25/02/2002
JO -
SALT LAKE 2002
Janica Kostelic, reine des
Jeux
La skieuse croate remporte
trois médailles d'or et une d'argent
En
gagnant le géant, après le combiné
et le slalom, en plus de l'argent du super-G,
la Croate Janica Kostelic est devenue, à 20 ans, la première skieuse
à remporter trois médailles d'or dans les mêmes JO. Par son
exploit historique, elle hisse la Croatie au 11e rang du tableau
des médailles.
Revue
de presse française (3/3) - première partie
24/02/2002
LE MONDE
Janica Kostelic construit
un exploit unique avec son sourire de tous les jours
Salt
Lake City - Eric Collier, envoyé spécial
A côté
d'elle, le Norvégien Kjetil-Andre Aamodt (deux médailles d'or) ou
l'Autrichien Stephan Eberharter (or, argent et bronze) ont réalisé
des Jeux olympiques timorés, presque insipides. Vendredi 22 février
à Park City, grâce à sa victoire dans le géant, après
les titres du combiné et du slalom, Janica Kostelic n'a pas seulement égalé
le record de Jean-Claude Killy et de Toni Sailer, les deux seuls skieurs de l'histoire
à avoir raflé trois médailles d'or lors des mêmes JO
(ils avaient alors fait le grand chelem car il n'existait que trois compétitions).
Elle a même obtenu une quatrième décoration, l'argent du super-G.
A 20 ans
tout juste passés, la jeune Croate est rentrée dans l'histoire du
ski alpin sans le moindre complexe ni la moindre exultation. Dans l'aire d'arrivée
ensoleillée de Park City, elle a levé les bras péniblement.
Elle s'est affalée sur la neige, alors que ses deux dauphines, la Suédoise
Anja Paerson et la Suissesse Sonja Nef, venaient la féliciter. Elle n'avait
plus de forces, juste un sourire un peu las : "Je suis fatiguée",
c'est tout ce qu'elle avait envie de dire. "Mon mental va bien, mais mon
corps a besoin d'un bon massage", a-t-elle ajouté. La sportive la
plus populaire de son pays peut s'attendre à un accueil triomphal en Croatie,
plus spectaculaire encore que celui que ses supporteurs lui avaient réservé
en mars 2001. Pour fêter sa victoire dans le classement général
de la Coupe du monde, 1 256 roses l'attendaient à l'aéroport, une
par points marqués pendant la saison.
LES
CROATES FONT UN TRIOMPHE À JANICA |
La
skieuse Janica Kostelic rapporte ses quatre médailles des J.O. de Salt
Lake City dans la capitale croate Zagreb, où elle est accueillie par 150.000
personnes.
Reuters
| Hrvoje
Polan
ZAGREB
(Reuters) - La triple championne olympique Janica Kostelic a été
chaleureusement accueillie par le Premier ministre croate et l'ambassadeur des
Etats-Unis à son retour des Jeux Olympiques d'hiver, à l'aéroport
de Zagreb où s'étaient massés des supporters enthousiastes.
Au son des cornes de brume et des chorales traditionnelles, la jeune Kostelic,
âgée de 20 ans, est descendue de l'avion des Croatia Airlines pour
se retrouver au milieu de ses supporters, au premier rang desquels le Premier
ministre Ivica Racan.
Sur la route de Zagreb, des milliers de Croates attendaient patiemment leur nouvelle
idole en agitant des drapeaux à damier rouge et blanc aux couleurs de la
Croatie.
Après une grave opération au genou il y a quelques mois, Janica
Kostelic est entrée dans l'histoire des Jeux Olympiques en devenant la
première skieuse à gagner quatre médailles au cours d'une
olympiade, dont trois d'or en combiné, slalom et slalom géant, et
une d'argent en super-G.
La Croatie, qui compte 4,4 millions d'habitants, n'avait auparavant jamais
remporté de médaille aux Jeux Olympiques d'hiver.
|
Les exploits
répétés de Janica Kostelic réjouissent d'autant plus
ses compatriotes qu'ils sont ceux d'une jeune fille, certes, surdouée,
mais qui a dû travailler d'arrache-pied pour atteindre ces sommets, puis
pour y revenir, après plusieurs graves blessures aux genoux.
