01/08/2000

Les incendies de forêts ravagent 45 600 ha

L’étendue des dégâts qui touchent 2,2 % du domaine forestier croate, aggravés par une sécheresse sans précédent, est évaluée à 650 millions de kunas (560 MF). L’entreprise forestière publique Hrvatske Sume envisage néanmoins de doubler ses exportations d’ici quatre ans.

En raison du nombre alarmant d’incendies de forêt, plus de six cents recensés depuis début janvier, l’année 2000 restera synonyme de bilan tragiquement lourd pour le domaine forestier croate. Zeljko Ledinski, le nouveau directeur de Hrvatske Sume [Forêts croates], l’entreprise publique chargée de l’exploitation du patrimoine sylvicole, estimait le 31 août lors d’une conférence de presse, que les dégâts occasionnés avaient atteint des proportions considérables. Cela à la fois sur le plan écologique, avec plus de 45 600 ha partis en fumée (près de 1 % du territoire national et 2,2 % du domaine forestier), que sur le plan économique, où les dommages sont d’ores et déjà chiffrés à quelque 650 millions de kunas (560 millions de francs). Le sud de la Croatie (Dalmatie), principalement couvert de végétation méditerranéenne a payé le plus lourd tribut, enregistrant à lui seul plus de 520 incendies.

La canicule qui s’est abattue cet été sur l’est de la Méditerranée (Grèce, Italie) est la cause principale de l’ampleur de ce désastre. Durement touchée, la Croatie n’a pas été en reste puisqu’elle a connu sa plus grave sécheresse depuis 50 ans. De plus, malgré la mobilisation de plusieurs milliers de soldats du feu et autant de volontaires, les quatre Canadairs dont disposent les pompiers croates se sont vite révélés insuffisants face au grand nombre de foyers et à l’étendue du sinistre. Le mauvais état général des domaines forestiers privés, qui représentent un quart des forêts, ainsi que les cultures laissées en friche sont autant de facteurs qui ont aggravé ce phénomène, puisque l’on y recense 50 % des départs de feux.

L’Arboretum de Trsteno en proie aux flammes

La destruction des deux tiers du célèbre jardin botanique, l’Arboretum de Trsteno près de Dubrovnik vient encore assombrir ce bilan déjà catastrophique. Une grande partie de ses essences rares, de ses palmiers centenaires et de sa flore exotique, qui avaient pourtant pour la plupart survécu aux dévastations perpétrées par l’armée serbe en 1992, semblent cette fois-ci irrémédiablement perdus.

L’Agence de protection de l’environnement n’a pourtant pas ménagé ses efforts dans sa prévention contre les incendies de forêt en engageant d’importants moyens : plus d’une centaine de postes de guet ont été mis en place, 2 600 kilomètres de tranchées pare-feu ont été aménagés au cours des dix dernières années et 127 millions de kunas ont été allouées cette année pour la seule prévention, dont 55 attribués par l’État. Étant constitués à 95 % de forêts naturelles, ce qui est aujourd’hui quasiment unique en Europe, les deux millions d’hectares de la forêt croate méritent à ce titre une attention spéciale. Cela d’autant plus qu’il reste encore 250 000 hectares à déminer au cours des 10 à 15 prochaines années avant que n’en soit achevée la remise en état complète.

On pouvait donc légitimement craindre que, sur le plan économique, cette situation ne grève davantage la santé financière encore fragile de Hrvatske Sume. Pourtant l’entreprise semble redémarrer depuis deux ans. Après avoir accusé des pertes avoisinant les 250 millions de kunas en 1998 (215 MF), elle était redevenue bénéficiaire depuis l’année dernière, engrangeant 31 millions de kunas (27 MF) d’excédent en 1999. Avec un nombre d’employés en hausse qui a aujourd’hui franchi la barre des 10 000 salariés, auxquels il faut associer quelque 24 000 employés dans l’ensemble de la filière bois, cette branche fortement excédentaire représente en Croatie entre 330 et 350 millions de dollars d’exportation annuels. Conforté par ces résultats, Zeljko Ledinski reste confiant quant aux perspectives commerciales de Hrvatske Sume et prédit même, malgré l’ampleur du désastre qui touche aujourd’hui le secteur, le doublement de ce chiffre d’ici trois à quatre ans.

Le service de presse (avec HINA et Vjesnik)