20/06/2003

LE FIGARO
Stipe Mesic : «Un pas de plus vers l'adhésion»
De passage à Paris hier avant de se rendre en Grèce, le président croate juge «insuffisants» les échanges économiques avec la France

Christian Poncelet, président du Sénat, et Stipe Mesic, le président croate, sur le perron du Petit Luxembourg, le 18 juin 2003. A l'issue de l'entretien, le président du Sénat a souhaité que la France se fasse « l'avocate de l'entrée de la Croatie dans l'Union européenne ».

Le président croate Stipe Mesic effectue une visite de deux jours à Paris pour participer à un forum économique entre la France et la Croatie avant de participer au sommet de Salonique.

Propos recueillis par Isabelle Lasserre

LE FIGARO. – C'est votre second voyage à Paris en moins de six mois. Y a-t-il des liens privilégiés entre la France et la Croatie ?
Stipe MESIC. – Je le crois, même si nous partageons aussi des intérêts communs. La Croatie est préoccupée par l'élargissement de l'Union et la France, en tant que grande puissance européenne, y occupe une place de premier rang. L'intérêt de la France est d'élargir ses marchés. J'espère que cette visite permettra de réaliser ces deux objectifs, des progrès dans l'élargissement et la création de nouvelles possibilités de coopération économique.

Les relations économiques de la France et de la Croatie sont-elles satisfaisantes ?
Ce n'est pas le mot. Par rapport à nos relations politiques, qui sont excellentes, nos liens économiques restent insuffisants. L'économie croate n'est pas assez connue dans les milieux d'affaires français.

Qu'attendez-vous du sommet de Salonique ?
Salonique représente pour nous un pas de plus vers l'adhésion à l'Union. Ce sera aussi l'occasion de faire le bilan des progrès que nous avons réalisés pour nous aligner sur les standards européens. Nous sommes l'une des économies les plus avancées des pays en transition. L'Union européenne saura le reconnaître.

Le Tribunal pénal international reproche à la Croatie de ne pas assez coopérer avec La Haye. Pourquoi cette collaboration est-elle si difficile ?
On ne peut pas dire que la Croatie ne coopère pas avec le TPI. Elle le fait dans la mesure de ses moyens. Nous visons une individualisation des responsabilités. Il faut mettre fin à la responsabilité collective et à la culpabilisation des peuples. Mais les responsabilités concernant la guerre sont délicates à évaluer. Des individus peuvent avoir eu du mérite pour certaines choses et ne pas avoir empêché que des crimes soient commis. Il est difficile d'expliquer cela à l'opinion croate. Mais je reste persuadé que la coopération avec le TPI permettra d'éclairer ces événements.

Pourquoi le retour des réfugiés serbes en Croatie n'est-il toujours pas achevé ?
Le retour des citoyens serbes de Croatie est dans notre intérêt. La communauté internationale y verrait ainsi la preuve que nous sommes un État de droit et que notre démocratie a une certaine maturité. Nous sommes en train d'accélérer le retour des réfugiés serbes et la restitution de leurs biens. Mais beaucoup d'entre eux ne peuvent pas encore revenir car leurs maisons sont occupées par des réfugiés croates qui eux même ne peuvent pas retourner dans leurs maisons en Republika Srpska (l'entité serbe de Bosnie). Nous avons donc entamé des négociations avec les autorités bosniaques.

Les relations entre la Croatie et la Serbie ont-elles changé depuis l'assassinat du premier ministre serbe Zoran Djindjic ?
Nos relations ont changé après le départ de Milosevic à La Haye. C'est à ce moment-là que la Serbie s'est engagée sur la voie européenne. La mort de Djindjic est une perte. Mais paradoxalement, elle a permis au courant proeuropéen de se renforcer.

Comment interprétez-vous les récents affrontements entre supporters serbes et croates à la fin d'un match de water-polo en Slovénie ?
Nous condamnons les actes perpétrés par des extrémistes croates minoritaires. Nous condamnons aussi le fait qu'un petit groupe serbe ait utilisé ce prétexte pour exprimer sa volonté politique de mettre fin à la coopération entre Belgrade et Zagreb. Ce sont les vestiges du régime de Milosevic. Ces gens ne veulent pas que la Serbie se rapproche de l'Union européenne. Heureusement, en Serbie également, ce groupe est minoritaire.

La Croatie vient de s'opposer à Washington en refusant de signer un accord bilatéral exemptant les soldats américains de poursuites devant la Cour pénale internationale. Cette décision, qui risque de faire perdre à la Croatie l'assistance militaire américaine, a-t-elle été difficile ?
Non, car nous respectons un certain nombre de principes dans notre politique. Nous estimions ainsi qu'une action militaire contre l'Irak ne devait être engagée qu'avec le feu vert des Nations unies. S'agissant de la CPI, il serait difficile d'expliquer à notre opinion publique pour quelles raisons des Croates pourraient se retrouver devant cette cour alors que des étrangers y échapperaient.

Votre gouvernement a signé la lettre proaméricaine du «Groupe de Vilnius» tout en réaffirmant la nécessité de réintroduire l'ONU en Irak. Où se situe la Croatie dans le débat qui oppose la France et l'Allemagne à la Grande-Bretagne et l'Espagne ?
Nous pensons que les Nations unies doivent être impliquées dans les mécanismes de décision lorsque ceux-ci portent sur une intervention militaire. En général, nous pensons que de longues négociations valent mieux qu'une guerre, si brève soit-elle.

Craignez-vous un retour du HDZ et des forces de l'ancien régime de Tudjman aux prochaines élections ?
Les sentiments d'oubli et d'amnésie collective ne sont pas réservés à la Croatie. Les gens s'attendaient à des changements rapides. Certains oublient que le pays a longtemps vécu dans l'isolement, avec un taux de croissance égal à zéro. La tâche est considérable et nous nous y attelons sérieusement. Mais en dernière instance il faudra entendre les arguments politiques de nos opposants. Or, le HDZ n'est pas un mouvement articulé sur le modèle des partis européens. Il s'est prononcé contre le rapprochement avec l'Union. Le HDZ n'a toujours pas compris que la Croatie a sa place en Europe. Je crois donc que le moment n'est pas venu pour qu'il revienne au pouvoir. Il faudrait d'abord qu'il devienne un parti européen et qu'il élimine de ses rangs les responsables de la catastrophe croate. La Croatie est bel et bien engagée sur la voie d'un rapprochement avec l'Union Européenne. Et on ne peut pas arrêter cette marche.

 

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