LE SOMMET DE ZAGREB : REVUE DE PRESSE FRANÇAISE

Agences – AFP, AP, Reuters


ASSOCIATED PRESS
23/11/2000, 09 h 06

La Croatie reste prudente à l’égard de la Yougoslavie

ZAGREB, 23 nov (AFP) - La Croatie reste prudente à l’égard des changements politiques en Yougoslavie, attendant de voir Belgrade se débarrasser concrètement de l’héritage Milosevic, explique son ministre des Affaires étrangères Tonino Picula dans une interview à l’AFP.

La Yougoslavie "est un pays lourdement dévasté par la politique de (l’ex-président Slobodan) Milosevic. Je ne suis pas sûr que l’on puisse attendre de ce pays qu’il parvienne à rompre rapidement avec l’époque Milosevic et à mettre en place une politique qui n’ait rien à voir avec celle des anciennes autorités", estime M. Picula.

"Cela reste un mélange d’héritage politique de Milosevic et de déclarations d’intention des nouvelles autorités", poursuit-il, décrivant l’action des nouveaux dirigeants yougoslaves.

M. Picula s’exprimait à la veille du sommet vendredi à Zagreb des dirigeants de l’UE et des pays des Balkans, dont le nouveau président yougoslave Vojislav Kostunica.

Plusieurs associations d’anciens combattants et partis nationalistes croates ont annoncé des manifestations contre cette visite, une insulte selon eux aux victimes de la guerre serbo-croate.

A l’étranger la victoire du réformiste Kostunica a été célébrée comme un gage de stabilisation régionale.

M. Kostunica cependant n’a montré pour l’instant aucun signe de vouloir livrer M. Milosevic à la justice internationale qui l’a inculpé de crimes de guerre au Kosovo.

M. Picula fait valoir à cet égard que la nouvelle direction de Belgrade se dit "sur le plan verbal" prête à coopérer avec le Tribunal pénal international (TPI), mais partage dans la réalité l’opinion de M. Milosevic sur cette cour internationale.

"Il n’est pas possible d’imaginer qu’un pays puisse être un interlocuteur acceptable et un partenaire de la communauté internationale s’il n’accepte pas de coopérer avec le tribunal de La Haye", souligne-t-il.

L’ancien régime nationaliste croate avait lui-même conduit son pays vers un semi-isolement pour avoir refusé cette coopération.

M. Picula est par ailleurs enclin à la méfiance dans le développement des relations entre Zagreb et Belgrade, altérées par le soutien yougoslave aux sécessionnistes serbes de Croatie lors des conflits régionaux de 1991-95, bien que les deux pays aient échangé des ambassadeurs.

La Croatie est disposée à une ouverture vers la nouvelle Yougoslavie, mais uniquement si les nouveaux dirigeants yougoslaves orientent leur action conformément "aux standards européens, à une politique de normalisation avec les pays voisins, et à l’admission du rôle que le régime de Milosevic a joué dans les guerres" régionales, dit-il.

Zagreb sera attentif et prêt à détecter "tout retard et même toute reculade" dans la normalisation de ses relations avec Belgrade, avertit M. Picula.

ljv/lmt/via eaf


ASSOCIATED PRESS 23/11/2000, 22 h 16

Rencontre croato-yougoslave à la veille du sommet de Zagreb

ZAGREB (AP) - Les ministres des Affaires étrangères croate et yougoslave se sont rencontrés jeudi à la veille du sommet de Zagreb, qui rassemblera les dirigeants de l’UE, de l’ex-Yougoslavie et de l’Albanie.

Tonino Picula et Goran Svilanovic, qui sont arrivés à Zagreb jeudi soir, se sont serrés la main et souri devant les appareils photos et autres caméras avant de se retirer pour un bref entretien.

Les relations entre la Croatie et la Yougoslavie, restées froides malgré la reconnaissance mutuelle des deux pays en 1996, sont à ’’un très bas niveau’’, a déclaré avant cette rencontre M. Picula à l’agence de presse HINA. ’’Cela renforce notre responsabilité et le défi qui nous est posé’’.

