31/05-30/06/2002
MONDIAL
2002
La Croatie s'incline
à son tour
Arrivée
3e du Mondial 1998 en France, la Croatie a participé en 2002 à sa
deuxième Coupe du monde de football. Disposant pourtant de réelles
chances de qualification après sa victoire 2:1 contre l'Italie, après
une défaite 0:1 face au Mexique, elle a finalement été battue
1:0 par l'Équateur, terminant 3e du Groupe G, derrière les
Latino-américains et les Transalpins. Elle a donc échoué
à refaire la surprise malgré une équipe en partie renouvelée
où l'on retrouva néanmoins plusieurs "anciens", notamment
l'attaquant Davor Suker, sacré meilleur buteur du dernier mondial.
Terminant,
à la surprise générale, troisième de la Coupe du monde
en 1998 derrière la France et le Brésil, le Onze ardent, qualifié
dans le Groupe G, entendait une nouvelle fois être
au rendez-vous comme lors de sa première participation il y a quatre ans.
Mais sa défaite 1:0 jeudi 13 juin face à l'Equateur a brutalement
mis un terme aux espoirs croates. En l'absence des Pays-Bas, qui ne sont pas parvenus
à se qualifier, et après l'élimination des coéquipiers
de Zidane et de Suker, le Brésil fait figure de seul rescapé du
dernier carré de France 98 à réussir à passer la barre
du premier tour. La déception est d'autant plus grande de Zagreb à
Split qu'en battant 2:1 l'Italie, l'équipe croate a montré qu'elle
disposait d'un potentiel offensif. Mais le départ prématuré
des Croates va certainement relancer de plus belle la lancinante question du renouvellement
nécessaire de la sélection nationale.
La
sélection croate, emmenée cette fois-ci par Mirko Jozic, était
en effet composée à la fois de nouveaux joueurs à l'instar
du jeune attaquant Bosko Balaban ou du milieu de terrain Jurica Vranjes, 22 ans
chacun, et de stars plus âgées, autant dire de vétérans,
comme Alen Boksic (32 ans), l'ex-Marseillais, Robert Prosinecki (32), Robert Jarni
(33), Zvonimir Soldo (34) et surtout du numéro 9 Davor Suker (34), sacré
meilleur buteur du Mondial 1998, avec six réalisations. L'inquiétante
défaite 0:1 face au Mexique avait déjà laissé entrevoir
les handicaps d'une sélection alliant deux générations de
joueurs.
Le sursaut d'une équipe croate rajeunie qui s'était imposée
face à la Squadra avait néanmoins permis tous les espoirs. Mais
la vitalité des Equatoriens - surprise de la zone CONMEBOL, où ils
ont devancé le Brésil - en a finalement eu raison. Malgré quelques
actions dangereuses de Boksic et un tir sur le poteau, les Croates n'ont finalement
pas su trouver l'ouverture, laissant filer une place en 8e de finale, à
leur portée. La Croatie disposaient pourtant de la meilleure défense
des éliminatoires de la Zone Europe (qui n'avait encaissé que 2
buts en huit matches), et s'était classée première de son
groupe lors de la phase de qualification. Avec deux défaites en trois rencontres
et quatre buts encaissés, la désillusion n'en est que plus grande.
LA
CROATIE EN BREF |
Habitants
:
4 800 000
Superficie : 56 538 km2
Capitale : Zagreb
Fédération : Hrvatski Nogometni
Savez fondée en 1912, affiliée à la FIFA le 17 juillet 1941,
ré-affiliée le 3 juillet 1992
Licenciés : 75 000
Couleurs : Maillot à damier rouge et
blanc, short blanc, bas bleus
Principaux clubs : Dinamo Zagreb, Hajduk Split
Participations en Coupe du monde : 1 (1998)
Palmarès en Coupe du monde : 3e (1998)
Palmarès : Quarts de finale à
l'Euro (1996)
Comment la Croatie s'est qualifiée :
1re du Groupe 6 de la zone Europe avec 18 points (5 victoires, 3 nuls, 0 défaite,
15 buts marqués, 2 encaissés) devant la Belgique, l'Écosse
, la Lettonie et Saint-Marin.
Meilleurs joueurs : Robert Prosinecki, Robert Jarni, Alen Boksic, Davor Suker
Sélectionneur : Mirko Jozic
|
Surprise
aztèque
Croatie-Mexique (0:1), 3 juin - 8h30
Les choses s'étaient d'ailleurs plutôt mal engagées. Bien
qu'ils aient par le passé facilement battu le Mexique à deux reprises
(3:0 et 2:1), les Croates ont entamé cette Coupe du monde avec une rencontre
laborieuse qui s'est soldée, lundi 3 juin, sur une défaite 0:1 face
à une équipe du Mexique qui s'est montrée offensive. Malgré
quelques occasions manquées côté croate (D. Suker: 5', N.
