Le Monde,
28/03/2002
SUPPLÉMENT
"CROATIE" (3)
Une verte campagne
Le
secteur agroalimentaire tire parti des avantages naturels du pays
Lhistoire
a légué à la Croatie un territoire en forme de fer à
cheval qui entoure la Bosnie voisine et complique singulièrement les déplacements
dun bout à lautre du pays. La nature sest montrée
plus accommodante : des vastes plaines fertiles de la Slavonie aux riants terroirs
méditerranéens, des champs de pommes de terre aux orangeraies dalmates,
la Croatie possède un énorme potentiel agricole quelle tâche
de mettre en valeur. Plusieurs entreprises se sont déjà lancées
à lassaut des marchés étrangers, à limage
de Klariko Voce, qui exporte dans toutes les anciennes Républiques yougoslaves,
en Suède, en Norvège, en Allemagne, en Suisse, en Autriche, en France,
en Australie et aux Etats-Unis.
|
|
Andrija
Klaric, président de la société, explique « quelle
narrive pas à satisfaire la demande. Nos ventes à létranger
augmentent de 5 à 6 % par an et nous exportons déjà 25 %
de notre production. » Ce succès est à mettre sur le compte
du savoir-faire acquis par Klariko
Voce depuis sa fondation en 1990 et sur le faible coût de la main-duvre
croate. La société a aussi su profiter de la baisse considérable
des droits de douane appliqués à ses exportations depuis ladhésion
à lOMC et la signature dun accord avec lUnion européenne.
Le gouvernement a par ailleurs annoncé la libéralisation totale
du commerce des produits agricoles avec la Slovénie.
Entreprise privée denviron 500 employés, elle vend des produits
frais, pasteurisés ou surgelés et des confitures. « Nous avons
débuté dans le commerce des fruits et légumes. La société
sappelait simplement Klariko. Elle a racheté Voce en 1996 et croît
de 10 % par an depuis », dit Andrija Klaric. Ses produits sont commercialisés
sous la marque Dona, très connue en Croatie. Il souhaiterait augmenter
ses capacités de production, mais se plaint de la difficulté dobtenir
un prêt commercial à long terme, sans même parler des taux
dintérêt trop élevés. « Investir dans de
nouvelles cultures requiert du temps. La rentabilité nest pas immédiate.
Nous possédons de grandes étendues de terrain fertile, il nous faut
juste de largent.
"La stabilité
politique supprimera certains obstacles" |
|
|
Heureusement
que nous bénéficions daides. Le gouvernement hollandais nous
a prêté 453 700 euros pour développer les cultures maraîchères.
LAgence américaine pour le commerce et le développement étudie
en ce moment nos activités pour décider dun éventuel
soutien. Nous sommes aussi en négociation avec différentes entités
étrangères disposées à recapitaliser lentreprise
», explique Andrija Klaric. Il désire que ladhésion
à lUE se produise le plus rapidement possible, parce qu «
elle apportera la stabilité politique et économique et supprimera
certains obstacles internes. Il nexiste par exemple pas de banque qui gère
les procédures dexportation et aide les entreprises à réaliser
les montages financiers nécessaires, comme cela existe ailleurs. Les douanes
sont toujours un casse-tête et bien que le gouvernement prépare une
réforme, les délais sont si longs
» En attendant ladhésion,
la société grandit : elle a présenté une offre de
rachat de la compagnie Zagrepcanka, une usine de transformation de la viande,
qui représente une diversification judicieuse pour cette entreprise spécialisée
dans les productions végétales.
IPK
Osijek, la plus grande entreprise du secteur agroalimentaire croate, est la
principale concurrente de Klariko Voce. Créée en 1960, elle na
pas encore été privatisée par le Fonds national de privatisation,
qui détient 83 % des parts conjointement avec le Fonds des retraites.
Zvonko Erak, son président, explique que « la société
a connu des années difficiles au moment de la guerre dindépendance.
La moitié de nos terres a été occupée par les Serbes
durant le conflit : des champs déjà semés nont pu être
récoltés et nous avons dû organiser lévacuation
dune partie du bétail. »
"Mettre sur
pied une véritable politique agricole" |
|
Zvonko
Erak
Président, IPK
|
La disparition
de la Yougoslavie a logiquement entraîné la disparition du système
fédéral daides à lagriculture, qui na pas
été remplacé. « Depuis deux ou trois ans seulement,
le gouvernement encourage le secteur, mais de façon insuffisante. Il nous
faudrait pourtant développer de puissants mécanismes de soutien,
compatibles avec ceux de lUE, et mettre sur pied une véritable politique
agricole », estime Zvonko Erak, qui rappelle, tout comme Andrija Klaric,
quil nexiste aucune aide à lexportation, alors même
que « le gouvernement importe des produits que nous pourrions produire,
mais comme nous ne recevons pas de subventions, notre production revient plus
cher que les marchandises importées. » IPK Osijek ne baisse pas pour
autant les bras et investit : 7,7 millions deuros pour rouvrir sa ferme
dOrlovnjak, détruite durant la guerre, où 2 000 vaches produisent
environ 18 millions de litres de lait par an, et génère 39,5 millions
deuros dans une usine de fabrication dhuile alimentaire, ouverte en
mai dernier.
>>>
Suite
"Aux bons soins de l’industrie pharmaceutique"
Cette
communication a été entièrement réalisée par la société InterFrance
Média, qui est seule responsable de son contenu. |
|