25/02/2002
JO -
SALT LAKE 2002
Janica Kostelic, reine des
Jeux
La skieuse croate remporte
trois médailles d'or et une d'argent
En
gagnant le géant, après le combiné
et le slalom, en plus de l'argent du super-G,
la Croate Janica Kostelic est devenue, à 20 ans, la première skieuse
à remporter trois médailles d'or dans les mêmes JO. Par son
exploit historique, elle hisse la Croatie au 11e rang du tableau
des médailles.
Revue
de presse française (3/3) - suite et fin
L'ÉQUIPE.fr
Kostelic, déjà
une légende
A
20 ans, Janica Kostelic est devenue, vendredi soir, la première skieuse
de l'histoire à remporter trois titres lors d'une même olympiade.
Après l'or du combiné et du slalom, sans compter l'argent du super-G,
la jeune Croate a rajouté l'or du géant. Paerson et Nef complètent
ce podium de rêve. Notre envoyé spécial avait rencontré
Janica Kostelic quelques heures avant son exploit.
Janica
était un peu en retard ce jour-là. Pas franchement une habitude
pour celle qui, depuis deux saisons déjà, a pris l'habitude de faire
des chronomètres du Grand Cirque Blanc son heure officielle. A Deer Valley,
dans des conditions difficiles, la Croate venait de remporter quelques minutes
plus tôt son second titre des Jeux. Reléguant Laure Pequegnot à
sept petits centièmes de l'or olympique du slalom. Une marge infime mais
tellement suffisante pour couronner, de nouveau, cette championne d'exception.
Laure
Pequegnot : "Janica est impressionnante. Très forte dans sa tête
et elle réussit dans plusieurs disciplines. Ce qui n'est pas mon cas. Alors,
oui, elle est une source d'inspiration pour moi. Terminer à sept centièmes
d'elle, c'est déjà très bien."
Zagreb,
le camping et le ski
La
démarche claudicante -"mes genous me font un peu souffrir, comme à
chaque fois que je suis à 100%"- Janica pousse enfin la porte de la
salle d'interview. "Hi !" Salut à l'américaine. La championne
au visage poupin ne quitte pas un large sourire. Dehors, les membres de l'équipe
croate n'en finissent plus de chanter les mérites de la "Sensation
croate", son autre surnom.
De
nouvelles larmes ont épousé les sillons du visage buriné
d'Ante Kostelic, chef de famille plus que modeste, aujourd'hui reconverti en coach
de champions (il s'occupe aussi d'Ivica, le frère aîné). Revoit-il
une nouvelle fois le film de ces années de galère, lorsque la famille
Kostelic tournait autour de Zagreb en auto ? A la recherche d'un terrain calme
pour dormir sous la tente, l'été. Ou d'un parking couvert pour abriter
cette maison roulante et ses occupants transis, l'hiver.
Ou
le temps des vingt à trente descentes infligées quotidiennement
à Janica, alors qu'elle n'avait que neuf ans ? "C'était beaucoup,
oui. Et alors ? J'étais simplement heureuse. Mon père m'aurait
dit : "On va skier quarante-huit heures d'affilée", je l'aurais
fait avec plaisir" reconnait, amusée, Janica.
Rendez-vous
avec l'histoire
Le
temps des galères aux relents de sandwiches au salami est révolu.
Saint-Moritz, Deer Valley, Park City... Les stations les plus huppées de
la planète laissent aujourd'hui volontiers le clan Kostelic poser ses valises.
Aucun problème. La voiture qui attend sous la neige est un énorme
4x4 Chevrolet intérieur cuir.
"Oui,
nous vivions dans une voiture, sous une tente. C'était une période
difficile pour nous. Enfin, je crois. Car à l'époque, j'étais
tellement petite que je prenais ça pour du camping permanent. Comme des
vacances. Ce n'est que lorsque j'ai grandi que j'ai perçu la réalité
autrement." Pour Janica, le flash-back est délicat. Mais le sourire
est toujours là. "Parler de tout ça prendrait beaucoup de temps.