Kovac: 25', Z. Soldo: 47', M. Rapaic, 55'), mais aussi de la part des Aztèques
(C. Blanco: 31', J. Borgetti: 33'), la première heure de jeu de ce match
d'ouverture du Groupe G est restée plutôt calme. Mais cette tranquillité
fut soudainement troublée par la faute commise dans les 16 mètres
par le défenseur croate Boris Zivkovic sur Cuauhtemoc Blanco. Sanctionnée
d'une expulsion, la première de la compétition, elle est malgré
tout assortie d'un penalty, converti par Blanco d'une frappe puissante (0:1, 60').
Dès lors, les Croates, réduits à 10, malgré quelques
actions dangereuses, ne seront plus en mesure d'inquiéter les Mexicains
qui empocheront leurs trois premiers points.
La Squadra trébuche
Croatie-Italie (2:1), 8 juin - 11h00
LE
CALENDRIER DU GROUPE G |
(Matches
disputés au Japon) :
3 juin
(15h30/08h30 Paris)
- A Niigata Croatie - Mexique
0:1
(0:0) >> résumé
3 juin
(20h30/13h30 Paris)
- A Sapporo Italie - Equateur
2:0 (2:0) >> résumé
8 juin
(18h00/11h00 Paris)
- A Ibaraki Italie - Croatie
1:2 (0:0) >> résumé
9 juin
(15h30/08h30 Paris)
- A Miyagi Mexique - Equateur
2:1 (1:1) >> résumé
13 juin
(20h30/13h30 Paris)
- A Oita Mexique - Italie
1:1
(1:0) >> résumé
13 juin
(20h30/13h30 Paris)
- A Yokohama Equateur - Croatie
1:0
(0:0) >> résumé
Tous
les matches
Tous
les classements |
Après
cette première défaite, la sélection croate était
le dos au mur: une défaite face à la Squadra Azzurra était
pour elle synonyme d'élimination immédiate. En battant l'Italie
2:1, samedi 8 juin, le Onze ardent s'était donc, du moins pour un temps,
remis en selle dans le Groupe G. Il restait par la même occasion invaincu
des triples champions du monde: lors des trois matches précédents,
la Croatie s'était en effet déjà imposée face à
l'Italie (2:1) et avait concédé deux nuls (1:1 et 0:0). Du coup,
cette défaite italienne, la première en phase finale de la Coupe
du monde depuis 1994 (hors tirs au but), laissait ouvertes toutes les perspectives
en mettant à égalité le Mexique, la Croatie et l'Italie,
avec 3 points chacun, les Transalpins s'étant débarrassés
de l'Equateur par 2 buts à 0.
La rencontre avait pourtant débuté par un pressing des Azzurri
qui dès le premier quart d'heure de jeu s'étaient déjà
créé deux occasions dangereuses devant le but croate : coup-franc
de Francesco Totti (3') et tir puissant de Cristiano Doni (15'). Réveillés
par ces coups de semonces, les Croates vont alors passer à la vitesse supérieure
et les Italiens vont subir cette première moitié de rencontre. Les
joueurs à damier entament alors leur harcèlement du but adverse.
D'abord Vugrinec (22') qui tire une demi-volée des 25 mètres, puis,
quatre minutes plus tard, décoche une frappe à rebonds repoussée
par Buffon. A la mi-temps, les Croates affichent 7 tirs cadrés, contre
2 côté italien.
Contre toute attente, quelques minutes après la reprise, l'attaquant de
la Squadra, Christian Vieiri, dépose le ballon au fond du but de Pletikosa.
Le but sera finalement refusé pour hors jeu. Qu'à cela ne tienne,
le joueur vedette de l'Inter de Milan revient à la charge et d'une magnifique
tête croisée lobée, servie par un centre enroulé de
Doni, trompe le portier croate (1:0, 55'). A vingt minutes de la fin du match,
les Croates sont virtuellement éliminés. Mirko Jozic fait alors
entrer le milieu Jurica Vranjes et l’attaquant Ivica Olic pour relancer l'attaque
croate. Bonne pioche: à peine entré, Olic égalise en reprenant
du pied droit aux 6 mètres, entre trois défenseurs italiens, un
centre de Robert Jarni depuis le côté gauche, Buffon est battu (1-1,
73').