’’Mais nous espérons un changement de politique’’ à Zagreb, a-t-il ajouté, souhaitant que le nouveau régime de Belgrade ’’dénonce les politiques’’ du président déchu Slobodan Milosevic.

Le nouveau président yougoslave Vojislav Kostunica devait arriver vendredi, à l’instar des dirigeants des Quinze et des responsables albanais, pour participer à ce sommet destiné à promouvoir la démocratie dans les Balkans. Cette réunion vise aussi à ramener cette région explosive dans le giron européen.

L’Union européenne espère que les changements politiques en Croatie et en Yougoslavie, où des forces favorables à la démocratie ont accédé au pouvoir cette année, permettront aux deux pays et à la région entière d’enterrer les divisions passées.


REUTERS 24/11/2000, 08 h 30

Les chefs de la diplomatie croate et yougoslave brisent la glace

ZAGREB (Reuters) - Pour la première fois après quatre ans de guerre et cinq ans de paix froide, la Croatie et la Yougoslavie ont rompu la glace jeudi soir à Zagreb.

Les ministres des Affaires étrangères des deux pays, le Croate Tonino Picula et le Yougoslave Goran Svilanovic, ont échangé une poignée de mains et se sont félicités des nouveaux "défis de la paix" qui les attendent, "plus grands que les défis de la guerre", selon Svilanovic.

"Il est facile d’entraîner des générations entières dans la guerre et la souffrance, il est bien plus difficile de faire face à ce que la paix apporte, mais je suis convaincu que la paix apportera une meilleure coopération de bon voisinage entre la Croatie et la Yougoslavie", a ajouté le ministre récemment nommé par Vojislav Kostunica.

Les deux hommes sont jeunes, europhiles, et représentent la nouvelle vague d’hommes politiques antinationalistes.

Ils se sont rencontrés à la veille du sommet des Balkans à Zagreb, étape importante sur la voie de la réconciliation de l’Europe avec elle-même, selon les termes de la présidence française de l’Union européenne.


REUTERS 24/11/2000, 12 h 00

Vojislav Kostunica à Zagreb pour un sommet Balkans/UE

ZAGREB (Reuters) - Le président yougoslave Vojislav Kostunica est arrivé vendredi matin à Zagreb pour un sommet Balkans-Union européenne. Il s’agit de la première visite d’un leader serbe en Croatie depuis la dislocation de la Yougoslave de l’ère Tito.

Les dirigeants de l’Union européenne et leurs homologues des cinq États issus de l’ex-Yougoslavie (Bosnie, Yougoslavie, Slovénie, Macédoine et Croatie), plus l’Albanie, vont à Zagreb fêter le tournant pris vers la démocratie dans les Balkans cette année, notamment grâce au renversement de Slobodan Milosevic.

Après son arrivée, Kostunica a gagné le centre de Zagreb et le convoi de voitures officielles a soigneusement emprunté un itinéraire évitant une manifestation antiserbe qui réunissait environ 300 Croates.

Certains manifestants brandissaient des portraits où l’on voyait Vojislav Kostunica tenant une Kalachnikov, et d’autres affichaient des caricatures le dépeignant comme un nationaliste serbe pur et dur.


REUTERS 24/11/2000, 13 h 01

Zagreb: L’UE et les Balkans célèbrent leurs retrouvailles

par Yves Clarisse et Jean-Michel Bélot

ZAGREB (Reuters) - L’Union européenne et les pays des Balkans ont célébré le retour de la démocratie dans la région, qui doit lui permettre d’effacer une décennie de guerre et d’entamer sa marche vers l’intégration dans l’UE.

L’optimisme a dominé presque sans partage le début du sommet de Zagreb, où étaient réunis les dirigeants de l’UE, des pays issus de l’éclatement de la Yougoslavie - Slovénie, République fédérale de Yougoslavie (RFY, qui rassemble Serbie et Monténégro), Croatie, Bosnie et Macédoine - ainsi que de l’Albanie.

"Au nom de l’Union européenne, je souhaite redire à tous les pays d’Europe du Sud-Est réunis avec nous: oui, votre place, votre avenir sont au sein de la famille européenne, qui est aujourd’hui plus unie et, de ce fait, plus forte", a déclaré Jacques Chirac, dont le pays préside l’UE jusqu’à la fin de l’année, à l’ouverture de la réunion.

