12/04/2001
L 'INTERVIEW
Zeljko Pecek
ministre croate chargé des PME
Accord de coopération
entre PME croates et françaises en cours d'élaboration
Le
ministre croate chargé des PME, Zeljko Pecek, vient d'effectuer
une visite en France. Un accord de coopération entre PME, sous
l'impulsion des deux gouvernements, a été envisagé. Il pourrait
favoriser le développement des petites entreprises et des échanges
entre les deux pays.
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Zeljko
Pecek
ministre croate chargé des PME |
Le
Moci. Quelle est la place actuelle des PME dans le tissu économique
croate et quelles sont les mesures prévues pour les développer
?
Zeljko
Pecek. La Croatie compte aujourd'hui près de 93 000 artisans
et quelque 60 000 PME-PMI. Ces dernières jouent un rôle très important
dans notre économie puisqu'elles emploient plus de 50 % de la
population et représentent aussi plus de la moitié du PNB. Ce
sont nos meilleures armes contre un chômage encore trop élevé.
Le chiffre officiel est de plus de 20 % de la population active.
En réalité, certaines de ces personnes travaillent dans " l'économie
grise " tout en bénéficiant des aides sociales. Nous souhaitons
fortifier les PME-PMI afin que l'emploi lui-même en sorte renforcé.
Dans cet objectif, un projet de loi prévoit des mesures d'incitation
et de soutien à ces entreprises. Elles passeront notamment par
la mise en place de taux préférentiels pour le financement de
leurs investissements ; jusqu'à présent, les taux étaient prohibitifs.
La coopération est aussi une forme de soutien au développement
des petites entreprises. Durant ce déplacement, j'ai pu jeter
les bases d'un accord de coopération qui sera, je l'espère, conclu
entre la France et la Croatie. Il mettrait en place un cadre d'échanges,
par secteur d'activité ou par région, pour une coopération entre
PME françaises et PME croates, mais le contenu exact est encore
à définir.
Le
Moci. Les investissements étrangers sont nécessaires au développement
des entreprises croates. Comment Les attirer ?
LES
ÉCHANGES FRANCO-CROATES TENTENT UNE PERCÉE
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Les
six premiers mois de 2000 ont été marqués par une progression
des échanges entre la France et la Croatie. Les exportations
croates ont augmenté de 23,3 % tandis que les exportations
françaises enregistraient une croissance de 13,3 %, pour atteindre
près de 1,275 milliard de francs. La place de la Croatie parmi
les partenaires commerciaux de la France reste cependant modeste
puisqu'elle est son 60e client et son 82e fournisseur. De
même, la position de la France comme partenaire commercial
de la Croatie demeure nettement en retrait par rapport à l'Allemagne,
mais surtout à l'Italie devenue premier fournisseur et premier
client de la Croatie tandis que la France est, toujours pour
le premier semestre 2000, 5e fournisseur et 8e client. La
part de marché française est actuellement à 7,1 %, loin derrière
l'Italie (17,5 %) et l'Allemagne (15,6 %). Cette part pourrait
s'améliorer dans les biens de consommation et dans l'agroalimentaire,
secteurs où la pénétration est faible |
Zeljko
Pecek. La Croatie est très ouverte aux investisseurs étrangers.
Les réformes en cours et la révision du processus de privatisation,
qui met l'accent sur la transparence des procédures, concourent
à améliorer cette ouverture. Les allégements fiscaux, avec la
suppression pendant dix ans des impôts sur les bénéfices, sont
attractifs. Actuellement, la privatisation des grands hôtels est
en cours, et chacun sait que le potentiel touristique croate est
immense. Le marché est donc réel. Nos entreprises doivent se trouver
des partenaires stratégiques capables de les aider à moderniser
leur savoir-faire et leur matériel, à relancer la production et
l'emploi. Nous devons aussi miser sur les nouvelles technologies
: la main-d'œuvre est qualifiée en Croatie, elle peut rapidement
devenir compétitive. Enfin, la Croatie, pôle de stabilité, contribue
à la stabilisation de notre espace régional, celui de l'ex-Yougoslavie.
Les aléas de l'actualité chez nos voisins n'influent pas sur la
qualité des investissements en Croatie.
Le
Moci. Bien que les deux tiers des investissements étrangers
en Croatie émanent de l'Union européenne, la France ne compte
que pour un peu plus de 2% de ces investissements. Comment améliorer
ces chiffres ?
Zeljko
Pecek. Pour l'instant, le potentiel croate n'est pas assez
connu des entreprises françaises. Les chiffres des échanges sont
néanmoins en progression rapide. La France exporte surtout dans
le domaine de l'automobile, des biens d'équipement, de l'aéronautique
et de la chimie. Pourtant, nous voulons développer les infrastructures
de tourisme. Nous avons besoin d'aide et de capitaux. Les entreprises
qui travaillent dans ce secteur seront soutenues par notre gouvernement,
pourvu qu'elles travaillent dans la légalité, qu'elles améliorent
la qualité de l'offre et qu'elles contribuent à la lutte contre
le chômage. L'agriculture et l'industrie du bois font également
partie des priorités. Aux entreprises françaises de prospecter
leurs partenaires, sachant que notre pays a un fort potentiel
et qu'il est aussi très bien placé en Europe et en Méditerranée.
Propos
recueillis par Christine Murris
©
LE MOCI - N°1489 - 12 AVRIL 2001
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