1990, comme parlement
bicaméral, réunissant une Chambre des Députés (Zastupnicki
dom) et une Chambre des Comitats - régions - (Zupanijski dom). Désormais,
son unique chambre est composée d'un nombre variable de députés (actuellement 153 députés)
élus pour une législature de quatre ans. Il compte actuellement
37 femmes (24 %), ce qui en fait un des parlements d'Europe où la
parité hommes/femmes est la mieux respectée.
Histoire du Sabor
Le
Sabor est certainement la plus vénérable des institutions politiques
nationales, le témoin emblématique de la continuité étatique
de la Croatie au cours des siècles passés, corollaire des multiples
statuts d'autonomie dont elle a pu bénéficier.
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L'avènement
du roi Tomislav en 925, par le peintre Oton Ivekovic. |
Son origine
est fort ancienne puisqu'on retrouve un embryon du Sabor au Haut Moyen âge,
dès 753. En 925, le Sabor, composé alors de nobles et de représentants
du clergé, approuve l'avènement de Tomislav, premier roi des Croates.
Puis, à l'extinction de la dynastie en 1102, le royaume est dirigé
par un ban (ou vice-roi) et réuni à la couronne hongroise
de St-Etienne : le roi de Hongrie, Koloman, est alors élu roi de Croatie
et de Dalmatie à Biograd, au Sabor (diète) de Biograd.
Ainsi le Sabor croate figure, aux côtés du Althing islandais, formé
aux environs de 930, parmi les plus anciens parlement d'Europe, puisque la Sicile
s'en dota vers 1130 et l'Angleterre vers 1300, ce dernier étant habituellement
considéré comme l'archétype du parlement moderne.
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Le
procès-verbal de la session du Sabor de 1273. |
Cher au
coeur des Croates, le Sabor perpétua au fil des siècles le souvenir
de l'indépendance nationale, laquelle fut progressivement limitée
à partir du XIIe siècle. Par la suite le Sabor se scinda en deux
assemblées reflétant la division des pays croates. Le Sabor de Slavonie
(nord) se réunit ainsi pour la première fois en 1273, celui de Croatie-Dalmatie
(sud) en 1351. En 1397, usant d'un stratagème,
le roi hongrois Sigismond convoqua le Sabor à Krizevci pour y faire massacrer
plusieurs seigneurs croates qui lui étaient hostiles et avaient élu
Ladislas de Naples pour lui succéder sur le trône de Hongrie-Croatie.
Toutefois, à la mort de Louis II de Hongrie, tué à la fameuse
bataille de Mohacs contre les Ottomans, c'est le Sabor, réuni à
Cetin, qui élut en 1527 Ferdinand de Habsbourg pour souverain croate. Après
1557, le Sabor de Croatie-Dalmatie ne se réunira plus et seul subsistera
celui de Croatie-Slavonie, comme instance représentative unique. Aux côtés
de ses prérogatives législatives, le Sabor exerça également
les fonctions administratives et exécutives : il gouvernait les pays
croates de concert avec le ban. Ce n'est qu'avec l'instauration du Conseil royal
croate, en 1767, lorsque la Croatie obtint un gouvernement indépendant
du gouvernement hongrois, que le Sabor devint une assemblée purement législative.
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Une
session du parlement croate en 1848 selon D. Weingärtner. |
En 1847,
le latin, jusqu'alors langue officielle au Sabor, est remplacé
par le croate et l'année suivante l'éminente assemblée
siégeant à Zagreb, la capitale croate, abolit le
servage. Enfin, en ratifiant en 1868 la Nagodba (Accord hungaro-croate),
le Sabor confirma une nouvelle fois le statut autonome très
particulier (union personnelle des couronnes de Croatie et de
Hongrie) dont bénéficia la Croatie huit siècles
durant, de 1102 à 1918, statut à bien des égards
comparable à celui liant jadis l'Ecosse à l'Angleterre.
En 1918, lors du démantèlement
de l'Autriche-Hongrie, le Sabor proclama l'indépendance
de la Croatie, mais craignant l'occupation italienne le nouvel
Etat intégrait dans la précipitation le royaume
yougoslave nouvellement créé, où la Serbie
occupa d'emblée une position hégémonique
: Belgrade abolit aussitôt le Sabor, bien que le nouvel
Etat fut censé être commun aux Croates, aux Serbes
et aux autres nations alors réunies.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, deux Sabor concurrents
se constituèrent.
L'un au sein de l'Etat indépendant de Croatie, sous la
férule d'Ante Pavelic, installé par les forces de
l'Axe en avril 1941. L'autre par le Conseil
antifasciste des partisans croates, sous le sigle de ZAVNOH.
Le premier, instauré en 1942, se réunit à
trois reprises et fut dissous la même année. Le second,
établi en 1943, fut présidé par Vladimir
Nazor et devint à la Libération, l'assemblée
délibérante de la "République fédérée
de Croatie", entité constituée dans le cadre
de la Yougoslavie communiste de Tito, qui deviendra en 1963 la
"République socialiste de Croatie", mais sans
réelle souveraineté. Par la réforme constitutionnelle
de 1974, cette assemblée se verra par la suite dotée
de prérogatives élargies, mais resta jusqu'en 1990
composée exclusivement d'élus communistes.
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La
session inaugurale du Sabor multipartite, le 30 mai 1990. |
Finalement,
au printemps 1990, à l'issue des premières élections
libres que la Croatie ait connu depuis 1937, la défaite du PC, jusqu'alors
parti unique, ouvrit la voie à la restauration d'un Sabor démocratique
et multipartite. Ce fut chose faite le 30 mai 1990, date symbolique qui fut adoptée
depuis pour Fête nationale. Depuis la réforme d'octobre 2001, le
25 juin, date de la déclaration de souveraineté par le Sabor, lui
a cependant succédé ; le 30 mai est, quant à lui, devenu
le Jour du Sabor, mais n'est plus férié.
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