Le président français a souligné que la marche vers la démocratie de la Croatie puis de la République Fédérale de Yougoslavie (RFY), après la chute de Slobodan Milosevic, ouvrait la voie au rapprochement de chacun de ces pays avec l’Union.

Mais la déclaration finale, qui a fait l’objet d’un accord avant le sommet, insiste sur un point essentiel pour l’UE, la nécessité d’une coopération régionale entre ces pays.

"Les changements historiques récents ouvrent la voie à la réconciliation et à la coopération régionales", peut-on y lire.

"Ils permettent à l’ensemble des pays de la région de nouer des relations nouvelles, bénéfiques à chacun d’entre eux, pour la stabilité de la région, la paix et la stabilité sur le continent européen", poursuit ce texte d’à peine trois pages.

L’UE conditionne ainsi son soutien à l’affirmation de la démocratie dans la région mais également à la mise en oeuvre de "conventions de coopération régionales" permettant l’établissement d’un dialogue politique, l’instauration d’une zone de libre-échange dans les Balkans ainsi que le développement de la coopération entre les cinq pays dans le domaine de la justice et de la lutte contre le crime organisé.

Si ce principe a été accepté par tous les participants des pays des Balkans, certains ont exprimé des nuances.

"Tout en acceptant pleinement la coopération régionale, la Croatie ne veut pas être otage de la région", a souligné le président croate Stipe Mesic, co-président du sommet.

En clair, Zagreb ne veut pas voir ses aspirations d’adhésion à l’Union européenne faire les frais d’une éventuelle mauvaise volonté de ses partenaires des Balkans.


AGENCE FRANCE PRESSE 24/11/2000, 13 h 06

Ouverture du sommet de Zagreb sur fond de violences en Serbie

ZAGREB, 24 nov (AFP) - Le premier sommet entre les Quinze, l’Albanie et les pays de l’ex-Yougoslavie, censé ouvrir la voie à la réconciliation dans une région meurtrie par des années de guerres, s’est ouvert vendredi à Zagreb sur fond de violences au Kosovo et à sa "frontière" avec la Serbie.

Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne, d’Albanie, de Croatie, de République fédérale de Yougoslavie (RFY, Serbie et Monténégro), de Bosnie-Herzégovine et de Macédoine, participent à ce sommet co-présidé par le Croate Stipe Mesic et le Français Jacques Chirac, qui assure la présidence tournante de l’UE.

La Slovénie, qui ne se considère pas comme un pays des Balkans, est représentée à un niveau ministériel.

Au moment où ils entamaient leurs travaux, la police serbe attendait l’autorisation de Belgrade et de la communauté internationale de pouvoir riposter à l’intérieur de la zone de sécurité, qui entoure le Kosovo, aux maquisards albanais.

Ces derniers ont multiplié leurs attaques contre les forces serbes, en utilisant notamment des obus de mortiers. Ces attaques ont coïncidé avec un regain de violence à Pristina, le chef-lieu du Kosovo, où un attentat a été perpétré mercredi contre le représentant de Belgrade, faisant un mort, et où un conseiller du dirigeant modéré des Albanais du Kosovo, Ibrahim Rugova, a été assassiné.

"En dépit des développements positifs au Kosovo, nous n’avons pas totalement échappé aux fantômes du passé", a déclaré Javier Solana, représentant de la diplomatie européenne. "Nous ne pouvons pas ne pas mentionner les derniers évènements de Pristina et de la vallée de Presevo", a-t-il ajouté.

Représentant du secrétaire général de l’ONU, Bernard Kouchner, a pour sa part mis en garde contre tout excès d’optimisme.

"La chute du régime Milosevic, les changements heureux à Belgrade ne peuvent à eux seuls apporter immédiatement l’apaisement au Kosovo et dans la région; pas plus d’ailleurs que ne pourraient le faire les récentes élections municipales au Kosovo", a-t-il dit.

