AFP,
14/10/2004
REVUE
DE PRESSE
VITICULTURE
Le
vin croate se prépare pour affronter le marché de
l'Union européenne
HRNJEVAC (Croatie) - Les petits producteurs de vins croates sont
engagés dans une course contre la montre pour étendre
leurs vignobles afin d'offrir un vin concurrentiel sur le marché
européen quand leur pays, candidat à l'adhésion
deviendra membre de l'Union européenne (UE).
"Notre industrie du vin n'est pas prête pour l'UE car
la production nationale ne couvre même pas la moitié
de la demande du marché intérieur", explique
à l'AFP Ivan Enjingi, un vigneron de Slavonie orientale,
dans l'est de la Croatie.
"Nous avons besoin au minimum de 20.000 hectares de vignobles
pour satisfaire la demande intérieure et celle de l'industrie
du tourisme", assure-t-il.
Le gouvernement croate a récemment adopté un programme
visant à agrandir les vignobles, d'une surface actuelle
de 18.000 hectares, de 13.000 hectares supplémentaires
d'ici 2007, année à laquelle la Croatie ambitionne
d'entrer dans l'UE.
Après l'adhésion de Zagreb à l'Union, il
ne sera plus possible d'étendre les vignobles en vertu
d'une interdiction de Bruxelles.
Ivan Enjingi, double médaillé d'or et médaillé
d'argent en septembre par le magazine britannique Decanter, l'un
des experts les plus influents au monde dans le domaine des vins,
a commencé à planter avant l'année fatidique.
Le viticulteur, qui possède 40 hectares de vignoble, veut
les porter à 60 pour lui permettre de produire à
l'exportation des vins issus de ses cépages rouge et blanc:
Pinot noir et gris, Traminer, Riesling, Zweigelt, Chardonnay,
Cabernet sauvignon et Merlot.
L'histoire "moderne" du vin croate remonte à
l'époque de l'empire austro-hongrois, au début du
siècle dernier, lorsque la Croatie possédait 180.000
hectares de vignobles.
Un siècle plus tard, sous l'ex-Yougoslavie communiste de
Tito, la surface viticole du pays s'était brutalement réduite
à seulement 18.000 hectares.
Sous le régime de Tito, M. Enjingi comme tous les autres
viticulteurs du pays, n'était pas autorisé à
posséder des vignobles d'une surface supérieure
à dix hectares.
C'est dans les années 1980 que M. Enjingi a commencé
à acheter des petits vignobles abandonnés situés
sur des collines présentant un environnement favorable
à la culture de la vigne et protégés des
vents.
"Autrefois, les gens cultivaient des plants de vigne sur
ces terrains car durant le régime communiste, le géant
de l'agro-alimentaire Kutjevo leur achetait le raisin au kilo
sans tenir compte de la qualité", explique M. Enjingi.
"Les gens ont ainsi commencé à planter des
ceps de vigne sur tout terrain accessible aux tracteurs",
poursuit-il.
Au fil des années l'entreprise de M. Enjingi a prospéré
et les vins de ses caves figurent parmi les plus prisés
en Croatie.
En dépit de cette reconnaissance, le viticulteur s'inquiète
pour son avenir et celui de l'industrie du vin en Croatie en raison
de la récente entrée en vigueur du taux d'alcoolémie
zéro au volant dans le pays.
"Si la loi n'est pas abolie nos excellents vignobles finiront
à l'abandon et le marché croate sera envahi de vins
importés bon marché", redoute-t-il.
"Les viticulteurs ont pris des crédits pour planter
des vignes mais depuis que la loi a été adoptée
ils ont du mal à écouler leur production. Cette
loi nous a privés de nos meilleurs consommateurs, ceux
qui boivent un verre de vin pendant les repas", s'insurge
M. Enjingi.
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