Et nous n'en avons pas, ni vous ni moi."
Un
peu de temps pour la course alors. Comme toujours, "Jani" n'est pas
satisfaite : "Je n'ai pas été très bonne aujourd'hui.
La piste et les conditions n'y sont pas étrangères. Mais je termine
quand même première." Fausse modestie ou regard très
sévère sur elle-même ? Les avis sont partagés sur le
circuit.
Ce
nouveau titre en slalom étouffera en tout cas, pour un instant, les détracteurs
de la championne croate. Car avec trois médailles dans la besace et une
quatrième possible aujourd'hui à Park City, en slalom géant,
"Jani" a rendez-vous avec l'Histoire. Une quatrième médaille
(un troisième titre ?) ferait en effet d'elle la première skieuse
à avoir réussi ce tour de force aux Jeux.
Un
lit de 1256 roses. Et après ?
"J'ai
trois médailles... Oui, c'est déjà pas mal. Mon titre en
combiné m'a mis en confiance. Si une quatrième médaille arrive,
ce sera bien. Et je vais tout faire pour essayer. Mais si je n'y arrive pas, ce
n'est pas grave. La vie continuera car ce n'est pas l'essentiel."
A dix
mille kilomètres de l'Utah, Zagreb et la Croatie se creusent les méninges.
Quatrième médaille ou pas, le retour au bercail de "Jani"
sera l'occasion d'une énorme fête. Mais comment faire oublier le
lit de 1256 roses rouges (une pour chaque point marqué en Coupe du monde
2001) déposées dans le hall de l'aéroport de Zagreb par Stipe
Mesic, le président croate ? "Je n'y ai pas pensé", glisse
Janica dans un dernier sourire.
23/02/2002
NOUVELOBS.COM
Janica Kostelic
entre dans l'histoire
La jeune prodige détrône Jean-Claude Killy et Toni
Sailer
La
Croate Janica Kostelic a rejoint dans les encyclopédies Jean-Claude Killy
et Toni Sailer, seuls skieurs avant elle à avoir remporté trois
médailles d'or au cours des mêmes Jeux olympiques d'hiver, grâce
à sa victoire vendredi dans le slalom géant des JO de Salt Lake.
Médaillée d'or du combiné
et du slalom, Kostelic, également deuxième
du super-G, ne faisait pas partie des favorites du géant.
Agée de 20 ans seulement, elle a pourtant écrasé ses adversaires,
reléguant sa dauphine à 1.32 secondes à l'issue d'une course
qui se joue d'habitude au dixième de seconde près.
"Je
n'avais aucune pression. J'avais déjà trois médailles avant
ça et je n'avais aucune raison d'être nerveuse. Depuis ma première
médaille, je me sens vraiment détendue. C'est peut-être ça",
a déclaré la championne.
Kostelic, qui est devenue la première athlète à remporter
quatre médailles en ski alpin au cours des mêmes Jeux olympiques,
a conclu les deux manches du slalom en 2 minutes, 30.01 secondes. La Suédoise
Anja Paerson, troisième du slalom, s'est adjugé l'argent, devant
la championne du monde suisse Sonja Nef.
"Je savais que Anja et Sonja avaient très bien skié, alors
je devais faire de mon mieux", a poursuivi Kostelic, qui a réalisé
le meilleur temps des deux manches. "Je ne pensais vraiment pas que je pourrais
les passer, je pensais que je serais deuxième ou troisième, alors
je me suis contentée de faire de mon mieux dans la deuxième manche."
"Et je ne m'attendais pas à faire une bonne deuxième manche
parce que j'ai l'habitude d'en rater une des deux", a-t-elle ajouté.
"C'est super, mais vous savez, quelqu'un battra bientôt ce record.
Peut-être lors des prochains Jeux."
