30/06/2000

JAZZ
Helen Merrill, à la santé d’Helen Milcetic

Née à New York en 1930, la grande chanteuse de jazz rend hommage à ses parents croates, qui lui ont tout appris. Sa mère : le goût du chant ; son père : le goût du rêve et des voyages.

Helen Merrill le 30 juin 2000 à la Cité de la musique, 211 av Jean-Jaurès, Paris 19e. Réservations : 01 40 03 75 75. Accès à tous les concerts de la soirée de 130F à 150F. Dans le cadre du La Villette Jazz Festival.

VOIR AUSSI


Autoportrait en musique d'une chanteuse nommée Helen Merrill
Le Monde, 02/07/2000



« C’ était au tout début de ma carrière, dans un lieu qui s’appelait le 45 Club. Bud Powell était au piano, Oscar Pettiford à la contrebasse. Miles Davis était aussi de la partie. Et soudain, c’était moi la chanteuse. Je n’avais rien répété. Mais il s’agissait de morceaux que tout le monde savait par cœur, comme What Is This Thing Called Love ou My Funny Valentine. Je commence à chanter tandis que Bud était en train de jouer. Tout à coup, tout s’interrompt. Puis, il se tourne vers moi et me décoche le plus beau sourire que j’ai jamais eu de ma vie. à cette époque, j’utilisais encore mon ancien nom, Helen Milcetic. Bien des années plus tard, alors que j’étais à Paris, un soir je tombe sur Bud . En me voyant, il est resté presque muet. Puis, d’une voix d’enfant, il a chuchoté : "Helen Milcetic". Après tant d’années il se rappelait de mon ancien nom. »

Ce souvenir émouvant, Helen Merrill ne le raconte pas par hasard. Cette grande dame du jazz, née à New York en 1930 de parents croates, a enregistré l’an passé un magnifique album intitulé Jelena Ana Milcetic a.k.a. Helen Merrill (Verve/Polygram), dans lequel elle évoque ses origines balkaniques.

« Je n’ai jamais vécu en Croatie, et ma culture est avant tout américaine, explique-t-elle. Cependant, mes parents m’ont laissé une très profonde impression du lieu d’où ils venaient. Ma mère chantait souvent. Bien sûr, ce n’était pas une professionnelle et elle n’aurait d’ailleurs jamais voulu que je le devienne. Pourtant, ces airs qu’elle chantait m’ont beaucoup influencée. Elle avait une voix très puissante et pouvait chanter de façon passionnée sans jamais tomber dans l’exagération ou le ridicule. Cela sortait de l’intérieur. C’est d’elle que j’ai tout appris. C’est pour ça que ce disque a été très dur à enregistrer, car j’y reprends des airs qu’elle aimait. »

Voici donc le secret de cette voix exceptionnelle, cette voix qui se prend dans le souffle et, naviguant entre la retenue et l’audace, charrie un fabuleux pouvoir d’émotion. Dès ses débuts, en pleine explosion bop, Helen Merrill a chanté avec les plus grands. « John Lewis, Milt Jackson, Thelonious Monk, Oscar Pettiford, Charlie Parker…Tout le monde était là. Ces figures légendaires étaient simplement les gens avec qui je travaillais. Nul d’entre nous n’était connu, à l’époque. On se découvrait les uns et les autres, et nous faisions de la musique ensemble. Peut-être que le talent m’attire… Quand j’ai vécu  en Italie, j’ai chanté avec Enio Morricone, qui était alors un parfait inconnu. »

Helen Merrill croise ainsi la route du trompettiste Clifford Brown, avec qui elle enregistre son premier album sous la houlette de Quincy Jones. Entre-temps, elle avait fait partie de l’orchestre d’Earl Hines, et Billie Holiday l’avait engagée dans son club, The Holliday Room. Parmi les nombreux accompagnateurs de la chanteuse, celle-ci distingue tout particulièrement le pianiste Bill Evans. « Il ne cherchait pas à tirer la couverture à lui, mais jouait toujours avec vous. » Il convient aussi de citer le saxophoniste Steve Lacy, dont les contrechants s’accordent de façon particulièrement heureuse avec la voix de Helen Merrill. « Steve et moi, nous nous connaissons depuis presque quarante ans. Peut-être cette proximité entre sa sonorité et ma voix est-elle due à nos origines slaves », dit-elle en riant. On retrouve justement Steve Lacy, ainsi que le contrebassiste Georges Mraz (lui aussi originaire de l’est de l’Europe), pour un concert consacré au dernier album de la chanteuse. Elle y évoquera cette Croatie où elle n’est allée que deux fois dans sa vie, mais qui a tellement marqué son enfance, et notamment cette île de Krk, dont ses parents sont originaires. Un passé chargé d’émotions et de rêves, qui habite ses chansons Kirje, Long Long Ago, Imagining Krk ou My Father. » Ces morceaux contiennent tout ce qui est important pour moi : l’enfance, la religion, les histoires que mon père nous racontait. Des histoires chargées des rêves, dont il nous enchantait. C’est lui qui m’a donné l’envie de voyager, de connaître le monde. Ce concert, pour moi, c’est tellement d’émotion. »

Hugues Le Tanneur

Le Monde - supplément aden, du 28 juin au 4 juillet 2000


Wilson Pickett et Helen Merrill lancent le « La Villette Jazz Festival »

PARIS, 28 juin (AFP) - Le chanteur de rythm’n blues Wilson Pickett et la chanteuse Helen Merrill doivent lancer vendredi la cinquième édition du La Villette Jazz Festival, une édition éclectique qui se poursuivra jusqu’au vendredi suivant avec relâche les 3 et 4 juillet.