LE CAMPING-CAR FAMILIAL
Lorsqu'elle disputait les épreuves comptant pour la Coupe d'Europe,
et même plus tard, à ses débuts en Coupe du monde, la Croate
se déplaçait d'une montagne à l'autre dans le camping-car
familial. Sur certaines étapes, on aurait vu la future championne et son
père Ante, un ancien handballeur de Montpellier, dormir dans la voiture.
La jeune fille aux tresses brunes s'est endurcie. "L'important n'est pas
d'où on vient. Si on travaille dur, on a des résultats", confie-t-elle.
Pendant toute son enfance, elle a multiplié les séances d'entraînement.
Par tous les temps, sur toutes sortes de pistes.
UNE TOUTE PETITE EQUIPE
"Son père la prépare dans
toutes les disciplines, indique la slalomeuse française Vanessa Vidal.
Elle a une toute petite équipe, un entraîneur personnel et tout un
staff d'une dizaine de personnes. Elle peut très bien s'adapter à
toutes les disciplines." Selon Philippe Auer, le directeur des compétitions
de l'équipementier Salomon, l'entourage de la jeune championne avait choisi
cette marque, en 1998, "parce qu'elle travaille dans les quatre disciplines".
Si les succès de la Croate doivent beaucoup à sa force de caractère,
ils sont aussi largement liés à son incroyable facilité sur
le plan technique. Dès ses débuts en Coupe du monde, en 1999, elle
avait surpris la concurrence en s'adaptant plus vite que tout le monde aux nouveaux
skis courts. Ses adversaires ont vite rattrapé leur retard. Elles n'ont
jamais égalé le talent naturel de Janica Kostelic."Elle a tout
le temps son bassin plus en avant que les autres au moment d'entrer dans les courbes,
souligne Vanessa Vidal. Il n'est jamais en retrait, il avance, il va chercher
de la vitesse. Elle a un ski très, très fluide. C'est inné."
Janica Kostelic n'avait jamais gagné un géant avant les JO de Salt
Lake City. Son meilleur résultat : une quatrième place, au même
endroit, en 1999. Mais avec son large succès dans l'épreuve du combiné,
le jour de la Saint-Valentin, elle a su que ce rendez-vous olympique était
promis à un bel avenir.
Pendant dix jours, elle a connu ce que les sportifs appellent "l'état
de grâce". Au fur et à mesure que les médailles s'additionnaient
autour de son cou, elle a skié dans un état de relâchement
complet, à rendre jalouses ses adversaires. "Le truc, c'est qu'elle
était vraiment relax, relève Sonja Nef. Elle avait déjà
ses deux médailles d'or, il lui suffisait de skier. Qu'elle finisse la
course ou pas, cela n'avait pas d'importance." Dans la deuxième manche
du géant de Park City, les caméras l'ont plusieurs fois surprise
en train de sourire.
22/02/2002
LE MONDE
Janica Kostelic est
imbattable
Ce n'est plus
la reine des Jeux, c'est l'impératrice.
Imbattable, sur un petit nuage très haut perché, Janica Kostelic
remporte sa troisième médaille d'or en plus d'une d'argent lors
des Jeux de Salt Lake et rentre dans l'histoire comme la première athlète
à réaliser une telle razzia olympique.
Kostelic semble évoluer dans une autre dimension, un peu comme lors de
la saison 2000-2001 au cours de laquelle elle avait remporté la grande
majorité des épreuves de slalom et la coupe du monde au général.
Facile
sur ses skis, insensible à la pression et aux performances des autres skieuses,
la Croate pourrait courir cent fois la course qu'elle la gagnerait 99 fois. Il
n'y a même pas de regret à avoir pour ses dauphines, Anja Paesron
et Sonja Nef, qui ont toutes deux réalisé une grande course. Mais
il n'y a qu'à constater les écarts, énormes dans cette discipline
(près de 1 seconde 32 centièmes sur Paerson et 1 sec 66 sur Nef),
pour comprendre la supériorité de la jeune Janica.
