LE SOMMET
DE ZAGREB : REVUE DE PRESSE FRANÇAISE
La Tribune
21/11/2000
LUnion se penche
sur les Balkans
Les ministres
européens des Affaires étrangères se sont mis daccord,
hier à Bruxelles, sur un projet de déclaration que devrait adopter
vendredi le sommet de Zagreb qui réunira les dirigeants de lUnion
européenne, de lex-Yougoslavie et de lAlbanie. La philosophie
générale de ce texte est que lUnion est disposée à
soutenir fortement les pays de lex-Yougoslavie, à condition quils
sengagent sur la voie de réformes politiques et économiques
profondes, se dotent dinstitutions fortes, respectent les droits de lHomme
et coopèrent entre eux. Faisant référence aux changements
intervenus en République fédérale de Yougoslavie avec lélection
à sa présidence de Vojislav Kostunica, la déclaration met
en exergue la volonté de lUE davoir « une approche individualisée
» avec chacun des pays de lex-Yougoslavie.
Un accord
dassociation entre lUE et la Macédoine doit ainsi être
signé mercredi, et louverture de négociations entre les Quinze
et la Croatie en vue dun accord similaire devrait être formalisée
lors du sommet de Zagreb. Dans la capitale de la Croatie, linquiétude
demeure quant aux moyens et aux instruments que lUnion européenne
va mettre en place pour accélérer leur intégration à
ses institutions. La Croatie entend éclaircir la question de savoir si
les États membres de lUE sont prêts pour un élargissement
aux pays balkaniques. Outre louverture qui semble acquise des négociations
dun accord de stabilisation et dassociation avec la Croatie, lapplication
dune « clause évolutive » pour juger des progrès
accomplis fera figure de test. Même si les changements démocratiques
intervenus au début de lannée en Croatie placent ce pays dans
une position « privilégiée » par rapport à ses
voisins, les velléités dindépendance manifestées
par le Monténégro à légard de Belgrade ou le
futur statut du Kosovo continuent dhypothéquer la stabilité
de la région. A linstar des autres États du sud-est de lEurope,
la Croatie compte donc sur un engagement financier soutenu de lUE pour aider
à la réalisation de grands projets dinfrastructure susceptibles
dintégrer les économies de la région. Parmi ces projets
figurent le nettoyage du Danube ou la réalisation de lautoroute devant
relier la mer Adriatique à la mer Égée. La décision
de réduire dun milliard laide européenne aux Balkans
pour la période 2000-2006, qui ne sera plus que de 4,65 milliards deuros
au lieu des 5,5 milliards initialement prévus, est donc tombée comme
un avertissement.
Christine
Holzbauer-Madison
24/11/2000
Chirac propose aux pays
des Balkans « un véritable partenariat »
ZAGREB
(AFP) - Le
président Jacques Chirac a affirmé solennellement vendredi à
Zagreb la détermination de lUnion européenne à prendre
toutes ses responsabilités dans les Balkans, proposant aux anciennes républiques
yougoslaves et à lAlbanie "un véritable partenariat individualisé
de stabilisation et dassociation".
"Nous
sommes ici entre nous, entre membres de la même famille européenne
et, dune certaine manière, le problème de chacun est le problème
de tous", a déclaré le chef dÉtat français,
président en exercice de lUE, à louverture du sommet
réunissant pour la première fois les Quinze de lUnion européenne
et six pays des Balkans.
Cinq ans
après les accords de Dayton sur la Bosnie-Herzégovine, qui navaient
été signés à Paris que pour faire plaisir à
la France, Jacques Chirac, sest adressé aux représentants
de Belgrade, Ljubljana, Sarajevo, Skopje, Tirana et Zagreb sans jamais mentionner
le nom des États-Unis.