En famille ?
Jusqu'à présent, Kostelic est la seule Croate médaillée
aux Jeux olympiques d'hiver. Mais ce privilège pourrait être aboli
dès samedi si son frère aîné Ivica, favori du slalom
avec l'Américain Bode Miller, parvient à l'imiter.
Les Kostelic sont entraînés par leur père, Ante, qui les a
encouragés à skier depuis leur enfance. Mais avant d'atteindre la
gloire, toute la famille a dû faire de nombreux sacrifices.
Leur village
croate ne possédant que deux petites stations de ski, les Kostelic ont
parcouru l'Europe dès l'adolescence pour participer aux courses juniors,
dormant souvent sous des tentes ou dans leur voiture, se nourrissant de salami
et de sandwiches.
Janica
Kostelic, "la sensation croate", a raté la première partie
de la saison de Coupe du monde en raison de trois opérations du genou successives.
Lauréate du général de la Coupe
du monde de ski alpin et de la Coupe du monde de slalom l'année dernière
en remportant huit des neuf slaloms de la saison, elle est revenue sur le circuit
à la fin du mois de décembre.
Son meilleur résultat en géant cette saison restait une quatrième
place. Du coup, elle n'occupe que la 30e place de la Coupe du monde de la spécialité.
Vendredi dans l'aire d'arrivée, Kostelic a embrassé un petit drapeau
croate avant d'être chaleureusement félicitée par Paerson.
Jusqu'en 1988, avant l'introduction du super-G et le retour du combiné,
il n'y avait que trois épreuves de ski alpin aux Jeux. Cinq hommes et cinq
femmes, dont Kostelic, ont remporté trois médailles au cours des
mêmes Jeux.
A Salt Lake, la Croate a décroché une médaille dans chacune
des épreuves qu'elle a disputées. Elle avait choisi de ne pas participer
à la descente.
Killy et Sailer avaient remporté trois médailles d'or aux Jeux respectivement
en 1968 et 1956. (AP)
23/02/2002
AFP
Kostelic, née
pour être championne
Le Jeux sont faits,
l'histoire retiendra Janica
"A Salt Lake, on
attendait l'Autrichien Stephan Eberharter. C'est finalement une jeune Croate de
20 ans, Janica Kostelic, qui a étincelé comme une étoile
des neiges, enlevant quatre médailles (un record en ski alpin) dont trois
en or (géant, combiné, slalom). Un exploit qui prend toute son ampleur
quand on sait que la jeune fille est revenue sur le circuit seulement au mois
de décembre, après avoir subi trois opérations du genou."
Tim Korte - AP - 24/02/2002
|
ASon
père Ante en est convaincu: reine des Jeux d'hiver avec quatre médailles
en ski alpin, dont trois en or, la Croate Janica Kostelic, née le 5 janvier
1982, aurait également réalisé des prouesses dans d'autres
sports, le handball et le tennis en particulier.
Avec des
parents, Ante et Marica, ayant pratiqué le handball à haut niveau,
Janica avait évidemment des dispositions dans la discipline. "A dix
ans, elle a épaté les animateurs d'un camp d'entraînement
en jouant arrière", souligne Ante, 60 ans.
Mais c'est en ski alpin, un sport anachronique dans un pays indépendant
depuis seulement une dizaine d'années et qui manque de sommets enneigés,
que Janica exprime ses formidables qualités musculaires et mentales.
"Elle a gagné plusieurs fois les trophées Topolino et Pinocchio,
en Italie, officieux championnats du monde de slalom et slalom géant pour
minimes et cadets. Des épreuves qu'ont remportées des champions
comme Ingemar Stenmark, Marc Girardelli. En une occasion, elle a précédé
sa suivante de six secondes", se rémémore Ante Kostelic.
"On
ne l'entend pas arriver. Elle passe, légère, comme un nuage, grâce
à une sensibilité exceptionnelle de ses pieds", explique Tino
Pietrogiovanna, directeur de l'équipe d'Italie dames.