Galvanisés,
les Croates reprennent du poil de la bête et trois minutes plus tard, servi
par une tête de Niko Kovac, le tir de Rapaic lobe Buffon et envoie le ballon,
vrillé, dans la lucarne gauche du but italien (2:1, 76'). Le fameux catenaccio
semble alors avoir définitivement volé en éclats. Mais les
sang et argent n'en sont pas quittes pour autant. Le coup franc de 25 mètres
de Totti sur le montant de la cage croate manque de rentrer et longe la ligne
de but dans le dos de Pletikosa. La chance sourit aux Croates. Menés au
score, les joueurs de Giovanni Trapattoni lancent un dernier assaut pendant le
temps additionnel. Filippo Inzaghi se jette sans succès sur une longue
balle et crée la confusion. Le gardien croate laisse filer le ballon qui
termine au fond du filet (92'). Mais le but est refusé pour faute de l'attaquant
adverse. L'Italie s'incline et la Croatie est de nouveau en selle. Du moins l'espère-t-elle
alors...
L'Equateur en embuscade
Croatie-Equateur (0:1), 13 juin - 13h30
Avant même de rencontrer l'Equateur pour la première fois, ce fatidique
13 juin, les joueurs au maillot à damier savaient qu'il leur fallait
s'imposer, de 2 buts d'écart, pour être certains de décrocher
une place en 8e de finale, même en cas de victoire italienne sur le Mexique,
dans la rencontre qui se déroule en même temps. Un match nul leur
étant cependant suffisant en cas de défaite des Azzurri,
et une simple victoire nécessaire en cas de score égal entre Transalpins
et Latino-américains.
Dès
le début de la rencontre, les Equatoriens, virtuellement éliminés,
se sont néanmoins montrés offensifs. Ils occupent le milieu de terrain
et prennent l'avantage en terme de possession de balle. Leurs attaques n'aboutissent
cependant pas, malgré de nombreux centres dans la surface de réparation
adverse. Du côté croate, le jeu manque d'emblée de rythme
et se limite à quelques contre-attaques. L'équipe victorieuse de
l'Italie est méconnaissable. Pourtant, après la première
demi-heure de jeu, Alen Boksic crée la première occasion croate
sérieuse, mais son tir puissant manque la lucarne d'un cheveu et trouve
le montant gauche du but équatorien (35'). Peu après, l'attaquant
croate récidive mais un tacle de Iván Hurtado sauve la mise des
Cóndores. Pendant les dernières secondes de la première
mi-temps, Boksic manque à nouveau d'ouvrir le score, mais Porozo détourne
le tir de la tête (46'). Contre toute attente, on apprend que, dans l'autre
match, le Mexique mène 1 à 0 sur les Italiens, ce qui fait le jeu
des Croates.
La vapeur s'inverse toutefois brutalement en tout début de seconde période
lorsque Edison Mendez, servi par une balle en retrait de Delgado, ouvre la marque
sur une demi-volée des huit mètres, qui transperce le but croate
(1:0, 48'). Curieusement, l'électrochoc de provoque pas côté
croate le sursaut attendu, et les deux équipes peinent à construire
une attaque efficace. Au dernier quart d'heure de jeu, la Croatie se réveille
enfin. A ce stade, un nul en effet la qualifierait. Mais les hommes de Jozic ne
parviendront pas à égaliser, malgré quelques actions menaçantes.
Vugrinec rate ainsi complètement sa reprise de volée (83'), puis
c'est au tour de la tête de Stanic d'être repoussée par Alex
Aguinaga, sur la ligne (87'). Il est à ce moment définitivement
trop tard pour inscrire... 2 buts : les Italiens viennent en effet de remonter
au score, cinq minutes avant la fin du temps réglementaire. Coup de sifflet
final : la victoire des Equatoriens (1:0), la seule en trois matches, élimine
la Croatie et qualifie du même coup l'Italie. La consternation est à
la hauteur des espérances, les coéquipiers de Boksic finissent troisièmes
de leur groupe, derrière le Mexique et l'Italie.
Retour sur France 98
L'élimination
des sang et argent dès le premier tour laisse donc sur sa faim une Croatie
qui s'apprêtait pourtant à vibrer au rythme du ballon rond en ce
mois de juin 2002. L'occasion de revenir sur l'épopée de 1998...
La
formation croate, qui avait établi ses quartiers à
Vittel, avait alors rencontré d'abord la Jamaïque
(3:1), le Japon (1:0) et l'Argentine (0:1) au sein du groupe H.
Elle avait ensuite battu 1:0 la Roumanie en huitièmes de
finale, infligé un mémorable
3:0 à l'Allemagne en quarts, avant de s'incliner devant
les futurs champions du monde, non sans avoir inquiété
la France (1:2) en demi-finale. En remportant la "petite
finale" contre les Pays-Bas (2:1), les Vatreni (Onze
ardent), véritables outsiders du tournoi, s'étaient
finalement hissés sur la troisième marche du podium.
