22/05/2003

ARCHÉOLOGIE
Salone, capitale de la Dalmatie romaine

A l'occasion de la publication des deux tomes de l'ouvrage Longae Salonae, l'archéologue croate Emilio Marin, membre associé de l'Institut, donnera à l'Institut d'Art et d'Archéologie de Paris une conférence consacrée à Salone, l'antique capitale de la province de Dalmatie, dont les vestiges près de Split en font l'un des sites majeurs de la romanité.

Programme de la conférence

Allocution d'ouverture
Bozidar Gagro, Ambassadeur de Croatie en France

Avant-propos
François Baratte, Professeur à l'Université de Paris IV - Sorbonne

"Longae Salonae, capitale de la Dalmatie romaine"
Emilio Marin, membre associé de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres, Directeur du Musée archéologique de Split, Professeur associé à l'Université de Paris IV-Sorbonne

Allocution de clôture
Robert Turcan, Membre de l'Institut, Professeur émérite à la Sorbonne

LIENS

 Musée archéologique de Split
 Split, patrimoine mondial

Institut d'Art et d'Archéologie de l'Université de Paris IV-Sorbonne
Salle Doucet - 3, rue Michelet, 75006 Paris.
Jeudi 22 mai 2003 à 18 h.

 

Un site archéologique majeur

Les ruines de l'amphithéâtre de Salone.
© MAS (Musée archéologique de Split)

Située au carrefour des routes maritimes et terrestres, Salone dut son essor à un site exceptionnel, au fond de la baie de Kastela, en contrebas du versant ensoleillé du Kozjak. Ses vestiges, qui en font l’un des grands sites archéologiques de la romanité, se dressent aujourd’hui à Solin dans la banlieue nord de Split. C'est à Salone que s'éteignit en 480 l'Empire romain d'Occident.

Les origines de la cité remontent au IIe siècle avant notre ère. Après n’avoir été qu’un modeste port fortifié de la tribu illyrienne des Delmates, situé à l’embouchure du Jadro, elle fut colonisée par les Grecs d’Issa (Vis), déjà établis à proximité, de part et d’autre de la cité, à Tragurion (Trogir) et Epetion (Stobrec). Après sa victoire sur Pompée, en 48 av. J.-C., César y envoya des colons italiques. Colonia Martia Iulia Salona accéda alors au rang de capitale de la province romaine de Dalmatie. S’ouvrit alors une période de paix et de prospérité jusqu’à sa destruction par les Avars et les Slaves en 630.

Les vestiges des thermes de Salone. © MAS

Entre-temps, Salone aura été la ville de l’empereur Dioclétien (245-313), lequel se fit bâtir non loin son immense palais où il se retira en 305 après son abdication, et qui deviendra par la suite le cœur de la future Split, aujourd’hui inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Alors même qu’elle fît partie de l’Empire d’Occident après le partage de l’Empire par Théodose, en 395, la Dalmatie fut, en 437, accordée en dot impériale à l’Empire d’Orient. Après une brève période, elle devint un État souverain (454-468) indépendant des deux Empires, sous le général Marcellin. Son neveu, Julius Nepos, régna sur la Dalmatie comme détenteur du titre d’empereur légitime occidental. Salone était alors sa capitale et la Dalmatie le représentant de l’Empire d’Occident. Aussi est-ce à Salone qu’avec la mort de Julius Nepos (480) s’éteignit l’Empire romain d’Occident.

Le site de l'antique Salone.
© MAS

Bâtie selon un plan trapézoïdal allongé (longae) délimité par une muraille, la ville s’étendait sur 1600 m d’est en ouest et sur 700 m du nord au sud. Jadis principale métropole sur les rives orientales de l’Adriatique, elle compta jusqu’à 60 000 âmes. Depuis sa partie centrale, la plus ancienne (Urbs vetus), elle s’est progressivement étendue vers l’est (Urbs orientalis) et vers l’ouest (Urbs occidentalis). Le tracé de la voirie respectait un système orthogonal. Mesurant 45 m par 70 m, le forum, avec son capitole, était situé au centre de la cité, sur le port. A l’ouest, le théâtre bâti au Ier siècle, d’un diamètre de 65 m, pouvait accueillir 3000 spectateurs. On peut en voir un détail sur la représentation de Salone sculptée sur la colonne de Trajan.

Le Palais de DioclétienA l’extrémité nord-ouest de la ville, l’amphithéâtre, le seul conservé sur la rive est de l’Adriatique, avec celui de Pula, date de la seconde moitié du IIe siècle. De forme elliptique, il mesurait 125 m de long sur 100 m de large, pour une arène de 65 m sur 40 m, et pouvait accueillir plus de 15 000 spectateurs, dont 13 500 assis. Au nord-est se dressaient les thermes municipales, sur les ruines desquels furent par la suite bâties les futures basiliques chrétiennes. Des portes de la ville, seule subsiste aujourd’hui la Porte de César, érigée à l’époque augustinienne, qui s’ouvrait à l’est sur le decumanus. Au sud, l'aqueduc du Palais de Dioclétien, achevé au début du IVe siècle, qui autrefois alimentait le palais en eau, domine la vallée entre Split et Solin.

L'aqueduc du Palais de Dioclétien. © MAS

Le christianisme, fut répandu très tôt en Dalmatie : saint Jérôme (v. 347-419), le traducteur de la Vulgate, la Bible latine, y est né. Auparavant, il fut surtout propagé par saint Domnius (Dujam) et saint Anastase d’Aquilée (Stas), tous deux morts en martyrs sous Dioclétien à Salone, laquelle devint par la suite le siège d’abord d’un évêché, puis dès le Ve siècle, d’un archevêché. Les nécropoles se développèrent autour des sépultures des martyrs. Ce n’est que plus tard, vers 650, que leurs reliques furent transférées à Split dans l’ancien mausolée de Dioclétien, devenu dès lors la plus ancienne cathédrale du monde, alors que par une ironie de l’histoire, l’empereur fut le plus féroce persécuteur des chrétiens.

Durant le haut-Moyen Âge, après la destruction de Salone, la vie se poursuivit à la lisière orientale de la cité antique. Plusieurs souverains croates furent inhumés dans l’église de Gospin otok (Madone de l’Île) tandis qu’en 1075, Dimitar Zvonimir fut couronné dans l’église paléochrétienne voisine. En octobre 1998, le pape Jean-Paul II s'y est rendu à l'occasion de son deuxième voyage en Croatie. Aujourd'hui, par son importance au plan archéologique, Salone est considérée comme le troisième site de la romanité.

Sources :
Longae Salonae, E. Marin (dir.), Musée archéologique de Split, Split 2002.
Salona, Musée archéologique de Split
Trésors artistiques de la Croatie ancienne, I. Supicic (dir.), Somogy, Paris, 1999.
Guide Gallimard de la Croatie, Paris, 1999.


 

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