Le
goût de la compétition
Ante, qui n'était pas loin du six majeur de la grande équipe
de Yougoslavie, a communiqué son gôut de la compétition à
ses deux enfants, dont Ivica (22 ans), leader de la Coupe du monde de slalom et
un des favoris de l'épreuve olympique.
Nous sommes différents de caractère avec mon frère, mais
nous sommes très proches", dit-elle. Ivica, qui a connu le bistouri
des chirurgiens plus souvent que sa soeur, pourtant opérée quatre
fois aux genoux, aime moquer sa tendance à l'hypocondrie. "Elle a
toujours quelque chose, mal à la tête, des douleurs dans le dos",
sourit-il.
Ante a été un maître patient mais aussi sévère
pour sa progéniture. "Parfois, on râlait. Mais c'est toujours
lui qui finissait par avoir raison", assure la quadruple médaillée
olympique. "Au fond, j'ai pensé avant tout à leur développement,
en leur inculquant des valeurs de travail, de persévérance, mais
sans jamais les angoisser par la recherche du résultat. Nous avons des
relations de confiance", ajoute le père.
Une couche-tôt
Ante a aussi un coeur de papa. "Parfois, quand je pense à toutes
ses blessures, je suis un peu triste. Cela fait partie de la vie des skieurs,
mais c'est une jeune fille et ce n'est pas bon pour sa beauté".
Avec ses deux tresses, qui accentuent sa ressemblance avec Obélix, dont
elle aurait troqué le menhir pour un sac à dos volumineux, Janica
n'a rien de la femme fatale. Quand elle avoue "aimer bien dormir et aller
(se) coucher à neuf heures", quelques mauvaises langues persifflent:
"On la comprend. Que pourrait-elle faire d'autre ?".
Remporter des médailles évidemment. "Je n'ai pas besoin de
record. Je gagne une médaille, je la mets dans son sac et je vais chercher
la suivante", explique-t-elle. Le Norvégien Kjetil André Aamodt,
qui détient le record de 17 médailles dans les compétitions
majeures (JO et Mondiaux), a probablement trouvé une rivale.
23/02/2002
REUTERS
L'extraterrestre Kostelic méduse ses adversaires
Par Patrick Vignal
PARK CITY,
Utah - Janica Kostelic avait beau garder les pieds sur terre après être
entrée dans l'histoire olympique vendredi, ses adversaires sont convaincues
qu'elle vient d'une autre planète.
"Je me demande si elle est humaine", a déclaré sa dauphine
Anja Paerson, médaille d'argent du slalom géant, à propos
de la Croate. "Ce qu'elle a déjà réalisé à
son âge est tout simplement ahurissant", a ajouté la Suédoise,
qui n'a rien pu faire pour empêcher la tornade croate de rafler sa troisième
médaille d'or à Salt Lake City. "C'est une si grande skieuse
et la force mentale dont elle fait preuve est incroyable."
Opérée à trois reprises du genou gauche depuis le mois de
septembre, Kostelic s'était montrée très discrète
au cours de l'hiver. Elle avait déjà l'esprit tourné vers
les Jeux et, dès qu'ils ont débuté, elle s'est montrée
inarrêtable. Elle a remporté l'or du combiné et du slalom
et, comme si elle voulait prouver qu'elle n'était pas qu'une brillante
technicienne, elle a raflé l'argent du super-G à la surprise générale.
Elle a achevé hier son butin avec la manière en reléguant
Paerson à 1"32 seconde.
Elle est ainsi devenue la première femme à remporter trois médailles
d'or au cours des mêmes Jeux en ski alpin. Pour retrouver trace d'une pareille
performance, il faut en effet se tourner vers les hommes et Grenoble en 1968,
où Jean-Claude Killy avait remporté l'or en descente, slalom et
géant. En 1956 à Cortina, l'Autrichien Toni Sailer avait aussi réalisé
l'exploit de s'adjuger trois médailles d'or.