L'exploit personnel de l'ancien attaquant du Real de Madrid, avec
six buts au cours de la compétition, était alors
la cerise sur le gâteau.
En
marge de l'exploit sportif, le public français retiendra une image insolite,
celle de l'ancien coach croate, Miroslav Blazevic, coiffé d'un képi
en signe de solidarité avec le gendarme français agressé
par des hooligans, tout en maugréant à son habitude sur le banc
de touche...
Le service de presse
AFP,
10/05/2002
La
Croatie en souvenir de France 98
Pour sa
première Coupe du Monde, en 1998, la Croatie a réussi un coup de
maître en prenant une surprenante troisième place, après avoir
fait trembler la France, futur lauréat, en demi-finale. Les joueurs croates,
qui avaient largement contribué au succès international de l'ex-Yougoslavie,
confirmaient sous leur propre maillot à damier rouge et blanc.
Les "mercenaires"
qui faisaient alors le bonheur des grands clubs européens, ont su se fondre
en un ensemble homogène, de Zvonimir Boban à Robert Prosinecki et
Aliosha Asanovic en passant par Robert Jarni et Davor Suker, meilleur artificier
du tournoi 98 avec 6 buts. Vive, percutante, mais aussi technique et astucieuse,
cette formation s'appuyait sur une ossature de joueurs qui avait déjà
atteint les quarts de finale de l'Euro-96. La Coupe du Monde a été
un superbe chant du cygne pour quelques joueurs clefs comme Boban et Asanovic.
Quand il a succédé à Miroslav Blazevic, limogé en
novembre 2000 pour avoir manqué de qualifier la Croatie pour l'Euro, Mirko
Jozic a trouvé une équipe en proie au doute. Battant le rappel des
anciens, lançant quelques jeunes, il est parvenu a obtenir le billet pour
la Coupe du Monde. Mais que ce fut dur! Avec 5 victoires et 3 nuls, les Croates
ont terminé premiers avec 18 points de justesse devant la Belgique (17),
grâce à une défense de fer (2 buts encaissés seulement).
Mais la
sélection croate vient d'enregistrer un nouveau coup dur avec le forfait
du défenseur de la Juventus de Turin, Igor Tudor, blessé à
la cheville droite. Touché lors de l'ultime match qui a donné le
titre national à la Juve, Tudor manquera à l'appel pour assurer
la stabilité défensive sur laquelle s'assoit la Croatie.
Mais en milieu de terrain, à côté de Prosinecki qui reste
un meneur de jeu de talent, l'entraîneur Croate peut compter sur Zvonimir
Soldo. En attaque, Josik a plusieurs solutions avec Suker, Goran Vlaovic, Mario
Stanic, le jeune Bosko Balaban, mais aussi Alen Boksic, le "vétéran"
auteur du but de la qualification contre les Belges.
Portrait
entraîneur
Jozic, spécialiste
des jeunes et globe-trotter
Joueur
de modeste niveau, Mirko Jozic n'a jamais dépassé la deuxième
division yougoslave. Pendant 17 ans, de 1972 à 1989, ce diplômé
en éducation physique, spécialisé dans le football, s'occupe
des équipes de jeunes au sein du staff technique de la Fédération
de Yougoslavie. Il y glane ses premiers lauriers, un Championnat d'Europe des
moins de 19 ans en 1979 et un Championnat du Monde des -20 ans huit ans plus tard,
avec quelques-uns des joueurs qui se sont illustrés à l'Euro-96
et en France 98.
En 1989, il quitte la Yougoslavie et entame un parcours de globe-trotter qui le
mènera au Chili (Colo Colo et l'équipe nationale), au Mexique (America),
en Arabie Saoudite (Al Hilal), en Argentine (Newell's Old Boys) et au Portugal
(Sporting de Lisbonne), avant de revenir en Croatie (Hajduk Split) en 1996. Il
remporte notamment 3 Championnats du Chili, 1 Copa Libertadores et 1 Coupe des
Coupes d'Asie.
Miroslav Blazevic ayant raté sa campagne de qualification à
l'Euro, Jozic lui succède fin novembre 2000. Autant Blazevic était
médiatique, autant Jozic est discret dans la vie et prudent dans ses choix.
Il donne donc la priorité à la défense : avec 2 buts encaissés,
son équipe possède la meilleure défense des éliminatoires
de la Zone Europe.
Une partie des joueurs avaient dit qu'ils ne joueraient plus en sélection
après le départ de Blazevic. Mais Jozic, 62 ans, les a convaincus
de revenir. Il doit maintenant composer avec des jeunes ambitieux mais inexpérimentés
et des stars sur le déclin jouant les remplaçants de luxe dans les
grands clubs européens (Suker, Prosinecki...).
