CentreEurope
Hebdo,
12/02/2004
Editorial
ÉLARGISSEMENT
2007
La
Croatie ne doit pas rester à l’écart
La
première série d’adhésions
à l’Union prévue en mai prochain fait d’ores
et déjà passer au premier plan de l’attention
internationale les autres « pays de l’Est »,
notamment du Sud-Est européen. Ici, il faut naturellement
distinguer l’ex-Yougoslavie du reste des Balkans, qui n’ont
pas connu les conflits sanglants des années 90. Mais cette
césure comporte un risque majeur : assimiler la Croatie
au groupe des États « en retard ».
Ce
pays n’est en effet pas moins avancé sur la voie
des réformes que la Roumanie et la Bulgarie - bien
au contraire -, et pourtant seuls ces derniers sont retenus
pour l’heure comme candidats à une adhésion
en 2007. Le nouveau Premier
ministre Ivo Sanader s’engage certes davantage encore
que ses prédécesseurs sociaux-démocrates
sur la voie d’une adaptation à l’UE et en particulier
d’une réintégration complète des Serbes
de Croatie dans la communauté nationale. Mais cela ne suffit
manifestement pas à certains, pour qui Sanader
a le tort d’appartenir au même parti HDZ que Franjo
Tudjman, un des belligérants du conflit de 1991-1995. C’est
oublier la transformation profonde de ce parti et du pays tout
entier depuis la fin de l’ère Tudjman.
Bruxelles
aurait donc tort d’interpréter les dernières
élections croates comme une raison de plus de laisser Zagreb
en-dehors du second élargissement. Il faut au contraire
soutenir les engagements de Sanader par une perspective
d'adhésion dès 2007. Ce serait non seulement
faire justice à un pays plus proche en tout point de Vienne
que de Belgrade, mais ce serait aussi un formidable moyen de favoriser
les forces démocratiques dans la Serbie voisine.
Thibaut
de Champris
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