"Le
sommet de Zagreb, a-t-il dit, marque la détermination de lUnion européenne
dans son combat pour la démocratie, la paix et la réconciliation
sur notre continent, il marque une nouvelle étape dans laffirmation
des valeurs que nous avons en partage." Rappelant que dès le premier
semestre de 2000, lEurope des Quinze avait reconnu aux pays des Balkans
occidentaux la qualité de "candidats potentiels à ladhésion",
Jacques Chirac leur a confirmé: "Oui, votre place, votre avenir, sont
au sein de lUnion européenne qui est aujourdhui plus unie et,
de ce fait, plus forte."
Il a appelé
à louverture dun "dialogue politique régional"
permettant de régler "les questions héritées du passé,
telles que celles des frontières, des minorités, des réfugiés,
ainsi que tout problème dont la solution doit obéir au principe
de bon voisinage". Au passage, le président français à
salué l"évolution majeure" qua marqué
"le changement démocratique" dans lex-Yougoslavie avec
"la chute" du président Slobodan Milosevic.
"Nous
espérons tous, a-t-il dit, une nouvelle victoire de la démocratie
aux élections législatives du 23 décembre en Serbie, car
nous savons que la consolidation de la démocratie en République
fédérale de Yougoslavie est indispensable pour assurer la stabilité
dans toute la région".
Zagreb accueille le premier
sommet UE-Balkans occidentaux
ZAGREB
(AFP) - Le
sommet entre les chefs dÉtat et de gouvernement de lUnion européenne,
des pays de lex-Yougoslavie et de lAlbanie, sest ouvert vendredi
à Zagreb.
Ce sommet
a un double objectif: sceller dune part la réconciliation entre des
pays qui sortent dune décennie de guerres régionales et dautre
part marquer leur rapprochement avec lUnion européenne. Le sommet
est cependant terni par le regain de tension observé depuis plusieurs jours
au Kosovo et dans le sud de la Serbie où la police serbe attendait vendredi
de pouvoir riposter à lintérieur de la zone de sécurité,
qui entoure le Kosovo, contre des maquisards albanais.
En dépit
de ces tensions, lUE estime que lAlbanie, la Croatie, la République
fédérale de Yougoslavie (RFY, Serbie et Monténégro),
la Macédoine, la Bosnie-Herzégovine et lAlbanie sont "des
candidats" potentiels à ladhésion à lUnion.
La Slovénie est dores et déjà candidate à ladhésion
et a entamé des négociations avec lUE.
Toutefois,
ce rapprochement est conditionné au respect dun certain nombre dengagements
y compris à légard du TPI (Tribunal pénal international
sur lex-Yougoslavie). Plusieurs dizaines de personnes originaires de lex-Yougoslavie
sont inculpées de crimes de guerre et de crimes contre lhumanité
par ce tribunal basé à La Haye. Parmi elles figure lancien
président yougoslave Slobodan Milosevic.
Celui qui
a réussi à lévincer démocratiquement du pouvoir,
Vojislav Kostunica, participe au sommet de Zagreb, co-présidé par
la présidence française de lUE et la Croatie. Sa venue a provoqué
des manifestations, notamment des anciens combattants croates qui ont défilé
vendredi matin par centaines dans les rues de Zagreb, affirmant pour certains
quil était "un criminel de guerre". En échange de
laide financière importante quelle est disposée à
accorder, lUE attend des mesures "pratiques", a déclaré
à louverture de la rencontre Romano Prodi, président de la
Commission européenne. Il a cité la promotion de la coopération
régionale avec létablissement entre ces pays dune zone
de libre échange. LUE sattend également à ce
quils sattaquent "au crime organisé, à la corruption,
au trafic des êtres humains et à limmigration illégale",
a dit M. Prodi. "Nous sommes ici entre nous, entre membres de la même
famille européenne et, dune certaine manière, le problème
de chacun est le problème de tous", a pour sa part déclaré
le chef de lÉtat français Jacques Chirac, président
en exercice de lUE. Avant louverture du sommet, une rencontre à
quatre a eu lieu entre les présidents français Jacques Chirac, croate
Stipe Mesic, yougoslave Vojislav Kostunica et monténégrin Milo Djukanovic.
