16/06 - 16/09/2001

ABBAYE ROYALE DE FONTEVRAUD

L'Europe des Anjou

De Naples au Danube, l'aventure des princes angevins du XIIIe au XVe siècle

L'Abbaye royale de Fontevraud sera, au cours de l'été 2001, le théâtre d'une grande exposition présentée du 16 juin au 16 septembre 2001, dans un espace de 1000 m² au sein de l'un des plus majestueux monuments de France.

Sur les traces de la grande dynastie angevine, qui rassembla sous son sceptre à la veille de la Renaissance la France, l'Italie méridionale, la Hongrie et la Croatie, « l'Europe des Anjou » sera pour le grand public - on attend 140 000 visiteurs - l'occasion de redécouvrir le rôle précurseur joué par les Angevins. L'exposition réunira une sélection exceptionnelle de 260 œuvres du XIIIe au XVe siècle (sculpture, peinture, enluminure, orfèvrerie, dessins, gravures, textiles et manuscrits), dont un grand nombre proviennent notamment de Croatie.


De 1265 à 1480, l'Europe suit la splendide épopée des princes de la Maison d'Anjou. Depuis leurs terres des bords de la Loire, ils vont régner sur la Provence, l'Italie et l'Europe Centrale, avant de s'éteindre au milieu de leurs tragédies et des fastes de la Renaissance qu'ils ont contribué à instaurer.

ALLOCUTION DE M. STJEPAN MESIC, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DE CROATIE

Le site de l'expositionLes princes d'Anjou ont toujours fasciné auteurs, historiens, artistes. Dante, Boccace, Pétrarque s'y réfèrent. Les voyageurs des XVIIe et XVIIIe siècles n'omettent pas de contempler et de reproduire les monuments angevins de Naples. Les peintres et les littérateurs du XIXe siècle trouvent dans les drames des Angevins des sujets propices à leur expression écrite, sculptée ou peinte et les historiens occidentaux se penchent bientôt sur les fabuleuses archives angevines et ce jusqu'à la dernière guerre mondiale.

Buste-reliquaire de la ViergeSi patiemment et savamment étudiée, l'aventure angevine n'a donc jamais fait l'objet d'une exposition regroupant tous les thèmes des recherches. Les œuvres d'art aujourd'hui conservées à Aix-la-Chapelle, Aix-en-Provence, Angers, Budapest, Cracovie, Milan, Naples, Oxford, Palerme, Paris, Rome, Vienne, Zadar, Zagreb, n'avaient jamais été rassemblées.

Il appartenait à l'Anjou de combler cette carence et de conduire un grand projet, réalisé en étroite collaboration avec les universités, les archives, les bibliothèques, les musées européens et américains, pour porter à la connaissance du public, d'abord angevin et français, puis européen, cette grande page d'histoire commune. Dans ce but, une présentation didactique permettra à chacun de comprendre le rôle moteur des Angevins dans la création artistique médiévale et dans la composition historique de nombre d'États, expliquant ainsi, par-delà les siècles, la diversité mais aussi la proximité, qui existe encore de nos jours, entre les peuples européens.

Des précurseurs de la construction européenne ?

À travers une sélection exceptionnelle, la manifestation présentera 260 œuvres de toutes techniques : sculpture, peinture, enluminure, orfèvrerie, dessins, gravures, textiles et manuscrits du XIIIe au XVe siècle. Ces œuvres illustrent les grands règnes de la splendide épopée des princes de la maison d'Anjou. Les visiteurs pourront découvrir des pièces venant principalement de Croatie, de France, de Hongrie, d'Italie mais aussi de six autres pays.

Couronne en or de la reine ElisabethLa qualité de ces pièces permettra au public d'apprécier les voies de correspondance et de liaisons européennes des XIIIe, XlVe et XVe siècles, sans omettre de souligner les particularités des pays traversés par cette histoire.

L'INAUGURATION
Le président croate, M. Stjepan Mesic, assistera le 15 juin à la cérémonie d'inauguration officielle aux côtés de son homologue hongrois, M.  Ferenc Mádl, de M. Michel Duffour, Secrétaire d'Etat auprès du Ministre de la Culture et de la Communication, chargé du Patrimoine et de la Décentralisation culturelle, de M. François Fillon, ancien ministre, député, Président du Conseil régional des Pays-de-la-Loire, de M. André Lardeux, Président du Conseil général de Maine-et-Loire, de S. E. M. Federico di Roberto, Ambassadeur d'Italie en France, de M. Slawomir Czarlewski, chargé d'affaire de Pologne en France, M. Dominique Dauge, Maire de Fontevraud et de Mme Chantal Colleu-Dumond, Directrice de l'Abbaye de Fontevraud.

Ce parcours européen mettra en évidence les premiers signes artistiques de la Renaissance en France. Il démontrera la puissance politique du modèle capétien diffusé à travers l'Europe et illustrera la difficile construction des États angevins. Il appartient aujourd'hui au XXIe siècle de renouer ces liens par-delà les nations pour pouvoir créer une Europe aussi novatrice que le fût celle des dynasties angevines.

