Le
Figaro,
19/08/2005
TOURISME
La Croatie veut rivaliser avec la Grèce
Maurin
Picard (Vienne)
Lors
du premier week-end d'août, plus d'un million de
touristes étrangers séjournaient sur la côte
dalmate. Depuis le début de l'année, 5,2 millions
de personnes ont décidé de passer des vacances en
Croatie. Soit une augmentation de 7% par rapport à la même
période en 2004. Les plus assidus sont les Italiens, qui
ont lâché l'Egypte et la Turquie, endeuillées
par des attentats terroristes, au profit de la petite république
des Balkans qui frappe à la porte de l'Union européenne.
«La
manière dont se déroule la saison 2005 dépasse
toutes nos estimations», se félicite le ministre
croate du Tourisme,
Bozidar Kalmeta. Ce succès a provoqué une envolée
des prix. Elle est de 30% à 50% dans l'immobilier sur un
an et de 10% en moyenne chez les voyagistes, dans l'hôtellerie
et la restauration.
Avec 8 millions de touristes en 2004, le pays a presque retrouvé
la fréquentation d'avant 1990, d'avant les guerres qui
ont accompagné l'éclatement de l'ex-Yougoslavie.
La Croatie concentrait alors 85% du tourisme de la fédération.
En 2004, cette activité a représenté un chiffre
d'affaires de 4,7 milliards d'euros, soit 20% du produit intérieur
brut (PIB).
Satisfait de ces excellentes statistiques, Zagreb rêve désormais
d'un tourisme plus haut de gamme, alors que les capacités
hôtelières sur la côte arrivent à saturation.
Un
certain nombre de bâtiments, souvent endommagés par
les combats de 1991, restent à rénover. C'est le
cas à Dubrovnik où un tiers des infrastructures
est encore inachevé.
Dans l'ancienne Raguse, inscrite par l'Unesco au patrimoine mondial
de l'humanité, l'hôtel Hilton est en cours de réfection,
pour un coût total de 30 millions d'euros. Puisque le tourisme
repose sur la mer Adriatique, une loi sur la protection du littoral
a été adoptée en septembre 2004. Elle doit
prévenir les constructions sauvages le long des 5 800 kilomètres
de côte du pays.
Bien décidé à hâter la mise à
niveau du pays aux normes communautaires, afin de faciliter une
adhésion très attendue à l'Union européenne,
le gouvernement croate a fait voter le 13 juillet au Parlement
une loi sur la TVA, qui prévoit une hausse officielle de
10% des tarifs de l'hébergement, des excursions intégrées
et des commissions des agences de voyage. Malgré les protestations
des professionnels, qui redoutent une hausse encore plus importante
des tarifs, rien n'y fait. La mesure sera effective au 1er janvier
2006. «Celui qui veut découvrir les trésors
de la Croatie doit être prêt à payer pour cela»,
a déclaré le ministre des finances, Ivan Suker.
«Cette
mesure n'est pas très surprenante, compte tenu de la progression
touristique de la Croatie depuis cinq ans, observe Joël Lecoz,
directeur pour l'Europe du voyagiste Terres d'aventure. Toute
zone qui fait des efforts pour attirer un tourisme de masse connaît
une inflation naturelle, liée à la pression de l'offre
et de la demande.»
A terme, l'offre touristique croate tendrait à se rapprocher
de celle du Portugal et de la Grèce. «Son succès
reste assuré, poursuit Joël Lecoz. Elle sera toujours
plus abordable que l'Espagne et l'Italie, avec un littoral préservé
et des infrastructures en nette amélioration.» L'intérêt
des Français pour le pays, en tout cas, ne faiblit pas.
Ils étaient 393 000 en 2004 à séjourner sur
la côte croate, soit cinq fois plus qu'en 2000, et le chiffre
pourrait atteindre 600 000 en 2005, au vu des résultats
du premier semestre.
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