IMBATTABLE SUR TERRE
"Je ne me suis pas préoccupée du record. Je prends les
courses une par une", a déclaré la Croate. Même la championne
du monde suissesse Sonja Nef, qui avait dominé la discipline ces deux dernières
saisons, n'a rien pu faire contre le phénomène de Zagreb.
"Sa première médaille a été décisive",
a déclaré la médaillée de bronze au sujet de Kostelic.
"Après cela, elle n'avait plus du tout de pression et a toujours été
très décontractée. Quelle skieuse!" "Je n'ai plus
d'énergie", a toutefois déclaré la Croate, après
son nouvel exploit. "Je pense que je vais juste aller chercher ma médaille
et aller me coucher."
Après une première manche sans faute au cours de laquelle elle avait
pris le commandement, Kostelic a bien écouté son père Ante,
élément central d'une famille très unie où le frère
aîné Ivica espère aussi se faire remarquer lors du slalom,
ce samedi. "Deux secondes avant que je m'élance, mon père m'a
dit 'serre tes bâtons très fort et donne tout ce que tu as sur les
cinq ou six premières portes'", a confié la triple championne
olympique. "Je l'ai fait et ça a marché."
Désormais, la Croatie, qui n'avait jamais remporté de médaille
d'or aux Jeux d'hiver auparavant, prépare un accueil bouillant à
sa championne. "Nous allons avoir une nouvelle guerre en Croatie, mais elle
sera pacifique cette fois", a dit le porte-parole de l'équipe croate
Ozren Müller.
Le père de la championne sait, lui, mieux que quiconque que sa fille est
simplement un être humain, mais il pense tout de même qu'un voyage
dans l'espace pourrait être une bonne idée. "Personne ne peut
la battre sur Terre", a-t-il dit. "Peut-être allons nous aller
sur Mars."
23/02/2002
AFP
Kostelic dans la légende
La Croate Janica Kostelic a établi un record en ski alpin avec quatre médailles,
dont trois en or, dans les mêmes jeux Olympiques d'hiver, en dominant le
slalom géant dames vendredi à Park City.
Kostelic,
20 ans, avait déjà remporté les médailles d'or du
combiné et du slalom et l'argent du super-G au cours de la quinzaine olympique.
La skieuse de Zagreb a signé de ses spatules la fin d'une époque,
celle des légendaires Toni Sailer et Jean-Claude Killy, victorieux de trois
médailles d'or respectivement à Cortina d'Ampezzo, en 1956, et à
Grenoble, en 1968.
Pourtant, elle n'a pas pris conscience de la portée de son exploit. Ou
feint l'indifférence. "Je me moque des records. Quand j'ai une médaille,
je la mets dans mon sac et je vais chercher la suivante", a déclaré
la reine des Jeux.
Quels écarts !
La prodige a réalisé les meilleurs temps de chaque manche pour repousser
la Suédoise Anja Paerson, de 1 seconde 32/100, et la championne du monde
suisse Sonja Nef, de 1 sec 66/100.
Seule l'Américaine Andrea Mead-Lawrence, pour les débuts olympiques
de la discipline en 1952, la Canadienne Nancy Greene, en 1968, et l'Italienne
Deborah Compagnoni, double championne olympique de la spécialité
(1994 et 1998), avaient creusé des écarts plus importants.
Paerson a rapidement compris la supériorité de la Croate, qui n'a
fait qu'augmenter son avance au long du second tracé, dessiné par
l'entraîneur des Suédoises.
Dans l'aire d'arrivée, la skieuse de Taernaby, toute à son bonheur
d'une seconde médaille olympique après le bronze du slalom, a été
la première à féliciter la lauréate. "Janica
n'avait aucune pression. Elle est incroyable. Je me demande si elle est humaine",
s'est exclamé la Nordique, admirative de tant de sang-froid.