Une
importante contibution croate

Parmi les nombreuses oeuvres d'art exposées, près d'un quart, dont certaines de tout premier plan, proviennent de Croatie, notamment de Zadar, Zagreb et Dubrovnik. Ainsi, la copie de la châsse reliquaire de saint-Simon, dont l'originale est conservée à Zadar, occupe-t-elle une place à part dans l'exposition, notamment par la place centrale qu'elle y occupe. Entièrement réalisée en argent doré, entre 1377 et 1380, par l'orfèvre Francesco da Milano à la demande de la reine Elisabeth, qui par ce don révèle son voeu d'avoir enfin un fils, cette oeuvre, aux dimensions impressionantes (1m x 2m), propose la fusion du courant croate et du gothique international. L'étourdissante composition
de l'ensemble fait de cette châsse l'un des chefs-d'oeuvre de l'art du XIVe siècle.

Châsse-reliquaire de saint SimonAutre objet exceptionnel, la
couronne en or sertie de pierre, réalisée à Zadar, et qui a pu appartenir à la reine elle-même (cf. illustration ci-dessus), rappelle celle qui fut également sienne mais cette fois de facture hongoise et aujourd'hui à Budapest. C'est le cas aussi du Calice de Zadar, aux armes d'Anjou, réalisé en Hongrie et offert à l'église Saint-Simon dans les années 1340, ou des nombreux reliquaires, notamment le magnifique Buste-reliquaire de la Vierge (1403, cf. ci-dessus), le Reliquaire de la Sainte Croix et de la Sainte Eponge, les bras reliquaires et souliers de saint Anselme (1303-1311), offerts par les Subic et réalisés par les orfèvres de Zadar et le Chef-reliquaire de saint André apôtre, conservé à Dubrovnik (1365).

Pour ce qui concerne la peinture,
les Paolo Veneziano Polyptyque de sainte Lucie et Vierge en majesté figurent sans aucun doute parmi les tableaux les plus remarquables. Il convient encore de mentionner le majestueux Couronnement de Ladislas de Naples exécuté au siècle dernier par Mato Celestin Medovic et conservé à Zagreb, avant tout pour sa portée symbolique et historique.

Mentionnont enfin le moulage de la porte en bronze du Château Neuf de Naples, dont l'auteur de l'original n'est autre que le sculpteur croate Franjo Vranjanin, plus connu sous le nom de Franciscus de Laurana.

 

 


Céremonie d'inauguration « L'Europe des Anjou » - Fontevraud, 15 juin 2001

Monsieur le Président,
Messieurs les Ministres,
Messieurs les Ambassadeurs, Monsieur le Président du Conseil Général,
Madame la Directrice,
Mesdames, Messieurs,

Il est quelquefois utile de faire appel à l'histoire pour redécouvrir l'origine des liens qui unissent à présent nos peuples. En mettant en lumière avec talent l'héritage commun partagé jadis par certains d'entre eux, cette exposition nous incite activement à adopter un point de vue différent, plus ouvert, à l'égard du paysage culturel européen désormais réunifié. Si l'histoire de notre continent n'a pas toujours été paisible, loin s'en faut, « l'Europe des Anjou » nous révèle ici qu'on ne saurait pour autant la réduire simplement à d'incessantes guerres ou rivalités, comme on a trop souvent tendance à le faire.

De fait, l'époque angevine considérée, qui s'étend essentiellement du XIIIe au XVe siècle, nous laisse aujourd'hui une image bien différente : c'est en effet à cette époque que s'articule de manière précise l'idée novatrice d'une nécessaire Europe politique. Sans doute n'est-elle alors guère plus que le rêve audacieux d'un empire continental utopique où régnerait une pax europea, de l'Anjou à la Sicile, de l'Adriatique à la Baltique. Mais cela laisse néanmoins déjà présager l'évolution heureuse que ce projet connaîtra par la suite, surtout à partir du XVIIe siècle, en passant par le fameux Grand Dessein du duc de Sully, pour finalement aboutir à l'édification de cette maison Europe commune que nous érigeons patiemment depuis un demi-siècle.

En regroupant sous son sceptre à la veille de la Renaissance des pays aussi éloignés que le sont à l'époque la France, le sud de l'Italie avec la Sicile, la Pologne, la Hongrie et la Croatie, la maison d'Anjou fait en effet véritablement figure de héraut, avant l'heure, de la construction européenne. Or, hier comme aujourd'hui, celle-ci s'opère en premier lieu par le truchement de la culture, assurément le domaine où notre identité commune, dans le respect de nos diversités, s'avère la plus manifeste et la plus généreuse.

Je me réjouis que cette exposition, qui coïncide avec le 700e anniversaire de l'avènement des Anjou sur le trône croate, offre à la Croatie l'occasion de révéler à quel point notre pays a pris, au cours des siècles passés, une part active aux courants artistiques qui caractérisent l'Europe angevine. Les ors de Zadar et la châsse de saint Siméon en sont certainement parmi les plus belles illustrations.