Pour retrouver trace d'une pareille performance, il faut se tourner vers les hommes
et Grenoble en 1968, où Jean-Claude Killy avait remporté l'or en
descente, slalom et géant. Mais il n'avait pas décroché de
quatrième distinction. En 1956 à Cortina, l'Autrichien Toni Sailer
avait aussi réalisé l'exploit de s'adjuger trois médailles
d'or. Chez les dames, l'ex-Allemande de l'Est Rosi Mittermaier avait gagné
l'or en descente et en slalom, l'argent en géant et le bronze en combiné
aux Jeux d'Innsbruck en 1976.
"Pour
retrouver trace d'une pareille performance, il faut se tourner vers les hommes"
|
Toutes
ces légendes sont désormais balayées par une croate de 20
ans, qui était encore incapable de monter sur des skis il y a quelques
mois à cause d'une douleur récurrente au genou. Mais la grâce
lui est revenue au bon moment, et a interdit à ses concurrentes d'approcher
la plus haute marche du podium. Seule Carole Montillet (en descente où
Kostelic n'était pas engagée) et Daniela Ceccarelli (en super géant)
sont parvenues à se parer de l'or olympique en échappant au tourbillon
croate.
Kostelic, déjà élevée au rang d'idole nationale puisqu'elle
avait apporté à la Croatie sa première médaille d'or,
risque de rentrer au pays en véritable déesse. Et si Janica en a
définitivement terminé avec sa moisson de médaille, son frère
Ivica pourrait se trouver bien inspiré de suivre les traces de sa soeur
dans le slalom spécial hommes, à courir ce samedi 23 février
2002.
Erwan
Le Duc (avec AFP)
23/02/2002
LIBÉRATION
SKI
ALPIN. Quatrième
médaille, en géant, pour la Croate.
Historique Kostelic
Par Lionel
FROISSART
à Salt Lake City
Elle n'a
pas tremblé, elle n'a rien lâché. L'année de ses 20
ans, la Croate Janica Kostelic s'est offert un record historique en remportant
quatre médailles alpines au cours d'une même quinzaine olympique.
Hier, à Park City, elle a décroché celle du géant,
après avoir déjà remporté le titre du combiné
la semaine dernière, celui du slalom mercredi et la médaille d'argent
du super-G entre-temps.
Sur un nuage. La Suédoise Anja Paerson, superbe attaquante, a eu
beau sortir son plus beau ski, elle n'a rien pu faire pour remettre à distance
la furie Kostelic. Sonja Nef, la spécialiste de la discipline, s'est trouvé
une petite place sur la troisième marche du podium, laissant les Autrichiennes
Meissnitzer et Dorfmeister ne pas se départager pour la quatrième
place. La plus mauvaise dans ces courses d'un jour.
Skier sur
un nuage, ça doit ressembler à ça. Caresser la neige des
spatules, ne jamais l'agresser. S'inscrire sur la trajectoire idéale et
ne plus la quitter. Transmettre l'énergie du corps à ses skis sans
les brusquer. Effacer les portes, les unes après les autres, en les effleurant
de l'épaule avec un équilibre parfait. Depuis quelque temps, Janica
Kostelic fait tout ça naturellement, sans même s'en rendre compte.
Elle s'en étonne d'ailleurs. Quand la maîtrise devient aussi évidente,
la perfection n'est pas loin.
Il
fallait voir sa tête à Janica dans l'aire d'arrivée de
la première manche de ce slalom géant olympique. Partie avec le
dossard 19, soit l'équivalent d'une deuxième série, c'est
l'exclamation de la foule lorsqu'elle a franchi la ligne d'arrivée qui
a immédiatement renseigné la Croate sur sa performance. Incrédule,
Kostelic a tout de même regardé à deux fois le tableau de
chronométrage pour ne pas avoir à se pincer. Alors que toutes les
spécialistes du géant l'avaient précédée, marquant
légèrement le tracé, elle venait de réussir l'incroyable
exploit de reprendre presque une demi-seconde à la bombinette Alexandra
Meissnitzer. L'Autrichienne qui, elle aussi, est en pleine résurrection
après une blessure qui l'a tenue éloignée de la Coupe du
monde au cours de la saison 1999-2000.
