REVUE DE
PRESSE
La Libre Belgique, 19/10/2002
DÉFENSE
"J'ai regardé les
soldats droit dans les yeux"
Portrait de Zeljka Antunovic, première femme à la
tête de l'armée croate
Le
ministre de la Défense qui va réformer l'armée croate
est une mère de famille de 47 ans, économiste de formation, sans
expérience militaire, mais, de toute évidence, très déterminée.
Elle s'appelle
Zeljka Antunovic, vient de Virovitica, une petite
ville proche de la frontière hongroise. Il y a trois mois, elle a été
chargée par le Premier ministre croate Ivica Racan
d'une mission très délicate: alléger l'armée croate
de 13 000 soldats (sur un effectif total de 40 000) et les réaffecter
à des postes dans le civil.
"Le
Premier ministre m'a confié ce poste parce qu'il sait que je suis résolue
et que je ne fais pas beaucoup de compromis", dit simplement Mme Antunovic.
"La Libre Belgique" a pu la rencontrer jeudi soir à l'occasion
d'une visite de travail à Bruxelles.
"Je
ne suis pas une main de fer dans un gant de velours" ajoute-t-elle, "mais
je peux prendre des décisions rapidement".
Jusqu'il
y a peu, la perspective de voir une femme prendre les commandes d'une armée
aurait suscité pas mal d'hostilité dans les casernes. Mais après
la désignation de Michèle Alliot-Marie en France, de Maria Lucia
Ramirez en Colombie et maintenant d'Antunovic en Croatie, un nouveau tabou vient
de tomber dans l'atmosphère encore très macho des garnisons.
"Je
n'ai pas de complexes", poursuit la ministre croate. "Mais il faut avouer
que cela a été un choc."
"Surtout,
ajoute-t-elle, quand il a fallu passer devant une unité militaire au garde
à vous. J'ai abordé cela de façon professionnelle. J'ai étudié
le protocole. Et j'ai regardé les soldats droit dans les yeux. Eux aussi
étaient sous le choc
".
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Zeljka
Antunovic, 47 ans, à la Défense. "Cela
a été un choc" |
A Zagreb,
Mme Antunovic a aussi mis une touche féminine dans les austères
couloirs du ministère de
la Défense. Des vases de fleurs ont été posés.
Des tableaux ont été accrochés. Et surtout, précise
la ministre, l'accent a été mis sur la communication interne. "Tous
les problèmes, dit-elle, doivent être résolus au-dessus de
la table, et pas au-dessous".
Rien ne
prédestinait Mme Antunovic à cet étonnant parcours. Son père
était médecin. Sa mère enseignait dans le secondaire. Pendant
la guerre croate (1991-95), elle travaillait
à Zagreb comme responsable financière.
La jeune
ministre fait partie de la nouvelle génération, arrivée après
la guerre avec le but de démocratiser le pays et de le sortir de ses ornières
nationalistes. Le Christophe
Lamfalussy
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