Ce festival donne la parole à toutes les formes du jazz moderne, depuis le be-bop et le hard-bop des années 40/50, jusqu’au dernières évolutions d'un jazz ouvert à l’électronique et à la techno, en passant par le jazz modal, le free-jazz, le jazz-fusion, le jazz contemporain, le jazz manouche.

Pour cette 5e édition, une nouvelle formule est proposée: les grands concerts de 22H30 dans l’espace Charlie Parker (3.500 places) sont avancés à 20H30. A la même heure a lieu une autre représentation dans la salle de concerts de la Cité de la Musique (1.000 places). Le spectateur devra choisir l’un ou l'autre, mais aura accès à tous les concerts en deuxième partie de soirée, le principe de la déambulation étant maintenu.

Le Trabendo, l’ex-Hot Brass rénové qui a rouvert ses portes au printemps, est associé à l'événement. La salle Boris Vian ne l’est plus. La formule des concerts gratuits est amplifiée : il y en aura deux chaque soir, au lieu d’un jusqu’à présent.

  RECHERCHER
 
  Approfondir

  TOUS LES ARTICLES
  7e Journées culturelles de la Croatie à Coucy-le-Château  
  Dora Maar - Picasso : Regards complices  
  Les sites croates du Patrimoine mondial  
  La langue et la culture croates et la mondialisation  
  Des Racines & des Ailes : Spéciale Croatie  
  « Angle nord » de Hrvoje Pejakovic  
  Vie et Poésie de Tin Ujevic  
  M. Radman : « la question de l'homme transgénique »  
  La Vision de Tondal sacrée Diapason d'or  
  Venise redécouverte par Matvejevitch  
  La Renaissance en Croatie  
  Dessins et gravures de Josip Zanki  
  Radovan Ivsic, poète de l'amour fou et du rêve  
  Tomislav Gotovac, l'infatigable trublion  
  La cyber-citoyenneté selon Andreja Kuluncic  
  Marica Bodrozic ou la candeur d'une enfance dalmate  
  Conférences : Louise Lambrichs & Alain Finkielkraut  
  L'Europe de 2020 s'affiche  
  Jasenka Tucan-Vaillant à l'Unesco  
  Dino Jelusic remporte l'Eurovision junior  
  L'INA rend hommage à Ivo Malec  
  Renata Pokupic est Anna dans Les Troyens de Berlioz  
  Les Symphonistes de Zagreb jouent pour Barbara Hendricks  
  Klapa Vranjic en Provence  
  Miroslav Radman, Grand Prix Inserm 2003  
  Des Racines & des ailes : spéciale Croatie  
  Exposition : Zvonimir Loncaric  
  Dialogos : la Vision de Tondale  
  Salone, capitale de la Dalmatie romaine  
  Cannes 2003 : "Susa" de Dalibor Matanic  
  Rencontres avec cinq poètes croates  
  Dialogos : Lombards et Barbares  
  Edition française de la "Judith" de Marulic  
  Voix dalmate : Kate - Rencontre magique  
  Miroslav Radman élu à l'Académie des Sciences  
  INALCO - Miroslav Krleza et la littérature  
  UNESCO - concilier paysage dalmate et urbanisme méditerranéen  
  Photo - Vraies Semblances, Frank Horvat  
  Exposition Edo Murtic  
  Sorbonne : Franjo Vranjanin - Francesco Laurana  
  Graphisme - Knifer prend le maquis  
  Découverte : l'Adriatique vue par Ulysse  
  Animation - Flash sur les contes croates  
  Poésie - "Personne ne parle croate"  
  Soirée littéraire - Tomislav Durbesic  
  Concert de Maksim Mrvica à l'ADI à Paris  
  Ivan Kozaric au Musée d'Art Moderne de Paris  
  Poésie croate au 4e Printemps des poètes  
  Engagement, Exil, Poésie: Kordic, Hrustanovic, Gotovac  
  Hommage à Jean-Louis Depierris  
  Le Seuil: Hommage à Mirko Grmek  
  Dialogos: La Vision de Tondale  
  Soirée musicale croate  
  Poésies croates au 19e Marché de la Poésie  
  Miro Kovac : La France et la question croate  
  Expo : Atelier 8815  
  Graphisme : Julije Knifer à Saumur  
  Expo : L'Europe des Anjou  
  Je parle français, et toi ?  
  Rétrospective du cinéma croate à la Sorbonne  
  Maksim Mrvica aux 11e Rencontres des Jeunes pianistes  
  Chœurs des églises de Hvar  
  liste complète

 
  ARCHIVES DES BRÈVES  
  IN MEMORIAM
 
Mirko Drazen GRMEK, historien de la médecine et spécialiste de Claude Bernard
 
  Docteur Grmek  
  L'engagement et la cohérence  
  La mémoire manipulée  
  La démocratie européenne à l’épreuve de la guerre contre la Croatie  
  Rudjer Josip BOSKOVIC (1711-1787)  
 

 LA CROATIE | ACTUALITÉS | VIE CULTURELLE | L’AMBASSADE | ACCUEIL 

 Haut de page | Plan du site | Nous contacter