Les mains écartées, le sourcil relevé, Janica Kostelic en
était presque à s'excuser d'avoir frappé aussi fort après
cette première partie. Quelques chutes, dont celles de la favorite norvégienne
Andrine Flemmen, la confortaient dans son idée de marquer l'histoire en
étant la première athlète, chez les femmes comme chez les
hommes, à s'emparer de quatre médailles au cours des mêmes
Jeux.
Restait à réussir
la seconde manche.
Prise
de risques. Kostelic se rendait au départ goguenarde, laissant derrière
elle des adversaires interloquées avec pour unique solution de prendre
tous les risques. L'Espagnole Marie José Rienda Contreras, troisième
de la première manche, était déjà distancée
après quelques portes. La Suissesse Sonja Nef et les Suédoises Anja
Paerson et Ylva Nowen étaient prêtes à relever le défi
et tous les risques, tandis que Meissnitzer et Dorfmeister comptaient sur leur
immense expérience des grands rendez-vous pour revenir sur le podium.
Ce quintette majeur se trouve bien à l'arrivée, mais pas une de
ces jeunes filles ne skiait hier sur le même nuage que Janica Kostelic.
22/02/2002
LIBÉRATION
La Croate vise une quatrième
médaille en slalom géant.
Janica Kostelic, précoce
puis coriace
Par Lionel
FROISSART
Si Janica
Kostelic voulait remercier le CIO de lui avoir accordé, il y a sept ans,
une bourse olympique de "jeune espoir", elle y
est largement parvenue. Avant de s'aligner dans sa quatrième et dernière
épreuve de ski alpin des jeux nord-américains, le slalom géant
ce soir, la Croate a justifié les espoirs placés en elle en décrochant
trois médailles, dont deux en or (en slalom et combiné).
Même sans cette aide, modeste, qui lui a permis de bénéficier
dès 13 ans d'un soutien financier lui ouvrant les portes de stages d'équipes
plus huppées, le talent de Kostelic aurait forcément éclos
un jour ou l'autre. Elle y aurait sans doute perdu un peu de sa précocité,
mais au bout du compte le résultat n'aurait pas été très
différent. Tout simplement parce qu'elle est un phénomène.
Elle possède un équilibre hors du commun, une technique quasi instinctive
et surtout l'indispensable esprit de compétition.
Kostelic la diva
"La jeune Croate
est la grande star de ces Jeux. Elle a récolté, sous les ovations
du public, une médaille dans chaque épreuve où elle s'est
alignée (trois en or, une en argent)"
Libération, 25/02/2002
|
La part
du père. Native de Zagreb, Janica n'est pas la seule skieuse de la
famille Kostelic. Son frère Ivica, de trois ans son cadet, également
présent aux Jeux (slalom) l'avait précédée sur les
pistes. Pourtant, elle a été une skieuse précoce, déjà
très à l'aise sur les pentes dès 3 ans. Dix ans plus tard,
le Comité olympique croate (COC)
entend parler de son cas. Omniprésent, à la limite de l'envahissant,
Ante Kostelic, le père de Janica, a toujours été derrière
ses rejetons. Ils font des ravages sur les compétitions européennes.
C'est la fille qui prend l'ascendant. Outre sa facilité naturelle, Janica
travaille beaucoup à l'entraînement, sous le regard pressant de son
père, un ancien handballeur professionnel. Si les pères de Mary
Pierce, de Jennifer Capriati, de Tiger Woods et autre Patrice Martin formaient
un club, Ante Kostelic en serait le président d'honneur. Certains le regardent
comme un tyran. Lui se contente d'affirmer que le succès passe par une
implication de tous les instants. Par chance, Janica semble prendre du plaisir
à ces cadences infernales.