Sur le plan politique, les règnes de Charles-Robert d'Anjou et de son fils Louis Ier, ont été d'une importance exceptionnelle pour la Croatie : ils rétablirent son orientation méditerranéenne et renforcèrent ses liens avec l'Europe occidentale. Le royaume hungaro-croate est alors le plus puissant État situé entre le Saint Empire germanique et Byzance. Les Anjou favorisent par ailleurs en Croatie l'essor des villes, y introduisent la chevalerie, renforcent le rôle de la petite noblesse et réunifient toute la Dalmatie aux terres croates. Il semblerait qu'une même « douceur angevine » réunît alors Angers, l' « Athènes de l'Ouest », comme on la dénomme ici, et Dubrovnik, l' « Athènes croate », comme nous avons coutume d'appeler l'ancienne Raguse.

Aussi n'est-ce pas tout à fait un hasard si, rentrant de Terre sainte, Richard Cœur de Lion, dont le tombeau est conservé ici-même à Fontevraud, trouva refuge à Dubrovnik après un naufrage et y fit bâtir, selon la légende, une église romane à l'emplacement de l'actuelle cathédrale.

Pour la Croatie d'aujourd'hui, l'exposition l'Europe des Anjou revêt une importance particulière. Elle met en évidence de manière saisissante la contribution de l'Europe centrale - Pologne, Hongrie ou Croatie - au rayonnement culturel de notre continent. Elle réaffirme par la même occasion l'appartenance de la Croatie à cette Europe unie dont elle a toujours fait partie. Puissions-nous nous en souvenir à l'heure de l'élargissement européen.

C'est pourquoi j'exprime ma chaleureuse reconnaissance aux organisateurs, et avant tout au Conseil général de Maine-et-Loire, à son président, M. André Lardeux, ainsi qu'au Commissaire général de l'exposition, M. Guy Massin-Le Goff, dont le moindre des mérites n'a pas été de rassembler tant de joyaux relevant de notre patrimoine européen, et ce pour les offrir au public français dans le cadre prestigieux du plus grand ensemble monastique de l'Occident chrétien, que fut jadis l'Abbaye royale de Fontevraud.

Merci de votre attention./.

>>> Lire les autres allocutions

 

Possessions et prétentions angevines entre les XIIIe et XVe siècles


L'EXPOSITION,

sous le Haut Patronage

de M. Jacques Chirac, Président de la République française,

de M. Carlo Azeglio Ciampi, Président de la République italienne,

de M. Ferenc Mádl, Président de la République de Hongrie,

et
de M. Stjepan Mesic, Président de la République de Croatie,


EST ORGANISÉE PAR

le Conseil général de Maine-et-Loire,
Conservation des Antiquités et Objets d'Art,

AVEC LE CONCOURS EXCEPTIONNE
L

de la Bibliothèque nationale de France.

Commissariat :
Guy Massin Le Goff
,
Conservateur des Antiquités et Objets d'Art de Maine-et-Loire.

Gennaro Toscano, professeur à l'Université de Lille et à l'École du Louvre à Paris,
Pierluigi Leone de Castris, professeur à l'Université de Potenza,
Nicola Spinosa, Surintendant de la province de Naples,
Miljenko Jurkovic, professeur à l'Université de Zagreb
et Sandòr Csernus, directeur de l'Institut hongrois de Paris.

Anna Leicher, Conservateur délégué des Antiquités et Objets d'Art,
Etienne Vacquet, Conservateur délégué des Antiquités et Objets d'Art,
Laurence de l'Estoile, Assistante des Conservateurs des Antiquités et Objets d'Art.

Adresse :
Abbaye Royale de Fontevraud - 49590 Fontevraud-L'Abbaye (à 15 km de Saumur). Renseignements : Tél. : 02 41 24 50 30
Voir le site Internet de l'exposition
.

Horaires d'ouverture : L'exposition sera ouverte tous les jours de 9 h à 18 h 30 (y compris les jours fériés).

Prix d'entrée (le billet permet également la visite de l'abbaye) - Plein tarif : 46 F, tarif réduit : 33 F, tarif de groupe (+ de 20 personnes) : 39 F.

Le catalogue est édité par les Éditions Somogy.

Plan d'accès
   
POUR EN SAVOIR PLUS...
Table ronde à l'Istituto Italiano di Cultura
le mardi 22 mai 2001 à 18 h - 50, rue de Varenne, 75007 Paris - M° Rue du Bac, Sèvres-Babylone - Tél. 01 44 39 49 38.

Conférence à la Maison de l'Europe de Paris
le jeudi 14 juin 2001 à 14 h 30 - Hôtel de Coulanges - 35, rue des Francs-Bourgeois, 75004 Paris - M° Saint-Paul, Tél. : 01 44 61 85 85.

A lire "L'Europe des Anjou à Fontevraud" dans le n°126 du magazine Demeures & Châteaux (juin-juillet 2001).

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