Jacques Chirac n’a pas publiquement mentionné ce regain de tension, mais, a-t-il dit, "nous sommes ici entre nous, entre membres de la même famille européenne et, d’une certaine manière, le problème de chacun est le problème de tous".

Le sommet de Zagreb, idée de la France, a un double objectif : sceller d’une part la réconciliation entre des pays qui sortent d’une décennie de guerres régionales et d’autre part marquer leur rapprochement avec l’Union européenne.

L’aide de l’Union, qui reconnaît à tous ces pays le statut de "candidat potentiel" à l’adhésion -- hormis pour la Slovénie, déjà candidate officielle -- sera toutefois liée au respect d’un certain nombre de conditions, coopération et réconciliation régionales, droits des minorités, réformes économiques et collaboration avec le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPI).

Plusieurs dizaines de personnes originaires de l’ex-Yougoslavie sont inculpées de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité par ce tribunal basé à La Haye.

Parmi elles figure l’ancien président yougoslave Slobodan Milosevic, évincé du pouvoir par Vojislav Kostunica, présent à Zagreb.

Ce dernier a participé avant le sommet à une rencontre à quatre avec MM. Chirac et Mesic et le président monténégrin Milo Djukanovic.

C’était la première fois depuis son élection que M. Kostunica rencontrait M. Mesic et la deuxième fois qu’il rencontrait M. Djukanovic.

Le sommet a donné l’occasion à plusieurs centaines d’anciens combattants croates de manifester à Zagreb contre la visite de Vojislav Kostunica, mais aussi contre le rôle de l’UE dans la région.

stb/lmt/bds eaf


ASSOCIATED PRESS 24/11/2000, 13 h 09

Stipe Mesic attend la repentance de Vojislav Kostunica

PARIS (AP) - Le président croate Stipe Mesic affirme dans un entretien au Monde daté de samedi qu’il ’’pense que prochainement le cas Milosevic entrera non seulement dans l’histoire mais aussi dans la réalité du Tribunal (pénal international) de La Haye’’.

M. Mesic, qui accueillait vendredi le sommet UE-Balkans à Zagreb, espérait que le nouveau président yougoslave, Vojislav Kostunica, saisirait l’occasion de ce sommet ’’pour s’excuser des crimes commis par l’armée yougoslave et par les Serbes. Cela relève de la morale. Mais, ajoute-t-il, il serait encore plus important de voir la République fédérale de Yougoslavie poursuivre devant la justice les personnes responsables de crimes de guerre et extrader vers La Haye ceux accusés de ces mêmes crimes et de génocide. Cela inclut Slobodan Milosevic, qui a planifié la guerre et coopéré aux massacres, et les officiers supérieurs de l’armée yougoslave’’.

En ce qui concerne le rejet de l’ancien régime de Belgrade par la population, Stipe Mesic formule le commentaire suivant: ’’J’aimerais entendre les Serbes reprocher à Milosevic d’avoir commencé les guerres et non de les avoir perdues’’.

’’La Serbie et la Yougoslavie, ajoute le président croate, doivent renoncer à sa politique, c’est-à-dire à sa volonté de faire vivre tous les Serbes dans un même État. Ce serait leur accorder un privilège dont ne jouit aucune nation d’Europe. Il faut que Belgrade dise clairement que les Serbes vivant en dehors des frontières s’intégreront aux pays dans lesquels ils résident et non qu’ils soient à l’origine de revendications territoriales’’.


AGENCE FRANCE PRESSE 24/11/2000, 16 h 56

Monténégro: Djukanovic veut un référendum d’indépendance début 2001

ZAGREB, 24 nov (AFP) - Le président monténégrin Milo Djukanovic a fait passer à l’échelon supérieur, vendredi à Zagreb, son ambition d’un Monténégro indépendant, en annonçant un référendum d’autodétermination au début 2001.

"Il est certain qu’il y aura un référendum au Monténégro et qu’il aura lieu dans la première partie de l’année prochaine", a déclaré Milo Djukanovic lors d’une conférence de presse, en marge du sommet des pays de l’Union européenne, de l’ex-Yougoslavie et des Balkans.