Pugnace. La bourse que le COC lui a fait obtenir
par le CIO lui permet de préparer dans de bonnes conditions les Jeux de
Nagano, en février 1998. La Croatie, indépendante depuis 1991, tient
beaucoup à sa participation. Au cours de l'hiver 1997-1998, Janica Kostelic,
qui n'a que 15 ans, part chercher sa qualification dans les épreuves de
Coupe du monde. Elle devient la plus jeune skieuse de l'histoire à y parvenir.
Elle fête ses 16 ans moins d'un mois avant son voyage au Japon, où
elle se classe dans les trente premières dans le slalom géant, le
super-G et la descente. Dans l'exercice qu'elle préfère, les slaloms
nerveux et à hauts risques, elle échoue le nez dans la neige, mais
elle a fait sa place en Coupe du monde. A Park City (où se déroulent
les épreuves alpines de Salt Lake City), à la fin de la saison 1998,
elle monte pour la première fois sur un podium.
L'hiver suivant n'est pas le plus lumineux. Peut-être à cause de
son grand gabarit (1,75 m, 73 kg), mais aussi de son engagement, très physique.
Janica se blesse à un genou lors d'un entraînement de descente. Elle
fait alors connaissance avec la partie sombre du métier de skieuse de haut
niveau et subit plusieurs opérations, avant de revenir sur le circuit.
Retour gagnant. La saison dernière, Janica Kostelic en étonne
plus d'une. Elle enfile les succès. Elle s'adjuge sept slaloms sur huit,
échouant une seule fois quand son genou capricieux la lâche à
nouveau. Propriétaire du globe de cristal (trophée de la Coupe du
monde), Janica se fait réopérer en septembre dernier. A quelques
mois des JO, ce contretemps ne l'inquiète pas outre mesure. A son retour,
à Val-d'Isère en décembre, elle affirme: "Mon objectif
est une médaille olympique." Sur les conseils de son père entraîneur,
elle oublie la Coupe du monde pour ne briguer que l'or distribué au pays
des mormons.
Janica Kostelic a gagné son pari au-delà de ses espérances.
Son visage d'adolescente s'illumine plus que jamais. Et la gamine a pris du poids.
Son compte en banque gonfle au rythme de son palmarès. Les sponsors se
bousculent au portillon pour accompagner sa carrière. La bourse olympique,
c'est déjà loin.
23/02/2002
LE PARISIEN
Kostelic, reine des
Jeux
L'exploit n'avait jamais été accompli
par une skieuse. En remportant le slalom géant, hier, la Croate Janica
Kostelic, 20 ans, a conquis sa troisième médaille d'or, à
laquelle s'ajoute à l'argent du super-G. Inouï.
Park City,
envoyés spéciaux
|
PARK CITY.
En remportant sa troisième médaille d'or lors du slalom géant,
la Croate Janica Kostelic entre dans la légende des Jeux Olympiques. A
seulement 20 ans. (AFP/Jeff Haynes) |
UNE OGRESSE
a fondu sur la piste ensoleillée de Park City. La jeune Croate Janica Kostelic
a pulvérisé hier toutes ses adversaires du slalom géant,
et remporté son troisième titre olympique. Après ses victoires
dans le combiné et le slalom
spécial, après sa médaille d'argent en super-G,
c'est sa quatrième médaille depuis le début des Jeux dont
elle restera la monarque absolue. Personne n'avait jamais fait aussi bien mais
il convient de rappeler que le programme des Jeux s'est alourdi de deux épreuves
à Calgary, en 1988. Les anciens ne connaissaient pas le super-G et on n'organisait
pas des courses spécifiques pour les adeptes du combiné alpin :
on se contentait de cumuler les temps de la descente et du slalom pour décerner
un titre officieux, sans médaille olympique à la clef. L'Autrichien
Toni Sailer et le Français Jean-Claude Killy n'ont pas à rougir
de la performance de Janica Kostelic, car s'ils ont respectivement remporté
trois médailles d'or aux Jeux de Cortina (1956) et Grenoble (1968), cela
représentait dans le contexte d'alors un grand chelem.