Portrait
joueur vedette
Jarni, l'homme du couloir
gauche
Pour Robert Jarni, le souvenir le plus fort de France 98 est son
but marqué contre l'Allemagne en quarts de finale à Lyon. Le premier
d'une nette victoire 3 à 0. C'est la gloire pour celui qui jouait alors
au Betis Séville. Rapide, excellent dans les tâches défensives,
brillant contre-attaquant, doté d'un pied gauche exceptionnel, auteur de
centres souvent décisifs, Robert Jarni est le joueur de couloir idéal.
Son volume de jeu et sa force de pénétration en ont fait une des
révélations de ce Mondial 1998 dont les Croates prendront la troisième
place.
La
classe de Robert Jarni éclate en 1987 au Chili au Mondial des moins de
20 ans, qu'il remporte avec l'équipe de Yougoslavie, en compagnie d'autres
futures stars du football croate, comme Zvonimir Boban et Davor Suker. Trois ans
plus tard, il joue une mi-temps lors du tournoi italien, à 21 ans, sous
les couleurs yougoslaves. Survient alors l'éclatement de la Yougoslavie.
Dès le deuxième match officiel de la Croatie, Jarni est retenu.
Joueur-clef de l'équipe nationale, il disputera quasiment toutes les rencontres
de son pays jusqu'en Corée/Japon 2002.
En 1991, il change de club et quitte Hajduk Split pour l'Italie où il joue
à Bari, au Torino, puis à la Juventus de Turin. Pour sa seule saison
avec les "Bianconeri", il s'offre un doublé Coupe-Championnat
d'Italie. D'Italie, il passe en Espagne où il porte les maillots du Betis
Séville, du Real Madrid et de Las Palmas. De son bref passage au Real où
il n'évolue qu'une seule saison, il rapporte un nouveau trophée
: la Coupe Intercontinentale 1998. Fin janvier 2002, à quatre mois de la
Coupe du Monde, Jarni, 33 ans, prend l'un de ses derniers envols et signe pour
six mois en Grèce, au Panathinaïkos.
REUTERS,
26/05/2002
La
Croatie se battra pour garder le bronze
par Davor Huic, Zagreb
Demi-finaliste à la surprise générale lors de sa première
Coupe du monde en 1998, le "Onze ardent" de Croatie a placé
la barre très haut pour ses successeurs qui vont se présenter en
Corée du Sud et au Japon.
Composée
à la fois de nouveaux joueurs et de vieux briscards, l'équipe actuelle
s'est forgée sa propre réputation et l'entraîneur Mirko Jozic
affirme qu'elle n'a rien à prouver. "Je ne vois pas pourquoi je devrais
me mettre la pression pour absolument finir à la troisième place",
a estimé Jozic. "Nous allons en Asie pour défendre l'image
de notre football, c'est tout. Notre premier objectif est de sortir de notre poule",
a déclaré le technicien croate décidément pragmatique.
A la différence du charismatique Miroslav Blazevic, son prédécesseur
qui avait déclaré lors du Championnat d'Europe 1996 que la Croatie
avait les meilleurs joueurs du monde, Jozic se montre beaucoup plus prudent.
Il a par exemple refusé d'écarter les joueurs les plus âgés
malgré la pression du public qui appelait à un rajeunissement des
cadres. Et il a toujours privilégié une bonne assise défensive
alors que le jeu croate, tout en passes et en technicité, est tradionnellement
plus porté vers l'avant.
Jozic continue donc de faire confiance à Robert Prosinecki, Davor Suker
et Robert Jarni, trois joueurs qu'il avait conduit au titre mondial des moins
de 20 ans au Chili en 1987 et qu'il estime toujours meilleurs que les jeunes qui
s'impatientent en coulisses. "Nous n'allons pas renoncer à des joueurs
en or même s'ils brillent un peu moins qu'avant", a déclaré
l'entraîneur croate au sujet de cette vieille génération.
Le choix de l'expérience
Jusqu'ici, le choix de l'expérience a payé puisque le milieu de
terrain vétéran Prosinecki (32 ans), ex-joueur de l'Etoile Rouge
de Belgrade, du Real Madrid et du Dinamo Zagreb, a été à
l'origine du but décisif contre la Belgique en octobre 2001.
Prosinecki avait adressé une passe parfaite de 40 mètres en direction
du buteur d'Aston Villa Bosko Balaban qui avait ensuite servi Davor Suker, auteur
du but libérateur qualifiant la Croatie pour la Corée du Sud et
le Japon. Mais Jozic a su également insuffler un nouveau souffle à
cette équipe de brillants trentenaires devenue plus solide que sous l'ère
Blazevic.
