PARIS-ZAGREB
Vers une coopération militaire renforcée
Les deux ministres de la Défense se sont rencontrées à Paris.

La visite à Paris les 21 et 22 octobre 2002 de Mme Zeljka Antunovic, ministre croate de la Défense, à l'invitation de son homologue française, Mme Michèle Alliot-Marie, est le point d'orgue d'un accroissement constant de la coopération militaire franco-croate, depuis plusieurs années. Les deux ministres, parmi les rares femmes à ce poste, ont eu un échange approfondi portant sur la modernisation et l'équipement de l'armée croate, sa restructuration et l'intensification de la collaboration bilatérale. Mme Antunovic s'est rendue à cette occasion au salon d'équipement militaire "Euronaval 2002" au Bourget.

La ministre croate de la Défense, Mme Zeljka Antunovic, s'est rendue à Paris les 21 et 22 octobre 2002 à l'invitation de son homologue, Mme Michèle Alliot-Marie, à l'occasion d'une première rencontre bilatérale entre ministres de la défense des eux pays. Les excellentes relations entretenues entre Paris et Zagreb, et spécialement entre les deux armées, de même que le renforcement constant de leur coopération technique depuis 1997, a conduit à l'organisation d'une rencontre aux plus haut niveau dans ce domaine. Le fait que Mmes Alliot-Marie et Antunovic figurent parmi les rares femmes qui occupent ce poste à travers le monde, a certainement encore renforcé le caractère inédit de l'entrevue.

Comprenant plusieurs volets, la coopération militaire franco-croate inclut en premier lieu des stages en français de formation et de spécialisation des militaires croates dans les instituts militaires de l'Hexagone. De 1997 à 2001, une centaine d'officiers et de sous-officiers croates ont ainsi pu en bénéficier. En 2002, ce nombre s'est élevé à quelque quatre-vingts. Par ailleurs, en 2003, environ soixante militaires suiveront en Croatie des cours de perfectionnement en français. Cette coopération comporte en outre des formations spécialisées, soit au Collège Interarmées de la Défense (ancienne École de guerre), à Paris, où sont suivis des cursus longs (18 mois), soit à l'École d'état-major de l'Armée de terre de Compiègne ou dans d'autres Écoles d'état-major où l'on dispense des formations plus courtes. Cette collaboration s'étend ensuite à la participation mutuelle aux exercices militaires, ainsi qu'aux rencontres annuelles des deux chefs d'état-majors des armées. Par ailleurs, la France a récemment accordé à la Croatie une aide financière destinée à soutenir et accélérer le déminage.

Restructuration de l'armée

Dans ce climat de confiance, la ministre croate a exposé à son homologue les difficultés que soulève la réorganisation d'une armée créée de toutes pièces il y a moins de douze ans et dans une situation de guerre, mais forte d'une expérience appréciable : sortie vainqueur du conflit 1991-1995, elle a en effet su devenir un acteur régional qui a joué un rôle déterminant quant à la stabilisation de la région et au retour de la paix. Compte tenu de l'expérience de la France en la matière, Mme Antunovic a en outre présenté les grandes lignes du projet de restructuration de l'armée croate, qui est destiné à en parachever la transition vers une force de paix, adaptée à la normalisation de la situation dans la région. Selon Mme Antunovic, ces mesures supposeront une nouvelle réduction des effectifs militaires, qui passeront de 40 000 à 25 000 hommes, auxquels s'ajouteront 2 000 personnels du ministère de la Défense. Au sortir de la guerre, en 1995, l'armée croate comptait pas moins de 250 000 hommes, effectif déjà réduit à 63 000 dès 1998.

Profitant de son séjour à Paris, Mme Antunovic s'est également rendue au salon "Euronaval 2002" qui se tient au Bourget du 21 au 25 octobre 2002, spécialisé dans l'armement naval et de l'action de l'État en mer, l'industrie militaire française pouvant être amenée à jouer un rôle croissant dans la modernisation de l'armée croate et l'adaptation aux normes de l'OTAN.

A son retour à Zagreb, la ministre croate a exprimé le souhait de voir cette visite ouvrir un nouveau pan de la coopération bilatérale franco-croate. Elle a par ailleurs souligné l'importance d'élargir et d'approfondir davantage encore les relations avec la France dans les domaines militaire et de sécurité, la nécessité de coordonner leur politique de défense, rappelant à ce propos la volonté de la Croatie d'intégrer l'Alliance atlantique au plus tôt. Elle a insisté sur le fait que l'intensification des relations avec Paris revêtait pour Zagreb une importance particulière, notamment dans la perspective de l'adhésion à l'Union européenne, que la Croatie espère rejoindre dès 2007. Enfin, Mme Antunovic s'est félicitée du degré d'ouverture manifesté par la France ainsi que de sa disposition extrêmement favorable à l'égard de la Croatie.