Formée à la dure
Mais on ne chipotera pas plus loin, car il faut savoir vivre avec son temps,
et on notera simplement que Kostelic aura réalisé sur ces Jeux,
à tout juste 20 ans, un truc énorme. Elle-même s'en dit très
étonnée, "car sur chacune de mes courses, raconte-t-elle, j'ai
eu l'impression de mal skier". Au départ de la deuxième manche,
elle se voyait d'ailleurs plutôt en argent ou en bronze, malgré son
coup d'éclat de la première manche. "Je savais que la Suédoise
Paerson (2e au final) et la Suissesse Nef (3e) venaient de skier très vite.
Et comme j'ai l'habitude de me faire ''pipi dessus'' dans les secondes manches...".
Elle allait gagner avec 1''32 d'avance. Un gouffre. Il a déjà été
écrit bien des choses à son sujet, mais il faut rappeler aujourd'hui
qu'elle a été formée au ski (à la dure) par son père,
qu'elle s'entraîne avec son frère Ivica, un des favoris du slalom
messieurs aujourd'hui, qu'elle n'est plus la gracile jeune fille débarquée
sur le circuit à seize ans, mais une solide femme bien plantée.
Elle s'était broyé le genou droit en 1999, elle a subi trois opérations
au genou gauche entre le printemps et l'été 2001, et elle souffrait
tant du dos en janvier que son technicien devait verrouiller pour elles les crochets
de ses chaussures. A écourter les délais de convalescence, elle
risque peut-être de "ne pas faire une bonne vieille", comme le
craint la Française Carole Montillet. Son record de trois médailles
d'or et une d'argent pourrait, en revanche, connaître une belle longévité.
F.A.
23/02/2002
LE
FIGARO
Janica Kostelic, le
phénomène croate
Mercredi,
entre les deux manches du slalom, la Croate Janica Kostelic est allée manger
un hamburger parmi les spectateurs, puis elle est passée échanger
quelques mots avec Laure Pequegnot et son entraîneur, Jacques Théolier.
"Ne va pas trop vite dans la deuxième manche", a-t-elle demandé
à Laure. "Elle est toujours comme ça, décontractée,
avec de l'humour, très sympa avec tout le monde", expliquait Jacques
Théolier après la course remportée par la Croate phénoménale.
Son deuxième titre olympique durant ces Jeux avec celui du combiné,
sa troisième médaille avec l'argent du super-G. Et elle sera au
départ du géant aujourd'hui. Opérée en juin, revenue
en cours de saison, la tenante du grand Globe de cristal
savait qu'elle ne pourrait pas se succéder à elle-même en
Coupe du monde cette année. Elle a tout misé sur les Jeux. Elle
a gagné le gros lot.
A la mi-décembre 99, une rupture des ligaments croisés du genou
droit lui avait valu cinq heures d'opération. La saison suivante, elle
remportait la Coupe du monde générale. Mais cette fois, c'est le
genou droit qui avait souffert. Au point de devoir repasser sur le billard en
juin 2001. Et encore une fois quelques semaines plus tard, suite à des
complications. "J'ai mal partout sauf aux cheveux", plaisante la jeune
fille surdouée, qui souffre également du dos de manière récurrente.
Pour compenser, elle dévore du métal précieux. Janica Kostelic
a eu 20 ans le 5 janvier : avec ses couettes, elle risque de chambrer ses concurrentes
encore pas mal de temps.
Ph.
C.
23/02/2002
La reine des Jeux
En gagnant le géant,
hier, après le combiné et le slalom, en plus de l'argent du super-G,
la Croate Janica Kostelic est devenue la première skieuse à remporter
trois médailles d'or dans les mêmes JO.
La une de L'Équipe,
23/02/2002
|
L'ÉQUIPE
Kostelic l'a
fait
Vainqueur du géant,
Janica Kostelic est entrée dans l'histoire du ski en s'offrant son 3e titre
olympique.
Trois
médailles d'or (géant, combiné,
slalom) : la jeune Croate de vingt ans a rejoint
Jean-Claude Killy et Toni Sailer, seuls skieurs à avoir accumulé
trois titres en alpin au cours des même Jeux. Son talent, sa technique et
son touché de neige sont incomparables. Son dévouement à
son sport également : stakhanoviste de l'entraînement, Janica Kostelic
a beaucoup martyrisé son corps pour parvenir à l'excellence. (...)