Le président monténégrin venait d’expliquer aux dirigeants européens qu’ils devaient se résoudre à un ultime éclatement de la Fédération yougoslave, qui n’est plus composée aujourd’hui que de la Serbie et du Monténégro.

"Devons-nous continuer avec ce faux-semblant d’un seul pays, même réduit à quelques fonctions et discrédité par les abus de la dictature, ou la réalité doit-elle prévaloir avec la restauration des Etats de Serbie et du Monténégro", a-t-il lancé.

Depuis la chute à Belgrade du régime de Slobodan Milosevic, en octobre, Milo Djukanovic affiche sans aucune crainte sa volonté de quitter la République fédérale de Yougoslavie (RFY). Mais il n’avait jusqu’à présent jamais évoqué de calendrier pour un référendum.

Milo Djukanovic a indiqué que son gouvernement préparait la loi nécessaire à l’organisation de cette consultation et ajouté qu’il voulait que la Serbie et le Monténégro forment à l’avenir une "union d’États internationalement reconnus".

Selon Milo Djukanovic, Serbes et Monténégrins disposent de deux options. Dans le cas d’un accord avec les autorités serbes sur une redéfinition des relations entre les deux Républiques, celui-ci devrait être approuvé par deux consultations simultanées, en Serbie et au Monténégro.

S’il n’y avait pas d’accord, Milo Djukanovic a indiqué qu’il serait amené à consulter le seul peuple monténégrin sur l’indépendance.

Depuis son accession au pouvoir début octobre, le président yougoslave Vojislav Kostunica a fait savoir à plusieurs reprises qu’il respecterait le verdict d’un éventuel référendum d’indépendance du Monténégro.

"Aussi bien Vojislav Kostunica que moi, nous pensons que la situation actuelle (de la Fédération serbo-monténégrine) est intenable", a indiqué le président monténégrin, ajoutant que les deux dirigeants étaient d’accord sur la nécessité d’un dialogue sur leurs relations.

"Bien évidemment, il (Kostunica) pense beaucoup plus que moi qu’un certain niveau de synthèse est possible; je suis sceptique à ce sujet", a-t-il précisé.

Dans son discours prononcé devant les dirigeants européens, le président yougoslave a évoqué l’avenir des relations fédérales entre la Serbie et le Monténégro et s’est prononcé "en faveur du changement des institutions fédérales et de la Constitution fédérale".

Mais il s’est cependant opposé à des négociations par les gouvernements serbe et monténégrin sans une "participation du parlement fédéral et des parlements des unités fédérales".

Vojislav Kostunica estime que l’imbrication des peuples monténégrin et serbe plaide en faveur du maintien d’une fédération rénovée. Cet argument apparaît soutenu par les études sur l’opinion publique monténégrine quant à une éventuelle indépendance. Celle-ci apparaît extrêmement partagée.

Au sommet de Zagreb, Milo Djukanovic faisait formellement partie de la délégation yougoslave, conduite par Vojislav Kostunica. Mais il avait pris place à ses côtés, à la table de réunion, et a pu s’exprimer au même titre qu’un chef de délégation.

Il a fait savoir aux dirigeants européens et aux grandes organisations internationales que le retour de la Yougoslavie à l’ONU et dans les grandes enceintes multilatérales devait se faire sans préjudice des relations futures serbo-monténégrines, a-t-il indiqué.

hr/stb/sym eaf/


AGENCE FRANCE PRESSE 24/11/2000, 17 h 50

Le sommet UE-Balkans terni par le regain de tension au Kosovo

ZAGREB, 24 nov (AFP) - L’Union européenne, l’Albanie et les pays de l’ex-Yougoslavie ont scellé leurs retrouvailles vendredi à Zagreb lors d’un sommet inédit terni par un regain de tension et des violences au Kosovo et dans le secteur de sa "frontière" avec la Serbie.

Ce sommet, le premier jamais organisé entre les Etats des Balkans occidentaux et les Quinze, s’était fixé un double objectif: réconciliation entre des pays qui se sont livrés à une décennie de guerres et rapprochement avec l’UE.

Mais le regain de tension observé depuis plusieurs jours dans le sud de la Serbie limitrophe du Kosovo, cible d’attaques de maquisards albanais, et le retour de la violence dans la province même, montrent à quel point le processus de réconciliation reste fragile.