Et pourtant il y a un mois...
Une qualité dont Janica Kostelic a dû faire preuve après une
période de doutes très longue. Cela avait commencé l'an dernier,
lorsque victorieuse de huit succès d'affilée en Coupe du monde,
elle avait échoué à la 5e place des Mondiaux de Sankt-Anton.
Le doute avait fait place à la détresse quand après une série
d'opérations au genou, la Croate n'était plus en mesure d'aligner
un résultat mais même de se déplacer.
Pourtant, la cadette de la famille Kostelic a réussi à retrouver
son niveau de ski et à se transcender pour ce grand événement
qu'est la compétition olympique. Pour des JO en or. Et le record que l'on
sait.
22/02/002
AP
Triple médaillée d'or, Kostelic entre dans l'histoire
par Rob Gloster
PARK CITY,
Utah - La Croate Janica Kostelic a rejoint dans les encyclopédies Jean-Claude
Killy et Toni Sailer, seuls skieurs avant elle à avoir remporté
trois médailles d'or au cours des mêmes Jeux olympiques d'hiver,
grâce à sa victoire vendredi dans le slalom géant des JO de
Salt Lake.
Médaillée d'or du combiné et du slalom, Kostelic, également
deuxième du super-G, ne faisait pas partie des favorites du géant.
Agée de 20 ans seulement, elle a pourtant écrasé ses adversaires,
reléguant sa dauphine à 1.32 secondes à l'issue d'une course
qui se joue d'habitude au dixième de seconde près.
''Je
n'avais aucune pression. J'avais déjà trois médailles avant
ça et je n'avais aucune raison d'être nerveuse. Depuis ma première
médaille, je me sens vraiment détendue. C'est peut-être ça'',
a déclaré la championne.
Kostelic, qui est devenue la première athlète à remporter
quatre médailles en ski alpin au cours des mêmes Jeux olympiques,
a conclu les deux manches du slalom en 2 minutes, 30.01 secondes. La Suédoise
Anja Paerson, troisième du slalom, s'est adjugé l'argent, devant
la championne du monde suisse Sonja Nef.
''Je savais que Anja et Sonja avaient très bien skié, alors je devais
faire de mon mieux'', a poursuivi Kostelic, qui a réalisé le meilleur
temps des deux manches. ''Je ne pensais vraiment pas que je pourrais les passer,
je pensais que je serais deuxième ou troisième, alors je me suis
contentée de faire de mon mieux dans la deuxième manche.''
''Et je ne m'attendais pas à faire une bonne deuxième manche parce
que j'ai l'habitude d'en rater une des deux'', a-t-elle ajouté. ''C'est
super, mais vous savez, quelqu'un battra bientôt ce record. Peut-être
lors des prochains Jeux.''
Jusqu'à présent, Kostelic est la seule Croate médaillée
aux Jeux olympiques d'hiver. Mais ce privilège pourrait être aboli
dès samedi si son frère aîné Ivica, favori du slalom
avec l'Américain Bode Miller, parvient à l'imiter.
Les
Kostelic sont entraînés par leur père, Ante, qui les a encouragés
à skier depuis leur enfance. Mais avant d'atteindre la gloire, toute la
famille a dû faire de nombreux sacrifices.
Leur village croate ne possédant que deux petites stations de ski, les
Kostelic ont parcouru l'Europe dès l'adolescence pour participer aux courses
juniors, dormant souvent sous des tentes ou dans leur voiture, se nourrissant
de salami et de sandwiches.
Janica Kostelic, ''la sensation croate'', a raté la première partie
de la saison de Coupe du monde en raison de trois opérations du genou successives.
Lauréate du général de la Coupe
du monde de ski alpin et de la Coupe du monde de slalom l'année dernière
en remportant huit des neuf slaloms de la saison, elle est revenue sur le circuit
à la fin du mois de décembre.