Les Croates sont sortis des qualifications invaincus après avoir
encaissé seulement deux buts.Quatre ou cinq nouveaux joueurs sont venus
renforcer la sélection nationale parmi lesquels Balaban, le gardien d'Hajduk
Split Stipe Pletikosa.
Igor Tudor ayant déclaré forfait, la nouvelle défense croate
sera composée de Dario Simic et Robert Kovac qui jouent respectivement
à l'Inter Milan et au Bayern Munich. Son immense silhouette rassure et
stabilise l'arrière-garde de la Croatie, et certains n'hésitent
pas à voir en Tudor le futur leader naturel de l'équipe. "Tudor
sera notre meilleur joueur de la Coupe du Monde", affirme le commentateur
sportif Tomislav Zidak.
Balaban, également âgé de 22 ans, a été lancé
par Jozic durant les qualifications et s'impose peu à peu, en sélection
et à Aston Villa, comme un numéro 9 d'avenir. Davor Suker étant
hors de forme depuis plusieurs mois, Balaban pourrait prendre sa place de titulaire
en attaque, lui qui a déjà marqué sept buts en 12 matches
internationaux. Le jeune attaquant se lance ainsi sur les traces de Suker (44
réalisations en 66 sélections) et pourrait finir, comme son aîné
en 1998, meilleur buteur de la Coupe du monde 2002.
REUTERS,
26/05/2002
Boksic
espère être épargné par la malchance
Par Zoran Radosavljevic, Zagreb
"Dans le doute, prenez exemple sur Alen Boksic" : telle pourrait
être la devise des sélectionneurs croates au cours de la dernière
décennie. S'il n'avait pas été si souvent blessé,
Boksic, 32 ans, ferait sans aucun doute partie des meilleurs attaquants du monde
aujourd'hui. Malheureusement pour lui, il est difficile de trouver joueur plus
malchanceux que le buteur de Middlesbrough au sein de la sélection croate.
ALEN
BOKSIC DE RETOUR EN EQUIPE DE CROATIE |
NIIGATA,
Japon (Reuters, 27/05/2002) -
Le
buteur croate Alen Boksic va pouvoir faire son retour en sélection
après avoir récupéré d'une blessure abdominale.
Boksic, 32 ans, qui n'avait pas joué en France il y a quatre ans à
cause d'une blessure, pourrait être aligné en attaque aux côtés
de Bosko Balaban pour le premier match officiel de la Croatie contre le Mexique,
le 3 juin à Niigata. "Tout va bien pour Boksic désormais. Il
participe aux entraînements normaux avec l'équipe et nous sommes
confiants (sur son état de forme)", a déclaré lundi
à Reuters Adolf Kozul, porte-parole de l'équipe de Croatie.
Au premier tour de la Coupe du monde, les Croates affronteront le Mexique, l'Equateur
et l'Italie dans le groupe G.
|
Grâce
à ses coups de patte, la Croatie s'est qualifiée pour la plupart
des grandes compétitions internationales ces dernières années,
mais Boksic, quant à lui, n'a toujours pas participé à un
seul de ces grands rendez-vous. Sa puissante frappe de loin contre l'Ukraine lors
du barrage retour en 1997 avait permis à la Croatie de se qualifier pour
la Coupe du monde en France, dont elle avait fini troisième à la
surprise générale. Boksic, blessé avant le début du
Mondial, avait dû déclarer forfait.
Deux ans plus tôt, pour la première participation de la Croatie à
une grande compétition internationale lors de l'Euro 1996 en Angleterre,
Boksic était cette fois bien présent mais il n'avait pas disputé
le moindre match toujours à cause d'une blessure. L'année dernière,
Boksic a une nouvelle fois inscrit un but décisif contre la Belgique pour
qualifier directement la Croatie à la Coupe du monde 2002.
"L'OURAGAN"
Mais cette fois, l'ancien attaquant de Marseille, de la Lazio et de la Juventus
compte bien participer à ce qui devrait être sa première et
dernière grande compétition internationale, même si ces dernières
semaines n'ont pas été de très bon augure. A peine guéri
d'une blessure au mollet, Boksic, fiévreux, a dû déclarer
forfait au dernier moment pour le match amical contre la Bulgarie le mois dernier.
En son absence, aucun de ses remplaçants n'a réussi à trouver
le chemin des filets adverses et la Croatie a concédé un terne 0-0.