"Je suis très très préoccupé par la résurgence de la violence", a déclaré Bernard Kouchner, administrateur de l’ONU au Kosovo. Il a parlé du retour des "nuages noirs sur le Kosovo" où coup sur coup ont été tués le représentant de Belgrade à Pristina et un conseiller d’Ibrahim Rugova, leader des Albanais modérés.

Serbes et Albanais du Kosovo "commençaient enfin à vivre mieux ensemble, mais si un certain nombre de salauds remettent des bombes et tuent des gens et bien ce début d’entente va disparaître", a-t-il constaté amèrement.

Le nouveau président yougoslave, Vojislav Kostunica, a pour sa part estimé que "le Kosovo est certainement aujourd’hui le problème majeur en Europe qui pourrait provoquer de nombreux autres conflits qui semblaient éteints, dans les Balkans, mais aussi ailleurs".

Pourtant, pas une seule fois le mot Kosovo n’a été prononcé lors de la conférence de presse tenue par les co-présidents du sommet, le Français Jacques Chirac qui assure la présidence tournante de l’UE, le Croate Stipe Mesic et le président de la Commission européenne Romano Prodi.

Jacques Chirac a simplement rappelé que le "destin européen" de ces pays crée des "droits, mais aussi des obligations".

Des obligations qui figurent noir sur blanc dans la déclaration finale adoptée par acclamation par les chefs d’Etat et de gouvernement. Parmi lesquelles une "politique de bon voisinage fondée sur le règlement négocié des différends", "le respect des personnes appartenant à des minorités, le respect des obligations internationales, y compris à l’égard du Tribunal pénal international" sur l’ex-Yougoslavie (TPI).

Plusieurs dizaines de personnes originaires de l’ex-Yougoslavie sont inculpées de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité par ce tribunal basé à La Haye. Parmi elles figure l’ancien président yougoslave Slobodan Milosevic, évincé du pouvoir par M. Kostunica.

M. Kostunica a participé avant l’ouverture du sommet à une rencontre à quatre avec MM. Chirac et Mesic et le président monténégrin Milo Djukanovic. Ce dernier faisait partie de la délégation de la République fédérale yougoslave (RFY, Serbie et Monténégro) menée par M. Kostunica.

Ce respect des règles n’a pas empêché le président monténégrin d’annoncer à la presse l’organisation au Monténégro d’un référendum d’indépendance dans la première partie de l’année prochaine, ni de s’exprimer pendant le sommet comme n’importe quel autre chef d’Etat.

La déclaration finale reconnaît à l’Albanie, à la RFY, la Croatie, la Macédoine et la Bosnie-Herzégovine le statut de "candidat potentiel" à l’adhésion à l’UE. La Slovénie, représentée à un niveau ministériel, a déjà un statut officiel de candidat.

Elle rappelle que l’aide de l’UE, 4,65 milliards d’euros entre 2000 et 2006, doit aller "de pair" avec la réconciliation et la coopération régionales et incite ces pays à créer une zone de libre échange entre eux et avec l’Union.

Signe que cette réconciliation reste encore loin d’être acquise, des centaines d’anciens combattants croates équipés de sifflets ont manifesté bruyamment dans les rues de Zagreb pour protester contre la venue de M. Kostunica dont des photos le montrant armé ont été brûlées.

stb/hr/mr tf


REUTERS 24/11/2000, 18 h 31

Le casse-tête du Kosovo ternit la fête de Zagreb

par Yves Clarisse

ZAGREB (Reuters) - Le casse-tête du Kosovo, qui risque de ruiner les espoirs de paix globale dans les Balkans, est venu ternir la célébration au sommet de Zagreb des retrouvailles entre l’Union européenne et les pays de la région.

Le président yougoslave Vojislav Kostunica, qui a dû son statut d’invité-vedette du sommet à sa victoire inattendue sur Slobodan Milosevic, a mis les choses au point à Zagreb, d’où il est parti sans même donner de conférence de presse.

