14/01/2004
EUPOLITIX
La Croatie courtise l’UE
Dans une interview accordée à EUpolitix, le nouveau
premier ministre croate Ivo Sanader a commenté sa première
rencontre officielle avec les autorités européennes.
Une visite qui avait pour objectif de présenter un nouveau
visage de son pays et apaiser les inquiétudes européennes.
En
effet, le HDZ – le parti majoritaire présidé
par Ivo Sanader – était considéré jusqu’à
la mort en 2002 de son fondateur, l’ancien président
Franjo Tudjman, comme un parti
outrageusement nationaliste. Voulant rompre clairement avec ce
sombre passé guerrier, Ivo Sanader a confirmé à
Romano Prodi et Günther Verheugen que la Croatie était
prête à remplir toutes ses obligations en vue d’une
adhésion souhaitée en 2007.
La
réforme la plus importante souhaitée par l’Union
européenne concerne le système judiciaire croate,
jugé complètement inadapté aux standards
européens. Et sur ce sujet, Ivo Sanader a donné
des garanties à la Commission européenne qui doit
rendre un premier avis sur
la candidature croate dans quelques semaines. « Je viens
aujourd’hui à Bruxelles pour présenter à
la Commission les propositions de réforme du système
judiciaire que nous entendons mener à bien ».
EUpolitix
a pu consulter ce document encore confidentiel présenté
à Romano Prodi. La Croatie s’y engage à mener
à terme rapidement plusieurs réformes structurelles
: mise à plat de la carte judiciaire croate, extension
des pouvoirs des magistrats, création de nouveaux tribunaux
dans les grandes villes. Ivo Sanader promet également une
révision drastique de la loi sur l’exécution
des décisions judiciaires (Enforcement Act) avec
la création notamment de services investis de l’autorité
publique pour faire appliquer les décisions judiciaires.
Le Code pénal (Criminal Code) sera également
revu afin d’être harmonisé avec les conventions
internationales, et notamment européennes. Ce qui était
une exigence forte de Bruxelles.
Ivo Sanader confirme également que la justice croate est
dorénavant un pouvoir tout à fait indépendant
du pouvoir politique. Revenant sur la question des privatisations
controversées, le premier ministre promet ainsi que les
juges croates pourront agir en toute indépendance : «S’il
y a des dossiers controversés, la justice devrait s’en
préoccuper et mener son enquête. Ce n’est pas
à moi de le faire »
Enfin, Ivo Sanader a souhaité prendre ses distances avec
l’Eglise catholique croate, dont un certain nombre de hauts
responsables professent encore un nationalisme religieux exacerbé.
« Je suis en faveur d'une complète sécularisation
et d'une claire séparation entre l'Eglise et l'Etat.»
Une précision jugée utile par ceux qui s’étaient
inquiétés du fait que la première visite
officielle du premier minister Ivo Sanader ai été
faite au Vatican.
Hughes
Beaudouin
12/01/2004
EUPOLITIX
La Croatie promet une coopération pleine et entière
avec le Tribunal international
Le nouveau Premier ministre croate, Ivo
Sanader, au cours de sa première visite auprès des
institutions européennes à Bruxelles, a promis une
coopération pleine et entière de son gouvernement
avec le Tribunal international pour l’ex-Yougoslavie.
Cette
coopération – promise mais pas suivie d’effet
par le gouvernement précédent – est l’exigence
principale de la communauté internationale en vue de la
normalisation de ses relations avec la Croatie. Cet engagement,
clair et précis, d’Ivo Sanader a surpris.
Il
est en effet le leader du HDZ, parti nationaliste de l’ancien
président Franjo Tudjman dont beaucoup de responsables
ont été mis en cause par la justice internationale.
Evoquant le cas du général Gotovina
– inculpé par le Tribunal international pour crimes
de guerre mais considéré comme un véritable
héros national en Croatie – le premier ministre croate
a été très clair : «
nous promettons une coopération pleine et entière
avec le Tribunal, y compris concernant ce cas ». Ivo Sanader
a déclaré être en contact avec le procureur
général Carla del Ponte, les avocats du général
Gotovina – actuellement en fuite – et les services
du président de la République croate qui ont suivi
ce dossier depuis plusieurs mois.
Autre
sujet délicat : la protection des minorités
nationales dont l’UE a fait un critère d’accession.
Sur ce dossier aussi, le premier ministre nationaliste s’est
voulu très coopératif. « Nous avons signé
un accord avec les
représentants de la minorité serbe, qui d’ailleurs
soutiennent notre gouvernement. Nous allons nommer plusieurs secrétaires
d’Etat issus de cette minorité. Voilà les
preuves de notre bonne volonté que nous présentons
à l’UE ».
Lors
de sa rencontre avec le président Romano Prodi, Ivo Sanader
a confirmé qu’il souhaitait que la Croatie adhère
à l’UE, en même temps que la Roumanie et la
Bulgarie », c'est-à-dire en 2007.
«
C’est ambitieux, a-t-il reconnu, mais nous pouvons y arriver.
Tout est entre nos mains ». C’est dans deux mois que
la Commission devrait rendre son premier avis sur la candidature
de la Croatie.
«
Nous espérons une ouverture formelle des négociations
fin 2004 ou début 2005 » a indiqué le chef
de gouvernement croate. Demain mardi, il annoncera au nouveau
secrétaire général de l’OTAN qu’il
souhaite également que la Croatie rejoigne l’OTAN,
mais en 2006.
Il
s’est dit ouvert à toute négociation avec
les Etats-Unis pour accueillir éventuellement des bases
américaines en Croatie.
Hughes
Beaudouin
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l'intégralité
de l'entretien.
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