L'annonce a été faite par le premier
ministre slovène, Anton Rop, qui a expliqué que
la décision de la Slovénie était motivée
par l'interpellation mercredi, par la police croate, du chef du
Parti populaire slovène (SLS, droite, opposition), Janez
Podobnik, et de plusieurs responsables de cette formation politique,
près de la frontière croato-slovène, dont
le tracé de 680 km est très controversé.
La Slovénie, membre de l'Union depuis le 1er mai 2004,
et la Croatie - qui doit engager les négociations d'adhésion
au printemps 2005 - n'ont pas réglé leurs divergences
frontalières depuis leur indépendance en 1991.
"Des incidents inacceptables, comme celui
survenu mercredi soir (...), signifient que la Slovénie
ne peut plus apporter son soutien à la candidature de la
Croatie à l'UE", a dit M. Rop peu avant un conseil
des ministres extraordinaire convoqué dans l'urgence à
Ljubljana. Le ministre des affaires étrangères slovène,
Ivo Vajgl, avait annoncé dès mercredi soir avoir
rappelé pour consultations son ambassadeur à Zagreb.
M. Vajgl avait également fait part de l'incident à
Javier Solana, le haut représentant de l'UE pour la politique
étrangère.
Ancienne république yougoslave limitrophe
de l'Italie, de l'Autriche et de la Hongrie, la Slovénie
avait appuyé les démarches de la Croatie pour rejoindre
l'UE d'ici à 2007, malgré des divergences entre
les deux pays. Leurs relations se sont récemment exacerbées
après que la Croatie eut décidé d'instituer,
avant d'y renoncer, une zone
de pêche controversée dans la baie de Piran,
une zone de l'Adriatique où les deux pays s'opposent sur
leurs frontières maritimes.
BRUXELLES ATTEND UNE ENQUÊTE
Les autorités croates proposent une version
fort différente de cet incident, affirmant jeudi que le
groupe de politiciens slovènes avait tenté de franchir
"illégalement" la frontière. "Douze
ressortissants slovènes ont tenté de franchir la
frontière dans la région d'Istrie (Nord-Ouest) à
un endroit où il n'y avait pas de poste-frontière,
et certains d'entre eux ont refusé de montrer leurs documents
d'identité aux services croates des frontières",
a déclaré le ministère des affaires étrangères
dans un communiqué. Ils ont été relâchés
après avoir été brièvement interpellés
par la police, et une procédure judiciaire a été
engagée à leur encontre.
Evoquant l'incident, le ministère croate
estime que "tout autre pays européen et ses services
des frontières auraient agi de la même manière".
Et il appelle "la partie slovène à poursuivre
les discussions sur les questions d'intérêts communs,
en espérant que de tels incidents qui sapent les relations
bilatérales ne se reproduiront plus". Il estime que
"l'UE ne doit pas et ne peut pas être utilisée
comme moyen de pression sur la Croatie" et qu'il s'agit "d'une
politisation inappropriée et sans précédent
dans les pratiques de l'Union".
A Bruxelles, la Commission européenne s'est
dite jeudi "troublée" par cet incident. "Nous
sommes assez troublés par les rapports que nous avons lus",
a déclaré Emma Udwin, porte-parole du commissaire
européen aux relations extérieures, Chris Patten.
"Nous espérons que les autorités croates vont
enquêter sur cette affaire", a-t-elle ajouté,
précisant que la Commission attendait "avec une grande
impatience le résultat de cette enquête".
Avec
AFP