Dès
l'âge de 17 ans, le talentueux Boksic est titulaire à Hadjuk
Split. Puis à 20 ans, il fait partie de la sélection yougoslave
pour la Coupe du monde 1990 en Italie mais ne rentre pas en jeu. Cette même
année, il remporte la Coupe de Yougoslavie en battant l'Etoile Rouge de
Belgrade, le grand rival de l'Hadjuk Split. Il rejoint alors la France et Cannes,
puis un an après,il est recruté par l'Olympique de Marseille. Lors
de la saison 1992/1993, il remporte la Ligue des Champions avec le club phocéen
et termine meilleur buteur du championnat de France.
Le Croate est ensuite transféré pour cinq millions de livres sterling
(7,1 millions de dollars) à la Lazio Rome, où il passe les sept
saisons suivantes, hormis une année à la Juventus en 1996/1997.
Les Italiens le surnomment "l'Ouragan" en raison de sa taille, de sa
puissance et de sa vitesse, mais ses désaccords latents avec Sven Goran
Eriksson, l'entraîneur suèdois de la Lazio, vont subsister jusqu'à
son départ.
En 2000, Boksic rejoint pour 2,5 millions de livres sterling (3,5 millions de
dollars) le club anglais de Middlesbrough, où il aimerait terminer sa carrière.
L'EQUIPE.FR
Les enjeux du groupe G
Sur
le papier, l'Italie, trois fois sacrée et vice-championne d'Europe
en titre, et la Croatie, 3e de la dernière Coupe du monde, partent largement
favoris pour l'accession en huitièmes de finale. Le Mexique, 7e du classement
FIFA, est l'outsider désigné tandis que l'Equateur, qui participe
à son premier Mondial, sera là pour apprendre.
Sur le papier, l'Italie, trois fois sacrée et vice-championne d'Europe
en titre, et la Croatie, 3e de la dernière Coupe du monde, partent largement
favoris pour l'accession en huitièmes de finale. Le Mexique, 7e du classement
FIFA, est l'outsider désigné tandis que l'Equateur, qui participe
à son premier Mondial, sera là pour apprendre.
Si la logique
est respectée, le deuxième ticket devrait se jouer entre la Croatie
et le Mexique. Surprenants troisièmes en 1998, les Croates ont la faveur
des pronostics contre des Mexicains pourtant vainqueurs de la Coupe des Confédérations
1999 et finalistes de la Copa America 2001. Mais les Aztèques se sont souvent
décomposés dans les grands moments. En douze participations à
la Coupe du monde, ils n'ont atteint que deux fois les quarts de finale, chaque
fois sur leurs terres, en 1970 et en 1986. De plus, si la Croatie reste sur trois
matches nuls de suite face à l'Italie [NdlR : en réalité,
une victoire et deux nuls], le Mexique n'a battu la Squadra Azzurra qu'une
fois en dix confrontations.
Quant à l'Equateur, il va découvrir le haut niveau pour la première
fois de son histoire et peut déjà être heureux de s'être
invité au bal.
[...]
La Croatie
Mirko
Jozic, le sélectionneur que la presse et les supporters croates jugent
trop timoré, s'accroche à un poste qu'il avait un instant promis
de quitter une fois la qualification en poche. Très simplement, par les
résultats. En terminant première de son groupe éliminatoire,
la Croatie version Jozic a effacé la non-participation à l'Euro
2000. Cet échec avait précipité la chute de Miroslav Blazevic,
l'homme qui avait pourtant incarné, à partir de 1994, la fierté
de la jeune république croate, quart-finaliste à l'Euro'96, cinq
ans seulement après son émancipation de la fédération
yougoslave, et troisième de la Coupe du monde 1998 en France.
En
retenant Igor Stimac et Robert Prosinecki, qui étaient pourtant décidés
à suivre Zvonimir Boban, Aliocha Asanovic, Drazen Ladic et Slaven Bilic
à la retraite, Jozic a réussi à stabiliser un groupe qui
aurait pu éclater. Au cours des éliminatoires, il a également
réussi à bâtir une défense presque totalement imperméable
puisqu'elle n'a encaissé que deux buts en huit matches. Mais en perdant
sur blessure le petit prodige de la Juventus, Igor Tudor, l'arrière-garde
croate se retrouve fragilisée. Le "vieux" Robert Jarni, Dario
Simic et Robert Kovac auront du mal à le faire oublier.
