09/10/2000
La Croatie salue le changement
politique en Yougoslavie
Saluant
la victoire de Vojislav Kostunica, la Présidence croate exprime le vu que
le changement de direction en Yougoslavie soit rapidement suivi deffets.
Zagreb sattend notamment à une condamnation claire de lagression
contre la Croatie en 1991, à des avancées sur lépineux problème
de la succession de lancienne fédération, comme dans le domaine de la stabilisation
régionale. Malgré les récentes déclarations du nouveau président yougoslave, la
Croatie veut espérer que Belgrade coopérera bientôt avec le Tribunal de La Haye.
Le prochain Sommet de Zagreb qui réunira les Quinze et les pays de la région pourrait
aussi être loccasion de mesurer les premiers pas accomplis.
La Présidence
de la République de Croatie a publié le 9 octobre un communiqué dans lequel elle
exprime « sa satisfaction quant aux résultats des élections qui ont
eu lieu en République Fédérale de Yougoslavie (RFY) » et adresse « ses
félicitations au président Kostunica pour sa victoire électorale ».
Après
le renversement du régime de Slobodan Milosevic, la Croatie exprime l'espoir de
voir les prochaines mesures prises par les dirigeants yougoslaves d'une part aller
dans le sens de « la condamnation de la politique agressive, criminelle et
avortée » menée auparavant, et d’autre part s'orienter vers « la mise
en ouvre de réformes devant aboutir a la démocratisation de la société ».
Zagreb se déclare dores et déjà entièrement disposé à
« résoudre de manière constructive toutes les questions [bilatérales]
encore ouvertes », mais attend de la nouvelle direction yougoslave quelle
« condamne et prenne clairement ses distances vis-à-vis de la
politique expansionniste grand-serbe du régime déchu », est-il ajouté.
Par ailleurs,
concernant lépineux problème de la succession
de lancienne fédération commune, la Croatie souhaite croire que les nouvelles
autorités yougoslaves se rallieront au point de vue partagé par tous les autres
États constitués sur le territoire de lancienne RSFY et largement admis
par la communauté internationale, selon lequel « la RFY nest que
lun des États héritiers (successeurs), égaux en droits, issus de lancienne
Fédération ». Elle a par conséquent « les mêmes droits
et obligations que les quatre autres États successeurs (Bosnie-Herzégovine, Croatie,
Macédoine et Slovénie) », est-il précisé.
En dautres
termes, la Croatie en appelle à la nouvelle direction en place à
Belgrade pour que la Yougoslavie qui, sous la direction de Slobodan Milosevic,
a tenté de se poser en héritier unique de lancienne fédération, renonce
désormais à cette ambition injustifiée et préjudiciable aux autres États
successeurs. Soucieuse de parvenir à un règlement équitable, la
Croatie estime parfaitement justifié que la RFY obtienne, à linstar
des autres États successeurs, « une quote-part adéquate quant aux avoirs,
archives, droits, créances et dettes de lancien État, de même que
le droit de bénéficier par voie de succession des accords internationaux conclus
par lancienne fédération yougoslave ». Enfin la Croatie rappelle
lobligation faite à la Yougoslavie de se soumettre aux mêmes
critères dadmission « avant toute adhésion à une
organisation internationale » et rejette catégoriquement léventualité
que la RFY puisse prétendre à un statut privilégié qui viserait à
len dispenser.
La présidence
croate espère également que lattitude de la « nouvelle
Yougoslavie démocratique » envers les minorités vivant sur son territoire
et les minorités serbe et monténégrine établies sur le territoire des pays voisins,
sera désormais dictée par lidée que les minorités « doivent devenir
un élément essentiel de la coopération entre les États, et non servir de prétexte
à des prétentions territoriales ». A cet égard, la Croatie estime
quen adoptant ces principes, Belgrade serait en mesure « de trouver
une solution pacifique et équitable aux relations entre la Serbie et le Monténégro »
actuellement tendues, ainsi quau statut du Kosovo et de la Voivodine. Cela
contribuerait également « à la stabilisation politique et à
la prospérité économique de la Bosnie-Herzégovine » dans le respect
de sa souveraineté et de son intégrité territoriale.
La Croatie
met toutefois en garde contre toute tentative qui viserait à « soustraire
la Yougoslavie à [ses] responsabilités quant aux crimes de guerre perpétrés
par les membres de ses forces armées et formations paramilitaires ou de ses ressortissants ».
Elle rappele que, sil ne saurait être question de culpabilité collective,
cest néanmoins « à lÉtat quil incombe de traduire
en justice les coupables, lequel a le devoir de les juger ou de les extrader au
Tribunal pénal international de La Haye, si demande en est faite ».
La présidence croate fait ainsi allusion aux récentes déclarations officielles
yougoslaves qui rejettent jusquà présent lidée même de
coopérer avec la justice internationale.
Quoiquil
en soit, la Croatie « comprend la volonté de la communauté internationale
daccueillir la nouvelle Yougoslavie, démocratique, de lever progressivement
les sanctions [...] et son souhait de laider à surmonter les difficultés
héritées ». Qui plus est, la Croatie est disposée à développer
ses relations avec la RFY et considère que « la consolidation
dune nouvelle Yougoslavie, démocratique, pacifique et constructive »
permettra dentrevoir des solutions à de nombreuses questions régionales
encore en suspens.
Les développements
auquel nous assistons sur lensemble du continent européen, annoncent, selon
la présidence croate, « lavènement dune nouvelle
Europe, unie, démocratique », où la Croatie aura toute sa place.
Souhaitant que la nouvelle Yougoslavie sengage à son tour dans cette
voie, la Croatie fonde lespoir que le prochain Sommet de Zagreb, qui se
tiendra fin novembre, soit aussi loccasion de constater « le caractère
et lenvergure » des progrès accomplis en Yougoslavie.
Le service
de presse
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