20/03/2003
GUERRE
EN IRAK
Déclarations du gouvernement
et du président croates
Zagreb déplore
la désunion internationale
La Croatie n'envisage aucune participation sans l'aval de l'ONU.
Dans
un communiqué publié peu après le début de l'intervention
américaine en Irak, le gouvernement croate déplore la désunion
internationale qui a favorisé l'échec du processus de désarmement
du régime irakien. Il réaffirme qu'il n'envisage aucune participation
sans l'aval de l'ONU et exprime son espoir de voir le conflit déboucher
rapidement sur une reconstruction de l'Irak accompagnée de mesures destinées
à y enraciner la démocratie. Pour sa part, le président croate,
M. Stjepan Mesic, a regretté dans une allocution télévisée
que l'intervention américaine fût lancée sans mandat univoque
du Conseil de sécurité de l'ONU, et a formé le voeu que la
confiance dans les Nations unies fût restaurée au plus tôt.
"La
République de Croatie regrette que, malgré les efforts déployés
par la communauté internationale, le désarmement de l'Irak et la
destruction des armes de destruction massive n'aient pu être obtenus ni
par la voie pacifique ni par des moyens politiques. Le gouvernement croate exprime
sa déception face au manque d'unité au Conseil de sécurité,
unité qui aurait permis une action plus efficace pour atteindre un objectif
légitime au vu des normes juridiques internationales.
La République
de Croatie n'envisage une participation active que dans le seul cadre d'une action
qui aurait l'aval du Conseil de sécurité. Dans le même temps,
la Croatie honorera les engagements d'ores et déjà pris en accord
avec les forces de la coalition conduite par les États-Unis. Quant aux
opérations en Irak elles-mêmes, la Croatie en appelle au maximum
de prudence et à la mise en place de toutes les mesures de précaution
nécessaires afin d'éviter des pertes parmi la population civile.
La République
de Croatie forme le vu que la durée des opérations militaires
soit aussi courte que possible et qu'elle soit suivie d'une reconstruction de
grande ampleur de l'Irak. Pour sa part, la Croatie est prête à apporter
sa pleine contribution à cette reconstruction qui, hormis le volet économique,
devra également inclure un large éventail de mesures destinées
à enraciner la démocratie et l'État de droit, et à
promouvoir le respect des droits de l'homme. La Croatie continuera à honorer
tous ses engagements qui émanent à la fois de sa qualité
de membre de l'ONU et de sa participation à la coalition internationale
pour la lutte anti-terroriste./."
Allocution
télévisée
du Président de la République de Croatie,
Monsieur Stjepan Mesic,
à la suite du déclenchement de l'intervention militaire en Irak
Zagreb,
le 20 mars 2003
Extraits
"La
nuit dernière [...] a débuté l'opération militaire
contre l'Irak conduite par les États-Unis, la Grande-Bretagne et leurs
alliés. Décidée par les pays qui y prennent part, elle ne
bénéficie pas d'un mandat des Nations unies et n'en a pas, à
cet égard, la légitimité.
La République
de Croatie a annoncé qu'elle apporterait son soutien à l'option
militaire dans la seule hypothèse où celle-ci aurait été
clairement approuvée par l'ONU. Ce soir je ne peux que rappeler cette ferme
position de principe.
Nous n'ignorons
pas que le régime de Saddam Hussein est une dictature sanglante et brutale.
Nous n'avons
jamais sous-estimé le danger que représentait tant la production
incontrôlée que l'existence d'armes de destruction massive. Bien
au contraire, j'ai par le passé rappelé la nécessité
de détruire ces armes ou leurs sites de production, s'il s'avérait
impossible de les soumettre à un contrôle efficace.
La Croatie
fut parmi les partisans les plus fervents de la mise sur pied et de l'action coordonnée
d'une coalition antiterroriste mondiale, lorsque - au lendemain des attaques contre
New York et Washington - le terrorisme global s'est révélé
être un danger pour chacun de nous [...].
Malgré
cela, nous ne sommes pas en mesure d'apporter notre soutien à une action
dirigée visant le renversement du régime irakien [...] lorsqu'elle
est menée sans mandat des Nations unies et contre la volonté de
la majeure partie de la communauté internationale. Nous ne saurions cautionner
la marginalisation de l'ONU sur une question aussi cruciale.
Nous ne
saurions davantage accepter que prévale dans les relations internationales
un code de conduite qui, pour ainsi dire, permettrait à ceux qui disposent
de la force et décideraient d'en faire usage, de lancer des opérations
militaires contre les régimes de quelque pays que ce soit. Car si nous
l'acceptons pour un seul pays, de quel droit moral pourrions nous le refuser dans
d'autres cas? Et qui sera amené à répondre à cette
question : qui sera le suivant? [...]
[L'évolution
de la crise irakienne était prévisible.] L'issue
de la guerre aussi est prévisible [...]. Mais une chose [ne l'est pas entièrement]
: les conséquences, autant celles qui apparaîtront au cours même
des combats, que celles à plus long terme, lorsque la guerre sera finie,
et qui pourraient dépasser les frontières du théâtre
militaire et de la région elle-même [...] : marginalisation des Nations
unies, division au sein de l'Union européenne, refroidissement des relations
transatlantiques, mise en cause des fondements de l'ordre international né
au lendemain de la seconde guerre mondiale. [...]
Ce sont
là les raisons qui m'ont amené à mettre en garde contre une
précipitation dans la guerre, et notamment la nécessité,
le cas échéant, de ne pas contourner les Nations unies. Je
considérais que la paix avait encore une chance et qu'il fallait la
lui donner. Jamais cependant je n'ai exclu a priori l'option militaire, mais en
tout état de cause uniquement en dernier recours, et en tant de moyen autorisé
par les Nations unies.
[Défendre
cette position] ne saurait pour autant signifier une quelconque hostilité
de notre part à l'égard des États-Unis.
La Croatie
a été, demeure et restera un ami des États-Unis.
Et c'est
précisément au nom des valeurs de démocratie et celles du
monde libre que l'Amérique a toujours promu et défendu, que nous
avons fait le choix de la paix [...] et non celui de la guerre.
Mais la
guerre a commencé [...], aussi devons-nous souhaiter qu'elle soit la plus
brève possible, qu'il y ait le moins de victimes possible [...]. Nous devons
espérer que le monde [...] saura restaurer la confiance dans les Nations
unies [...].
La République
de Croatie continuera à faire preuve de responsabilité [...].
Aussi sommes-nous
prêts, le moment venu, en fonction de nos moyens et à l'appel des
Nations unies, à participer à la reconstruction de l'Irak d'après-guerre.
[...]
Unissons
nos efforts dans la construction d'un monde nouveau. [...] Nous
souhaitons un monde de membres égaux en droit, un monde de paix et de tolérance.
[...]
Nous souhaitons
un monde où il n'y aura plus de place pour les dictateurs comme Saddam
Hussein, mais qui sache et puisse apporter son aide à chaque peuple opprimé
par la dictature afin qu'il recouvre sa liberté, sans interventions militaires
unilatérales de quelque pays ou coalition que ce soit.
Nous souhaitons
un monde dans lequel la force s'exercera uniquement dans les cas de légitime
défense, de la défense de la paix, en prenant appui sur un mandat
des Nations unies. [...]"
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