"Le Kosovo est aujourd’hui le problème le plus important de l’Europe, qui pourrait activer d’autres foyers de tension apparemment dormants en dehors des Balkans", a-t-il déclaré devant les dirigeants européens et des pays des Balkans.

Tendu et fatigué selon plusieurs participants, Vojislav Kostunica a prononcé un discours militant qui reflète l’accroissement de la violence au Kosovo et dans la zone.

Ce phénomène risque en effet de jouer contre lui aux élections législatives serbes du 23 décembre, qui sont essentielles à la consolidation de son pouvoir.

Pour ce nationaliste modéré, il n’est pas question de transiger sur l’appartenance du Kosovo à la Serbie, alors que les Albanophones réclament leur indépendance.

La résolution 1244 de l’Onu, qui prévoit l’octroi d’une "autonomie substantielle" à la province albanophone, est selon lui la seule issue possible sur ce dossier.

"Sans mise en oeuvre de la résolution, il n’y aura pas de paix au Kosovo, dans les Balkans, en Europe", a-t-il dit.

Mais cette résolution est "restée lettre morte, si l’on considère son principal but politique, qui est de préserver le caractère multiethnique du Kosovo et de créer de la sécurité pour tous ceux qui vivent là", a-t-il ajouté.

"Le Kosovo n’est pas seulement resté une zone gouvernée par la terreur et les appétits politiques incontrôlés, une zone dont une ancienne nation a été expulsée, comme pour nous rappeler que la vieille tradition balkanique de violence et de nettoyage ethnique n’est pas terminée", a-t-il conclu.

L’UE d’accord avec Kostunica

Même si les Européens auraient préféré un ton plus conciliant, ils sont d’accord avec le maître de Belgrade.

Le maintien au pouvoir de Slobodan Milosevic leur avait permis de retarder leur réponse aux défis du Kosovo.

Le statut d’autonomie leur a permis d’organiser des élections municipales le mois dernier des élections législatives étaient prévues en 2001 afin de former un gouvernement local.

Pour les Kosovars, et certains pays occidentaux, la voie qui devait, lentement mais sûrement, mener à l’indépendance grâce à une politique de fait accompli était tracée.

L’arrivée au pouvoir de Vojislav Kostunica a tout changé. L’UE ne veut rien faire qui risquerait d’affaiblir un homme dont l’élection a constitué une divine surprise pour eux.

Le nouveau président ne dit d’ailleurs rien qui ne soit en parfaite conformité avec la résolution 1244: il se dit en effet prêt à accorder une large autonomie aux Kosovars.

Le chef de la mission de l’Onu au Kosovo, Bernard Kouchner, s’est d’ailleurs plaint de ce qu’à l’exception des États-Unis, tous les Occidentaux aient refusé sa proposition d’organiser au printemps des élections législatives au Kosovo.

Ils paraissent même prêts à autoriser Vojislav Kostunica à étendre au Kosovo les élections législatives prévues pour le 23 décembre prochain en Serbie, une provocation pour les Albanais.

Le résultat de ne s’est pas fait attendre sur le terrain, où le niveau de violence a de nouveau explosé, poussant la Serbie à lancer aux Kosovars un ultimatum lourd de conséquences.

"Les Kosovars se sentent maintenant comme les oubliés de l’Histoire", a souligné Bernard Kouchner lors d’une conférence de presse en exhortant les Quinze en demandant de leur "offrir des perspectives". "Ne mettez pas le processus en danger".

Bernard Kouchner s’est montré plutôt pessimiste.

"Je suis très préoccupé par l’éruption de violence", a-t-il expliqué. "C’est un avertissement".

"Il y a un ’mur du sang’ entre Serbes et Albanais", a-t-il ajouté en estimant que 17 mois n’ont jamais été suffisants dans quelque conflit que ce soit pour effacer les blessures.


ASSOCIATED PRESS 24/11/2000, 18 h 38

Sommet de Zagreb: les Quinze tendent la main aux Balkans

par Robert Wielaard

ZAGREB (AP) - Les dirigeants de l’Union européenne ont franchi un nouveau pas vers dans le rapprochement avec les Balkans en rencontrant vendredi à Zagreb les chefs de cinq États de cette région privée de démocratisation et de réformes économiques par une décennie de guerre.

