REVUE DE
PRESSE
Les
Echos, 24/02/2003
UNION
EUROPÉENNE
La Croatie candidate
à l'entrée dans l'Union européenne
La demande d'adhésion
de la Croatie, dont le redressement économique est notable, illustre son
intégration internationale.
En
faisant officiellement acte de candidature à l'entrée dans l'Union
européenne, vendredi, la Croatie répond à une logique. Zagreb
aurait pu faire comme sa voisine, la Slovénie, qui fera partie de la première
vague des candidats, entrant dans l'Union dès mai 2004, au lieu d'appartenir...
à la troisième vague avec la Macédoine et, peut-être,
la Bosnie, la Serbie et l'Albanie. Elle aurait également pu faire partie
de la seconde vague, avec la Roumanie et la Bulgarie, en 2007. Après tout,
la Croatie a déclaré son indépendance en même temps
que la Slovénie, en 1991, et, si la guerre qui s'ensuivit contre les forces
fédérales a été plus longue et plus meurtrière
que le conflit entre Belgrade et Ljubljana, la Croatie n'en est pas moins un Etat
indépendant et en paix depuis sept ans. Mais ce n'est que depuis trois
ans qu'elle est devenue « fréquentable », après avoir
vécu sous la férule de Franjo Tudjman, un dictateur redoutable,
jusqu'à son décès en décembre 1999.
Le nouveau
régime s'est efforcé d'apurer le passif des années Tudjman,
en collaborant notamment avec le Tribunal pénal international de La Haye,
et en laissant se développer une presse indépendante.
Privatisation
de PME et de banques
En revanche,
la communauté internationale s'impatiente devant la lenteur avec laquelle
Zagreb autorise le retour des centaines de milliers de citoyens croates d'origine
serbe, réfugiés depuis le conflit de 1991-1995 dans une Serbie où
ils vivent dans des conditions épouvantables. Mais nul doute que ces problèmes
seront résolus quand les négociations d'adhésion entreront
dans le vif du sujet, en 2005-2007. La Croatie remplira alors clairement les critères
politiques pour entrer dans l'Union.
Reste
à surmonter les problèmes économiques. Le pays a à
peu près résorbé les effets de la guerre, et le gouvernement
d'Ivica Racan a présidé un début de libéralisation
de l'économie illustré par l'adhésion du pays à l'Organisation
mondiale du commerce et la privatisation de nombreuses PME et des banques. Plusieurs
de ces dernières ont été cédées à des
intérêts étrangers, un changement spectaculaire par rapport
aux pratiques antérieures dans un pays qui était réticent
à confier des entreprises aux étrangers, et peut-être même
au secteur privé. Cette amélioration du climat des affaires s'est
traduite par une hausse de 47 % des dépôts bancaires en 2001, et
par une croissance du PIB de 5 % l'an dernier. Mais le PNB par habitant demeure
encore inférieur en moyenne à 6.000 dollars, bien loin de la moyenne
de l'Union. Et le chômage est équivalent à 16 % de la population
active, tandis que le déficit commercial demeure inquiétant, les
exportations ne dépassant pas 54 % des importations.
Yves BOURDILLON
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