12/02/2002
MILOSEVIC
FACE À SES JUGES
"C'est très
important qu'il soit accusé personnellement"
L'ambassadeur de Croatie s'est exprimé sur France Info
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Slobodan
Milosevic lors de sa première comparution devant les juges du Tribunal
pénal international de La Haye (TPIY), le 3 juillet 2001. (photo :
J. Lampen / Reuters)
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Slobodan
Milosevic comparaît depuis le 12 février devant le Tribunal pénal
international de La Haye. L'ancien président yougoslave doit répondre
de ses actes criminels au Kosovo, en Bosnie, ou encore, en Croatie. Dans ce dernier
pays, Milosevic est synonyme de massacres et du martyre de la ville de Vukovar
en 1991.
Le témoignage
de Bozidar Gagro, l'ambassadeur de Croatie
en France et qui fut le dernier ambassadeur de la Yougoslavie, jusqu'à
sa démission en 1991 :
B.
Gagro: "Le gouvernement croate a fait une déclaration publique
en saluant le début du procès contre Slobodan Milosevic et en soulignant
aussi sa coopération avec le Tribunal international de La Haye, parce que
la Croatie a réuni à peu près 1300 documents qui se rapportent
aux événements de la guerre en
Croatie et qui sont liées aux responsabilités présumées
de Slobodan Milosevic. Je me trouve par hasard
à Zagreb aujourd'hui et je crois que les gens constatent tranquillement
que la justice est quelquefois lente, mais inexorable. La radio, la télévision,
les journaux ont annoncé l'ouverture du procès. C'est l'événement
du jour comme partout. La télévision croate en transmettait le début
en direct."
Monsieur
l'ambassadeur, vous qui avez été le dernier ambassadeur de Yougoslavie
à Paris, qui avez dû démissionner parce que la guerre
commençait, quelle est votre réaction personnelle lorsque vous
voyez Slobodan Milosevic sur le ban des accusés d'une juridiction internationale
?
B. Gagro: "C'est très important
qu'il soit accusé personnellement pour ne pas porter d'ombre sur tout un
peuple ou le mettre au ban des accusés. Milosevic et les groupes [politiques
et unités militaires] qu'il dirigeait ou qu'il manipulait sont réellement
responsables, pas le peuple serbe. D'une part, je me réjouis de ce procès
en tant que geste de la justice internationale. De l'autre, j'espère que
ce procès et peut-être d'autres aideront à ce que les relations
entre la Croatie et la Serbie passent une phase de normalisation,
une phase de coopération et de bon voisinage."
Vous
pensez que la page est en train de se tourner aujourd'hui ?
B. Gagro: "Pas tout à fait. Parce
que Slobodan Milosevic est certainement responsable sur le plan individuel en
tant que personnalité la plus puissante, la plus influente dans tous les
Balkans. Mais il y en a d'autres. Il y a par exemple trois officiers qui sont
coupables d'horribles crimes de guerre à Vukovar et qui se promènent
toujours librement en Serbie."
Propos recueillis pour
France Info par Mireille Lemaresquier et diffusés à l'antenne le
12 février 2002.
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