20/02/2002
LE
MOT DE L'AMBASSADEUR
Relancer les échanges
économiques franco-croates
Davantage d'efforts sont nécessaires de part et d'autre si l'on souhaite
voir s'intensifier nos relations commerciales. La France, 6e fournisseur
et 7e client de la Croatie (2000), occupe en effet une place encore trop modeste
parmi les partenaires commerciaux de la Croatie.
Selon
les chiffres officiels qui viennent d'être rendus publics, les échanges
commerciaux franco-croates pour 2001 sont en léger retrait par rapport
à l'année précédente. Leur volume global, qui s'élève
à 561 millions dollars, représente un petit million de dollars de
moins qu'en 2000. Certes, le déficit important que l'on a accusé
ces dernières années côté croate se trouve désormais
quelque peu réduit, notamment en raison des exportations croates qui ont
été en nette progression (+29,6 %), alors même que le volume
des importations a diminué (-8,7 %).
Des investissements trop faibles
Mais malgré cela, et mis à part les problèmes structurels
que connaissent nos échanges, ce qui frappe c'est avant tout le fait que
le volume total des échanges n'a connu, et ce au cours des quatre dernières
années, qu'une augmentation relativement faible, de quelque 10 %, oscillant
peu ou prou entre 500 et 570 millions de dollars.
Dans le même temps, on ne saurait que regretter la trop faible part des
investissements français en Croatie, lesquels ne représentant que
1,67 % de tous les investissements directs étrangers (IDE)
en Croatie depuis dix ans. A cet égard, les quelques contentieux rencontrés
par certaines entreprises françaises en Croatie, même s'ils font
partie des risques de toute activité commerciale, ne peuvent, bien évidemment,
qu'être gênants pour les deux parties.
Engouement français
Seul indice vraiment encourageant dans ce tableau contrasté, le retour
largement amorcé des touristes français
sur la côte adriatique. Bien que leur nombre global soit encore relativement
modeste (environ 75.000 sur plus de 6,5 millions de touristes étrangers
en 2001), il a connu ces dernières années une progression remarquable
: +69 % en 2000 et +31 % en 2001, signe incontestable d'un engouement
croissant du public français pour cette destination.
Pour le reste, on serait tenté de dire : "peut mieux
faire !" Et il est en effet urgent de se poser ouvertement
la question des causes de cet apparent manque de dynamisme commercial
de part et d'autre. Cela d'autant plus que les autres
pays comparables à la France affichent de bien meilleurs
résultats. L'Italie et l'Allemagne, pour ne citer qu'eux,
enregistrent des volumes d'échanges quatre fois plus élevés
que la France, qui se trouve même devancée par l'Autriche.
On peut
à juste titre s'interroger sur les raisons qui ont conduit au fléchissement
des échanges depuis 1998.
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Les règles
et les conditions sont pourtant les mêmes pour tous. Qui plus est, les relations
entre Paris et Zagreb sont excellentes, comme en témoigne depuis deux ans
la fréquence des rencontres bilatérales au plus haut niveau. Les
griefs des hommes d'affaires français les plus souvent formulés,
portant notamment sur la difficulté qu'ils auraient à concrétiser
leurs projets face à la concurrence étrangère, ne sauraient
néanmoins être pris en considération de manière sérieuse.
Si nul ne conteste que l'on puisse çà et là rencontrer de
réelles difficultés, les vraies raisons à ces revers sont,
sans aucun doute, à chercher ailleurs, et pas de manière un peu
trop simple dans une improbable "préférence" commerciale
de Zagreb à l'égard d'autres pays.
Responsabilités partagées
S'il n'y
a évidemment pas de réponse toute faite à la question soulevée,
le phénomène n'en mérite pas moins notre entière attention,
tant il est vrai qu'il nous importe de voir se renforcer de manière sensible
la présence française en Croatie. D'aucuns avanceront, et ils n'auront
pas tout à fait tort, que la proximité géographique des uns,
les liens traditionnels avec d'autres, la présence d'une forte communauté
ici ou là, la connaissance privilégiée de certaines langues,
que tout cela représente autant de facteurs importants qui ont une incidence
sur le développement général des relations commerciales.
Il n'en reste pas moins que cela ne suffit pas à expliquer le décalage
considérable observé entre la France et les autres "grands"
pays européens comparables, et on peut à juste titre s'interroger
sur les raisons qui ont conduit au fléchissement des échanges depuis
1998.
Vraisemblablement faut-il aussi chercher les réponses à cette conjoncture
dans le comportement même des partenaires français et croates, qui
ne font peut-être pas tout ce qu'il faudrait pour renforcer leurs échanges
et resserrer leurs liens. Une chose est sûre cependant : les responsabilités
sont largement partagées.
Pourtant il existe un intérêt de part et d'autre. Une forte délégation
du MEDEF s'est rendue en Croatie en juin 2000. La visite
l'année dernière à Paris du ministre croate en charge de
l'Artisanat et des PME a suscité des réactions encourageantes à
bien des égards. Quant à notre ambassade, elle est de plus en plus
sollicitée comme relais de transmission privilégié de l'information
économique, traduisant par la même occasion l'intérêt
certain en France pour le marché croate, et vice versa. A cela il convient
d'ajouter le rôle important joué par le Poste français d'expansion
économique (PEE)
à Zagreb.
Un nouveau souffle
C'est donc dans ce contexte, animés d'une forte volonté de redonner
un nouveau souffle à nos échanges commerciaux, que nous entendons
aborder le séminaire consacré à la coopération économique
franco-croate qui se tiendra le 23 mai prochain au Centre français du Commerce
extérieur (CFCE) à Paris. Il va
sans dire que chacune des parties en attend beaucoup. Espérons donc le
qu'il permette aux participants, et en premier lieu aux chefs d'entreprises, de
soulever les bonnes questions, d'avancer des propositions concrètes et
d'évaluer les chances de voir s'amorcer une évolution qualitative
quant au développement global des relations économiques franco-croates.
Bozidar
GAGRO
Ambassadeur de Croatie en France
Précédents
articles :
Reconnaissance
internationale: Dix ans déjà! (15/01/2002)
L'euro,
côté pays tiers : le cas croate (07/01/2002)
Jacques
Chirac à Zagreb (21/12/2001)
Solidarité
et démocratie contre terrorisme (23/11/2001)
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