06/02/2003
CRISE
EN IRAK
"Ne pas se précipiter
vers la guerre"
Dans une déclaration publique sur la crise irakienne, le président
croate, M. Stipe Mesic, a estimé jeudi 6 février qu'il ne fallait
pas écarter la possibilité de recourir à la force, mais qu'il
convenait de s'y rallier en ultime recours et dans le cadre d'un mandat des Nations
unies, dont il a réaffirmé le rôle incontournable. Il a estimé
que la Croatie pouvait "mieux que d'autres apprécier [...] les solutions
obtenues par la voie diplomatique", rappelant qu'elle fut en 1991 contrainte
a engager le combat pour défendre sa liberté.
"Lors
de la dernière réunion
du Conseil de Sécurité, le Secrétaire d'État américain
a présenté une série d'informations relative à la
crise irakienne et à son éventuelle implication avec le terrorisme
international. Certaines de ces informations peuvent être classées
dans la catégorie de preuves, d'autres sont de solides indices. Les unes
comme les autres nous conduisent à avoir de fortes raisons de penser que
le régime de Bagdad ne coopère pas pleinement avec les inspecteurs
en désarmement des Nations Unies, violant ainsi les dispositions de la
Résolution 1441 du Conseil de Sécurité, votée en novembre
dernier, qui exige le démantèlement des armes de destruction massive
de l'Irak.
En tant
que Président de la République de Croatie j'ai plus d'une fois exprimé
mon ferme soutien à la mise en place et à l'action concertée
d'une coalition antiterroriste internationale. J'ai également insisté
à plusieurs reprises sur la nécessité placer sous surveillance
internationale efficace les armes de destruction massive et leurs sites de production
et, le cas échéant, de les détruire, si ce contrôle
ne pouvait être assuré.
Ces positions
sont toujours les miennes. J'ai la conviction que c'est là la meilleure
façon de préserver les intérêts fondamentaux de la
Croatie et de ses citoyens. En effet le terrorisme international et les armes
de destruction massive qui échappent à tout contrôle constituent
un danger potentiel, mais néanmoins bien réel, pour tous, y compris
notre pays.
Je veux
rappeler qu'à mes yeux toute action concrète visant de combattre
le terrorisme international doit être complétée par une démarche
à long terme destinée à en éradiquer les racines.
Par ailleurs, je tiens à insister une nouvelle fois sur la place et le
rôle incontournable des Nations Unies, aussi bien en matière de lutte
contre le terrorisme international que pour les efforts déployés
afin de repérer, mettre sous contrôle ou, en ultime recours, détruire
les armes de destruction massive.
La responsabilité
écrasante en incombe aux autorités de Bagdad. Ce sont elles qui
doivent prouver de manière incontestable qu'elles coopèrent pleinement
avec les inspecteurs en désarmement des Nations Unies. Elles doivent donc
répondre sans délai, et de manière satisfaisante, aux questions
que soulèvent les informations présentées au Conseil de Sécurité
par les États-Unis. Se contenter de nier ne saurait être une réponse
dont pourrait se satisfaire la communauté internationale. Il est nécessaire
de permettre aux inspecteurs de poursuivre leur travail, mais cela ne saurait
s'éterniser.
Aussi avant
de se résoudre à recourir à la force, nous faut-il être
absolument certains d'avoir épuisé toutes les autres voies susceptibles
de mettre en oeuvre les dispositions de la Résolution 1441 du Conseil de
Sécurité. Si les inspecteurs ne sauraient indéfiniment poursuivre
leurs inspections, il n'est pas plus envisageable de recourir à la hâte
à l'option de guerre de manière précipitée.
Si, comme
je le crois, nous aspirons à vivre dans un monde de paix, de stabilité
et de sécurité, il est des circonstances dans lesquelles nous ne
pouvons nous soustraire à prendre de difficiles décisions.
Un esprit
sage a jadis déclaré que c'était un crime que de refuser
de combattre lorsque la lutte ne pouvait être esquivée.
Nous qui
avons, il n'y a pas de cela si longtemps, vécu les affres de guerre, nous
savons mieux que d'autres apprécier la paix. Aussi sommes-nous profondément
attachés aux solutions obtenues par la voie diplomatique. Mais nous n'ignorons
pas pour autant que la Croatie ne serait aujourd'hui pas là si nous avions
refusé de combattre lorsque la guerre nous fut imposée.
Si malgré
tout la lutte pour la paix et la sécurité devait à son tour
être imposée au monde libre, la Croatie saura où est sa place.
J'ose espérer néanmoins qu'au moment ou je parle la paix a encore
sa chance. Il faut la lui donner./."
(Traduit
par le service de presse de l'ambassade)
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