Le dilemme de Jozic, c'est qu'au milieu du terrain et en attaque, les vieilles
gloires, tels Prosinecki, Alen Boksic ou Davor Suker, meilleur buteur de la Coupe
du monde 1998, ne sont plus des titulaires indiscutables dans leurs clubs. En
championnat, Boksic a débuté 20 fois sur 36 à Middlesbrough,
et Suker 14 fois sur 34 à Munich 1860. Quant à Prosinecki, son ratio
est un peu meilleur, 31 sur 46, mais c'est avec Portsmouth, 16e sur 24 de la "First
Division" anglaise (équivalent de notre D2). Comble de malchance,
il faudra aussi se passer du jeune buteur du Benfica Lisbonne, Tomislav Sokota,
opéré du tendon d'Achille en février 2002. Jozic n'aura guère
le choix, il devra faire davantage confiance à Jurica Vranjes (quatre fois
titulaire seulement en Bundesliga avec le Bayer Leverkusen), Niko Kovac (neuf
fois avec le Bayern Munich), au milieu, ainsi qu'à Tomislav Maric (douze
fois titulaire avec Wolfsburg) et Mladen Petric, devant.
AFP,
30/05/2002
La
fièvre commence à gagner la Croatie
Depuis Zagreb
A quelques
jours de la première rencontre mettant en scène l'équipe
nationale, la fièvre de la Coupe du Monde commence à gagner la Croatie,
même si les supporteurs ont été moins nombreux à faire
le voyage que lors de France 98.
En
1998, les supporteurs croates avaient été des milliers à
partir pour la France, un pays à moins de deux heures de vol. Pour Corée/Japon
2002, ils n'ont été que quelques centaines à pouvoir s'offrir
le long voyage jusqu'en Corée du Sud et au Japon. Sur les 1 500 tickets
d'entrée réservés au supporteurs croates, 400 seulement ont
été vendus.
L'affluence sera d'autant plus grande dans les très nombreux cafés
ou restaurants qui proposeront la retransmission des matches à leur clientèle,
transformant ainsi la plupart des villes du pays en véritables stades en
miniature au moment des rencontres.
Télévision grand écran, murs d'écrans, écrans
de toile pour vidéo-projection, tous les moyens sont bons pour attirer
les chalands. En prime, les commerçants proposeront des jeux, un rabais
sur les consommations, des séances de bingo ou de loto, des bureaux pour
les parieurs ou encore des fanions aux couleurs croates.
Montée de fièvre
Le quotidien Jutarnji List publie une liste, qui s'allonge chaque jour, des cafés
de Zagreb où l'on pourra suivre les rencontres en direct. Signalés
par un autocollant qui précise "Ici, on peut voir la Coupe du monde",
113 établissements à Zagreb et dans les environs sont déjà
prêts à profiter de l'aubaine. Il devrait y en avoir au moins 200
le 3 juin, lorsque aura lieu le premier match entre la Croatie et le Mexique.
Avant cette date, les établissements ouverts au public pourront procéder
à une répétition générale à l'occasion
du match d'ouverture de la Coupe du monde vendredi entre la France et le Sénégal:
les aficionados croates ne cachent pas leur préférence pour la France.
Le scénario, déjà fixé lors de France 98, où
la Croatie était parvenue en demi-finale, est désormais bien connu.
Après chaque match, les supporteurs affluent vers la place centrale de
la capitale, la place du Ban Jelacic, et n'hésitent pas, pour les plus
enthousiastes, à se plonger dans les eaux de la fontaine Mandusevac.
Autre
signe de cette montée de fièvre, le tirage des journaux et magazines,
notamment spécialisés, monte à mesure que s'approche le jour J.
Sportske Novosti, le seul quotidien sportif de Croatie, qui tire habituellement
à 30 000 exemplaires, a été vendu à 80 000 exemplaires
le 27 mai. Selon la direction du journal, il sera vendu chaque jour à 100
000 exemplaires pendant l'épreuve.
Soutien de Kostelic et Ivanisevic
Enfin, l'équipe croate a le soutien de deux vedettes mondiales du sport,
l'une et l'autre de nationalité croate, la skieuse Janica
Kostelic et le joueur de tennis Goran Ivanisevic.
"Si la Croatie passe le second tour, je pars pour le Japon", a déclaré
à Sportske Novosti Janica Kostelic, qui a remporté quatre médailles
aux derniers jeux Olympiques d'hiver. Selon ses pronostics, les Croates gagneront
2-1 contre le Mexique, puis battront l'Equateur 2-0. "Et ça continuera.
Je crois dans les garçons croates, bien que ce soit difficile de renouveler
les succès remportés en France en 1998", assure-t-elle.
Pour sa part, Goran Ivanisevic, qui se rétablit dans sa ville de Split
(sud) d'une récente opération à l'épaule gauche, n'ira
pas au Japon, ni en Corée du Sud. "Mais cela ne veut pas dire que
je ne regarderai pas les matches", ajoute-t-il, en précisant que son
épaule droite est, elle, en bon état et qu'il peut donc brandir
le drapeau.
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