Le Monde,
28/03/2002
SUPPLÉMENT
"CROATIE" (2)
Privatisation et appel
aux investisseurs
Louverture aux
investisseurs étrangers dynamisera lensemble de léconomie
La
fin des années Franjo Tudjman, le charismatique leader nationaliste
qui a conduit le pays à lindépendance, a été
marquée par la stagnation économique, résultat de labsence
de réformes structurelles pour accompagner le passage au capitalisme. Stjepan
Mesic, le président élu en février
2000, a nommé une équipe acquise au changement et qui multiplie
les initiatives. Emmenée par le vice-premier ministre, Slavko Linic, surnommé
« lHomme de Fer de Rijeka », sa ville natale, elle sest
fixée comme principal objectif la privatisation du secteur public. «
Cela passe par linstallation du plus grand nombre possible dinvestisseurs
étrangers, le secteur privé croate ne pouvant absorber à
lui seul toutes les entreprises dEtat. Lélimination des barrières
bureaucratiques, la modification de la législation et la simplification
des procédures bureaucratiques sont essentielles. Il existe encore des
barrières de nature administrative que les sociétés étrangères
ont du mal à franchir », explique Slavko Linic.
"Eliminer les
barrières bureaucratiques" |
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La
disparition de léconomie parallèle et la mise en place de
nouvelles infrastructures de transport représentent deux autres axes dintervention
des autorités, qui y voient un frein au développement causé
par le manque à gagner quelles occasionnent aux entreprises. Les
autoroutes de Zagreb à la côte et de Zagreb à la frontière
hongroise sont en cours de construction. « Peut-être recourrons-nous
au système de la concession pour financer une partie des travaux »,
précise le vice-premier ministre, qui entend aussi améliorer le
réseau électrique. « La modernisation de ces infrastructures
entre dans le cadre du Pacte de stabilité et de développement signé
avec lUnion européenne. Une partie du financement sera assurée
par la Banque européenne de reconstruction et de développement et
la Banque mondiale. »
La
compagnie pétrolière INA,
un des fleurons du Fonds croate de privatisation, devrait être prochainement
privatisée. « Nous sommes à la recherche dun partenaire
stratégique, explique Slavko Linic, mais nous ne ratons pas pour autant
les occasions qui se présentent de rendre INA plus attrayante. Nous venons
ainsi de signer un contrat avec la Russie pour le transport de pétrole
sibérien jusque sur les bords de lAdriatique, via la Hongrie et lUkraine.
INA dispose dun oléoduc dune capacité de 30 millions
de tonnes, quelle va pouvoir rentabiliser. Et elle est déjà
présente en Bosnie-Herzégovine, en Yougoslavie et en Slovénie.
»
"Vendre toutes
les entreprises publiques dici deux ans" |
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Le
Fonds croate de privatisation
détient des participations dans plus de 1 200 entreprises : «
600 de moins quil y a un an et nous comptons avoir tout vendu dici
deux ans », précise Hrvoje Vojkovic, son président. Cette
institution, créée en 1993, vend les actifs de lEtat en organisant
des enchères. Les sociétés françaises pourraient trouver
leur bonheur dans le portefeuille du Fonds, où sont bien représentés
les secteurs dans lesquels elles excellent : banque, assurances, automobile, aviation,
aluminerie, électricité et tourisme.
Goranko Fizulic, le ministre de léconomie et de la privatisation
estime que louverture économique de la Croatie va contraindre toutes
les sociétés à devenir plus compétitives. «
Après notre adhésion à lOMC lan
dernier, nous avons signé un accord de libre-échange avec lUE
et la plupart des pays dEurope centrale et orientale et des négociations
sont en cours avec Israël et la Turquie. Tout cela couvre aujourdhui
80 % de nos échanges commerciaux. Les droits de douane ont été
revus à la baisse en conséquence et les entreprises croates devront
sadapter à la concurrence », dit Goranko Fizulic, pour qui
« lefficacité et le développement viendront du secteur
privé ».
"Soutenir les
PME grâce à laide des institutions internationales" |
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Laction
de son ministère au cours des 18 derniers mois a eu pour principal objectif
de réduire les coûts des entreprises. « Baisse des taux dintérêt
pour les prêts commerciaux, baisse des cotisations sociales et baisse des
impôts sur les bénéfices », souligne Goranko Fizulic,
par ailleurs cofondateur de HUP,
léquivalent croate du Medef. Le ministre des finances insiste lui
sur les mesures dencouragement à la création demplois.
Le chômage touche 21 % de la population active. « Nous soutenons les
PME, particulièrement dans le secteur touristique, avec laide de
la Banque mondiale et dautres institutions européennes, explique
Mato Crkvenac, et la possibilité de développer lagriculture
biologique grâce à la disponibilité de terres arables ou la
construction navale de petits bâtiments sont dautres sources demplois
potentielles. »
"La France reste
de loin notre principal débouché" |
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Stjepan
Muhek
P.-D. G., Elcon
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Toutes
ces mesures fonctionnent, si lon en juge par le taux de croissance (environ
4 %) ou la bonne marche dune entreprise comme Elcon.
Fondée en 1971, elle se consacre à la fabrication de « câbles
électriques pour véhicules et appareils électroménagers
», dit Stjepan Muhek, son P.-D.G. Sa privatisation est intervenue en 1992
et elle sest depuis transformée en société par actions.
Peugeot, Citroën et léquipementier Valeo sont ses plus importants
clients : « Ils absorbent 90 % de notre production, mais nous fournissons
aussi les Allemands Bosch et Miller », précise Stjepan Muhek, qui
essaie douvrir de nouveaux marchés avec Opel et Ford, par exemple.
« Mais la France reste de loin notre principal débouché ».
Malgré la guerre, Elcon na jamais rien livré en retard : ce
sérieux lui a valu dêtre la première compagnie croate
à décrocher le certificat de qualité ISO-9001 et engranger
des bénéfices de 25,5 millions deuros en 2001. Ces confortables
revenus lui ont permis dinvestir 1,9 million deuros lan dernier.
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Suite
"Une verte campagne"
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communication a été entièrement réalisée par la société InterFrance
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