A l’occasion de ce sommet d’une journée, les Quinze ont offert à ce groupe composé de l’Albanie, la Macédoine, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie et la Yougoslavie (Serbie, Monténégro), une aide économique de plus de quatre milliards d’euros (plus de 26 milliards de FF) et l’ouverture de ses frontières pour 95% des produits agricoles et industriels des Balkans. Plus important encore, l’UE s’est engagée à maintenir ouvertes les portes de l’adhésion, comme elle l’a fait en 1998 pour dix pays d’Europe de l’Est, Chypre et Malte.

’’Nous avons l’occasion unique et historique de conduire une région en crise vers une intégration à l’Europe mais la route sera longue’’, a résumé devant la presse le chef de la diplomatie allemande, Joschka Fischer. Le sommet de Zagreb a ainsi permis de saluer les progrès accomplis par les pays balkaniques, tout en les avertissant que leur entrée dans la famille européenne n’était pas pour demain.

En tant que président en exercice des Quinze, le président français Jacques Chirac a précisé l’approche européenne de ce processus de rapprochement. ’’A chaque pays, nous proposons un véritable partenariat individualisé de stabilisation et d’association, définissant les étapes à franchir et les réformes à accomplir’’, a-t-il expliqué.

’’Nous sommes ici entre nous, entre membres de la même famille européenne, et d’une certaine manière, le problème de chacun est le problème de tous’’, a souligné le chef de l’Etat français avant d’insister sur la nécessité d’instaurer une démocratie véritable. Et cet objectif, a-t-il dit, passera nécessairement par la comparution des responsables des conflits devant le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) de La Haye.

’’Car, il faut s’en souvenir, les crimes qui ont été commis l’ont été par des régimes d’un autre âge contre la liberté et les droits de l’homme auxquels sont attachés tous les peuples. C’est pourquoi il est de l’intérêt de tous que ces crimes soient jugés et punis’’, a-t-il dit tandis qu’une manifestation d’anciens combattants avait lieu devant l’hôtel abritant ce sommet.

Les manifestants, qui brandissaient des drapeaux croates et entonnaient des chants nationalistes, entendaient arracher au nouveau président yougoslave, Vojislav Kostunica, des excuses pour les atrocités commises par les Serbes de Croatie, loyaux à l’ancien président Slobodan Milosevic, lors de la guerre d’indépendance en 1991.

Dans son discours d’ouverture, le président croate Stipe Mesic a minimisé cet incident, qu’il a qualifié de ’’folklore politique inhérent à toute démocratie’’. A ses yeux, ces protestations montrent que la Croatie ’’n’échappe pas au hoquet qui affecte tous les pays en transition.’’

Tout en se félicitant de l’exemple donné par la Croatie, qui coopère désormais pleinement avec le TPIY, les Quinze jugent préférable de laisser le temps au président Kostunica de consolider son pouvoir avant de faire pression sur Belgrade pour obtenir la traduction en justice des criminels de guerre serbes. ’’Il faut donner à la Yougoslavie le temps d’atteindre la stabilité politique’’, a plaidé le chancelier Gerhard Schroeder.

Le Kosovo était représentée à Zagreb par l’administrateur civil de l’ONU, Bernard Kouchner, qui a averti des dangers continuant à menacer la province serbe à majorité albanaise. Les Kosovars albanophones craignent à présent de devenir les ’’oubliés de l’histoire’’, a-t-il affirmé. ’’Nous devrions rester conscients d’un autre fait politique: les Albanais du Kosovo sont résolus à ne jamais revenir à l’ancien régime’’, a ajouté M. Kouchner, alors que, sur place, la police serbe donnait trois jours à la force de l’OTAN pour faire cesser les troubles à la frontière entre la province et le reste de la Serbie. Des séparatistes albanais ont effectué des coups de main meurtriers ces derniers jours dans le sud de la Serbie.

’’En dépit de développements très positifs au Kosovo, nous ne sommes pas parvenus à échapper entièrement aux ombres du passé’’, a reconnu Javier Solana, haut représentant de l’UE pour la politique étrangère et de sécurité commune.

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