23/11/2001
LE MOT DE L'AMBASSADEUR
Solidarité
et démocratie contre terrorisme
Sur
le plan humain, ce qui s'est produit le 11 septembre 2001 restera sans aucun doute
dans les mémoires comme une tragédie dun type nouveau, vécue
en direct par une planète abasourdie et saisie d'effroi. L'impact saisissant
des images télévisées des attentats
de New York et les conséquences de cet événement terrifiant,
premier acte d' "hyperterrorisme" de l'histoire, ont subitement
fait naître une large et profonde prise de conscience par-delà les
frontières et les cultures. Très vite aussi, ce cataclysme foudroyant
fut, à juste titre, perçu par beaucoup comme une charnière
critique : il y aura désormais un avant et un après "11 septembre".
Une époque vient de s'achever, une autre commence. Pour éviter que
l'histoire ne bégaie, il nous faut désormais en tirer les leçons.
Tout d'abord, la fragilité des société modernes, mise à
nu par la détermination diabolique des terroristes, a provoqué un
sursaut de solidarité internationale. Si elle se manifeste aujourd'hui
d'abord au travers de la riposte militaire en Afghanistan de l'alliance antiterroriste
internationale, conduite par les États-Unis, ou par le biais de la recomposition,
parfois inattendue, des alliances géopolitiques traditionnelles, il n'en
demeure pas moins que nous assistons en parallèle à l'émergence
d'un mouvement de fond plus vaste, qui sapparente à un brutal réveil
général, nous plaçant chacun face à nos responsabilités.
Ensuite, ce bouleversement planétaire nous concerne tous, grands et petits.
La sécurité, fût-ce celle des États-Unis, se révèle
aujourd'hui incroyablement précaire face à cette nouvelle menace
globale et le restera tant qu'il subsistera des sanctuaires, aussi reculés
et rudimentaires soient-ils - le régime taliban en est la parfaite
illustration -, qui abriteront des réseaux terroristes internationaux.
Là apparaît le rôle nouveau et indispensable que jouent désormais
les "autres" pays, petits et moins petits, qui contribuent de manière
essentielle, aux côtés des grandes puissances, à la solidité
de cette toile planétaire dénommée "communauté
internationale", dont le nom prend aujourd'hui tout son sens.
Désormais,
le rôle des "petits" pays est devenu essentiel dans la lutte antiterroriste
internationale.
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C'est d'ailleurs
la teneur de l'allocution du président croate, M. Stjepan Mesic, qui vient
de plaider à la tribune des Nations unies en faveur d'une réaction
concertée et coordonnée de tous contre la propagation de ce mal,
mais avec l'ambition affirmée de s'attaquer, non pas à ses seuls
effets, mais avant tout à ses racines. " Nous devons changer ce monde
", a-t-il lancé, rappelant qu'il est urgent d'agir dans deux directions
complémentaires : développer la démocratie à travers
le monde et lutter efficacement contre les inégalités.
Enfin, à travers ou malgré les alliances, c'est avant tout l'amitié
entre les peuples que l'action diplomatique doit nous aider à resserrer.
Tout en ayant pour objectif la restauration de la confiance et de la sérénité
parmi les peuples, c'est à une "Internationale de l'amitié"
qu'il nous faut sincèrement aspirer. La solidarité avec les plus
nécessiteux des pays doit devenir une priorité, car, nul ne lignore,
pauvreté et désespoir font le lit de tous les fanatismes, avec pour
corollaire mépris de la vie et outrage aux valeurs fondamentales de l'humanité.
On le voit, la tâche n'est pas mince. Pour autant, le pire serait de se
résigner, par insouciance ou inconscience, à l'idée de permanence
inéluctable de foyers de crise qui, çà et là, déstabilisent
périodiquement pays et régions, empoisonnant les relations internationales.
Il nous faut certes combattre ces crises lorsqu'elles éclatent, mais il
importe autant, sinon plus, de les prévenir par une vigilance et un engagement
constants.
Bozidar
GAGRO
Ambassadeur de Croatie en France
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