Alors
que l'UE menace de reporter l'ouverture des négociations
d'adhésion de la Croatie, le nouveau président croate,
Stipe Mesic, répond aux questions d'EuroNews et s'explique
sur le principal handicap de son pays, l'arrestation toujours
en suspens du criminel de guerre Ante Gotovina et son transfert
au TPI
Euronews : la Croatie espère ouvrir
des négociation d'adhésion avec l'UE aussi tôt
que possible. Mais le problème d'Ante Gotovina, recherché
pour crimes de guerre, bloque toute évolution en ce sens.
Qu'en pensez-vous?
Stipe Mesic : Nous espèrons
lancer les négociations. Nous pensons avoir rempli tous
nos engagements. Ante Gotovina est en fuite, et nous aimerions
le voir arrêté. S'il avait été en Croatie,
nous l'aurions arrêté. Mais selon toutes les informations
dont nous disposons, il n'est pas en Croatie, c'est pourquoi cela
ne doit pas affecter pas le début des négociations.
J'espère que ces négociations vont commencer.
Euronews
: Oui, mais le Tribunal pénal international de la Haye
assure que vous savez ou se cache Gotovina?
Stipe
Mesic : Nous sommes actuellement
en rapport avec le Tribunal international pour l'ex-Yougoslavie,
nous sommes en train de lui communiquer tous les documents confirmant
que nous avons tout entrepris, et je dis bien tout, pour savoir
ou se trouve Ante Gotovina. Mais le résultat est négatif.
Si la condition de l'arrestation d'Ante Gotovina est déterminante
pour la Croatie, et si Ante Gotovina n'est pas en Croatie, alors
c'est une condition impossible à remplir. Bien sûr,
nous allons transmettre au TPI tous les documents sur les actions
qui ont été menées, et nous indiquerons aussi
les autres directions ou aller chercher Gotovina hors de Croatie.
Euronews
: Est-il vrai que Monsieur Gotovina bénéficie d'une
pension de l'état croate?
Stipe
Mesic : Nous sommes actuellement
en train de procéder au gel de tous ses avoirs, excepté
ce qui concerne les pensions alimentaires pour ses deux enfants,
ce qui est prévu par la loi, et il y a une décision
de justice à ce propos
Euronews
: 2005 correspondra
au 10e anniversaire du massacre de Srebrenicaenica. Pensez-vous
que d'une certaine manière, l'entrée des pays de
l'ex-Yougoslavie dans l'UE pourra aider à refermer un jour
des blessures toujours à vif aujourd'hui?
Stipe
Mesic : c'est seulement
par la responsabilité individuelle qu'il peut y avoir une
vraie coopération entre les gens et leur pays dans cette
région. C'est pourquoi je suis d'accord pour poursuivre
des personnes précises. Des Serbes, des Croates, des Bosniaques,
et pour cela, le TPI doit nous aider. Cela nous intéresse,
et cela intéresse le monde entier. Et l'Europe a intérèt
à ce que les criminels soient poursuivis. En ce qui concerne
Srebrenica, il s'agit du crime le plus brutal commis depuis la
seconde guerre mondiale, pas seulement en Europe, mais dans le
monde entier. Et ceux qui l'ont programmé ou commis doivent
répondre de leurs actes.
Euronews
: En croatie, il
y a aussi le problème des réfugiés serbes
qui doivent rentrer en Krajina et qui sont toujours en Serbie.
Ils ne sont toujours pas rentrés. Quand selon vous ces
réfugiés reviendront-ils chez eux?
Stipe
Mesic : Nous faisons en
sorte que tous les ressortissants croates rentrent chez eux en
toute sécurité, y compris les serbes de nationalité
croate, et qui furent eux-mêmes victimes de Milosevic. La
preuve, c'est que nous sommes en train de reconstruire toutes
les maisons sans tenir compte de l'origine ethnique des gens.
Le retour des régugiés est de l'intérèt
de la nation, et de l'état. C'est la preuve de la maturité
de notre démocratie. Nous voulons qu'ils reviennent chez
eux, dans le respect de la loi.
Euronews
: Est-il vrai que
les serbes de Krajina n'ont retrouvé que 40 pourcent de
leur biens?
Stipe
Mesic : Je pense que c'est
plus. Bien sûr, il y a eu beaucoup de destructions pendant
la guerre, les maisons sont en train d'être reconstruites,
et elles seront rendues à leur propriétaire légal.
Il y a un autre problème dans la région, il concerne
les personnes morales, et la restitution de leurs biens. Mais
c'est un problème qui doit être résolu en
Croatie, et dans les pays voisins