Mirko Norac avait quitté la Croatie, où
il purge une peine de douze ans de prison pour une autre affaire
de crimes de guerre, dans la matinée, sans être menotté.
Accompagné de son avocat, Me Zeljko Olujic, et de deux
policiers en civil, il est monté à bord d'un petit
avion de Croatia Airlines qui a décollé vers 10
heures (heure de Paris) de l'aéroport situé sur
l'île de Krk (dans le nord du littoral croate), non loin
de la ville de Rijeka.
Il devait comparaître devant le TPIY à
16 heures, et indiquer alors s'il plaide coupable ou non des nouvelles
accusations retenues à son encontre. Mirko Norac, considéré
dans son pays comme un héros de la guerre d'indépendance
de la Croatie, a d'ores et déjà fait savoir qu'il
plaiderait non coupable.
Il est accusé par le TPIY de crimes de
guerre et crimes contre l'humanité commis contre des civils
serbes de la poche de Medak (centre de la Croatie) en 1993, lors
du conflit serbo-croate (1991-1995). Parmi les chefs d'accusation
visant Mirko Norac figurent ceux de destruction et pillage de
biens serbes, meurtre, traitement inhumain et cruel de civils
et de soldats faits prisonniers. Parmi les civils, une Serbe avait
été brûlée vive et une autre mutilée.
UN PROCÈS DEVANT LA JUSTICE CROATE
Après la publication de son acte d'accusation,
le 25 mai dernier, le procureur du TPIY, la magistrate suisse
Carla Del Ponte, avait indiqué qu'elle souhaitait que son
procès puisse se tenir devant la justice croate. Les juges
du TPI sont les seuls à pouvoir donner le feu vert à
un transfert de dossier vers les juridictions nationales.
En Croatie, Mirko Norac avait déjà
été condamné en mars 2003 à douze
ans de prison pour avoir organisé l'exécution sommaire
d'au moins 50 civils serbes de Croatie en octobre 1991 dans la
région de Gospic, à 210 km au sud de Zagreb.
La Croatie a nettement amélioré
cette année sa coopération avec le TPIY, essentielle
dans l'optique de sa candidature à l'Union européenne.
Jusqu'à présent, outre le général
Norac, le TPI a inculpé cinq généraux croates
: Ivan Cermak, Mladen Markac, Ante Gotovina, Rahim Ademi et Janko
Bobetko.
Ante Gotovina est en fuite depuis son inculpation
en 2001 par le TPI pour son rôle dans le massacre de 150
civils serbes de Croatie. Rahim Ademi s'est rendu en 2001 au TPI
et a été mis en liberté provisoire en 2002.
La Croatie avait refusé d'extrader Janko Bobetko, qui est
décédé à Zagreb en 2003. Les généraux
Markac et Cermak se sont volontairement rendus en mars 2004 au
TPI, où ils ont été incarcérés
tout en plaidant non coupable.
Avec AFP
et Reuters