L'ÉQUIPE.fr
Kostelic dans l'histoire
A
20 ans, Janica Kostelic est devenue la première skieuse de l'histoire à
remporter trois titres lors d'une même olympiade. Après l'or du combiné
et du slalom, sans compter l'argent du super-G,
la jeune Croate a rajouté l'or du géant. Anja Paerson et Sonja Nef,
relégués loin derrière, complètent ce podium de rêve.
Imbattable.
Janica Kostelic était quasiment imbattable à Salt Lake City. Seule
Daniela Ceccarelli l'a devancée de cinq centièmes dans le super-G.
En dehors de cette médaille d'argent, la Croate a remporté l'or
du combiné, du slalom et du géant. Ce dernier titre fait d'elle
la skieuse la plus titrée de tous les temps sur une olympiade. (*)
Et
quel dernier sacre. Victorieuse de la première manche avec une demi-seconde
d'avance sur l'Autrichienne Alexandra Meissnitzer, Kostelic n'a pas fait que préserver
son avantage. Elle a creusé encore davantage le fossé qui la séparait
de ses concurrentes dans la seconde manche. Au total des deux passages, Janica
précède la Suédoise Anja Paerson, sa dauphine, d'une seconde
et 26 centièmes !
Blessée
en début de saison, on sentait Kostelic revenir en forme au bon moment
et postuler aux accessits du slalom spécial. Si cela souriait, la vainqueur
de la Coupe du monde 2001 pouvait éventuellement prétendre à
un podium dans sa discipline favorite. Mais personne ne la voyait entrer dans
la légende des Jeux.
Paerson,
première... derrière Kostelic
Derrière
un tel phénomène, une seconde place a presque valeur de victoire.
Anja Paerson a donc progressé d'un rang par rapport au spécial.
La Suédoise devient une habituée des grands rendez-vous. Championne
du monde de slalom l'an passé à Sankt Anton, elle avait aussi pris
la troisième place du géant en Autriche.
La
dernière place sur la caisse revient justement à la championne de
Sankt Anton, Sonja Nef. C'est justice pour la Suissesse, meilleure géantiste
de ces deux dernières années. La championne du monde en titre avait
pourtant raté sa première manche, mais rectifié le tir dans
la seconde.
Wundermädchen ?
Si
ce géant a délivré un nouveau podium splendide, les Autrichiennes
en sont encore une fois absentes. En dehors des deux médailles de Renate
Götschl (bronze en descente, argent en combiné), les Wundermädchen
repartent bredouilles de l'Utah. C'est donc un nouveau raté pour les skieuses
autrichiennes qui ne parviennent pas à se hisser au niveau de leurs homologues
masculins.
Le
dernier titre autrichien chez les femmes remonte au doublé de Petra Kronberger
(combiné-slalom) en 1992 à Albertville. La meilleure place de Michaela
Dorfmeister, leader de la Coupe du monde, à Salt Lake, est sa quatrième
place dans ce géant.
Côté
français, c'est l'inverse. Même si Carole Montillet, 18e, Christel
Pascal-Saïoni, 25e et Laure Péquegnot 33e, sont loin des meilleures
aujourd'hui, leurs Jeux resteront une belle réussite.
(*) Janica
Kostelic bat les records de l'Autrichien Toni Sailer (Cortina d'Ampezzo en 1956)
et de Jean-Claude Killy ( Grenoble en 1968), tous deux auteurs d'un triplé
en or : géant, descente, slalom. Il s'agissait à l'époque
d'un grand chelem en l'absence du super-G et du combiné. Cela dit, Kostelic
remporte une médaille de plus grâce à l'argent du super-G.
Les records (deux titres et une médaille d'argent) de l'Allemande Rosi
Mittermaier (Innsbrück 1976) et de la Liechtensteinoise Hanni Wenzel (Lake
Placid 1980) sont donc battus aujourd'hui.
Xavier
Audebert
envoyé
spécial à Salt Lake City.
>>>
suite de la revue de presse
|