Cest
la première fois depuis son élection que M. Kostunica rencontre
M. Mesic et la deuxième fois quil rencontre M. Djukanovic.
27/11/2000
Les pays des Balkans
vont mettre en place un marché commun
À
Zagreb, les cinq pays des Balkans se sont engagés dans une coopération régionale.
Le Monténégro annonce un référendum sur son indépendance pour 2001 et la Croatie
sa candidature à l'Union européenne.
À
Zagreb (Croatie), vendredi, les quinze pays de l'Union européenne ont voulu avant
tout, marquer, symboliquement, avec les cinq pays des Balkans (Albanie, Bosnie,
Croatie, Macédoine, Yougoslavie) et la Slovénie leur redécouverte réciproque.
« Nous sommes ici entre nous, entre membres de la même famille européenne et,
d'une certaine manière, le problème de chacun est le problème de tous », a déclaré
Jacques Chirac, qui assumait la présidence de la réunion, accompagné d'Hubert
Védrine. « Une nouvelle page de l'histoire s'ouvre », a souligné de son côté,
Romano Prodi, président de la Commission européenne.
La Slovénie
mise à part, puisque déjà candidate à l'entrée dans l'Union européenne, chaque
pays a alors reçu son carnet de notes. La Macédoine (Fyrom) a reçu un satisfecit
pour « ses réformes déjà accomplies » sous forme de la signature d'un accord de
stabilisation et d'association (ASA). La Croatie a vu « l'ampleur de [ses] efforts
salués ». Des négociations ont été officiellement ouvertes et devraient, selon
certains diplomates, déboucher rapidement, d'ici l'été 2001. L'ancien frère ennemi,
la Yougoslavie, a été salué de manière identique même s'il est une étape en arrière.
Une « task force » paritaire (UE/Yougoslavie) va être mise sur pied et la Commission
européenne « travaille » déjà à l'étude de faisabilité, préalable à l'ouverture
de négociations d'un ASA.
« Perspectives
d'adhésions. » Pour la Bosnie et l'Albanie, la situation est plus mitigée. Un
groupe de pilotage à haut niveau va être mis en place avec l'Albanie pour « intensifier
la coopération » ; un rapport devant être remis au Conseil avant la fin juin 2001
afin de démarrer la négociation d'un accord. La Bosnie-Herzégovine écope d'un
avertissement et doit remplir rapidement l'ensemble des conditions fixées dans
la feuille de route établie au printemps dernier.
À
ces cinq pays, l'Europe a tenu néanmoins à tracer « une perspective d'adhésion ».
Une opportunité qu'a saisie le Premier ministre croate, Ivica Racan, pour annoncer
que « la Croatie demandera dans le courant 2001 sa pleine intégration à l'UE ».
Mais les Quinze, qui ont mis sur la table une petite cagnotte de près de 30 milliards
de francs pour les sept prochaines années, ont également posé quelques conditions
à leurs engagements politiques et financiers dans la région. Tout d'abord, les
pays des Balkans devront respecter des engagements de bon voisinage : règlement
négocié des différends, droits des minorités, respect des obligations internationales,
règlement de la question des réfugiés...
Ensuite,
et surtout, les cinq pays concernés devront s'engager dans une nouvelle coopération
régionale, sorte de marché commun fondé sur trois piliers : un dialogue politique,
une zone de libre-échange, une coopération en matière de justice et de police,
notamment pour lutter contre les trafics de tout genre. Toutes les hypothèques
sur la région ne sont pour autant pas levées. En particulier sur le Monténégro.
Le leader monténégrin, Milo Djukanovic, invité à la conférence « aux bons soins
de la République fédérative de Yougoslavie » a ainsi tenu, très vite, à souligner
qu'il était ici « en tant que délégation d'un État » et qu'un « référendum sur
l'indépendance aurait lieu dans la première moitié de 2001 ».
Nicolas
Gros-Verheyde, à Zagreb
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