LE SOMMET
DE ZAGREB : REVUE DE PRESSE FRANÇAISE
LExpress
ÉDITION
EN-LIGNE 24/11/2000
Le sommet UE-Balkans
terni par le regain de tension au Kosovo
Ce sommet,
le premier jamais organisé entre les États des Balkans occidentaux
et les Quinze, sétait fixé un double objectif: réconciliation
entre des pays qui se sont livrés à une décennie de guerres
et rapprochement avec lUE.
Mais le
regain de tension observé depuis plusieurs jours dans le sud de la Serbie
limitrophe du Kosovo, cible dattaques de maquisards albanais, et le retour
de la violence dans la province même, montrent à quel point le processus
de réconciliation reste fragile.
"Je
suis très très préoccupé par la résurgence
de la violence", a déclaré Bernard Kouchner, administrateur
de lONU au Kosovo. Il a parlé du retour des "nuages noirs sur
le Kosovo" où coup sur coup ont été tués le représentant
de Belgrade à Pristina et un conseiller dIbrahim Rugova, leader des
Albanais modérés.
Serbes
et Albanais du Kosovo "commençaient enfin à vivre mieux ensemble,
mais si un certain nombre de salauds remettent des bombes et tuent des gens et
bien ce début dentente va disparaître", a-t-il constaté
amèrement.
Le nouveau
président yougoslave, Vojislav Kostunica, a pour sa part estimé
que "le Kosovo est certainement aujourdhui le problème majeur
en Europe qui pourrait provoquer de nombreux autres conflits qui semblaient éteints,
dans les Balkans, mais aussi ailleurs".
Pourtant,
pas une seule fois le mot Kosovo na été prononcé lors
de la conférence de presse tenue par les co-présidents du sommet,
le Français Jacques Chirac qui assure la présidence tournante de
lUE, le Croate Stipe Mesic et le président de la Commission européenne
Romano Prodi.
Jacques
Chirac a simplement rappelé que le "destin européen" de
ces pays crée des "droits, mais aussi des obligations".
Des obligations
qui figurent noir sur blanc dans la déclaration finale adoptée par
acclamation par les chefs dÉtat et de gouvernement. Parmi lesquelles
une "politique de bon voisinage fondée sur le règlement négocié
des différends", "le respect des personnes appartenant à
des minorités, le respect des obligations internationales, y compris à
légard du Tribunal pénal international" sur lex-Yougoslavie
(TPI).
Plusieurs
dizaines de personnes originaires de lex-Yougoslavie sont inculpées
de crimes de guerre et de crimes contre lhumanité par ce tribunal
basé à La Haye. Parmi elles figure lancien président
yougoslave Slobodan Milosevic, évincé du pouvoir par M. Kostunica.
M. Kostunica
a participé avant louverture du sommet à une rencontre à
quatre avec MM. Chirac et Mesic et le président monténégrin
Milo Djukanovic. Ce dernier faisait partie de la délégation de la
République fédérale yougoslave (RFY, Serbie et Monténégro)
menée par M. Kostunica.
Ce respect
des règles na pas empêché le président monténégrin
dannoncer à la presse lorganisation au Montenegro dun
référendum dindépendance dans la première partie
de lannée prochaine, ni de sexprimer pendant le sommet comme
nimporte quel autre chef dÉtat.
La déclaration
finale reconnaît à lAlbanie, à la RFY, la Croatie, la
Macédoine et la Bosnie-Herzégovine le statut de "candidat potentiel"
à ladhésion à lUE. La Slovénie, représentée
à un niveau ministériel, a déjà un statut officiel
de candidat.
Elle rappelle
que laide de lUE, 4,65 milliards deuros entre 2000 et 2006,
doit aller "de pair" avec la réconciliation et la coopération
régionales et incite ces pays à créer une zone de libre échange
entre eux et avec lUnion.
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