Son meilleur résultat en géant cette saison restait une quatrième
place. Du coup, elle n'occupe que la 30e place de la Coupe du monde de la spécialité.
Vendredi dans l'aire d'arrivée, Kostelic a embrassé un petit drapeau
croate avant d'être chaleureusement félicitée par Paerson.
Jusqu'en 1988, avant l'introduction du super-G et le retour du combiné,
il n'y avait que trois épreuves de ski alpin aux Jeux. Cinq hommes et cinq
femmes, dont Kostelic, ont remporté trois médailles au cours des
mêmes Jeux.
A Salt Lake, la Croate a décroché une médaille dans chacune
des épreuves qu'elle a disputées. Elle avait choisi de ne pas participer
à la descente.
Killy et Sailer avaient remporté trois médailles d'or aux Jeux respectivement
en 1968 et 1956.
22/02/2002
REUTERS
Janica Kostelic entre dans la légende du ski
PARK CITY,
Utah - La Croate Janica Kostelic a fait une entrée
fracassante dans la légende du ski alpin en décrochant avec le slalom
géant une quatrième médaille, sa troisième en or,
aux Jeux olympiques de Salt Lake City.
Kostelic, âgée de 20 ans, a devancé en 2'30"01 la Suédoise
Anja Paerson, médaillée d'argent, et la Suissesse Sonja Nef, qui
s'est adjugé le bronze. Paerson et Nef ont été reléguées
à plus d'une seconde.
"Avant les Jeux, je rêvais d'une seule médaille", a dit
Kostelic dans l'aire d'arrivée. "Je ne peux pas exliquer ce qui arrive,
c'est une grande surprise pour moi." "Depuis le début de ces
Jeux, j'ai l'impression de mal skier", a ajouté la Croate.
D'abord titrée en combiné avant de décrocher l'argent en
super-G, Kostelic avait remporté le
slalom mercredi. Pour retrouver trace d'une
pareille performance, il faut se tourner vers les hommes et Grenoble en 1968,
où Jean-Claude Killy avait remporté l'or en descente, slalom et
géant. Mais il n'avait pas décroché de quatrième distinction.
En 1956 à Cortina, l'Autrichien Toni Sailer avait déjà réalisé
l'exploit de s'adjuger trois médailles d'or. Chez les dames, l'ex-Allemande
de l'Est Rosi Mittermaier avait gagné l'or en descente et en slalom, l'argent
en géant et le bronze en combiné aux Jeux d'Innsbruck en 1976.
La dernière des quatre médailles de Kostelic a été
acquise de haute lutte.
UNE SECONDE MANCHE EPOUSTOUFLANTE
Car toutes les favorites étaient présentes au départ
du géant, de Sonja Nef, leader de la Coupe du monde de la spécialité,
à Michaela Dorfmeister, première du classement général
de la Coupe du monde.
C'est
incroyable", a commenté la Suédoise Pernilla Wiberg, qui a
annoncé sa retraite prochaine pendant ces Jeux. "Elle voulait se concentrer
sur les JO, et elle l'a fait."
Dès
la première manche, Kostelic avait assommé la concurrence. Oubliées,
les trois opérations du genou gauche subies depuis septembre. Reléguées
aux oubliettes, les douleurs chroniques dans le dos.
La Croate repoussait Meissnitzer, deuxième de la première manche,
à près d'une demi-seconde. Les Françaises Carole Montillet,
Laure Péquegnot et Christel Pascal-Saïoni étaient déjà
très loin dans les profondeurs du classement.
La seconde manche allait se révéler plus impressionnante encore.
Alors que Paerson et Nef rêvaient d'or après deux superbes performances,
la native de Zagreb s'élançait pour un parcours époustouflant.
Dès le premier temps intermédiaire, elle reléguait Paerson
à près d'une seconde. Kostelic continuait à maltraiter toutes
les portes jusqu'à la dernière. Celle de l'histoire.
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